Chapitre Cinquante-sept
Son avion atterrissait à neuf heures, mais je ne pus m'empêcher d'arriver au moins une demi-heure à l'avance. Non pas parce que j'avais eu peur qu'il y eût des bouchons sur l'autoroute... Il fallait avouer que ma raison était de loin la plus débile qui fût. Aviez-vous déjà vu un avion arriver à l'avance ? Parce que moi non et ça n'arrivait probablement pas très souvent. Il en valait de même pour les autres transports en commun qui étaient plutôt doués pour être en retard.
Mais ça avait été plus fort que moi. Ça faisait un peu plus d'un mois que je trépignais d'impatience à l'idée de le revoir, où il m'était arrivée de faire des nuits blanches car je recevais des messages de temps à autre. Je n'étais pourtant pas fatiguée lorsque je me rendais au travail. Il y avait cette force étrange en moi qui me donnait de l'énergie malgré la fatigue et du courage malgré la tristesse provoquée par son absence.
Il avait proposé de prendre un taxi, mais j'avais refusé pour plusieurs raisons. La plupart étant assez égoïste : j'avais envie de le voir le plus rapidement et longtemps possible, puis... Puis je ne faisais plus confiance à personne. Hormis Lily évidemment. Je devenais un peu parano. Et si le chauffeur relayait l'information de son arrivée à d'autres ? Ça n'était pas arrivée il y a un mois, mais on ne savait ce qui pouvait se produire, je préférais donc prendre mes précautions. Je n'étais pas restée très longtemps avec Tom, mais j'avais quand même rencontré une groupie désagréable et eu droit à quelques photos, souvent mal cadrées, dans certains magazines. Je n'aimais pas ça.
Pourtant, je m'étais jetée à corps perdu dans les bras de Chris, sans réfléchir, pour la première fois de ma vie. Cette façon de faire me faisait peur ainsi que toutes les choses qui allaient pouvoir m'arriver maintenant que je sortais avec une immense star. J'essayais le moins du monde d'y penser, ça ne servait à rien de se faire du soucis pour rien. Surtout que j'avais la désagréable impression que les problèmes n'étaient pas si loin que ça.
Je rejetais ses pensées néfastes qui n'étaient aucunement utiles dans cette situation et regardais aux alentours. L'aéroport, en ce vendredi matin, était pas mal peuplé. Il m'était difficile de voir à plusieurs mètres. Des enfants en voyage scolaire, des hommes d'affaires ou tout simplement d'autres personnes comme moi qui attendaient patiemment le retour d'un proche. Cette foule commençait à me faire suffoquer, alors que je n'étais pas spécialement agoraphobe. Chaque personne, c'était un téléphone qui pouvait nous prendre en photo.
« Aby ! » m'engueulai-je en croisant les bras.
Plus les minutes passèrent, plus je commençais à m'inquiéter, à jeter des regards à chaque personne qui passait à mes côtés, à guetter le moindre appareil photo qui serait tourné vers moi.
Lorsque l'heure sonna, dans ma tête en tout cas, l'impatience me fit tapoter du pied et je jouais nerveusement avec mes doigts. La paranoïa, qui m'avait à peine quittée, me reprit rapidement. Et s'il n'avait pas pu embarquer ? Et s'il avait changé d'avis ? S'il me refaisait le coup de l'absence ? Et si...
« Et s'il arrivait simplement Aby ? » dit la voix de Lily légèrement en colère.
Même quand elle n'était pas à mes côtés, une partie de ma meilleure amie arrivait à me calmer. C'était magique. Perturbant, mais magique. Et ça eut le don de m'apaiser pendant au moins quelques minutes. Ce calme m'aida à mieux réfléchir. Son avion avait beau atterrir à neuf heures, il devait en sortir, récupérer sa valise puis arriver dans le hall d'entrée. Je pouvais donc commencer à m'inquiéter vers neuf heures vingt, soit dans dix minutes.
Ce fut à ce moment-là qu'il apparut, en plein milieu de la foule. Habillé d'une chemise à carreau comme la dernière fois, une casquette rabattue au niveau des yeux et... toujours barbu. Je n'en avais jamais été fan, mais il fallait avouer que ça lui allait tellement bien que ça me faisait craquer et qu'il ne m'était pas impossible de commencer à aimer ça.
Chris ne me vit pas tout de suite, mais c'était assez compréhensible vu sa visibilité réduite. Il me cherchait à travers la foule et, vu que je n'étais pas forcément très grande du haut de mon mètre soixante-cinq, c'était une tâche un peu plus compliquée. Je me faufilais donc entre les gens, jusqu'à arriver à sa hauteur et glisser ma main dans sa sienne. Je vis dans son regard une légère surprise puis un soulagement lorsqu'il comprit que c'était moi.
Mon petit-ami déposa un baiser sur mon front avant d'entrelacer ses doigts aux miens et de se diriger rapidement vers la sortie : lui aussi n'avait probablement pas envie d'être aperçu par des paparazzis ou simplement par des personnes qui le reconnaîtraient.
Chaque pas me faisait mal car j'avais une envie irrésistible de l'embrasser, là, maintenant, en plein milieu de la foule. Mais ce n'était pas le moment, alors je marchais plus rapidement, jusqu'à arriver au parking où les gens se faisaient de moins en moins nombreux. Nous arrivâmes près de ma voiture et, alors que j'ouvrais le coffre, Chris passa l'un de ses bras autour de ma taille, sa main libre sur ma joue et m'attira à lui si bien que mes lèvres trouvèrent les siennes tout naturellement.
-Bonjour, murmura-t-il en rompant le baiser une dizaine de secondes plus tard.
J'ouvris difficilement les yeux, mes joues ayant probablement rougies par la bouffée de chaleur que j'avais ressentie. Lorsque je croisais son regard, mon coeur fondit et j'en oubliais cet horrible mois à l'attendre.
-Bonjour, dis-je à mon tour en tentant de reprendre mes esprits.
J'étais tellement absorbée par son regard, qu'il me fallut quelques instants pour remarquer l'adorable sourire qu'il m'adressait. Comment ne pas craquer quand un homme vous regardait de cette manière ?
Cela me faisait oublier où l'on était, en tout cas jusqu'à ce que j'entendis un crissement de pneus qui me fit légèrement sursauter.
-Tu as l'air sur les nerfs, me fit-il remarquer toujours en souriant.
-Excitée serait plus adéquat, le contredis-je en embrassant sa joue. On y va ?
Chris n'avait pas totalement tort, j'étais un peu crispée à cause des côtés négatifs de son métier. Mais je n'avais pas envie de l'ennuyer alors que rien n'était arrivé, je n'avais aucune envie que notre première conversation depuis presque cinq semaines soit négative.
Il hocha de la tête avant de déposer sa valise dans le coffre et se dirigea vers la portière de droite avant de revenir sur ses pas, se souvenant que les voitures anglaises étaient conçues de façon différente. Je laissai un rire s'échapper d'entre mes lèvres avant d'aller prendre place, côté conducteur.
Une fois installée et la ceinture de sécurité bouclée, Chris m'attrapa la main et se pencha vers moi pour m'embrasser. Impossible de résister à l'appel de ses lèvres.
-Tu m'as manquée, me glissa-t-il à l'oreille.
J'avais attendu ce moment des jours et des nuits durant et là je devenais muette. Chris me faisait perdre tous mes moyens, si bien qu'il m'était impossible de lui dire à quel point il m'avait manqué ou qu'il avait occupé mes pensées des jours et des nuits durant. Alors, je l'embrassais, parce qu'un baiser valait parfois mieux qu'un long discours non ?
-Alors quel est le programme de la journée ? me questionna-t-il alors que j'allumais le moteur de la voiture.
-Je pensais qu'on pourrait simplement rester chez moi ? proposai-je.
Je ne nous voyais sérieusement pas nous promener main dans la main dans ma ville, comme un couple normal l'aurait fait. Je devais me résoudre à penser différemment, même si ça me contrariait un peu.
-On est vendredi, me fit-il remarquer.
-Merci pour cette information, le remerciai-je en rigolant légèrement et en sortant du parking.
-Tu ne travailles pas ?
-Lily va gérer la boutique seule aujourd'hui, annonçai-je en lui adressant un sourire.
-Déjà qu'elle veut me tuer, si en plus tu rates le travail à cause de moi...
-Elle ne va pas te tuer ! lui certifiai-je en arrivant sur autoroute et en hochant négativement de la tête avec un sourire amusé, juste te torturer...
-Alors on va à ton travail, clama-t-il très sûr de lui.
-Vraiment ? m'étonnai-je en haussant un sourcil.
-Il va bien falloir que je me confronte à elle et à son interrogatoire, plaisanta-t-il à moitié sérieux.
Je jetai un regard inquiet à Chris. Lui était peut-être prêt à le faire, mais pas moi. Je n'avais pas envie que Lily lui fisse peur, même si j'étais certaine qu'il n'allait plus fuir de si tôt. J'aurais préféré qu'on eût une journée calme plutôt que d'aller affronter ma meilleure amie en plein milieu des fleurs et des probables clients. Une journée au lit et dans ses bras face à la détective Lily, sincèrement mon choix était vite fait.
Je décidais de ne pas aller à l'encontre de sa décision, que je trouvais à la fois courageuse et totalement stupide, n'aurait-il pas pu attendre le lendemain ?
-Comment s'est passé le tournage ? l'invitai-je à me raconter.
J'étais très curieuse, après tout je trouvais ça très intéressant d'en savoir un peu plus sur la réalisation d'un film et des anecdotes du tournage. Je ne pourrais probablement jamais révéler ces derniers à une autre personne que Lily sous peine de me faire attaquer en justice par la société de production car j'aurais révélé la fin du film ! En faire d'ailleurs part à Lily ne me semblât plus une très bonne idée.
L'écouter parler du tournage me fit me poser d'autres questions : quand serait son prochain film ? Ou son grand événement comme des tapis rouges ? Je ne lui avais même pas demandé combien de temps il comptait rester en Angleterre tant la réponse me faisait peur. Avions-nous quelques jours ? Quelques semaines peut-être ? Quelques mois me semblaient bien irréaliste par contre.
-Je l'ai dit à Scarlett, m'avoua-t-il heureux.
Malgré les messages que l'on s'était envoyé, il n'avait jamais fait mention de Scarlett, il me fut compliqué de rester calme lorsqu'il m'annonça cette nouvelle. C'était d'autant plus difficile car j'étais en train de conduire.
-Quand ça ? l'interrogeai-je surprise. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Qu'a-t-elle dit ?
-Elle est très contente et pas surprise, me rassura-t-il. Tu lui avais fait une très bonne impression lors de la soirée.
-Elle n'était pas surprise ?
-Pas le moins du monde, approuva-t-il en rigolant. Elle m'a dit qu'elle l'aurait été si cela n'avait pas été le cas car je n'invite pas n'importe qui chez moi.
-Alors j'ai une chance d'éviter l'interrogatoire de ta meilleure amie ? émis-je avec espoir.
Chris éclata de rire, ma question faisant écho à la situation qu'il allait bientôt vivre avec Lily, pourtant il décida de ne pas me donner de réponse. Soit parce qu'il ne savait pas ce que comptait faire Scarlett, soit parce qu'il voulait me torturer un rien. Si c'était le cas, c'était bien joué.
**
Coucou mes marshmallows ♥
Sinon, je voulais vous dire que j'avais créé ma F.A.Q (premier ouvrage sur mon profil) et je vous invite vivement à me poser toutes les questions (sérieuses ou marrantes) qui vous passent par la tête.
Bisous ♥
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