06
Le trajet jusqu'à la maison s'est fait en silence, mais j'ai bien remarqué les nombreux regards que m'a adressé Chris grâce au rétroviseur et surtout senti la main de Lily pressant la mienne. Lorsque nous sommes arrivés dans le garage, j'ai été la première à sortir de la voiture et à quitter la pièce. Je n'en veux pas à Chris, mais j'ai l'impression d'étouffer, encore, alors je me suis précipitée dans un endroit qui peut m'apporter un peu d'air et surtout de l'espace : le jardin. Mes jambes ont d'ailleurs failli me lâcher sur la terrasse de carrelage blanc, mais j'ai su atteindre le jardin avant qu'elles n'en aient le temps. Des bribes de la scène me reviennent de plein fouet alors que je m'étale de tout mon long sur l'herbe fraîchement coupée et que mon cœur se serre l'espace d'un instant. Je tente de me concentrer, en tout premier lieu, sur ma respiration avant d'accaparer le ciel de mon regard et je remarque qu'il est en train de se pigmenter de couleurs chaudes : rouge, orange, jaune.
J'ai une sensation désagréable qui est en train d'envahir chaque centimètre carré de mon être et elle ne m'est pas inconnue. J'ai l'impression d'être revenue au lycée, à mes dix-sept ans, en classe et devant une bonne vingtaine d'élèves. Il n'est pas difficile de me souvenir de mon état lors du tout premier oral de l'année. Muette, stoïque, paniquée. Peut-être même à deux doigts de vomir à cause de la pression. Tout est silencieux, mais rapidement quelques élèves commencent à murmurer entre eux alors que j'essaie de trouver le courage de commencer mon exposée. Mais je n'arrive à sortir aucune phrase, ni même un seul mot. Je vois leurs yeux me juger, je les vois prêts à me sauter dessus au moindre signe de faiblesse. L'un des gars au second rang se met à rire doucement, puis un peu plus fortement. Je suis prête à attraper mes affaires, au premier banc, et à sortir de la classe en hâte. Mais quelque chose se passe. Le garçon se tait soudainement après qu'une fille aux longs cheveux noirs, assise derrière lui, lui ait asséné violemment une gifle à l'arrière du crâne. Je me suis mise à sourire, involontairement, tant la scène est surréaliste. Je me suis concentrée sur elle et j'ai pu commencer et finir mon exposée en oubliant tout ce qui m'entourait.
La scène se volatilise lorsque j'entends des pas s'approcher de moi et que je sens une personne s'installer à mes côtés. Il me faut plusieurs secondes pour tourner la tête et je suis surprise de ne pas y trouver Lily et ses grands yeux verts. J'aurais mis ma main à couper qu'elle se serait disputée avec Chris pour savoir lequel des deux aller me rejoindre. J'ai pourtant dit à mon compagnon que ma meilleure amie était imprévisible...
Ce dernier me regarde tendrement avec un sourire forcé et plein de culpabilité. Je sens qu'il est sur le point de dire quelque chose, mais il se retient. Ou alors, il ignore quoi dire pour engager la conversation. Il s'en veut atrocement, je le vois dans chacun de ses traits. Je devrais dire quelque chose, lui faire comprendre que je ne lui en veux pas, que je savais à quoi je m'engageais en acceptant de l'épouser. Mais mes sentiments m'empêchent encore de parler pour le moment, alors je lui attrape la main et laisse mon pouce caresser le sien dans un mouvement répétitif.
Nous restons là de longues minutes, peut-être même une demi-heure, toujours silencieux. Parfois les mots ne sont pas suffisants. Progressivement, je me trouve dans ses bras et quand le ciel a perdu toutes ses couleurs rayonnantes, je me décide enfin à parler.
— Je ne t'en veux pas, lui confié-je très sincèrement alors que ses doigts perdent leur chemin entre mes cheveux.
Je ne sais pas comment, ni même si cela est vrai, mais j'ai comme la sensation qu'il est plus détendu et qu'un poids a subitement disparu de ses épaules.
— J'ai juste été surprise, continué-je. Et c'était la première fois qui plus est. Ça ira de mieux en mieux, tu verras.
— J'ai failli, commence-t-il à dire avec une certaine colère dans sa voix.
— Casser des appareils photos ? proposé-je avec un léger rire.
Chris ne répond pas, ce qui commence à m'inquiéter. Je décide de me relever légèrement et de me tourner vers lui. Je remarque rapidement sa mâchoire serré.
— Chris, soupiré-je en m'asseyant en tailleur et en gardant sa main dans la mienne. Je suis contente que tu n'aies rien fait. Ça leur aurait trop plu d'avoir une réaction de l'un d'entre nous.
— Je sais, acquiesce-t-il en se redressant à son tour. C'est juste que je n'ai pas aimé te voir comme ça... Comme prise au piège. J'ai l'impression d'être égoïste, de t'imposer ma vie, de...
Mon fiancé n'a pas le temps de finir sa phrase car je m'empare de ses lèvres le temps d'une seconde, assez pour le rendre perplexe et le voir froncer les sourcils lorsque j'arrête.
— Est-ce que, commence-t-il par dire. Est-ce que c'était pour me faire taire ?
Je hoche de la tête, un sourire amusé aux lèvres avant d'embrasser sa joue et de déposer ma main sur celle de libre.
— Il faut bien que je trouve un moyen de te faire taire quand tu dis trop de bêtises, expliqué-je avec amusement.
Je me lève ensuite avant de lui tendre ma main, bien décidée à ne pas passer le reste de la soirée à penser aux événements qui m'ont chamboulée il y a un peu moins d'une heure. Et puis, je commence à m'inquiéter de l'absence de Lily !
Chris se redresse à son tour et nous rejoignons, mains entrelacées, la cuisine où Lily s'agite entre plan de travail et table de cuisson. Je me sens plus soulagée de ne pas faire face à une nouvelle catastrophe comme un début d'incendie.
— Qu'est-ce que tu fais ? la questionné-je avec curiosité.
— Ben je vous aie attendu pendant quinze minutes, déclara-t-elle. Du coup, j'en ai eu marre et je me suis rappelée qu'on mangerait pas chinois finalement. Donc je me suis précipitée à la cuisine et j'ai été très, mais alors très surprise de voir qu'il y avait tous les ingrédients pour des pâtes au pesto. Je suis très impressionnée Chris.
— Est-ce qu'elle pense que je commande des pizzas tous les soirs ? me murmure le principal intéressé à l'oreille. Je sais que je ne suis pas le meilleur cuisinier du monde, mais quand même !
Je me tourne vers Chris, amusée par la réaction de Lily et ce dernier. Je le gratifie d'un baiser avant de me tourner vers les tiroirs.
— Je mets la table ! annoncé-je joyeusement.
* *
*
J'ai eu du mal à m'endormir, encore aveuglée par les flashs des appareils photos et bousculée par leur propriétaire. Autant dire que le réveil est pénible. Mais, en voyant qu'il est dix heures, je me décide à sortir du lit et à affronter cette nouvelle journée. Sans surprise, les deux autres habitants de la maison sont levées et ont déjà déjeuné. Alors que je prends le mien, j'apprends rapidement que l'agent de presse, que l'on devait rencontrer au cours de la semaine, a décidé de venir en début d'après-midi, poussé par les événements d'hier.
C'est vers treize heures qu'il arrive et nous rejoint dans le salon où j'ai pu coller Lily au canapé : il faut qu'elle reste avec nous. C'est désormais sa vie maintenant et ça me désole de l'avoir embarquée dans toute cette aventure.
L'agent de presse doit avoir un peu plus de vingt-cinq ans et ça me choque un peu. Je m'attendais à tomber sur quelqu'un dans la quarantaine avec... plus d'expériences. Il semble assez petit à côté de Chris, mais vu la taille et la musculature de ce dernier, ce n'est pas étonnant. Il possède des cheveux bruns légèrement bouclés et coupés assez court et des lunettes rectangulaires. Et, comme tout homme sérieux, il a avec lui un attaché-case.
— Abigail c'est bien ça ? me demande-t-il avec un grand sourire et en me tendant la main. Je suis Adam Nicholls. Et vous devez être Lily, je suis ravi de vous rencontrer.
Après de brefs présentations et des poignées de mains amicales, nous nous installons confortablement, Lily à ma droite et Chris à ma gauche. Quant à Adam, il est devant nous, dans un fauteuil gris, et a déjà sorti quelques feuilles et de quoi écrire.
— Je suis désolé de ce qui vous est arrivé hier, m'avoue-t-il très sincèrement. Comment allez-vous ?
Je suis agréablement étonnée par Adam. Bon, c'est vrai, je ne savais pas à quoi m'attendre et j'ai essayé, au mieux, de ne pas me faire de suppositions quant à sa personne. Il semble vraiment intéressé par cette question, alors que beaucoup la pose par simple politesse.
— Disons que je me suis remise de mes émotions d'hier, répondé-je avec un sourire forcé, mais ce n'est pas très... agréable.
Chris s'empare discrètement de ma main, comme s'il voulait encore s'excuser des événements d'hier. Je me retourne vers lui en lui offrant un sourire rassurant : il faut vraiment qu'il arrête de culpabiliser.
— J'aimerais vraiment vous dire que ça ne se reproduira plus, reprend Adam. Mais je ne suis pas en mesure de vous faire une telle promesse. Ils pourraient continuer pendant un mois, disparaître pendant quelques jours pour ensuite revenir sur une plus longue durée. Ils sont assez imprévisibles. Tout dépend de la vie des autres et, pour le moment, vous êtes la nouveauté. Ils veulent tout savoir de vous.
— Et il y a un moyen de les... calmer ? espéré-je un peu naïvement.
— Le mieux à faire c'est de les ignorer, me conseille-t-il ennuyé. Et nous pouvons faire un communiqué de presse, il pourrait être moins nombreux devant votre lieu de travail car nous leur donnerons une partie des informations.
Je me tourne vers Chris, c'est lui « l'expert » de la situation, moi je n'y connais rien. Il ne paraît pas très enthousiaste à l'idée que vient de lui proposer son agent de presse. Ça doit être fatiguant de devoir se justifier sur tous les détails de sa vie pour essayer d'avoir un peu la paix.
— Et qu'est-ce qu'il faudrait dire ? demande Chris à son agent.
— Qu'Abigail est votre fiancée, qu'elle est bien anglaise et fleuriste. Les choses basiques.
— Et qu'on ne fait pas un ménage à trois, intervient Lily très sérieusement.
Je dois avouer que j'ai totalement oublié sa présence, elle est tellement silencieuse depuis le début de la conversation... Je lui jette un regard perplexe.
— Certains magazines affirment qu'on est tous les trois en couple, m'explique-t-elle pas très joyeusement. Je ne dis pas que ce n'est pas flatteur d'être associée à toi Chris, mais je n'aime pas l'image qu'on me donne là ! Je suis une folle, pas une dévergondée.
Lily semble folle de rage, installée au fond du canapé, les bras croisés sur sa poitrine et les sourcils froncés.
— Je rajoute donc que votre meilleure amie a déménagé à Los Angeles pour être près de vous, conclut Adam en nous adressant un sourire. Y a-t-il des choses qu'ils pourraient déterrer de votre passé ? Des événements peu flatteurs ?
Je m'apprête à répondre que non. Que je ne suis qu'une fleuriste anglaise sans la moindre histoire. Mais une scène qui s'est déroulée il y a plus de cinq ans refait surface dans mon esprit et me tétanise sur place. Je n'ai pas songé à cette période de ma vie quand je me suis lancée dans cette aventure.
— Mademoiselle Griffith ? m'interpelle Adam.
Je relève mon regard vers lui et remarque rapidement que quelques larmes ont trouvé un chemin sur mes joues. Je m'empresse de les effacer, de m'excuser et je me tourne vers Lily qui, d'après son regard, sait où je veux en venir. J'hoche de la tête, incapable de mettre un mot sur mes pensées et l'invitant à le faire à ma place.
— Aby a passé quelques jours à l'hôpital suite à des violences conjugales, lui apprend-elle avec écœurement. Il y a un peu plus de cinq ans.
Je sens la main de Chris se refermer un peu plus sur la mienne, je sens toute sa colère envers un individu qu'il n'a jamais rencontré.
— Est-ce que...
Adam est déstabilisé, je l'entends dans sa voix, faute de ne pas être capable de le regarder dans les yeux. J'entends sa tristesse à mon égard, mais je n'ai pas envie qu'il ait pitié de moi.
— Est-ce que ces violences étaient courantes ? finit-il par dire difficilement.
Je bouge ma tête de droite à gauche plusieurs fois.
— Vous avez eu des contacts depuis ? continue-t-il.
J'effectue le même geste, cette fois-ci en levant mon visage vers mon interlocuteur qui semble vraiment désolé pour moi.
— Je ferai au mieux pour que ces informations ne soient pas révélées, me certifie-t-il. Je sais que ce n'est pas plaisant de voir sa vie privée étalée sur les premières pages des magazines people. Je vais d'ailleurs vous donner quelques conseils pour ne pas y apparaître.
Je me redresse un peu plus, prête à prendre note mentalement et à appliquer ses précieux conseils. Je veux éviter un maximum de nous rendre la vie plus dure qu'elle ne pourrait l'être.
-Et ça vaut pour vous aussi Lily, rajoute-t-il avec un sourire. Les basiques : ne pas insulter, ne pas bousculer, ne pas casser les appareils photos ou tout autre objet tenus par les paparazzis. Ne pas réagir à ce qu'ils pourraient dire ou faire. Ne pas répondre aux rumeurs, même pour les démentir. Ne pas s'arrêter. Il vaut mieux tracer votre chemin plutôt que de leur montrer votre réaction ou un sentiment. Vous avez le droit d'appeler la police si l'un d'entre eux rentre dans la boutique ou si quelqu'un prend une photo de vous ou de la fleuristerie sans votre autorisation. Si vous recevez des lettres de menaces, vous m'appelez tout de suite. Chris vous donnera mon numéro. Ça vaut également pour les appels ou quelque chose qui ressemblerait à de l'intimidation, du harcèlement ou des menaces. Si vos numéros privés sont trouvés par des personnes qui sont extérieurs à votre cercle d'amis, vous m'appelez également. Si l'un de vos clients vous pose des questions personnelles, tentez au mieux de leur faire comprendre que ce n'est pas leur affaire. Ne paraissez pas condescendante avec eux, semblez ouverte et agréable. Ne laissez pas vos affaires personnelles sans surveillance, veillez à bien fermer les portes de votre établissement à la fermeture. Et bien entendu, évitez la consommation de drogues ou de finir bourrées quelque part, d'être agressives envers quelqu'un en public, évitez d'être habillées comme... des filles faciles si vous voyez ce que je veux dire. Privilégiez les lunettes de soleil lorsque vous entrez et sortez d'un endroit. Nous sommes à Los Angeles, tout le monde en porte et c'est très pratique contre les flashs des appareils photos. J'aurais encore quelques conseils à vous donner par la suite mais cela ne s'appliquent qu'à des moments particuliers comme des tapis rouges. Vous avez des questions ?
Adam nous adresse un sourire chaleureux tandis que Lily et moi nous tentons au mieux de nous souvenir de tout ce qu'il nous a dit. Finalement, on aurait peut-être dû vraiment prendre note.
**
Coucou mes marshmallows ♥
First of all, j'aimerais m'excuser d'avoir mis autant de temps pour publier ce chapitre. Comme vous le savez, je ne vis pas une période facile en ce moment. Néanmoins, j'ai l'impression que l'envie d'écrire revient petit à petit ^^ !
Deuxièmement, j'aimerais remercier ceux qui m'ont envoyée/ont posté des messages/ commentaires de soutien, ça me va droit au coeur. Je sais que je n'ai pas répondu à tout le monde (je n'avais pas le moral), mais je le fais dans la semaine, c'est promis. Vraiment, je vous remercie. Vous m'apportez vraiment beaucoup, vous m'aidez énormément. Vous êtes géniales ! ♥
Troisièmement, pour celles qui ont Twitter, je voulais vous dire que j'avais créé une conversation Twitter spécialement pour les lectrices de SAUA (on y rigole, on délire, on parle de SAUA, on râle, on apprend à se connaître et parfois je donne des news/informations en exclusivité :p). Donc, si vous voulez rejoindre la conversation, il suffit de m'envoyer un message sur Twitter (PrydeSamantha).
Quatrièmement, continuons avec les réseaux sociaux. J'ai récemment désactivé mon compte facebook pour m'en créer un nouveau. Dessus, je publie mon activité d'auteure, des news et bientôt d'autres choses. Je sais que certaines ne veulent pas forcément mélanger vie privée (facebook) et vie virtuelle (Wattpad), mais pour celles qui veulent m'avoir sur facebook, n'hésitez pas à le dire en commentaire. Je serais ravie de discuter avec mes lectrices un peu plus et surtout d'apprendre à vous connaître ^.^
Cinquièmement, je médite à annuler le concours pour les 100K lectures du tome un. Je n'ai reçu qu'une participation pour le moment. Je peux très bien fermer le concours fin Novembre au lieu de fin Octobre, mais je ne suis pas certaine que ça changerait vraiment quelque chose. Bref, je vous tiens au courant.
Sixièmement (c'est le dernier point, c'est promis). J'étais curieuse de savoir si certaines d'entre vous vivent en Belgique ou dans le nord de la France (plutôt Lille) ? J'ai rêvé que je vous rencontrais donc je me dis que si certaines habitent pas trop loin et qu'elles veulent me rencontrer, je me dis pourquoi pas ? ^^
GROS BISOUS ♥
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