Je pense que c'est cette brève conversation, en compagnie de mon futur beau-père par alliance, qui me manquait. Je crois que, dans un certain sens, je n'ai pas trouvé le sommeil car je devais me trouver en tête à tête avec lui et percer le mystère de l'homme silencieux. J'ai la certitude que tout arrive pour une raison, c'est peut-être un peu bête comme idéologie. C'est pénible de penser que ma famille de cinglés et mon ex m'ont conduite à ce week-end, à Chris.

Pour la première fois du en l'espace de deux jours, je suis pleinement apaisée et il m'est donc facile de les chasser de mon esprit alors que la porte d'entrée s'ouvre face à moi. Je vois Chris entrer, se saisir de la dernière valise et repartir aussitôt tandis que Lisa, sa mère aimante, m'enlace pour la troisième fois en dix minutes. Les aurevoirs sont longs et me donnent envie de rester quelques heures de plus. Mais il est déjà presque vingt-et-un heure et nous ne voulons pas arriver trop tard à Los Angeles.

— Promet-moi de revenir très bientôt, me supplie presque ma nouvelle maman.

— Bien entendu, lui certifié-je avec un grand sourire avant de l'enlacer à nouveau. J'ai hâte d'entendre de nouvelles histoires de Chris enfant !

Nous partageons un rire. C'est vrai que ce matin, le petit-déjeuner (et le déjeuner aussi d'ailleurs), a été synonyme de nostalgies... et de honte intersidérale à l'encontre de mon fiancé. Lisa m'a raconté, avec beaucoup de joie et de malice, les maladresses juvéniles de son cher Chris. Ce dernier a tenté, en vain évidemment, de l'arrêter dans sa lancée, mais a très rapidement renoncé et s'est concentré sur la discussion qu'il tenait avec son père depuis plus d'une heure. Aux quelques informations que j'ai réussi à entendre, il ne faisait aucun doute qu'ils parlaient de sports et plus particulièrement de football américain et de l'équipe des Patriots. Ça m'a d'ailleurs fait penser qu'il faudrait probablement que je m'informe un peu plus sur ce sport d'équipe à l'avenir. Nous les anglais, nous étions plutôt pour le football, qui se différencie par la forme du ballon à son cousin américain, mais également par d'autres multitudes de règles que j'ai oubliées. Je suis plus branchée escrime à vrai dire.

— Et j'espère que tu reviendras avec Lily, ajoute-t-elle d'une voix assez forte pour se faire entendre par la principale intéressée.

Lily, en pleine discussion avec sa nouvelle grande amie Jana, se retourne immédiatement vers nous deux.

— Si vous me promettez de refaire cette tarte aux pommes, répond-elle les yeux gros, il n'y a pas de raisons pour que je ne vienne pas !

Lily s'est engloutie les trois parts restantes, de la délicieuse tarte concoctée par Lisa, sans même se soucier des autres personnes assises à table. Nous n'avons peut-être pas pu profiter d'une part en plus, mais nous avons pu bénéficier d'un certain calme. Je n'ai jamais vu Lily se taire aussi longtemps, je devrais peut-être demander la recette à ma belle-mère.

— C'est promis, lui assure la patissière avec une joie non dissimulée.

Chris revient pour la deuxième fois dans l'entrée de la demeure familiale. C'est parti pour les véritables aurevoirs désormais. Je décide me tourner en tout premier lieu vers mes deux belles-soeurs, car je sens qu'il vaut mieux saluer Lisa en tout dernier lieu. Jana, aussi joyeuse et démonstrative qu'hier se jette presque instantanément dans mes bras : je n'ai pas le temps de lui dire le moindre mot qu'elle m'entoure de ses bras. Commençant à être habituée à ses élans d'affections, je passe rapidement l'effet de surprise et lui rend son étreinte avec plus de tendresse qu'elle ne m'en prodigue. Une bonne minute plus tard, de promesses et de câlins, je me tourne enfin vers July. L'heure de vérité a sonné.

Cette dernière s'approche de moi et m'enlace à son tour. Pas aussi joyeusement que sa soeur cadette, mais sincèrement et ça me fait chaud au coeur. Une fois séparée, July me prend les mains.

— J'ai été ravie de faire ta connaissance Aby, m'apprend-elle sans aucune once d'hypocrisie dans sa voix.

Un poids en moins sur mes épaules...

Je lui renvoie le compliment avant de saluer son mari et son fils. Vient au tour du père avec qui nous nous sommes lancés des regards complices tout au long de la journée, nous remémorrant cette courte conversation nocturne.

— Bienvenue dans la famille Aby, me dit-il d'une voix assez basse pour que seule moi puisse entendre.

— Merci Bob, lui répondé-je avec d'une voix pleine de gratitude.

Bob s'approche de moi, mais j'ignore ce qu'il compte faire alors je reste immobile, attendant de recevoir l'information. Mon beau-père, un rien plus grand que moi, trouve facilement le chemin et dépose un baiser sur mon front. Ça semble être une sorte de bénédiction, d'acceptation ou les deux. Je me laisse faire, je trouve ça agréable. Jamais mon père n'a eu un tel geste de tendresse à mon égard. C'est bizarrement plaisant et c'est une chose à laquelle je pourrais m'habituer sans le moindre souci.

Je le remercie de son acte paternel à travers un sourire un peu gêné, mais je n'ai pas le temps de mettre des mots sur mes émotions que Lisa arrive à mes côtés. Bob, comme s'il avait reçu un signal télépathique, m'adresse un dernier sourire avant de s'en aller rejoindre son fils aîné. Je crois que sa femme a dû mal à trouver les mots suffisants pour m'exprimer ses sentiments et c'est donc pour ça qu'elle me gratifie d'une dernière étreinte, assez longue mais des plus plaisantes.

— Ne tardez pas trop à revenir, m'invite-t-elle à faire en serrant tendrement ma main dont elle s'est emparée juste avant.

Je lui ai déjà fait la même promesse, quelques minutes auparavant, mais je ne peux m'empêcher de la refaire une seconde fois pour l'apaiser, la rassurer. Nous sortons tous ensuite, eux restant sur le perron et nous trois nous rendant près de la voiture. Lily se glisse aussitôt sur la banquette arrière avec East et, arrivée près de l'auto, je me tourne vers la maison et salue ses habitants joyeusement. Chris m'ouvre la portière et je l'embrasse sur la joue.

— Tu vas bien ? me demande-t-il comme pour s'ôter un poids.

Je ne peux que confirmer ses propos car, malgré un début un peu compliqué, tout s'est finalement très bien déroulé. Oui, je n'aurais pas dû autant angoissée durant l'allé, mais je n'ai pas pu faire autrement : je suis comme je suis. Je me hisse sur mon propre siège, un sourire indescriptible sur mon visage. Chris rejoint le sien, quelques secondes plus tard et visiblement soulagé par ce week-end familial. Après de grands signes de la main, nous démarrons.

Lily ne met pas longtemps à trouver le sommeil : les voyages en voiture ont toujours eu cet effet d'insomnie sur elle. Dans un sens, tant mieux car ça me permet de parler calmement avec Chris sans qu'elle se sente obligée d'intervenir (et tant pis si elle fait semblant de dormir).

— Je suis désolé que Justin n'ait pas pu se libérer, engage-t-il la conversation en changeant la station de radio.

— Ne t'en fais pas, le rassuré-je, je suis sûre que j'aurais d'autres occasions de le rencontrer avant le mariage. Et sinon tant pis, ce sera l'invité mystère !

— Quant à July, laisse-t-il en suspens en hésitant sur le choix de ses mots.

— Je suis certaine que ça ira de mieux en mieux à l'avenir, lui certifié-je pleine de confiance. Il lui faut du temps pour apprendre à me connaître et je lui donnerai tout le temps qu'il lui faut. Tout ne pouvait pas se dérouler à merveille avec tout le monde. Je m'entends déjà bien avec tes parents et Jana, n'en demande pas trop !

— Mon père ? m'interroge-t-il d'un bref regard.

Je hoche doucement de la tête avec un regard malicieux. Notre entretien sous les étoiles est, pour le moment du moins, encore secret de tous.

— Mais vous vous êtes à peine adressés la parole, s'indigne-t-il sans comprendre.

— Oh tu sais on peut en apprendre beaucoup grâce au langage non-verbal ! glissé-je avec espièglerie.

Le visage de Chris décrit l'incompréhension la plus totale et je ne peux mentir en disant que ça ne me fait pas rire. Je trouve cela très marrant d'avoir quelque chose qui me relie avec son père, quelque chose qu'il ignore.

— Tu ne m'avais pas dit que Jana ressemblait beaucoup à Lily, lui fais-je remarquer stupéfaite.

— Peut-être parce que je l'ignore, répond-il un peu contrarié.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? m'inquièté-je en me tournant un peu plus vers lui.

— Disons que je n'ai pas la chance de la voir aussi souvent que tu vois Lily, explique-t-il.

Plus le temps passe, plus il m'est facile de comprendre ce qu'il ressent, ce qu'il peut bien penser. Je sens dans ses traits, j'entends dans sa voix qu'il est en colère. En colère contre lui-même de ne pas passer plus de temps avec sa famille. Il se sent coupable et ça me fait mal de le voir ainsi. J'ignore ce que je peux faire et ça m'énerve d'autant plus.

— Avec mon métier, continue-t-il, je suis toujours parti. Je fais plus de films à l'année que la plupart de mes collègues.

En discutant avec Chris, j'ai appris que ma correspondance avec son alter ego, Connor, a commencé lors d'un tournage. Il en a eu un lors de notre amitié et trois lors de notre relation de couple qui a duré dix mois. Je ne connais pas vraiment les emplois du temps des autres acteurs. Mais cinq en l'espace d'environ un an et demi, ça semble beaucoup, même si l'un d'entre eux n'a duré qu'à peine trois semaines. Chris, étant l'un des acteurs les plus bankables depuis ces cinq dernières années, obtient souvent des rôles principaux. S'ajoutent à ça les conférences de presses, les contrats publicitaires et les avant-premières un peu partout dans le monde. Ça fait beaucoup et ça me fait réfléchir encore plus à notre situation. Quand repart-il ? Et pour combien de temps ?

— Pour moi, poursuit-il, elle reste l'adolescente pétrifiée à l'idée de faire le moindre oral.

— Alors que c'est une étudiante de vingt-deux ans qui semble vraiment extravertie, commenté-je avec un sourire.

— J'espère qu'elle n'est pas trop extravertie, soupire Chris.

— Le retour du grand-frère, annoncé-je dans un rire. July deux point zéro.

— On est juste une fratrie très soudée, corrige-t-il en posant sa main sur la mienne. Même si l'on ne s'appelle pas tous les jours et qu'on ne se voit qu'une fois par mois, on sait qu'on peut compter les uns sur les autres. Je sais très bien que je peux appeler Justin en plein milieu de la nuit pour aller enterrer un cadavre. Enfin, tu vois ce que je veux dire.

Du regard, Chris m'indique la banquette arrière où Lily somnole. Oui, je comprends très bien. Même si, dans notre cas, il y a plus de chances que ce soit elle qui fasse un meurtre et non moi.

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Coucou mes marshmallows ♥

Comment allez-vous ? Et comment avez-vous trouvé ce chapitre ? ^^

C'est dingue mais... Le tome un va bientôt atteindre les 200 000 lectures. J'ai du mal à m'en rendre compte, pas vous ? J'aimerais bien faire quelque chose pour l'occasion, mais je suis à cours d'idées, vous en aurez peut-être à me proposer ? :)

Bisous ♥