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J'ai la tête qui tourne face à la petite dizaine de propositions que j'ai déjà eues, alors que treize heures a à peine sonné. Tant, que j'en ai déjà oublié quelques-unes. Heureusement qu'Emily est là pour tout organiser, pour prendre des photos, parce que vu le programme de cette journée, il serait étonnant que j'arrive à me souvenir de tout !
Il est étonnant de voir la diversité qui se trouve à Los Angeles et dont je n'avais aucune idée. Ça va des salles qui pourraient vous faire croire que vous êtes en pleine nature, de celles qui ont un plafond digne d'un grand théâtre et ornées de peintures toutes droits sortis de la renaissance, sans oublier celles qui vous font voyager à mille lieues d'ici, vous faisant totalement oublier où vous êtes.
Des grandes, des petites, des lumineuses, des plus sombres, des colorées et exotiques, mais aussi des froides à décorer soi-même de A à Z. Tout semble exister à Los Angeles pour vous satisfaire. Pourtant, impossible pour moi de me décider ou même d'avoir un simple coup de cœur. Trop d'informations d'un coup peut-être ? La réflexion sera sûrement intéressante après un week-end pareil. Dire que je n'en suis qu'au début !
Si la matinée, aussi incroyable a-t-elle pu être, car elle m'a fait ressentir l'émotion du grand jour, elle a tout de même été quelque peu épuisante. Mais quatorze heures approchent et une certaine excitation éveille en moi une vitalité que j'avais sûrement gardée en réserve, bien malgré moi ! Si j'avais essayé avant, je ne peux désormais plus nier l'éternelle romantique qui vit en moi et qui risque de sauter de joie dès que je mettrais le pied dans l'une des boutiques les plus prestigieuses pour les mariées. Heureusement, le calme de Lily arrivera sûrement à m'apaiser et à me faire passer pour une femme tout à fait civilisée.
Note à moi-même : indiquez quelque part la bizarrerie comportementale de ma chère meilleure amie. Il semble que nous ayons, exceptionnellement bien entendu, échangé nos personnalités le temps d'une journée.
Lily est restée joyeuse, comme à son habitude, mais avec un regard examinateur et très concentrée tout au long de la matinée. Je pense qu'elle était sur ses gardes, prête à choisir l'option « garde du corps » à tout moment. Mais étonnamment, je n'ai rien remarqué aujourd'hui. Rien d'apparent en tout cas, mais j'espère ne pas être un nouveau sujet de presse et perdre le privilège de la discrétion que je souhaite tant pour mon mariage. Je n'ai pas envie d'être en stress permanent, surtout pas le jour J. Je ne veux pas m'imaginer anxieuse dans ma robe de mariée, à me demander si les paparazzis risquent de débarquer dans la salle de réception d'un instant à autre.
Je ne veux pas qu'on me vole ce moment. Notre moment.
Stop. Pas de pensées négatives. Pas aujourd'hui. Je dois profiter du moment présent, car il est heureux et qu'on ne sait jamais ce que nous réserve demain. Il faut faire de son mieux pour en savourer chaque seconde, car ils passent souvent trop rapidement pour qu'on puisse en saisir l'importance.
Je dois me souvenir de tout. Du soleil éclatant de cette ville, de l'enthousiasme dont fait preuve l'organisatrice de mon mariage, de la discrétion de son assistante, du calme exceptionnel de ma demoiselle d'honneur en cheffe, de toutes les émotions que je ressens... et même de mes pieds qui gonflent sous la chaleur de la ville et qui me font un peu mal dû aux nombreux pas que j'ai déjà pu faire au cours des dernières heures.
Inutile de dire que je les oublie totalement lorsqu'Emily, au volant, nous annonce que nous arriverons à notre rendez-vous dans cinq petites minutes. Je vais avoir la chance de remonter l'autel dans la robe de mariée de mes rêves et pouvoir me sentir comme une vraie princesse. Reste plus qu'à décider de tous les détails. Avec ou sans bretelles ? Dos nu ? Volumineuse ? Brodée ? Je sens que le choix risque d'être douloureux tant je suis amoureuse des robes que j'ai pu voir dans les magazines ! Je pense que le mieux à faire, ce serait de commencer par dire ce que je ne veux pas : un décolleté trop plongeant, une jupe trop courte, une traine et un voile. Je dois avoir déjà éliminé quelques robes non ?
La voiture s'arrête alors, me sortant de mes rêveries. Je ne mets pas longtemps à quitter le siège arrière pour me retrouver sur le pavé, juste en face d'un bâtiment en coin de briques blanches, aux fenêtres magnifiquement décorées de fleurs et de robes, ainsi que d'une enseigne, au-dessus des doubles portes vitrées, au nom de la créatrice. Il ne fait aucun doute que nous sommes au bon endroit et, dans le cas où nous nous serions perdues, les alléchantes vitrines nous pousseraient sans aucun doute à entrer d'un pas délicat et avec des yeux curieux et rêveurs pour admirer tout l'art qui s'y cache.
Nous ne traînons d'ailleurs pas pour admirer la devanture, non pas pressées par leur temps, mais par les regards qui pourraient nous porter préjudice si nous nous attardons trop.
Le hall d'entrée est surtout coloré de couleurs pâles... tout comme ses employées : trois jeunes femmes, à première vue en tout cas, aux sourires éclatants et aux gestes délicats. Je n'ai pas le temps de les détailler plus en détail qu'une quatrième femme, que je n'avais pas remarqué jusqu'à alors, apparaît devant nous, un sourire ravi.
— Mademoiselle Kendrick ! s'exclame-t-elle en essayant d'insuffler du calme dans sa voix, quel plaisir de vous revoir aussi vite.
— Lily, Aby, prend la parole cette dernière d'une façon très amusée, je vous présente Clarence. On peut dire qu'elle est... ma guide attitrée au sein de cette boutique. Vous pouvez lui demander tout ce que vous voulez, Clarence est la fée de cet endroit.
Les deux jeunes femmes se serrent longuement et chaleureusement la main avec un regard complice. Ces deux-là, je mettrais ma main à couper qu'elles ont une histoire à nous raconter. Il ne reste plus qu'à voir si la journée déliera leur langue qui paraît trop sage pour le moment.
— Mademoiselle Griffiths me salue ladite Clarence, c'est un plaisir de vous avoir ici. J'espère que vous trouverez votre bonheur.
Clarence salue également ma meilleure amie tandis que je la remercie pour son accueil. Elle nous invite ensuite à la suivre, ce que je fais tout en jetant des regards furtifs aux robes sur les mannequins. Certaines sont jolies, d'autres sont beaucoup moins à mon goût. Nous nous dirigeons vers des portes métalliques, que je comprends rapidement comme étant l'ascenseur et nous attendons que ce dernier arrive. Une fois dedans, Clarence et Emily s'échangent quelques banalités et informations de boulot. Son assistante, Reva, est toujours aussi silencieuse. J'aimerais bien engager la conversation, mais j'ignore par quoi commencer. Elle semble être si concentrée sur sa tâche et quand une occasion se présente, je la trouve, pour la plupart du temps en tout cas, pendue à son téléphone. J'espère qu'elle qu'Emily ne la fait pas trop travailler. Elle ne paraît pas, au premier abord en tout cas, d'être une patronne exigeante. Mais les apparences sont parfois trompeuses, j'ai quelques connaissances en la matière.
L'ascenseur s'arrête au niveau deux du bâtiment et nous entrons dans une grande salle où des dizaines (probablement centaines à bien réfléchir) de robes sont soigneusement accrochées à des tringles. Je ne les aperçois pas tous : il s'avère, après observation plus longue de la pièce, qu'elle est plus grande qu'elle n'y paraît avec quelques rangées sur les côtés. Au centre de la pièce se trouve un vrai salon de thé avec tables, chaises, petits gâteaux et boissons prêtes à être servies. À un ou deux mètres, un podium cylindrique et un grand miroir triptyque qui sera utile pour voir les robes sous toutes les coutures. Comme pour le hall d'entrée, les couleurs dominantes sont pâles : bleu, rose, jaune... ou tout simplement blanc.
— Avant de commencer, reprend Clarence en nous invitant à prendre place, souhaitez-vous quelque chose à savourer ? Nous avons une variété impressionnante de thés, nous certifie-t-elle très fièrement.
Je décline l'offre, n'aimant pas spécialement le thé, tandis que Lily, très friande de son côté, questionne notre guide quant aux choix qui s'offrent à elle. Une fois la décision prise, ce qui a d'ailleurs occupé le précieux temps de Clarence, mais aussi le nôtre, nous pouvons enfin parler de choses sérieuses.
Notre vendeuse attitrée commence par me demander si j'ai une idée précise de la robe idéale et je dois bien lui avouer que non. Néanmoins, pour lui donner une piste d'idées ou, en tout cas, supprimer quelques options, je dis à haute voix la liste des choses que je ne souhaite pas et que je m'étais énumérée dans la tête durant le trajet.
— Je pense que ça ira donc au coup de cœur, déclare notre interlocutrice très joyeusement. J'aime beaucoup les challenges, c'est tellement plus amusant. Et puis c'est gratifiant quand la mariée trouve enfin son bonheur après des heures de recherches intensives.
— J'espère que ça ne prendra pas aussi longtemps que vous pouvez l'imaginer, je lui assure avec un sourire gêné.
— Le plus important, me répond-elle, c'est que nous vous trouvions la robe idéale. Je pense que le mieux à faire, c'est de vous en proposer et comme ça nous pourrions avoir une idée plus précise de ce que vous vouliez grâce aux robes éliminées et choisies.
J'acquiesce de la tête, très joyeuse à l'idée de ce petit jeu. Elle requiert d'ailleurs l'aide de ma meilleure amie, tout en m'ordonnant fermement de ne pas bouger de ma chaise.
— Lily est la personne qui vous connait le mieux, me rappelle-t-elle avant de se tourner vers ma meilleure amie, vous allez être d'une aide très précieuse.
— Sauf si elle décide de prendre ça un peu trop à la rigolade, je commente avec un sourire assuré. Je t'interdis de prendre les pires robes !
— Je ne peux rien te promettre ! me dit-elle en sautillant vers la première allée telle une ado qui aurait un budget illimité au centre commercial.
Cette réponse ne me dit rien qui vaille, vraiment !
Tandis que Clarence, Lily, Emily et Reva s'attèlent à leur tâche, plus ou moins sérieusement selon chacune d'elle, j'en profite pour sortir mon téléphone dans l'espoir d'y trouver un message en attende de réponse. Mais l'espoir se dissipe très rapidement, bien que j'en ai été avertie : c'est une longue journée pour lui. Pleines de scènes et de cascades. J'espère néanmoins pouvoir lui faire un débriefing de ma journée en rentrant chez nous.
Ce n'est pas évident de ne pas pouvoir lui parler quand je le veux, mais c'est une habitude à prendre. Nous avons déjà eu des petites périodes lors de nos conversations Internet... mais c'est encore différent. Il n'était qu'un ami et n'avait pas une aussi grande importance dans ma vie qu'à ce jour. Aujourd'hui, j'aimerais être avec lui. Tout le temps si je le pouvais. Mais je dois éviter de m'oublier au détriment de notre couple, alors je fais face comme je le peux.
-Qu'est-ce que tu dis de celle-là ? m'interpelle Lily en me sortant de mes pensées.
Je lève le regard, laissant glisser mon téléphone dans mon sac au passage, et je les dévisage longuement. Étonnamment, Lily a décidé d'être sérieuse jusqu'au bout des ongles aujourd'hui. Sa proposition ? Une robe digne d'une princesse, avec une robe brodée de fleurs, de la taille aux bras. Seul bémol : un tissu transparent au niveau des épaules, mais aussi un peu à la naissance des seins. Je décline d'un mouvement négatif de la tête tout en la félicitant pour son choix très intéressant.
Les deux heures qui passent me permettent de me faire une idée de la robe que je veux... Sauf que je ne l'ai pas encore trouvée. J'en ai rejeté près d'une trentaine et j'en ai mises quatre de côté. Il ne me reste plus qu'une heure pour passer par la cabine d'essayage et pour, peut-être, trouver celle qui me convient à cent pour cent.
Clarence ne semble pas désespérée, alors que moi je le suis. Je ne pensais pourtant pas être aussi difficile, mais finalement j'ai l'impression que mon côté perfectionniste ressort avec ce mariage.
Finalement, alors que tout espoir était perdu de trouver la perle rare, une main innocente me tend le Graal par l'ouverture du rideau...
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Hey mes marshmallows ! ♥
Avouez ! Vous ne vous attendiez pas à un chapitre aussi rapidement n'est-ce pas ;) ! Que voulez-vous, je suis vraiment inspirée et motivée en ce moment.
Je tenais encore (oui je radote, je suis une vraie mamie !) à vous remercier pour être toujours là malgré mes pauses et la dépression que j'ai traversée l'année dernière. Je pense que vous n'imaginez pas l'importance que vous avez eu sur moi et que vous êtes pour moi. C'est en partie grâce à vous que j'ai pu surmonter ma dépression. Donc, encore une fois, merci ♥
Sam
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