Chapitre Soixante-deux [Dernier Chapitre]
Les nuits étaient plus longues depuis que j'étais revenue de Los Angeles, probablement parce qu'il m'était impossible de trouver le sommeil. Comment y arriver ? Une tempête faisait rage dans mon cœur depuis mon retour, provoquée par les regrets qui s'étaient immiscés presque automatiquement dans chaque parcelle de mon corps dès que j'avais embarqué dans l'avion. Le regard peiné et désapprobateur de Lily ne m'avait pas aidé à me sentir mieux et était une des visions qui me hantaient le plus. Rien n'aidait, encore moins imaginer la réaction de Chris lorsqu'il avait trouvé ma lettre.
Ça faisait cinq jours maintenant et je n'arrivais pas à savoir si c'était une bonne chose de n'avoir aucune nouvelle de lui. Si j'avais rompu, c'était que je ne voulais plus entendre parler de lui, non ?
Alors pourquoi est-ce que je me sentais à ce point mal de ne pas le voir réagir ? Est-ce que notre relation n'était pas si important que ça pour lui ? Au point de ne rien dire, rien faire ?
J'ouvris les yeux avant de rouler sur le côté, changeant de position pour la millième fois depuis que j'étais entrée dans mon lit il y a quelques heures. J'étais épuisée. Mes émotions ne me laissaient pas une seconde de répit et m'empêchaient de reprendre des forces ne serait-ce qu'une seule minute.
Bien bien, j'avais peut-être fait une grosse connerie en rompant avec lui. Mais je ne pouvais plus vivre ainsi, à cheval sur deux continents et deux vies. L'amour ne faisait parfois pas tout. C'était mieux ainsi, ça ne pouvait pas continuer. J'en étais persuadée... Ou, en tout cas, j'essayais de m'en persuader.
Le téléphone se mit à vibrer, me faisant légèrement sursauter : je ne m'attendais pas à recevoir un appel à trois heures du matin. Le prénom de ma meilleure amie apparût sur l'écran de l'appareil et cela me surprit. Depuis que j'étais revenue, nous n'avions pas beaucoup parlé. Enfin, je lui avais demandé de ne faire aucun commentaire, sachant pertinemment quelle serait sa réaction. Je n'aurais pas supporté ses remontrances, je m'en voulais déjà bien assez comme ça. C'était donc assez surprenant de recevoir un appel d'elle... encore plus à une heure aussi tardive. Si bien que, passé la surprise, ce fut l'inquiétude qui s'empara de moi. Ça ne présageait rien de bon.
-Lily ? répondis-je en tendant de garder mon calme.
-Aby ! s'exclama ma meilleure amie.
Lily semblait affolée, ce qui ne m'aida pas à rester sereine.
-Lily ! Qu'est-ce qui se passe ?
Je me redressai et sortis automatiquement de mon lit, mon instinct me poussa à attraper les premiers vêtements à ma portée et à rejoindre la salle de bain. Il ne faisait aucun doute que j'allais devoir sortir même si j'ignorais encore la raison.
-Il faut que tu viennes à la boutique, s'empressa-t-elle de dire.
-Que s'est-il passé Lily ? Dis-moi !
-L'alarme s'est déclenchée et... écoute viens.
-Tu as appelé la police ? la questionnai-je en calant mon téléphone entre mon épaule et mon oreille afin d'enfiler mon pantalon sans couper court à la discussion.
-Oui oui ! répondit-elle d'une petite voix, viens-vite s'il te plaît.
-Je suis là dans cinq minutes Lily, la rassurai-je, fais très attention à toi.
Ce n'était désormais plus de l'inquiétude qui m'animait, mais un mélange de colère et de tristesse. Nous nous étions jamais fait cambrioler, nous n'avions jamais eu aucun problème avec la fleuristerie... jusqu'à maintenant. J'étais absolument écœurée, surtout que ça se déroulait même pas un semaine après avoir foutu mon histoire d'amour en l'air. Foutu karma.
En moins de deux minutes, j'étais habillée et chaussée et il ne me fallut que dix secondes pour rejoindre ma voiture. Je glissai les clés dans la fente mais n'allumai pas le moteur. Je déposai ma tête sur le volant avant de prendre une longue respiration : je ne devais pas conduire dans un tel état, c'était trop dangereux. Après avoir repris un certain calme, je démarrai.
En arrivant devant notre boutique, je ne remarquai aucune présence policière. Lily ne tenait vraiment pas à sa vie. Je coupai le contact, jetai un regard circulaire dans ma voiture à la recherche du moindre objet pouvant m'apporter un peu de sécurité. Mais, hormis un parapluie, je n'avais pas grand chose pour me protéger contre un potentiel voleur. Génial.
Je sortis de la voiture et m'approchai de la façade, je compris très rapidement que Lily était bien à l'intérieur : les lumières étaient allumées. En tout cas, j'espérais ne pas la retrouver à moitié morte sur le carrelage...
En m'approchant de la porte, je remarquai que cette dernière était légèrement entre-ouverte. Non mais quelle idée ! J'allais vraiment l'engueuler, surtout que la serrure n'avait pas l'air d'avoir été forcée. Je me stoppai en répétant cette dernière phrase. Lily s'occupait toujours de fermer la porte à la fin de la journée, jamais elle n'avait oublié. Alors comment avait-on pu être cambrioler si la porte ne semblait pas avoir subi de dommages ?
Je déposai mes doigts sur la porte avant d'exercer une légère pression et de la voir s'ouvrir.
-Lily ? appelai-je en passant ma tête. Est-ce que...
Mais je m'arrêtais de parler dès que j'eus une vue d'ensemble de la boutique. S'il ne semblait avoir aucun dommage, trois choses avaient changé... ou étaient apparues. Et ça n'avait absolument rien à voir avec un quelconque cambriolage. Deux de ces choses étaient deux grandes pancartes installées chacune sur un chevalet. Une photo s'y trouvait.
La première représentait un immeuble de deux étages aux briques rouges, au toit plat et dont le rez-de-chaussée possédait de grandes baies vitrés. Sur la seconde, on pouvait discerner une pièce qui devait plus ou moins faire quatre fois la taille de la fleuristerie. Indéniablement les deux photos exposaient le même immeuble.
Si ces deux objets me troublaient déjà, ce n'était rien face à ce qui se trouvait au milieu d'eux et qui faisait naître en moi des émotions diamétralement opposés comme la joie, la colère, la peur. Je m'étais plutôt attendue à un message, un coup de fil, mais pas à une visite et pas à son regard.
Il n'avait pas l'air en colère alors que moi, si la situation avait été inversée, je l'aurais giflé sur le champ de m'avoir quittée de la sorte. Certes, j'avais été trop lâche pour le faire entre quatre yeux, mais aussi parce que c'était la manière la plus simple pour lui de m'en vouloir et de passer à autre chose. De vive voix, j'aurais probablement changé d'avis ou il nous aurait été difficile de tourner la page. C'était du moins ce que je pensais.
Non, il semblait plutôt triste et plein d'incompréhension. Plus les secondes passaient, plus j'avais l'impression de discerner une certaine joie dans son regard. Ce qui ne m'aida pas à garder mon calme d'ailleurs.
Qui de nous deux allait prendre la parole en premier ? Certainement pas moi ! J'étais bien trop bouleversée pour pouvoir choisir l'une des innombrables phrases qui circulaient et se percutaient dans ma tête en ce moment précis.
« Qu'est-ce que tu fais là ? »
« J'imagine qu'il n'y a pas de voleurs ! »
« Où est Lily ? »
« Je suis tellement désolée Chris ! Je regrette, tu me manques tellement, mais on ne peut pas continuer ainsi. »
« Pars, je n'ai pas la force. »
Étaient certaines d'entre elles. Mais je n'arrivais pas à en choisir une.
-Tu pensais vraiment que j'allais en rester là ? me demanda-t-il avec un sourire amusé.
Encore une fois, aucune colère. Je ne comprenais vraiment pas sa réaction. Pourquoi souriait-il alors que je l'avais largué il y a quelques jours ? Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête ? Ce gars était vraiment surprenant ! J'étais pourtant habituée aux réactions bizarres grâce à Lily, mais j'étais tout de même déconcertée.
-J'ai totalement flippé lorsque j'ai trouvé la maison vide Aby, continua-t-il en voyant que je ne comptais pas réagir.
J'avais envie de m'excuser de m'être enfuie de la sorte, mais aucun mot ne voulut sortir de ma bouche.
-Ta lettre m'a brisé le cœur, m'avoua-t-il la voix brisée. Pourtant, je ne peux pas t'en vouloir.
Alors que j'avais baissé la tête, trop honteuse par mes actes, je la relevais en entendant sa dernière phrase. Venait-il de dire qu'il ne m'en voulait pas ? Comment ne pouvait-il ne pas m'en vouloir alors qu'il avait eu le cœur brisé en lisant mes mots ? Que devais-je faire pour être détestée ?
-Pourquoi ? émis-je avec difficulté et en clignant des yeux.
-Parce que ta réaction est compréhensible, répondit-il en haussant des épaules. J'ai mal autant que toi Aby, c'est aussi une torture pour moi lorsque je dois te laisser repartir.
-Si tu comprends, pourquoi es-tu là ?
-J'ai dit que je comprenais, pas que j'étais d'accord, corrigea-t-il d'une voix ferme. Cette relation n'est pas terminée, pas pour moi. Je suis sûr que tu es d'accord avec moi, sinon tu serais déjà partie.
-Si je ne suis pas partie, c'est parce que j'ai été trop surprise.
-Au lieu de me répondre, tu aurais pu t'enfuir comme tu l'as fait.
-Tu es là pour me blesser ? m'emportai-je légèrement.
-J'énonce des faits. Tu t'es enfuie parce que tu es effrayée Aby.
-Je ne suis pas effrayée ! le contredis-je en élevant la voix.
-Tu as peur, dit-il simplement.
Son calme était surprenant et me perturbait au plus haut point. Je n'arrivais pas à savoir où il voulait en venir.
-Je m'en vais, déclarai-je en tournant les talons.
-Tu prends encore la fuite, commenta-t-il. Tu as peur que je te fasse changer d'avis. Peur d'avoir mal quand je vais partir.
Je m'arrêtais sans pour autant me retourner. Je n'avais pas la force de le regarder droit dans les yeux et de lui dire qu'il avait raison. De toute façon, il le savait déjà. À quoi bon appuyer ses propos ? Non, je me stoppais parce que ça faisait mal de l'entendre de sa bouche.
-Mais tu n'as plus besoin d'avoir mal, reprit-il.
Sans le voir, j'arrivais pourtant à savoir qu'il était en train de sourire. Il y avait quelque chose dans sa voix qui avait changé. Quelque chose comme... de l'espoir.
-Je ne peux pas mettre mes émotions négatifs sur le bouton off, murmurai-je en fermant les poings.
-Personne ne le peut Aby, mais il y a une solution à chaque problème. Nous ne vivons pas dans deux mondes différents. C'est toi qui me l'as dit lors de notre première rencontre et je suis là pour te rappeler que tu avais raison. Nous n'avons pas à être séparé de la personne que l'on aime parce que nous avons deux vies différents. Nous pouvons les concilier, nous pouvons être ensemble.
Une idée saugrenue me traversa l'esprit assez longtemps pour me mettre le doute, mais je la fis s'évaporer avant d'être mangée par l'espoir qu'elle portait.
-Où est-ce que tu veux en venir ? l'interrogeai-je en me tournant à nouveau vers lui.
Chris souriait et il me fut difficile de ne pas lui rendre son sourire, de ne pas lui sauter dessus, de l'embrasser, de lui dire que je l'aimais et que j'étais désolée.
-Viens habiter avec moi à Los Angeles, m'annonça-t-il en faisant un pas vers moi.
Quant à moi, je reculai d'un, effrayée par cette idée qui était absolument folle. Quitter l'Angleterre ? Mon boulot ? Ma meilleure amie ? Lily avait toujours été là pour moi et je n'avais pas envie de finir femme au foyer. J'aimais ce que je faisais. Je ne voulais pas perdre mon identité en partant à l'autre bout du monde. Je ne voulais pas devenir la femme de quelqu'un, je voulais rester qui j'étais. Garder ma profession et ma meilleure amie étaient primordiales pour moi. C'était une part importante de qui j'étais.
-Ce n'est pas drôle ! m'exclamai-je. Ce n'est pas aussi facile, j'ai une vie ici !
-Tu as ta boutique et Lily ici, rectifia-t-il avec un sourire.
-Et ce sont des choses très importantes pour moi, rétorquai-je sur la défensive.
Alors il pensait vraiment que je pourrais tout plaquer pour ses beaux yeux ? Ce que je faisais n'était peut-être pas important pour lui, mais ça l'était pour moi.
-Lily vient aussi, m'informa-t-il satisfait.
-Par...Pardon ?
-Valises prêtes ! entendis-je une voix féminine crier de l'arrière-boutique.
Je marmonnai quelques mots, incapable de formuler la moindre phrase. Lily était bien évidemment au courant et écoutait toute la conversation. J'étais préparée à ça, mais pas à tout le reste, pas à la proposition de Chris. Je n'arrivais pas à vraiment assimiler tout ce qu'il venait de me dire, à comprendre la portée de ses mots, ni même à formuler la moindre réponse.
-Oh et ça c'est votre nouvelle boutique, présenta-t-il en se tournant vers les deux chevalets. En tout cas le rez-de-chaussée. Le premier et deuxième étage seront les appartements de Lily et on peut y construire une serre sur le toit ! C'est à moins d'une demi-heure de la maison. Tu pourras donc aller travailler sans soucis, sans être fatiguée de l'avion. On pourra se voir beaucoup plus souvent. Tu pourras m'accompagner aux avants-premières, sur les tournages dès que tu voudras en prenant des employés aussi. Et à deux pas il y a un japonais, je sais que tu raffoles des sushis. Il y a un parc pas loin aussi et... et Aby dis quelque chose je t'en prie.
Chris paraissait très excitée par cette idée, mais moi j'avais peur. Je m'étais dit, en le quittant, que ma vie allait reprendre son cours, que c'était impossible d'être avec lui. Mais là... là il me proposait quelque chose de nouveau, d'excitant. L'inconnu me faisait peur. Et si ça ne marchait pas finalement ? Et si je ne me plaisais pas à Los Angeles ? Et si on se quittait et que la fleuristerie s'écroulait ? Et si...
-Aby, murmura-t-il.
Je ne l'avais pas remarqué s'approcher car j'étais déboussolée par son arrivée et toutes les belles choses qu'il me proposait. Je le sentis prendre l'une de mes mains et déposait l'autre sur ma joue, m'invitant à lever le regard vers lui.
-Nous ne venons pas de deux mondes différentes, répéta-t-il. C'est toi mon monde. Je ne t'ai pas invité pour Noël parce que tu avais Lily. Mais j'aurais dû vous inviter toutes les deux, parce que je veux que tu rencontres ma famille. Je veux te présenter mes neveux et nièces. Et je ne veux plus rater aucun de tes anniversaires, ni aucune fête familiale. Tout ce que je veux, c'est que tu sois à mes côtés.
Mon cœur était en train de fondre dans ma poitrine et les larmes me montaient aux yeux. Je n'arrivais plus à réfléchir calmement, à peser le pour et le contre. J'étais dans les montagnes russes et chacun de ses mots étaient un looping.
Chris se recula d'un pas, ne lâchant pas pour autant ma main, mais tira quelque chose de sa poche avec sa main de libre. Je compris directement de quoi il s'agissait, même si j'en étais très surprise et que c'était... des plus inattendus. J'étais absolument tétanisée, excitée et émue par ce qui était en train de se passer sous mes yeux. Aucun mot ne sortit de ma bouche grande ouverte lorsque je le vis mettre le genou à terre et ouvrir l'écrin qu'il tenait.
-Abigail Lynn Astrid Griffith, commença-t-il par dire avec le plus grand des sourires et avec une voix emplie d'amour, voulez-vous m'épouser ?
**
Yop les marshmallows !
Olalala, je n'en reviens pas d'avoir fini le premier tome de cette trilogie ! Je suis hyper émue, je dois l'avouer ! Heureusement qu'il y a encore deux tomes qui suivent, Aby et Lily me manqueraient trop. J'espère que ce dernier chapitre vous a plu (ben fallait bien que je finisse le tome un sur une note positive, sinon j'allais vraiment me faire assassiner par certaines lectrices ahah). Qu'est-ce que ça vous fait sinon d'avoir fini le premier tome ?
Et là je suis sûre, vous êtes en train de vous demander ce que je vous réserve pour la suite
Eh ben je ne vous dirai rien (désolée il fallait que je mette un dernier gif de Tom ahah) !
J'ai hâte de vous retrouver pour le tome deux ! Le prologue sera publié le 31 juillet (#PotterheadDay) à 16 heures (sauf empêchement).
Merci à toutes (désolée, à ma connaissance je n'ai pas de garçons dans mon lectorat. Dans le cas contraire, manifestez-vous !) d'avoir été aussi présentes, incroyables, adorables, marrantes et même parfois totalement folles ! Vous avez fait, de ce début d'année 2016, quelque chose de magnifique et de très spécial pour moi. Autant vous dire que je suis toute excitée à l'idée de continuer cette aventure avec vous.
Je vous aime mes marshmallows ♥
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