Je sais, je vous ai dit que je prenais une longue pause et c'est le cas. Je voulais néanmoins vous poster un chapitre pour vous remercier ❤

Lorsque je me suis relevée, avec une certaine joie, pour faire part de mon idée à Chris, c'est là que je me suis rendue compte que ce dernier s'était endormi. Vu le voyage, le décalage horaire et les événements des dernières heures, je n'ai pas pu l'en blâmer. Je me suis donc levée, ai attrapé une couverture que j'ai ensuite déployée sur lui pour l'en couvrir. Il avait l'air si paisible que je n'ai pas voulu le réveiller. Lily aussi devait dormir à cette heure-ci, je me suis donc contentée de lui envoyer un message, à elle mais aussi à Adam, pour leur demander de venir dès la première heure demain matin. Si mon idée est faisable, je vais avoir besoin de leur aide, parce que je n'y connais pas grand chose dans ce domaine !

Je n'ai pas dormi de la nuit, à la fois car je l'avais fait durant la journée, mais également parce que j'avais cette excitation et cette appréhension qui m'animaient depuis que j'avais eu cette idée. Je ne pourrais pas fermer les yeux tant que je ne serais pas sûre que ce serait faisable. Je me suis donc attelée à quelques tâches ménagères et j'ai fini de ranger les quelques affaires personnelles qui traînaient dans les derniers cartons. Voilà, j'habite officiellement ici. Plus rien ne me relie désormais à la ville de Dudley.

Bon, et comme ces quelques activités ne m'ont malheureusement pas prise très longtemps, j'ai fait au mieux pour me plonger dans un roman, ne pouvant pas m'occuper du jardin à cause du temps nocturne trop frais à mon goût.

Chris s'est réveillé aux alentours de six heures trente et c'est peu de temps après, alors qu'il était sous la douche, que nos deux invités sont arrivés. En même temps. Adam m'a expliqué qu'il était passé chercher Lily, car c'était sur son chemin. Ils ont tous deux voulu me soutirer des informations, mais je leur ai bien fait comprendre que je ne dirai rien tant qu'ils ne seront pas tous les trois réunis dans le salon.

Lorsque ça a été le cas, je dois avouer que ça a été assez compliqué. À la fois à cause de moi, car je n'étais pas certaine de mon idée, certaine de pouvoir gérer les conséquences, mais aussi à cause d'eux. Lily et Chris n'ont pas du tout apprécié ma décision et n'ont pas arrêté de me rappeler à quoi j'allais devoir m'attendre si je décidais d'agir de cette manière. Adam est resté plus silencieux, mais nos regards se sont croisés suffisament pour que l'on se comprenne. Il m'a apporté son soutien et toute sa confiance, surtout grâce à la deuxième partie du plan auquel il n'a pas pensé malgré ses connaissances dans ce domaine. Il s'en est voulu, même si j'ai fait au mieux pour le déculpabiliser.

Il est parti le premier, devant régler les deux idées que je lui aie donc proposée, ne pouvant pas le faire moi-même, pas aussi bien que lui j'en suis sûre. Quant à mon fiancé et ma meilleure amie, ils ont essayé durant une bonne heure de me dissuader de faire ça. Ils étaient persuadés qu'il devait y avoir une autre solution plus adéquates et avec moins de risques pour moi. Mais je leur ai comprendre que ce n'était pas le cas, alors ils n'ont plus rien dit. Enfin plus ou moins, Lily m'a lancé des regards toute la journée, voulant s'assurer que j'étais assez forte pour supporter ce qui allait me tomber dessus.

Et je le suis. Je n'aurais pas pris la décision sinon. C'est ma vie et ce n'est pas quelqu'un d'autre qui va me dicter ce que je dois faire.

Nous sommes restés près du téléphone toute la journée, sans quitter le domicile ne serait-ce qu'une minute. Lorsque j'ai eu la certitude que tout allait se passer comme je l'ai imaginé, je lui ai envoyé un message pour lui donner rendez-vous mardi après-midi.

La nuit entre le lundi et le mardi a été... horrible ? J'ai bien évidemment des regrets quant au plan que l'on avait mis en place, mais ça c'est moi tout craché !

Le réveil a été difficile : je n'avais aucune envie de sortir de mon lit. Mais je suis quand même arrivée à la boutique quelques heures avant notre rendez-vous. Nous sommes restés dans l'arrière-boutique jusqu'à l'arrivée d'Adam, qui a apporté la si précieuse enveloppe.

Alors que quatorze heures approchait, nous nous sommes rendus dans la boutique, tous les quatre cette fois-ci. Et maintenant, j'attends. J'attends de voir sa tête lorsqu'il comprendra ce qui lui arrive. J'attends de voir sa tête lorsqu'il ouvrira l'enveloppe qui est déposée sur le comptoir.

Réglé comme une horloge, c'est pile à l'heure qu'il débarque et il semble surpris de nous trouver tous les quatre.

— Ouuuuh ! se marre-t-il. J'ai droit à une haie d'honneur ma parole !

Je serre des dents, tandis que ma main  dans celle de Chris empêche ce dernier de faire le moindre pas. La dernière chose dont on a besoin, c'est d'une bagarre entre eux deux. Ça n'arrangerait rien à la situation qui est déjà bien compliquée.

— Trève de plaisanterie, je réponds séchement et froidement. L'enveloppe est sur le comptoir.

— J'espère qu'il y a le compte, me menace-t-il en attrapant l'enveloppe.

« Tu ne risques pas d'être déçu » pensé-je d'une voix malicieuse.

Il ne met pas longtemps à l'ouvrir et à parcourir son contenu des yeux. À vrai dire il lui faut moins de cinq secondes pour écarquiller des yeux et les relever.

— C'est quoi ça ? hurle-t-il à mon adresse. C'est pas ce qu'on avait convenu.

Sa colère, son aggresivité, me cloue un instant sur place. Si bien que je n'arrive pas à prendre la parole.

— C'est une ordonnance restrictive, lui explique calmement Adam. Si vous vous approchez d'Abigail, de Lily ainsi que de leur résidence et lieu de travail, vous serez arrêté par la police. Il en va de même si vous essayez d'entrer en contact avec elles de n'importe quelle manière, qu'il s'agisse de téléphone, d'Internet ou de courriers. Vous serez également en état d'arrestation si vous les menacez ou essayez une nouvelle tentative de chantage. Est-ce que tout est clair pour vous monsieur O'brian ?

William broie la feuille de papier en petits morceaux. Ses yeux sont fous et je vois des envies meurtrières y danser. Il n'avait pas vu cela venir et il est presque à deux doigts d'exploser car il n'a pas obtenu le moindre centime de notre part.

— Inutile de préciser que vous n'aurez jamais aucun argent de la part de monsieur Evans, de sa future femme ou de mademoiselle Cornwall, ajoute-t-il avec une légère pointe de supériorité. Quant à l'idée d'échanger des informations sur le passé de mademoiselle Griffith, il semblerait que les journalistes aient eu l'information il y a quelques heures. Je doute fort que vous arriviez à obtenir la somme que vous souhaitiez initialement.

— Vous allez me le payer ! vocifère-t-il avec une rage de plus en plus forte.

— Nous sommes quatre contre un, récapitule Lily à notre adversaire. En plus il me suffit de crier et un policier débarque dans la seconde. Ah oui, on ne t'a pas dit ? On avait appelé du renfort au cas-où ton côté connard reprenne trop le dessus.

— Et puis, rajoute Adam avec un sourire, l'ordonnance restrictive agit dès maintenant alors tu peux déjà crier si tu veux Lily.

Ces deux-là s'échangent un regard complice tandis que ma meilleure amie lâche un : « Oh c'est vrai ? » amusé.

— Vous me laissez l'opportunité de crier ? nous questionne-t-elle très joyeuse alors que Williams est à deux doigts de se jeter sur elle. C'est quand même moi qui aie fait remarquer que les caméras de surveillance de la boutique avait un système d'enregistrement vocal après tout. Oh Will ! T'es toujours là ?

On se moque de lui et je vois que ça ne lui plait pas du tout. Il ne s'attendait vraiment pas à tomber dans un tel piège, il croyait qu'il avait tous les cartes en mains, mais il n'a pas été méticulleux et s'est laissé avoir par sa soif d'argent. Il n'aura rien. En tout cas, pas autant qu'il aurait pu si on avait décidé de lui donner ce qu'il demandait.

Il ne met pas longtemps à comprendre qu'il ne sert à rien de rester là, à nous menacer, alors il regagne la porte et claque cette dernière si violemment que les fenêtres ont été à deux doigts de se briser en mille morceaux. Ça aurait sûrement attiré l'attention des paparazzis qui pourraient encore rôder dans les alentours.

— Vous pensez que ça a marché ? je demande dans un murmure comme si Will pouvait m'entendre.

— J'imagine, suppose mon fiancé. En tout cas, on aura mis toutes les chances de notre côté. Enfin, tu les as mis.

— Il faut juste que je reste enfermée durant les prochains jours maintenant, je soupire.

Chris passe un bras autour de mon cou, m'attire à lui et dépose un baiser sur mon front. Son étreinte arrive un peu à apaiser mes appréhensions, mais j'ai peur à l'idée de devoir affronter les journalistes sans scrupules qui risquent d'affluer alors qu'ils avaient un peu « disparu » depuis une semaine. Malheureusement, il y a toujours quelque chose pour me faire descendre de mon petit nuage, pile au moment où j'ai l'impression que tout va très bien aller.

— Je suis fière de toi Aby, me glisse discrètement Lily en attrapant ma main.

Je tourne la tête vers ma meilleure amie. Son regard et son sourire me font au chaud au coeur et m'apporte un peu de réconfort. Je me sens un peu perdue dans cette situation. J'ignore si je vais pouvoir résister à la pression ou s'il compte refaire surface un de ces quatre. Parfois, j'aimerais avoir une boule de cristal afin de pouvoir me préparer aux prochaines épreuves, sans me sentir désemparée pour autant. C'est sûr que la vie serait beaucoup plus facile si on savait ce qui nous attendait, mais est-ce qu'on arriverait à en profiter pour autant ?