— Tu as été merveilleuse ! me félicite Lily alors que j'ai à peine mis un pas dans le hall d'entrée.

Je n'ai d'ailleurs pas le temps de fermer la porte derrière moi qu'elle m'enlace subitement prise d'une grande joie.

— Tu étais magnifique Aby ! Absolument éblouissante ! Et tu... Tu es seule ?

Lily s'écarte tandis que je hoche de la tête. Je lui explique alors l'histoire de l'after party et mon manque d'envie pour m'y rendre. Le tapis rouge m'a pris tout mon courage et je préférais revenir plutôt que de faire une gaffe en plein milieu du gratin de Los Angeles. Ça aurait donné une conclusion à cette soirée déjà fort compliquée à décortiquer. Je n'ai pas eu l'impression d'avoir géré, malgré les commentaires rassurants de mon fiancé et son agent. Pourtant, en voyant Lily aussi ravie, peut-être que je vais finir par changer d'avis.

— Tu trouves que je m'en suis vraiment bien sortie ? je demande dans l'espoir de finalement me rassurer.

— Tu as été brillante Aby, me confirme ma meilleure amie. Tu étais belle, tu étais classe, tu étais souriante. Et tu as parfaitement répondu aux questions des journalistes sans paraître trop froide avec eux. Ce qui a été, il faut l'avouer, très délicat. Heureusement que je n'étais pas là, j'en aurais recadré plus d'un ! Sincèrement, certains étaient de vrais têtes à claques, je me demande comment les célébrités peuvent les supporter à chaque événement. C'est sûrement...

— Lily ! la coupé-je avec la tête légèrement en vrac, on peut en parler après que je me sois mise en mode marmotte ? Je me retrouve très belle dans cette robe mais j'ai vraiment hâte de la retirer, sans parler de la coiffure qui me tire de tous les côtés !

Lily ne répond mais me contourne. Elle finit par ouvrir la robe en moins de deux secondes et cette dernière tombe à mes pieds.

— Tu n'aurais pas pu attendre que j'aille chercher un pyjama ? commenté-je avec un léger frisson.

— Tu préfères te casser la gueule dans les escaliers ? me corrige-t-elle en revenant face à moi avec un grand sourire.

— Excellente remarque, j'admets en ramassant la robe et en la tendant à Lily. Tu veux bien la ranger le temps que j'aille mettre quelque chose d'un peu plus confortable ?

Lily s'empare du tas de tissus et, avant que j'ai pu faire un pas vers les escaliers, m'arrête et m'indique du regard mes chaussures à talons. Je m'en déchausse avant de les tendre également à mon amie. Je monte ensuite pour rejoindre ma chambre et attrape le peignoir que j'enfile aussitôt. Avant de ressortir de la pièce, j'aperçois mon reflet dans un des miroirs près de la porte.

Suis-je réellement allée à une telle soirée il y a moins d'une demi-heure ? Est-ce désormais ma vie ? Sourire aux photographes et répondre le plus diplomatiquement possible à des questions indiscrètes des journalistes ? Est-ce que, en dessous de ce maquillage et ces paillettes, je vais réussir à gérer tout ça ?

J'ai de la chance, dans une certaine mesure : je ne suis pas la star. Je ne pense pas que le métier d'actrice aurait pu me convenir. Au-delà du manque de talent certain, la perte de vie privée et la poursuite incessante des gens derrière moi ne m'auraient pas convenues. C'est pourtant pour ça que j'ai signé en montant dans l'avion. Enfin je n'ai encore rien signé, officiellement, c'est une métaphore et je pourrais même très bien faire marche arrière...

« Mais qu'est-ce que je raconte ? » pensé-je avec effroi. Quitter Chris pour des imbéciles qui pourraient écrire des stupidités à mon propos ? Suis-je aussi manipulable que ça ? Aussi faible ?

Je ne veux pas fuir. Pas encore, plus jamais. Pas pour ça, pas pour si peu, pas loin de lui.

En soit, la soirée n'a pas été si horrible que ça. C'est juste que j'ai toujours tendance à voir le verre à moitié vide.

J'ai reçu des fleurs, ce qui fait toujours plaisir même si j'ignore si le geste est purement désintéressé ou non. La fan qui m'a interpellée avait l'air vraiment adorable avec moi. J'ai pu faire la connaissance de quelques personnes pendant que tout le monde s'installait dans la salle de cinéma, comme par exemple le réalisateur du film qui m'a paru très chaleureux à mon égard. Malgré l'indiscrétion et maladresse de certains journalistes, quelques uns ont quand même essayé, de leur mieux, de m'apporter conseils et affections. Sans oublier que ça m'a rendu heureuse d'accompagner mon fiancé et que cette expérience m'a aidé à mieux connaître Adam et à l'apprécier davantage.

Cette soirée n'a donc pas été toute noire, ni tout blanche.

Je m'améliore dans la façon de voir la vie, c'est du moins mon impression et ça me fait sourire.

Je n'attends pas plus longtemps pour rejoindre Lily, installée dans le canapé du salon avec, comme je l'ai imaginé, un paquet de pop-corn à ses côtés. Je m'installe à sa gauche, me tourne légèrement pour lui présenter mon dos et, dans une soupire de désespoir, prends la parole.

— Aide-moi à retirer toutes les épingles je t'en prie !

Je me demande combien j'en ai dans les cheveux, au moins une dizaine pour faire tenir le chignon, probablement. Peut-être plus, je n'ai pas vraiment fait attention lorsque je me faisais tirer les cheveux à droite et à gauche car je me faisais faire en même temps les ongles et le maquillage. Ce qui est sûr, par contre, c'est que l'aide de Lily me sera absolument nécessaire pour défaire tout ce fouillis qui, je le sens, va me faire mal. Laque et barrettes ne font pas bon ménage.

Je sens les doigts de Lily s'approcher de ma tignasse et, dans un geste maladroit, elle trifouille pour en retirer une. Je sens que la soirée est loin d'être terminée.

— Parle moi en même temps, l'invité-je à faire en ramenant mes jambes sous mon postérieur.

— Qu'est-ce qui t'a le plus dérangé dans la soirée ? m'interroge-t-elle d'une voix soucieuse

Ça, c'est une bonne question et les réponses ne manquent pas.

— Probablement l'hypocrisie des gens, affirmé-je sans le moindre de doute. Des journalistes... mais aussi des autres célébrités présentent. Ils ne l'étaient pas tous évidemment, mais très peu ont semblé vraiment sincère à mon égard. Et puis je n'avais déjà pas une bonne opinion d'elle...

J'ai prononcé cette dernière phrase dans un murmure, un peu pour moi, bien que persuadée de l'avoir dit dans ma tête.

— Qui ça elle ? dit Lily d'une voix perplexe.

— Alexandra Harris, je réponds en serrant les dents.

— L'une des co-stars de Chris ? tend-elle sans aucune certitude.

Je hoche de la tête, un peu stupidement car Lily était en train de retirer une des barrettes et me griffe légèrement. Elle s'excuse, mais je l'arrête tout de suite en lui faisant remarquer que c'est de ma faute et en me massant l'endroit endoloris.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? poursuit-elle visiblement inquiète et prête à sortir les griffes.

— Elle m'a dit qu'elle était heureuse de faire ma connaissance, expliqué-je en m'écrabouillant lentement les doigts avec une rage non dissimulée. Mais elle ne l'était pas du tout. Elle m'a regardé, m'a dit ça et j'ai compris qu'elle me mentait.

— Dis-moi, reprend Lily en retirant une nouvelle épingle, c'est pas cette fille que tu avais aperçue durant une conversation skype avec Chris ?

— C'est bien elle.

— Je propose une vision nouvelle des choses, m'apprend-elle avec douceur. Tu n'étais vraiment pas contente lorsque tu m'as parlé d'elle la première fois. Peut-être que tu as toujours ce ressenti à son égard et que tu as une mauvaise impression. Du coup, tu as mal pris sa phrase de politesse et peut-être que c'est une personne gentille ?

— Peut-être que tu as raison, j'admets avec un soupir. Mais j'ai vraiment eu le sentiment qu'elle n'était pas sincère avec moi.

— Vous ne vous verrez probablement pas souvent, alors laisse tomber et ne te tracasse pas avec ça. Néanmoins, si à l'avenir tu es amenée à la voir, reste polie et tente de lui donner une vraie chance, au-delà des souvenirs désagréables que tu as pu avoir d'elle. Après tout, elle n'a rien fait de mal si ?

— Tu m'énerves quand tu me donnes une autre vision des gens ! râlé-je gentiment. Et d'où vient cet élan de gentillesse à l'égard des autres ?

— J'en sais trop rien, dit-elle d'un ton las. On a toujours été que toutes les deux mais, aujourd'hui ce temps là est terminé. J'essaie de changer ça. De m'ouvrir aux autres... Enfin non, ça je l'ai toujours fait, j'essaie plutôt que TU fasses des efforts en fait. Te faire des amis ce serait sympa non ?

Je fronce les sourcils tandis que je me retourne vers elle.

— À quoi bon me faire des amis alors que je t'ai toi ? la questionné-je très sérieusement et avec un large sourire. Il vaut mieux avoir une seule véritable amie comme toi que dix copines totalement hypocrites et simplement intéressées par ton fiancé.

— Tout le monde ne peut pas être parfaite comme moi, m'accorde-t-elle en levant la tête d'un air fier avant d'éclater de rire en même temps que moi.

Lily continue ensuite de défaire ma coiffure à coup de questions-réponses. Je lui explique, avec précision, le déroulement de la soirée. Je l'entends lâcher un « oh » adorable lorsque je lui parle de la jeune femme ou encore lâcher un grognement quand je lui fais part des questions des journalistes qu'elle n'a pas eu la « chance » de voir à la télévision. Je lui parle d'Adam, de sa bienveillance à son égard et de sa présence constante à mes côtés. Lui qui a l'habitude de gérer une célébrité, il doit désormais me gérer moi, la fiancée complexée et totalement paniquée. Il a excellé dans sa tâche ce soir et il faut que je trouve un moyen de le remercier pour ça. J'ai deux semaines pour trouver, étant donné qu'il accompagne mon compagnon durant la tournée promotionnelle du film.

Il est minuit lorsque Lily décide d'aller se coucher et je lui assure de faire de même dans quelques instants. J'ai envie d'un moment seul, juste moi et mes pensées. Je vais décortiquer la soirée, comme je l'ai toujours fait. Je décortique les moments, je les sous-pèse, j'essaie de les voir d'un autre oeil.

Et puis je me lève, parce que je refuse de faire ça. Je n'ai plus envie de « sur-penser », encore et encore. Ça a souvent fini par me miner le moral ou me pousser à prendre des décisions totalement loufoques ou débiles. Je jette un œil à mon téléphone, mais je n'ai aucune message. Je ne sais pas quand il va rentrer et ça m'énerve un peu de le savoir là-bas... avec elle. Cette femme qui m'a laissé une très mauvaise impression.

Je pose mes mains sur mes yeux et lâche quelques soupirs, prête à remettre ma robe et le retrouver. Mais je me retiens de le faire car je ne veux pas qu'il prenne ça pour un manque de confiance envers lui. C'est surtout envers elle en fait.

Au lieu de ça, je rejoins le hall d'entrée, gratifiant East, ronflant bruyamment dans son poignée, d'une caresse au passage. Mais je m'arrête, après avoir monté seulement deux marches, car j'entends le cliquetis d'une serrure. Je me retourne pour voir la porte s'ouvrir et Chris entrer. Son visage se détend lorsqu'il m'aperçoit et qu'il s'approche de moi. Il m'embrasse ensuite, m'enfermant délicatement dans ses bras.

— Cette soirée a été une torture sans toi, m'avoue-t-il entre deux baisers. Ces deux semaines vont être un enfer !

— Mais dis-toi que je serai ici à ton retour et non à l'autre bout du monde. Et puis... Nous avons toute la nuit, laissé-je échapper avec envie.

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Coucou mes marshmallows ♥

On s'approche un peu plus de la fin de la semaine, pas trop triste ? ^^

Bisous ♥