07
— Tu es sûre que tu ne m'en veux pas ? questionné-je une nouvelle fois Lily, la boule au ventre.
L'intéressée se retourne vers moi après avoir enfilé sa veste rouge. Elle croise ensuite les bras sur sa poitrine et m'adresse un regard sérieux. Je comprends rapidement que j'aurais dû éviter de lui poser encore cette question.
— Arrête de te tracasser pour des choses aussi futiles, me conseille-t-elle en m'adressant un bref sourire. C'est juste un rendez-vous et puis ce sera encore plus amusant de voir ta tête lorsque tu verras à quoi ça va ressembler !
— Évite quand même certaines choses, la prié-je en grimaçant. Comme une tête de cerf empaillée dans le hall d'entrée, un poster de Chucky dans la cuisine ou un canapé orange. Ça me donne mal la tête rien que d'imaginer.
— Si je te promets de faire dans la finesse, tu me fais confiance ?
Je jauge Lily du regard, pas convaincue une seule seconde par ces propos. Le rire qui sort de ma bouche quelques secondes plus tard lui suffit d'ailleurs comme réponse. Lily et finesse sont deux choses totalement contraires. Il suffit de se souvenir de son ancien appartement où toutes les couleurs et tous les genres se côtoyaient d'une façon parfois grotesque. Espérons que la décoratrice d'intérieure arrivera à canaliser la folie décoratrice de ma tendre amie. Et si elle n'y arrive pas, je compte sur la présence de mon fiancé pendant toute la durée de l'entretien pour agir comme une voix de la conscience auprès d'elle.
Quand on parle du loup, le voilà qui descend du premier étage vêtu d'une de ses chemises à carreau que j'aime tant. Lily m'embrasse sur la joue aussitôt avant de se rendre dans le garage. Chris se place devant moi, me prenant la main et me caressant la joue avec celle de libre.
— Tu n'as pas changé d'avis ?
Je me laisse aller à contempler ses yeux pendant un court moment avant d'hocher négativement de la tête avec un sourire triste.
— Je ne suis pas encore prête à affronter les projecteurs, lui expliqué-je une nouvelle fois. Pas aujourd'hui en tout cas. Et puis, on sait jamais. Sebastian et Anthony pourrait arriver à n'importe quelle heure de la journée, autant qu'il y ait quelqu'un pour les accueillir. Je suis moins stressée à l'idée de rencontrer deux de tes amis qu'à celle de me rendre à mon nouveau travail.
J'ai lâché cette phrase sur le ton de la plaisanterie, mais je vois bien que ça n'amuse pas mon interlocuteur. Il se sent coupable. Je le sais. J'essaie de détendre l'atmosphère, je reste moi-même (à savoir attentionnée et de bonne humeur), mais c'est peine perdue depuis hier. Pourtant, il va bien falloir qu'il arrête de se torturer mentalement. Les paparazzis ne vont pas s'arrêter du jour au lendemain et il le sait mieux que moi : c'est son quotidien depuis près de quinze ans.
— N'hésite pas à m'appeler si Lily fait... sa Lily.
Chris lève les yeux au ciel en laissant un soupire amusé se faire entendre. J'ai comme un poids en moins sur la poitrine en le voyant sourire.
— Tout se passera bien, m'assure-t-il.
Mais aussitôt, Chris se met à rire un peu plus longuement.
— Enfin, reprend-il moins confiant, je vais faire au mieux en tout cas. Avec Lily, c'est pas gagné.
— Tant qu'elle ne mord pas, ne griffe pas et ne demande pas des choses totalement folles, on pourra dire que la journée est réussie.
Chris s'approche un peu plus de moi, me lâchant la main pour glisser la sienne dans le bas de mon dos. Ses lèvres trouvent rapidement les miennes... pour être de nouveau interrompues par une Lily impatiente qui supplie Chris de se dépêcher un peu. Nous rions de bon coeur avant que Chris ne dépose un baiser sur ma main et rejoigne une meilleure amie au bord de l'hystérie.
La solitude due à leur départ me fait regretter pendant un court instant de ne pas être partie avec eux. Mais ça ne dure pas longtemps lorsque je me rappelle de notre première sortie en ville. Je suis bien à la maison et puis, je ne suis pas toute seule : j'ai East. Sauf que ce dernier dort paisiblement sur le canapé : je ne vais donc pas pouvoir compter sur sa compagnie pour me divertir et faire passer le temps.
Je m'installe pourtant près de lui, le regard perdu et le coeur lourd. Il y a tant de concepts que je dois assimiler, tant de nouveautés à laquelle je vais devoir m'habituer. C'est effrayant. Lily trouve ça amusant et très marrant. J'aimerais pouvoir être comme elle de temps en temps, mais on est qui on est et changer est difficile, voire impossible. Elle gère beaucoup mieux la pression et ses émotions, en tout cas c'est ce qu'elle veut faire penser aux autres. Mais c'est une humaine comme tout le monde, un jour elle aura besoin de moi et je serais là pour elle, comme elle a été là pour moi durant ces dix dernières années. Je dois avouer que j'appréhende ce moment. Le jour où Lily n'ira pas bien... ça risque de ne pas être très joyeux. À force de tout garder pour elle, le jour où elle explosera ça fera bien plus de dégâts que ceux où moi je n'allais pas bien. Chacun fonctionne d'une manière différente, certes. J'espère juste que Lily ne sera pas en présence de photographes lorsque ça n'ira plus pour elle, parce que je les plains : un ou deux finiront forcément à l'hôpital et ce ne sera pas beau à voir.
Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ? De tout quitter ? D'amener Lily avec moi dans un monde inconnu et redoutable ?
Je fais disparaître cette dernière question. Lily était totalement partante bien avant que Chris ne me fasse sa demande. À vrai dire, elle ne rêvait que de ça. Partir, vivre à Los Angeles ou dans n'importe quelle autre ville ensoleillée. Elle a probablement oublié certaines données dans l'équation. Comme la presse à scandale et le fait de devoir se comporter parfaitement en société. Plus aucun écart de conduite ne sera acceptée en pleine rue. Y a-t-elle vraiment réfléchi ? A-t-elle oublié à quel point elle peut être imprévisible ?
Je pose ma main sur la joue en soupirant une nouvelle fois. Quelle folie...
Mon regard s'installe alors sur l'ordinateur de Chris, placé sur la table basse du salon. Avant de partir, Adam nous avait conseillé de ne pas regarder les magazines et les sites exclusivement basés sur les célébrités. Pourtant... l'envie est grande en ce moment. Si Lily n'en a rien à faire de ce que l'on peut penser d'elle, ce n'est malheureusement pas mon cas. Je sais que ce ne serait pas une bonne idée, que je ne dois pas leur accorder de l'importance, mais je n'aime pas qu'on colporte des mensonges à mon propos. Je déteste ça. Je me sens tellement impuissante en ce moment.
Je me lève subitement, il faut que je change de pièce avant de ne plus pouvoir résister à la tentation et de finir par me faire du mal. Ce geste brusque fait sursauter East qui redresse sa sa tête vers moi.
— Désolée, murmuré-je en le gratifiant de quelques caresses.
Le chien de Chris ne met pas longtemps à retomber endormi et je l'envie. Il est à l'abri des problèmes et ne comprend pas l'ampleur de ma vie actuelle. J'aimerais parfois être un chien. Ou plutôt, un chat à vrai dire. Ou une plante tant qu'on y est...
Il faut que je trouve quelque chose à faire, mais je rejette chaque idée qui me traverse l'esprit.
Ranger le reste de mes affaires ? J'en ai franchement pas l'envie.
Aller nager ? J'avoue que ça me tente, mais les amis de Chris pourrait débarquer dans une heure ou dans trois heures. Loin de moi l'envie de les recevoir en maillot de bain !
Il ne reste donc plus que la solution de secours : s'installer simplement devant un film en attendant qu'ils reviennent.
Je quitte pourtant le salon : mon estomac risque d'appeler au secours durant mon visionnage et je me connais assez bien pour savoir que la flemme risque de me clouer au canapé jusqu'au générique de fin. Autant prend des réserves.
En ouvrant les placards, je note dans un coin de ma tête que faire des courses ne seraient pas une si mauvaise idée. J'allais devoir retrouver mes repères alimentaires avec parfois de nouvelles marques et de nouveaux aliments.
Une fois la réserve de biscuits et chocolats dans mes bras, je me hâte de rejoindre East. Il ne reste donc plus qu'à choisir ce que je vais regarder. Sans l'ombre d'un doute, je mets de côté les films de mon fiancé. Je ne suis franchement pas d'humeur à le regarder bécoté une autre que moi. Cette idée me rend vraiment malade et je ne sais pas comment je vais arriver à vivre avec ça désormais. Je finis par choisir, après dix minutes à éplucher sa collection de dvds, « Anges & Démons » avec Tom Hanks. J'ai honte de ne pas avoir trouvé le temps de le regarder avant, mais au moins ce film a plus de chance de m'occuper l'esprit grâce à ses énigmes. C'est tout ce que je demande.
Je m'installe enfin, démarre le film, vérifie la sonnerie de mon téléphone et déballe la première friandise que j'attrape.
Alors que le film touche à sa fin, quand Tom Hanks se trouve sur la place Saint-Pierre, une sonnerie retentit et me fait sursauter. Il m'en faut vraiment peu pour me faire peur...
Je me lève, après avoir mis sur pause, et me dirige vers le hall d'entrée. Je jette un coup d'oeil à l'écran situé juste à côté de la porte et qui filme le portail. La sonnerie retentit une seconde fois et je presse l'un des boutons en reconnaissant le conducteur.
— Ouvre-nous grand-père ! s'écrie-t-il en riant.
— C'est Aby, lui annoncé-je en me retenant de rire à mon tour.
— Le crétin ! se fait entendre une deuxième voix moqueuse et moins distincte que la première.
Je vois le conducteur se retourner vers son passager et lui donner un coup de coude. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'Anthony et Sebastian.
— Ô ma chère Abigail, reprend Anthony, pouvons-nous entrer dans votre humble demeure ?
— Y a-t-il des chances pour que tu m'appelles grand-mère ? le questionné-je sur le ton le plus sérieux possible.
On peut dire qu'ils sont arriver à point nommé. Je n'avais aucune idée de la suite des événements après la fin de mon film. C'est bien évidemment sans compter sur le léger stress qui est en train de m'envahir. Quand-est ce que Chris va arriver ? Que vais-je leur dire pendant tout ce temps ?
— Absolument pas ! me répond Anthony en souriant à la caméra.
Je laisse quelques secondes passer, histoire de les ennuyer un peu, avant de presser le bouton qui ouvre le portail. Le temps qu'ils entrent et se garent, je m'empresse d'annoncer leur arrivé à Chris par message. Je sors ensuite sur le perron pour les accueillir à temps : ils viennent tout juste de sortir lorsque j'arrive à leur hauteur.
— Vous n'avez vraiment rien du grand-mère, me complimente Anthony en m'embrassant la joue.
Je lève les yeux en le remerciant avant de saluer Sebastian qui semble amusé par son pote.
— Chris n'est pas là ? m'interroge-t-il assez surpris.
— Il est en ville avec ma meilleure amie, lui expliqué-je en souriant et en les invitant à entrer. Ils ne vont pas tarder à revenir je pense.
— Donc Chris nous fait confiance pour qu'on reste civilisé ? en déduit Anthony hilare.
— Pour que TU restes civilisé, le corrige aussitôt Sebastian.
Le rire forcé d'Anthony vaut toutes les réponses du monde. La réponse de Sebastian me fait alors penser que c'est une bonne chose qu'ils soient arrivés avant mon fiancé et ma meilleure amie. Ça me donne le temps d'expliquer le « phénomène Lily » à mes deux invités. Bien qu'il faut l'avouer, Anthony me semble être... assez spécial aussi. Je sens que le reste de la journée va nous réserver quelques surprises ou, en tout cas, une bonne dose de rire.
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MES MARSHMALLOWS D'AMOUR ♥♥
Que ça me fait plaisir de vous retrouver enfin ! J'espère que vous ne m'en voulez pas trop d'avoir mis autant de temps pour publier ce chapitre. Je pense que ça fait au moins deux mois et demi que vous l'attendez :/. Je voulais d'ailleurs vous faire une blague en disant, avant le chapitre, que j'arrêtais l'écriture... Mais je pense que vu l'attente, je vous aie déjà assez torturé. ^^
Je me sens vraiment mal d'avoir mis autant de temps à publier un nouveau chapitre. Je me suis d'ailleurs rendue compte que ça me bloquait. À la base, je n'écrivais plus parce que je n'allais pas bien. Mais, plus le temps passait, plus je me sentais mal vis à vis de vous, et plus ça me bloquait parce que j'avais peur de faire de la merde. Le cercle vicieux ><. Mais cet aprem, j'en pouvais plus. Je me suis dit : "merde Sam ! Arrête tes conneries deux minutes, mets tes peurs et tes doutes dans un coin de la tête et fais ce que tu aimes : écris. Tant pis si t'écris de la merde, mais fais au moins un effort. Écris au moins une fichue ligne." Bon, au final, j'ai écrit un chapitre. Et du coup, j'espère qu'il n'est pas nul xD !
J'espère que mon absence ne vous aura pas fait fuir et je tiens déjà à remercier ceux et celles qui seront toujours fidèles au poste.
Gros bisous ♥
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