Nous nous étions couchées à près de quatre heures du matin. Lily s'était endormie assez vite. Je l'enviais : je n'avais pas pu fermer l'oeil une seule seconde, accrochée à mon téléphone portable, attendant un appel qui n'arriva pas. Et même s'il m'avait appelé, qu'aurais-je pu lui dire ?

J'avais essayé de faire la conversation dans ma tête toute la nuit.

« Hey Chris, c'est bizarre mais je t'ai aperçu hier dans mon immeuble. C'était toi ? ».

Si sa réponse avait été négative, il se serait probablement inquiété. Après tout, je suis son amie non ?

Par contre, si sa réponse avait été positive, j'aurais été anxieuse, parce que je n'aurais pas compris pourquoi il serait parti. De plus, s'il était en ce moment-même en Angleterre, il m'aurait certainement répondu non ? Il ne semblait pas occupé dans la cage d'escalier après tout...

Je voyais très bien comment aurait terminé la première issue, la négative, un Chris qui se ferait des soucis et moi à l'hôpital pour faire des examens et rassurer mes deux amis. Mais la deuxième, pas moyen de savoir comment ça se serait passé, parce que c'était lui qui avait toutes les réponses.

Toute la nuit, mes pensées furent tournés vers lui. Je me demandais si tout ça était bien réel, pourquoi je n'avais rien remarqué avant, qu'est-ce qui pouvait bien m'attirer autant vers lui. Je me repassais des dizaines et des dizaines de moments, oscillant entre sourire et larmes si rapidement que les deux se mélangèrent plusieurs fois. Ce ne fut qu'au réveil que la réalité me percuta de plein fouet, merci à Lily.

-Que vas-tu faire concernant Tom ? m'interrogea-t-elle en préparant des crêpes pour le petit-déjeuner.

J'aurais bien voulu perdre mon sourire, parce que ça aurait voulu dire que j'en aurais eu un. Mais il avait disparu il y a un peu plus d'une heure, quand j'avais quitté le lit de Lily et m'étais réfugiée sur le fauteuil, zappant la télévision à la recherche de quelque chose qui pourrait me changer les esprits.

Non, alors au lieu de perdre un sourire que je n'avais jamais, une douleur au ventre commença à se faire sentir. Une douleur, un poids, quelque chose qui me compressait de l'intérieur.

Comment lui expliquer ? Je ne pouvais pas lui dire :

« Hey, désolée mais entre nous ça ne va pas le faire parce que je suis amoureuse de ton ami ».

Il allait penser que je m'étais foutue de lui, alors que ce n'était absolument pas mon but. J'étais vraiment dans la merde en ce moment précis. Chris ne répondait pas, j'allais devoir larguer un homme absolument incroyable et je ne savais pas ce qu'il allait m'arriver dans les prochaines semaines. Comment tout ça avait pu m'arriver alors qu'il y a six mois j'étais tranquillement une fleuriste anglaise dans sa petite ville ?

Incompréhension. Je pensais que c'était le mot le plus adéquat à... la situation ? Ou peut-être bien à toute ma vie en fait.

-Je vais lui envoyer un message pour qu'on puisse se voir, répondis-je terrifiée.

Et si je foutais tout en l'air avec Tom pour... Rien ? Après tout, quel était le pourcentage de chance pour que Chris ressentît la même chose ? Très faible. Il n'avait pas arrêté de me répéter qu'il me voulait dans sa vie en tant qu'amie. Combien de fois avait-il utilisé ce terme durant la semaine à Los Angeles ? Il l'avait utilisé un bon nombre de fois, sûrement pour délimiter notre relation. Pour qu'il n'y ait pas de quiproquo.

Plus je réfléchissais, plus j'avais envie de rester avec Tom. Parce que ça pourrait marcher, au fil des semaines. Je ressentais déjà un certain attachement envers lui. Cet attachement pourrait se transformer en amour au bout d'un moment non ? Et puis, qu'allait penser Chris lorsqu'il apprendrait que je n'étais plus avec Tom ? Il voudrait savoir pourquoi et je n'avais pas envie qu'il pensât que son ami avait fait quelque chose de mal, parce que ce n'était absolument pas le cas.

« C'est malhonnête Aby ! » s'exclama la petite voix de l'ange dans ma tête.

Oui, non, c'était vraiment ridicule comme idée. Je ne pouvais pas continuer d'être avec lui. À quoi je pouvais penser parfois ?

-Et Chris ? continua-t-elle en enfonçant un peu plus profondément le couteau dans la plaie.

-Je ne peux rien faire s'il ne rappelle pas, lui rappelai-je maussade.

-Non je voulais dire... Lorsqu'il va t'appeler. Que vas-tu lui dire ?

-Je vais lui demander s'il était bien là hier soir, m'adressai-je à Lily avec un regard suspect.

C'était pourtant évident non ?

-Je parle de tes sentiments à son égard Aby, dit-elle calmement.

-Rien...

-Rien ? répéta Lily avec étonnement si bien qu'elle fit tomber la cuillère qu'elle avait en main. Comment ça rien ?

-Je ne veux pas le perdre, avouai-je abattue.

-Laisse-moi résumer la situation. Tu sors avec Tom, mais tu vas le quitter parce que tu aimes Chris. Sauf que tu ne vas rien lui dire ? À quoi ça sert de plaquer l'anglais si t'as pas le courage de sortir avec le cowboy ?

-Si je lui dis que je suis amoureuse de lui, commençai-je à expliquer d'une voix grave, et que lui ne m'aimes pas, ça va être la fin de notre amitié. Je préfère l'avoir en tant qu'ami et lui cacher la vérité plutôt que de le perdre en la lui disant.

-Quitter Tom ne résout pas grand chose, émit-elle dans un murmure en retournant à sa préparation culinaire.

-C'est malhonnête Lily, la contredis-je, et tu le sais très bien.

-Tu aurais au moins pu coucher une seule fois avec, protesta-t-elle très triste et sur le ton de la plaisanterie avant de se tourner vers moi, au moins pour ta meilleure amie.

-Ce n'est pas drôle Lily, affirmai-je.

Avec du recul, peut-être que j'aurais ri. Mais la situation était trop fraîche, trop... douloureuse pour le faire.

Après le petit-déjeuner, il me fallut au moins une heure pour amasser assez de courage et envoyer un message à Tom. Quelque chose de simple où je lui demandais simplement s'il l'on pouvait se voir aujourd'hui, au parc où l'on avait pris l'habitude de se promener ces dernières semaines.

J'aurais préféré qu'il ne répondît pas. Mais sa réponse ne se fit pas attendre et arriva moins de dix minutes après l'envoie de mon message : elle était positive.

Je devais le retrouver dans deux heures et autant dire qu'elles feraient désormais parti des pires heures de toute ma vie. Je n'avais aucune idée de la portée de ses sentiments à mon égard, mais je pouvais quand même imaginer que j'allais lui causer de la peine et ça me brisait le cœur rien que d'y penser. Comment allais-je pouvoir faire face à son regard et lui dire que je ne voulais plus continuer ? Comment lui expliquer que, malgré sa gentillesse et ses nombreuses autres qualités, ça ne marchait pas entre nous ? Pas aussi bien que ça devrait parce que j'étais amoureuse d'un autre homme ?

Non, il fallait éviter à tout prix de mentionner Chris dans l'histoire.

-Tu veux que je t'accompagne ? me demanda Lily alors que j'ouvrais la porte.

-J'ai vingt-huit ans Lily, la rassurai-je avec un énième sourire forcé.

-Je sais, me certifia-t-elle en opinant de la tête, mais je reste ta meilleure amie malgré ton âge et la situation. Je peux au moins t'attendre dans la voiture si tu veux.

Je répondis à la négative avant qu'elle m'enlaça plusieurs secondes, me murmurant que tout irait bien. Mais elle avait tort car ça n'allait déjà pas.

J'arrivais au parc quelques minutes avant l'heure et m'installai sur l'un des nombreux bancs. Je sentais mon coeur battre à vive allure, mes jambes tremblaient même si j'étais assise et le stress me faisait avoir chaud. Tout ça ne fit qu'empirer lorsque je l'aperçus enfin. La première chose qui me frappa, c'est qu'il ne souriait pas. Je ne me souvenais pas l'avoir vu si souvent avec cette tête. Ce qui s'était passé hier en était sûrement pour beaucoup.

Je voulus me lever, mais mes jambes ne me le permirent pas. Tom s'installa à mes côtés, tenta de me sourire, mais ne réussit pas.

-Tu as ce regard, me fit-il remarquer avec peine.

-Quel regard ? lui demandai-je avec difficulté.

-Celui d'une personne qui s'apprête à faire quelque chose de difficile.

-Tu n'as même pas idée, murmurai-je en détournant le regard.

-Je l'ai compris à ton message, annonça-t-il désappointé. Mais j'ai beau chercher ce que j'ai pu faire, je n'arrive pas à comprendre.

-Ce n'est pas toi, lui assurai-je. Tu es quelqu'un d'incroyable Tom et je t'apprécie beaucoup.

J'eus le courage de faire de nouveau face à son regard. Un regard d'incompréhension, avec une pointe de colère et beaucoup de tristesse.

-Alors pourquoi ?

-Je ne peux pas t'expliquer, mais c'est mieux ainsi je te l'assure.

Ce fut au tour de Tom de détourner la tête. Je vis sa mâchoire se durcir, ce qui me fit encore plus mal. Je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait ressentir, de ce qu'il pouvait penser et c'était sûrement mieux ainsi.

Nous restâmes là, plus d'une minute, en silence. Je ne savais pas quoi rajouter d'autres et lui non plus. Puis il partit, sans un mot et sans se retourner.

J'avais lu quelque part ou peut-être entendu, que celui qui arrêtait ne souffrait pas. Mais c'était faux, celui qui avait dit ça était un imbécile qui n'avait probablement jamais eu de sentiments inavoués et de relations compliquées. Parce que celui qui arrêtait, n'était pas à l'abri de la souffrance et de la tristesse. On minimisait ses émotions en pensant que, s'il s'était retiré, c'est qu'il ne ressentait plus rien. Ces gens qui pensaient comme ça avaient tort. Ce n'était pas non plus facile d'être celui qui annonçait une mauvaise nouvelle et qui détruisait une relation.

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Coucou mes marshmallows ♥

Bon ben je vous avoue que je ne sais pas trop quoi dire. J'ai eu du mal à écrire ce chapitre et je le réécrirais probablement plus tard, mais là j'en avais pas la force. De toute façon, je vous publie le premier jet à chaque fois, tout est à améliorer et à réécrire.

Je vous fais de gros bisous et je vous dis à demain pour la fin de cette dernière semaine spéciale.♥