Les choses vont vites à Los Angeles, du moins pour les personnes avec un compte bancaire conséquent. Il n'a fallu que cinq jours top chrono pour que l'appartement de Lily soit décoré et meublé selon ses envies. Sans parler des meubles se trouvant déjà au rez-de-chaussée. Il ne manque plus que les fleurs, les confections, les bouquets, et notre nouveau magasin peut ouvrir. La rapidité avec laquelle cela a été fait semble surréaliste et ça m'effraie. Je pensais que ça prendrait plus de temps que ça, que j'arriverais à reprendre ma respiration, à avoir plus de temps pour m'habituer à ma nouvelle vie. Mais Lily nous quitte déjà, pour le moins excitée d'avoir son nouveau chez elle, et m'a bien fait comprendre qu'elle souhaite reprendre son activité de fleuriste le plus rapidement possible. Je me dis que ça peut être une bonne idée, que reprendre mon boulot m'aidera à m'adapter à ma nouvelle vie, que je me sentirais moins dépaysée et effrayée par Los Angeles et... par tout ce qui entoure la carrière de Chris.

Mais pour le moment, il faut que je trouve le courage nécessaire pour sortir de la maison... ma maison, et rejoindre la fleuristerie. Lily a appris la nouvelle il y a quelques instants et il est bientôt dix-neuf heures. J'ai réussi à la convaincre de nous y rendre demain, qu'on aura plus de temps pour faire le tour des lieux. J'ai menti. Je ne voulais juste pas affronter l'armée de paparazzi qui pourrait encore rôder aux alentours. Adam et Chris m'ont dit que ça se calmerait, mais j'ignore combien de temps ça prendra. Mes nerfs ont du mal à tenir dans ce néant de questionnements et d'ignorance.

— On ne devrait pas tarder à s'occuper de toi aussi, me rappelle-t-elle avec une joie non-dissimulée.

Ah oui mon mariage... Je n'ai pas envie qu'ils croient que j'ai changé d'avis, que ça ne me donne pas envie. Mon côté romantique est absolument ravi et a hâte de mettre son nez dans tous les tâches du mariage, des plus importantes aux détails infimes. Sauf qu'à chaque fois que le sujet vient sur le tapis, je me souviens du cauchemar que j'ai fait il y a quelques jours : je sortais d'une église au bras de Chris et nous étions attaqués par une horde de fans et de paparazzis en furie. Depuis, à chaque fois qu'on en parle, je me braque et j'en suis presque terrifiée. Comment organiser ça en toute discrétion et sans qu'on sache où se déroulera le mariage ?

Comment avoir la paix en fait ?

— Est-ce que tu m'écoutes ? me demande une Lily suspicieuse.

— Lily ! soupiré-je un peu sur la défensive. Même si je ne voulais pas t'écouter, je t'écouterai quand même.

— Pourquoi tu réagis ainsi ? me questionne-t-elle blessée. Le week-end familial s'est bien déroulé, le temps est magnifique, sans compter le fait que je vais déguerpir demain et que vous aurez l'occasion de faire des enfants dans chaque pièce et quand vous voudrez.

— Jusqu'à jeudi prochain, commenté-je d'une voix pessimiste et en jouant avec ma tasse de café.

— Il se passe quoi jeudi prochain ? me questionne-t-elle perdue et la bouche grande ouverte.

Dans un peu plus d'une semaine, Chris s'en va. Il me l'a appris en début de semaine. Enfin, il me l'avait sûrement dit il y a quelques mois, mais je ne notais pas tous ses déplacements à l'époque. Depuis lundi, je garde cette information pour moi, en croyant bêtement que ne pas le dire retarder son départ. Mais ce n'est pas le cas, Chris part pour deux semaines d'avant-première.

— Tournée promotionnelle de son film, expliqué-je calmement.

— Quel film ? Il en a tourné je ne sais pas combien depuis que tu le connais !

— Celui qu'il faisait au début de notre relation, tu te souviens ?

— Comment oublier cette bataille de coqs entre lui et Tom à la pizzeria ?

Je me mets doucement à rire. Merci Lily de me faire sourire dans un moment pareil avec une anecdote de ce genre !

— Il voulait que je l'accompagne, lui avoué-je, mais j'ai refusé. Sauf que je n'arrive pas à accepter, ni même à refuser, concernant Los Angeles. Je ne peux pas sortir l'excuse du « hey, désolée mais j'ai un travail, je ne peux pas m'absenter ».

— Il veut que tu l'accompagnes à l'avant-première ? récapitule Lily très calmement.

Lily reste sereine alors que je suis en train de lui parler d'un événement mondain du coin où se trouvera des tonnes de célébrités. Elle m'étonnera toujours. Mais pour le moment, j'hoche simplement de la tête.

— C'est compréhensible si tu refuses, poursuit-elle sérieusement. Mais je pense qu'un jour tu vas devoir te confronter à la foule et à l'objectif des appareils photos. Chris ne s'attend pas à ce que tu acceptes pour la semaine prochaine, mais il s'attend très certainement à ce que tu sois avec lui, sur le tapis rouge, durant les prochaines années. Ajoutons également que ce serait bête de refuser de porter des robes absolument magnifiques à cause de ces débiles de paparazzis.

Voilà la Lily que je connais. Un début de conversation sérieux avant de finir sur une touche plus légère.

— Si tu dois le faire un jour, rajoute-t-elle en prenant un ton grave, autant le faire le plus tôt possible car plus tu attendras, plus ce sera difficile de le faire.

Lily, malgré son penchant pour faire rire et agir spontanément, a souvent raison. J'ignore si elle réfléchit aux problèmes avant qu'on en parle ou si elle dit simplement ce qu'elle pense sur le coup, mais ses conseils sont toujours les meilleures et... la plupart du temps je les suis. Mais là c'est différent, j'ai un blocage. Des centaines, des milliers de blocages qui se trouvent être des personnes. Je ne suis pas seule dans le problème et, en soit, la solution idéale n'existe pas. Je peux rester cloîtrer chez moi à avoir peur du monde qui m'entoure ou je peux en sortir, au risque de me faire une crise de panique en plein milieu d'un tapis rouge. La honte.

— Combien je vous dois pour la séance ? plaisanté-je.

— Je dirai qu'un câlin devrait suffire pour cette fois ! répond-elle sur le même ton.

— Pour cette fois ? Que voudras-tu ensuite ?

— Une invitation pour être avec vous à l'avant-première, s'exclame-t-elle joyeusement, dans une robe de haute couture. Tu sais que je n'aime pas dépenser des sommes astronomiques dans des vêtements, mais porter au moins une robe de la sorte, juste une fois dans ma vie, ça me plairait bien.

C'est vrai, Lily est assez raisonnable quand il s'agit de vêtements. Quant à ces meubles, elle a toujours fait au mieux pour en choisir d'occasion. Elle en a d'ailleurs fait une règle auprès de ses décorateurs d'intérieurs. Ne rien acheter de neuf, sauf exception. Ce n'est pas une télévision dernier cri qu'on trouvera, par exemple, dans un vide grenier !

— Que vas-tu faire ? m'interroge ma meilleure amie après quelques minutes de silence.

— J'imagine que le mieux, commencé-je d'une voix peu confiante, c'est que j'y aille... Mais j'ai peur... Peur de moi-même.

— De toi-même ? répète-t-elle surprise. Que veux-tu dire par là ?

— De faire une gaffe. Comme une crise de panique, tomber, dire une bêtise, paraître anxieuse. Décevoir Chris.

— Aby ! murmure Lily choquée.

Ma meilleure amie se lève de sa chaise haute et vint se positionner à mes côtés. Elle me prend ensuite les mains et me sourit.

— Comment pourrais-tu le décevoir ? m'interroge-t-elle. Tu es une personne chaleureuse et compréhensive. Il ne peut pas être déçu de toi parce que tu refuses d'aller à cette avant-première. Il t'aime et je sais qu'il comprendra. Si tu as pu lui pardonner ses bêtises, il ne va pas t'en vouloir pour si peu crois-moi !

« Oh Lily, pourquoi as-tu toujours les mots qu'il faut ? » pensé-je en l'enlaçant.

— Je crois que j'irai, annoncé-je en me reculant.

— D'où vient ce changement radical d'opinion ? me demande-t-elle agréablement surprise.

— Tu as raison, affirmé-je d'un mouvement de la tête. Plus j'attends, plus ce sera difficile. Il faut au moins que je tente une fois pour voir si j'en suis capable. De plus, je n'ai pas envie de me priver de ce genre de moments avec mon fiancé à cause d'autres personnes. Chris est un acteur et j'en étais consciente lorsque j'ai accepté sa proposition de mariage. Je veux faire partie de sa vie, je veux découvrir la sienne. Je veux simplement être à ses côtés Lily.

— Je suis si fière de toi, m'avoue ma collègue d'une voix faussement émue. J'ai hâte de voir sa tête quand tu vas lui annoncer.

Mon côté « Lily » fait naître en moi une idée... légèrement machiavélique. Le sourire qui apparaît sur mon visage fait d'ailleurs peur à mon interlocutrice.

— À quoi as-tu pensé ? demande-t-elle à la fois impatiente et angoissée.

— Je ne vais rien lui dire, l'informé-je amusée. Je lui dirai à la dernière minute.

— Tu es au courant que tu ne peux pas te ramener à une telle mondanité dans une robe que tu as achetée dans une boutique « normale » ?

Lily accentue ses propos en refermant les derniers mots de guillemets faits par ses doigts. Évidemment que je ne peux pas m'habiller avec une robe provenant de chez H&M ou les magasins dits « pas chers ».

— C'est dommage qu'on ne connaisse personne dans le show-biz, laissé-je entendre avec une fausse tristesse. Comme un agent de presse ou quelque chose du genre.

— Adam ? suggère-t-elle enfin après de longues secondes de silence et de réflexion. Ohhhh, Adam !

Au son de sa voix, qui s'est fait plus malicieux la deuxième fois qu'elle a prononcé le prénom, j'en conclus qu'elle approuve absolument l'idée qui a germée dans mon esprit.

Durant la semaine qui s'est écoulée entre la naissance de l'idée et le jour J, j'ai dû mentir à Chris en lui disant que je n'étais pas prête, cette fois-ci, à fouler le tapis rouge. Il a semblé un peu triste, mais il m'a assuré qu'il comprenait. S'il seulement il savait que j'ai mijoté dans son dos avec son agent de presse toute la semaine. J'ai tellement hâte de voir sa tête !

Adam a été vraiment un soutien considérable. Il m'a donné énormément de conseils, même si nos appels téléphoniques ont souvent dû être interrompus par l'arrivée de Chris. Il a également fait en sorte pour qu'on m'apporte des robes de hautes coutures quelques heures avant l'avant-première et a embauché une coiffeuse et une maquilleuse. Autant dire que je suis légèrement (très) mal à l'aise en ce qui concerne ces deux personnes. Comment dois-je réagir à leur égard ? Que vont-elles penser de moi ?

Lily a tenté de m'apaiser un peu à ce sujet, mais c'est délicat de faire entrer deux personnes chez soi. Surtout que j'ai failli oublier d'avertir la sécurité de leur venue. Car oui, ce quartier est muni de portiques où seuls les habitants et visiteurs mentionnés sont les seuls autorisés à pouvoir entrer. Je trouve ça, à la fois flippant, mais également rassurant. Je peux me balader « tranquillement » sans avoir peur qu'un paparazzi me tombe dessus !

Il est quinze heures et nous devons partir vers dix-huit heures. Enfin « nous »... Façon de parler. J'essaie de ne pas rire, mais c'est difficile.

Chris a reçu son costume la veille, il ne s'attend donc pas à de la visite. Pas avant dix-sept heures, moment auquel Adam doit débarquer. Les célébrités se déplacent très souvent à ce genre d'événements en compagnie de leur agent de presse. J'ai hâte de dire à mon fiancé qu'il était également dans le coup !

Autant dire que Chris est surpris lorsqu'il entend la sonnette du portail.

— Vous avez commandé de la nourriture ? nous questionne-t-il.

Chris passe son regard sur chacune d'entre nous. Lily se met subitement à rire, elle qui a dû garder son sérieux et le secret pendant une semaine. La pauvre, ça n'a pas dû être facile pour elle quand j'ai annoncé à Chris que je ne venais pas.

— Lily ! s'exclame Chris en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce que tu as encore fait ?

— Ce n'est pas Lily, l'interrompé-je aussitôt. Et ce n'est pas non plus de la nourriture. Ce sont des robes, entre autre.

— Pourquoi des robes ? demande-t-il avec de grands yeux.

Je ne lui réponds pas tout de suite, attendant de voir sa réaction. Et puis, au bout de dix secondes, il comprend pourquoi.

— Mais tu m'as dit que tu ne venais pas ! me rappelle-t-il étonné. J'ai loupé un épisode ?

— Un gros ! commente Lily entre deux rires. Un très gros ! Un gigantesque ! Un gargantu...

— On a compris Lily, la coupé-je en la fusillant du regard.

Chris se lève de sa chaise et me rejoint. Il m'entoure de ses bras avant de me prendre contre lui et de faire quelques tours. Il m'embrasse ensuite fougueusement, très heureux par cette surprise dont il n'a perçu aucun indice.

— Je ne m'y attendais pas ! m'assure-t-il joyeusement en me déposant. Comment tu t'y es prise ?

— Adam, répondé-je en rejoignant le hall d'entrée. Je n'aurai rien su faire sans lui, il a tous les contacts.

Je pose ma main sur l'interphone, prête à ouvrir à nos invités, mais Chris s'en saisit et m'arrête sur ma lancée.

— Est ce que tu es sûre de vouloir le faire ? m'interroge-t-il très soucieux. Je ne veux pas te forcer.

— Mais Chris, commencé-je en souriant. Tu ne m'as pas forcée. Tu m'as posé une seule fois la question et quand j'ai refusé tu n'as pas insisté. Dis-moi où tu m'as forcée ? Je veux être avec toi, pas seulement ici, mais partout. Je ne veux pas m'arrêter de vivre à cause de quelques idiots.

Avant qu'il ait pu dire autre chose, je laisse mon autre main appuyer mes propos.

**

Hey mes marshmallows ♥

Je vous annonce avec beaucoup de joie que la semaine spéciale démarre (enfin !). Tous les jours, à 18 heures (plus tard si je ne suis pas chez moi à cette heure), vous aurez droit à un chapitre. J'espère que cette nouvelle vous réjouit autant que moi. 

Je vais également recommencer les dédicaces à partir du prochain chapitre. C'est une façon, pour moi, de remercier les lectrices les plus présentes dans les commentaires et/ou votes. 

Concernant le premier tome, je suis à la recherche de plusieurs bêta-lectrices/correctrices. Si vous êtes intéressées, faites-le moi savoir dans un commentaire. 

Je voulais également vous remercier car le premier tome a d'ailleurs atteint les 200 000 lectures et ça c'est vraiment, absolument, dingue ! Je vais d'ailleurs publier des chapitres bonus dans le recueil la semaine prochaine. Si vous avez des idées de chapitres, vous savez ce qu'il vous reste à faire ! 

À demain ♥