[09]
Un mois s'est écoulé depuis ma légère dépression.
Un mois durant lequel je n'ai pas adressé la parole à ma famille ou à Chris. Il n'y a plus que Lily à qui je parlais, enfin sans compter les clients que je servais à la fleuristerie. J'ai évité tous les appels venant de mes parents ou de Candice, ainsi que les messages, et je ne me suis plus connectée sur le site de correspondance.
J'ai l'impression de vivre comme un fantôme depuis ces trente derniers jours. Un fantôme qui attend d'avoir assez de force et de courage pour affronter ces plus vieux démons. Il y a certains moments où j'arrive à me reprendre, où je sors un peu de ma routine et où je fais quelque chose d'un peu spécial, comme regarder un film ou aller me promener.
C'est un jeudi, un jour normal en soi. Un jour qui a commencé comme tous les autres, mais un appel a tout changé. Un appel qui m'a sorti de ma routine tant il était improbable.
— Oui bonjour, chantonne la voix féminine à l'autre bout du fil, ici la compagnie de chauffeur Allen. Je vous appelle pour confirmer votre réservation.
— Excusez-moi madame, dis-je spontanément, vous devez sûrement vous tromper de numéro. Je n'ai pas demandé de chauffeur.
Et puis, je n'en ai pas les moyens...
— Oh toutes mes excuses, vous n'êtes pas Abigail Griffiths ?
— Euh si, m'étonné-je en bégayant avant de me reprendre, mais je n'ai demandé après un chauffeur... Est-ce que c'est Lily qui vous a payé pour me faire cette blague ?
— Pourtant j'ai une réservation à votre nom, m'informe-t-elle très sérieusement. Et elle n'a pas été prise par une certaine Lily.
— Pouvez-vous me dire quand a-t-elle été prise ? demandé-je en me levant de ma chaise.
— Oui bien entendu, veuillez patienter un instant, me demande-t-elle gaiement.
La voix se tait pendant une dizaine de secondes.
— La réservation a été faite il y a deux semaines.
— Vous avez un numéro de téléphone ? questionné-je en faisant les cent pas dans la boutique. Ou le nom de la personne qui a réservé ?
La dame me répond, mais le numéro de téléphone qu'elle me donne ne correspond pas à un numéro anglais. Je suis sur le point d'annuler la réservation, mais quelque chose me pousse à en savoir plus.
— Quand doit-il venir me chercher ? Et où doit-il m'emmener ?
— Demain à 14 heures, il vient vous chercher au 18, River Street et vous emmène à l'aéroport de Birmingham.
— L'aéroport ? m'exclamé-je confuse.
À ma connaissance, je n'ai pas non plus acheté un billet d'avion...
— Souhaitez-vous annuler la réservation ?
Alors que je vais répondre oui, c'est un « non » qui s'échappe d'entre mes lèvres. Je ne peux me rétracter, car la femme au bout du fil s'empresse de me remercier et de raccrocher. Je laisse un « merde » sortir rageusement tandis que je dépose furieusement mon téléphone sur le comptoir.
— Aby ? m'appelle Lily qui m'a probablement entendue depuis l'arrière-boutique.
Je lève doucement la tête en tentent de garder mon calme, je n'aime pas être prise au dépourvu.
— Qu'est-ce qui se passe ? continue-t-elle en s'avançant.
— Je n'en sais rien figure-toi, lui répondé-je hésitante.
Lily me regarde de façon insistante, me poussant à expliquer ce qui me met dans un tel état. Mais sa réaction, après mon explication, ne fait que me rendre d'autant plus interrogative. Elle n'a pas l'air perplexe quant à la situation, mais plutôt embarrassée et loin d'être étonnée.
— Lily, qu'as-tu fait ?
— Rien de mal, m'affirme-t-elle un peu sur la défensive.
— C'est toi qui m'a réservé ce chauffeur ? Et pourquoi tu m'envoies à l'aéroport ? Qu'est-ce que tu trafiques ?
— Ce n'est pas moi Aby, continue-t-elle d'affirmer.
— Si ce n'est pas toi, pourquoi ai-je l'impression que tu sais quelque chose que j'ignore ?
— Viens, m'invite-t-elle en me proposent sa main, il est temps qu'on parle.
Savoir qu'elle m'a caché quelque chose ne me donne pas envie de lui prendre sa main, je la dépasse alors et arrive dans l'arrière-boutique où je m'installe sur l'une des chaises hautes installées derrière le plan de travail. Je n'attends pas qu'elle soit assise pour reprendre la parole.
— Qu'est-ce qui se passe Lily ? demandé-je d'une voix à la fois hargneuse et triste.
— J'aimerai que tu m'écoutes jusqu'à la fin, sans me couper.
Je remarque que j'ai croisé instinctivement les bras, ce qui d'après un psychologue signifie que je me ferme aux autres. Je les décroise avant de promettre à Lily de ne pas la couper.
— Bien. Quand, il y a un mois de cela, tu as décidé de prendre enfin ta vie en main, ça m'a vraiment fait plaisir Aby. Mais très sincèrement, je pense que nous nous sommes quelque peu fourvoyées. Tu as décidé de contrôler certaines choses, d'en changer d'autres. Et même si je suis contente que tu aies envie d'affronter tes parents, je pense que tu te trompes à propos de Chris.
C'est la première fois, durant son petit monologue, que j'ai envie d'intervenir. Mais, comme demandé, je ne l'interromps pas.
— Ce mois a été le pire pour moi depuis plusieurs années, continue-t-elle, en tant que ton amie. Je sais que tu essaies d'accumuler un certain courage concernant tes parents, ainsi que ta sœur. Mais entre-temps tu as oublié plusieurs choses essentielles. Premièrement, de sourire. Tu n'as plus souris depuis que je t'ai vue avec Chris. À quoi ça sert de couper les ponts de cette manière si tu n'arrives même pas à esquisser un sourire en l'espace de trente jours ? Te voir ainsi me fait beaucoup de mal. D'autant plus que je ne sais plus comment t'aider ni quand tu vas te décider à aller les voir et leur parler. Et, à force d'y penser, je me suis dit que tu avais fait une belle boulette. Quelque chose arrive enfin dans ta vie et tu as encore trouvé le moyen de te renfermer Aby !
— Il m'a menti ! crié-je en me mettant droite comme un i.
— C'est tout ce que tu as trouvé pour expliquer ton comportement envers lui ?
— Je ne vois pas l'intérêt de l'avoir comme ami. Je ne le verrai jamais, je ne veux pas d'une relation longue distance Lily.
— Encore une fois, c'est tout ce que tu as trouvé ? Certes, il t'a menti. Et je peux comprendre que cela te blesse, mais je peux également le comprendre. Crois-moi, cette situation est abracadabrante, mais tu n'aurais pas dû arrêter ton amitié avec lui. Ce n'est pas tout le monde qui traverserait l'Océan Atlantique pour reconnaître ses erreurs et de présenter ses excuses. Et comment ça tu ne veux pas d'une relation longue distance ? Mais pourquoi as-tu commencé à correspondre avec lui alors ?
— Oh c'est bon Lily, je le connais depuis à peine quatre ou cinq mois ! Ce n'est pas comme si j'avais arrêté de parler à un ami de longue date. Et justement, j'ai commencé la correspondance pour pouvoir l'arrêter quand je le voulais.
— Tu marques un point Aby, consent-elle à dire avant de reprendre de plus belle, mais quelque chose de sympa t'es quand même arrivée. Tu aurais pu faire un effort au lieu de laisser ton passé te faire voir le pire en lui. C'est pour ça que...
— Que ? répété-je alors qu'elle hésite à continuer. Enfin Lily, dis-je exaspérée, qu'est-ce que tu as fait ?
— Je t'ai dit que je n'avais rien fait ! Ce n'est pas moi qui aie réservé la voiture ou acheté un billet d'avion !
— Qu'est-ce que tu sais ? Ne me dis pas...
Une hypothèse s'impose à moi, mais elle est tellement tordue que je la rejette aussi vite qu'elle est apparue.
— Il a appelé lorsque tu étais partie.
**
Bonjour à tous chers lecteurs !
Tout d'abord, toutes mes excuses pour le retard. Entre vie privée et les attentats de Paris, je n'avais pas le moral. Mais je me suis souvenue d'une chose importante : nous devons faire ce que nous aimons. Et j'aime plus que tout écrire. J'adore publier mes chapitres et voir vos réactions. Merci d'aimer mes histoires, cela compte beaucoup pour moi.
Ensuite, merci d'aimer en particulier cette histoire. C'est un défi énorme pour moi et j'espère ne pas tomber dans le cliché. Je ferai au mieux ^^'
Je vous fais de gros bisous ♥
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