𝟫 | 𝖯𝗋𝗂𝗌𝗈𝗇𝗇𝗂𝖾̀𝗋𝖾.
🎵 Romɑntic Homicide - d4vd
☆
ೃ⁀➷ — Du calme, ce n'est que moi, soupira Jay exaspéré.
— Justement, c'est bien ça le problème ! répliquai-je encore verte de peur.
Il n'en avait strictement rien à faire de m'avoir presque causé un arrêt cardiaque. Non, il préférait fumer sa cigarette dans ma chambre alors que je dormais. Il n'y avait rien de plus flippant que quelqu'un qui vous observait pendant votre sommeil.
— Qu'est-ce que vous faites-là ? grinçai-je en remontant la couverture sur mon torse.
— Quoi, c'est ma baraque, j'ai le droit d'aller où je veux, non ? dit-il en haussant les épaules.
— Partez d'ici, j'aimerais dormir, râlai-je en lui faisant signe de me rendre mon oreiller.
— Tu n'as pas d'ordre à me donner, Gamine, souffla-t-il en se penchant vers moi, le coude posé sur son genou.
S'il voulait me faire exploser les nerfs, il avait parfaitement réussi son coup. Sérieusement, comment pouvait-on être aussi insupportable ?
— C'est quoi votre souci ?!
— Mon souci ? répéta-t-il en plissant les yeux. Mon putain de souci c'est toi, ici, chez moi donc tu la fermes.
Hors de question que je reste une seconde de plus en sa présence. Il ne voulait pas partir ? Tant pis, je le ferais à sa place. Je rejetai le drap qui me couvrait et me précipitai vers la porte dans l'espoir de lui échapper.
Cependant, Jay était beaucoup plus rapide que moi et il réussit à bloquer la porte à temps. J'avais beau faire des pieds et des mains pour le faire bouger, en vain. Il sortit une clef de sa poche et ferma la pièce à double tour.
— Tu peux me dire ce que tu comptais faire ? me défia-t-il en approchant dangereusement son visage du mien.
Je soutins son regard dédaigneux, déterminée à ne pas flancher. Je n'allais sûrement pas me laisser faire une nouvelle fois.
— Je vois pas en quoi ça vous regarde, rétorquai-je froidement. Laissez-moi sortir.
Jay se mit à rire franchement, ce qui me donna la chair de poule. Une seconde plus tard, je me retrouvai plaqué contre la porte de ma propre chambre, sa main autour de ma gorge.
— Tu n'iras nulle part, dit-il avec un rictus alors que mon cœur menaçait de s'arrêter.
— Et pourquoi pas ? parvins-je à articuler.
Il se pencha en avant, ses lèvres effleurant légèrement mon cou. La chaleur de son souffle me fit frissonner.
— Parce que tu es ma prisonnière, chuchota-t-il.
— Je ne suis la prisonnière de personne.
Il se redressa et plaqua son front contre le mien, une lueur joueuse à l'intérieur de ses iris bleutés.
— Si, tu es la mienne et je te garderai ici aussi longtemps que je le veux.
— Je croyais que vous vouliez que je dégage, soufflai-je en arquant un sourcil.
Sa main remonta afin de prendre mon visage en coupe et son pouce caressa délicatement ma lèvre inférieure.
— Disons que j'ai changé d'avis.
Le comportement lunatique de Jay ne rendait pas les choses faciles. Et encore, lunatique était un mot trop faible pour décrire ses changements d'humeur soudains. Un jour il voulait me tuer, le lendemain me protéger, ensuite il voulait que je décampe et désormais, j'étais sa "prisonnière". C'était à n'y rien comprendre.
Afin d'éviter de lui adresser la parole, je passais la matinée dans la chambre de Lindsay, autour d'une tasse de chocolat chaud, afin d'en apprendre plus sur elle.
Elle avait vingt-quatre ans et travaillait avec Jay depuis cinq ans environ, mais tous les deux étaient amis depuis plus longtemps. Ils étaient cinq dans sa famille, elle avait un petit frère nommé Jimmy et deux petites sœurs jumelles, Hope et Joyce. Il en manquait un au compteur mais je ne lui fis pas la remarque. Elle disait que ces trois-là lui manquaient beaucoup, car elle les voyait peu souvent.
Ses deux parents travaillaient tard le soir mais rapportaient peu d'argent. Lindsay s'était alors mis en tête qu'il fallait qu'elle aide sa famille. Lorsqu'elle avait demandé à Jay de la prendre comme associée, celui-ci avait d'abord refusé ; selon lui, ce n'était pas un travail fait pour une femme. Mais après avoir insisté pendant plusieurs semaines, il avait cédé.
— Et comme tu l'as sûrement compris, nous, les Hell's Angels, on est...une sorte de groupe de motard, m'expliqua-t-elle. Notre rôle est de protéger Philadelphie, au prix de notre vie.
Je trouvais cela à la fois intriguant et terrifiant. N'avait-elle pas peur de mourir ?
— Qui en a décidé ainsi ?
— Ah ça, c'est top secret ! répondit-elle en me lançant un clin d'œil. Mais tu le sauras bien assez tôt.
— Ce doit être difficile, soufflai-je en m'allongeant à côté d'elle.
— Tout dépend du poste. Josh et moi on s'occupe des autres gangs de la ville. Ça inclut espionnage, combat et négociation. Parfois, on s'occupe du Baptême des Suiveurs.
— Le quoi de quoi ?
— Le Baptême des Suiveurs, répéta-t-elle en riant. L'entrée officielle des petits nouveaux au sein du Club. Mais avant, on leur apprend nos valeurs comme le Respect dont Josh t'a parlé.
Il y avait tellement de choses à savoir et à comprendre sur les Hell's Angels. Je voulais tout apprendre tout de suite.
— Bon, allons manger, on partira après, suggéra Lindsay en se levant de son lit.
— Partir ? Où ça ?
— Ah oui, je ne te l'ai pas dit mais Josh et moi, on a du travail cet après-midi, on va te laisser ici quelques heures.
— Toute seule ?! m'exclamai-je en me figeant sur place.
— Non, le Chef sera là aussi, répondit Josh qui apparut devant la porte de la chambre, un sourire narquois sur les lèvres.
Au moins, il sourit pour une fois.
Je savais pertinemment que j'allais passer les pires heures de toute ma vie. Je me mis en tête, qu'une fois Lindsay et Josh partis, je monterais dans ma chambre et m'enfermerais à double tour. Il était hors de question que je croise le fou furieux pendant leur absence.
Nous commandâmes à manger et nous installâmes dans la cuisine. Lindsay nous raconta quelques anecdotes sur ses soirées dans le centre de Philadelphie.
J'aimerais l'accompagner au moins une fois. Mon quotidien ici ne me changeait pas vraiment de celui que j'avais avec mes parents. J'étais toujours enfermée et interdite de mettre le pied dehors.
Cependant, il y avait quand même une différence. J'avais sympathisé avec d'autres personnes que ma famille et même si la présence de Jay me gâchait un peu la vie, j'avais l'impression d'être plus heureuse ici que chez moi.
De toute façon, je n'avais plus de chez moi.
— J'ai été contactée par un journaliste de l'ombre, nous informa Lindsay en cherchant ses sushis dans le sac. Grâce à lui, j'ai récupéré un tas de dossiers sur des affaires confidentielles. Je lui ai promis de m'en occuper, mais j'ai bien peur de ne pas avoir le temps, dit-elle en adressant un regard inquisiteur à Josh.
Je lui avais demandé quelques jours auparavant ce qu'était un journaliste de l'ombre. En fait, cela était une expression pour désigner un informateur anonyme qui proposait des renseignements souvent compromettants en échange d'une certaine somme d'argent. Chacun d'eux était totalement indépendant des autres.
— Tu peux toujours rêver, grogna Josh en mordant dans son burger. Moi aussi j'ai des choses à faire.
— Comme quoi ? Donner à manger à tes petites boules de poils ? Leur caresser les pa-pattes ? Remplir des gamelles de croquettes ? se moqua Lindsay en faisant la moue. Ne te fous pas de moi, Joshuabruti, je préfère te savoir au stand de tir !
— Tu t'occupes des animaux ? demandai-je à Josh en ayant vaguement compris de quoi ils parlaient.
Il fronça les sourcils, et je crus presque qu'il allait nous tuer toutes les deux. Finalement il se résolut à me répondre.
— J'aide une société qui récupère des chiens et des chats abandonnés. Ça s'arrête là, je fais ça juste parce que le Chef me l'a demandé.
— Ne l'écoute pas, Eli, s'esclaffa Lindsay en manquant de s'étouffer avec sa nourriture. Jay ne lui a jamais demandé une chose pareille !
— Ne lui fais pas confiance non plus Evans, grogna Josh en lançant un regard noir à la jeune brune. Quand elle dit qu'elle n'a pas le temps, c'est qu'elle part en boîte toute la nuit se taper des gosses de riches qui ne valent pas un clou.
J'écarquillai les yeux et interrogeai Lindsay du regard pour savoir si Josh disait la vérité. Elle ouvrit la bouche complètement abasourdie par ses paroles.
— Ma vie ne te regarde pas Josh ! Laisse-moi faire ce que je veux avec qui je veux ! s'écria-t-elle en faisant claquer ses couverts sur la table.
Son ami lui répondit avec un léger sourire en coin.
— Je t'ai toujours laissée faire. Mais arrête de passer ta vie avec ces clochards.
— Pitié, ne joue pas au jaloux avec moi. C'est ridicule !
Le repas continua dans un silence des plus angoissants. Lindsay me lançait des regards de temps à autre signifiant que tout allait bien. En effet, j'avais assisté à ce genre de disputes à plusieurs reprises, Lindsay criant sur Josh tandis que celui-ci ne répondait rien, comme s'il était au-dessus de tout. Après ça, les deux amis ramassèrent leurs affaires et prirent le pas de la porte.
— Eli, tu m'appelles au moindre problème, c'est bien clair ? exigea Lindsay en me serrant dans ses bras.
J'acquiesçai brièvement. J'avais la gorge nouée rien que de penser au fait de me retrouver seule avec l'autre fou furieux pendant plusieurs heures. De plus, mon téléphone ne fonctionnait toujours pas. Lindsay et Josh prirent leur moto et je les vis s'éloigner derrière le portail.
Puis je me montais dans ma chambre comme je me l'étais promis et fermais la porte à clef. Je soufflais un bon coup afin d'évacuer mon stress. Je décidais d'ouvrir ma valise que je n'avais toujours pas vidée. J'avais espoir que ma vie reviendrait à la normale. Ça n'arrivera jamais.
Je sortis mon roman préféré, les Heureux et les Damnés de F.S Fitzgerald et m'installai confortablement dans mon lit. C'était la cinquième fois que je le lisais et je ne m'en lassais pas. Parce que ça parlait d'amour, de New York et de toutes les choses dont je rêvais, même si la fin m'étranglait à chaque fois.
« Je continuerai à briller comme un personnage absurde plein d'éclat dans un monde absurde. »
Ce livre débordait de réalités, de désillusions, de vérités et de mirages. Je me retrouvais parfois à travers les défauts des personnages, ce qui n'était pas plus mal, finalement. Grâce à cela, j'avais compris qu'il ne valait mieux pas qu'ils prennent le dessus sur ma personnalité.
Toc toc toc.
Je n'y croyais pas.
L'homme aux étoiles.
Cette espèce d'imbécile de meurtrier sanguinaire était déjà là. Cela ne faisait même pas une heure que Josh et Lindsay étaient partis. Je pouvais ne pas lui répondre et faire comme si je n'étais pas là mais il avait les clefs de la pièce et il pouvait très bien me virer. Quant à moi, je ne voulais pas changer de chambre, parce je pouvais y admirer les étoiles avant de dormir.
— Qui est-ce ? demandai-je d'une voix tremblante, alors que je connaissais parfaitement la réponse.
— C'est moi, Gamine. Ouvre, il faut que je te parle d'un truc.
Je me levai et m'approchai de la porte d'un pas hésitant. Puis le visage de Jay apparut dans l'entrebâillement. Je n'osais pas l'ouvrir de plus de quelques centimètres.
— O-Oui ?
— Samedi soir tu devras nous accompagner à une réception. Je dois te présenter à quelqu'un là-bas, alors fais en sorte de te tenir tranquille et de venir habillée... correctement, fit-il en détaillant ma tenue.
Je le fixais sans vraiment comprendre de quoi il parlait.
Ses yeux. Même quand il ne disait rien, j'avais l'impression d'être assaillie de reproches.
— C'est noté, dis-je simplement.
Puis il s'éloigna et je l'entendis descendre les escaliers. Je refermais la porte en poussant un soupir de soulagement et retrouvais ma place bien au chaud dans mon lit.
Samedi... c'était dans quatre jours. Je ne savais pas à qui le Chef voulait me présenter, car à vrai dire, je ne voyais pas qui je pouvais bien intéresser. De plus, je me doutais bien qu'il fallait que je sois présentable et que je ne pouvais pas mettre les vêtements que j'avais emportés avec moi.
J'avais beau essayer de me concentrer sur mon bouquin, je n'y parvenais pas. La réunion qui avait eu lieu quelques jours en arrière à propos des Rebels, ne cessait de faire des aller-retours dans ma tête. Orlando. Leur Chef.
Tout était sa faute.
Tue-le.
Je triturais nerveusement mon collier de perles blanches que mes parents m'avaient offert le jour de mes quinze ans. Il représentait le seul souvenir de notre famille que j'emportais partout avec moi. Ma mère possédait le même, et c'était cela qui l'avait autant rendu heureuse. D'une certaine manière, j'avais l'impression d'être plus proche d'elle.
Au bout d'une heure, je descendis dans la cuisine boire un verre d'eau et me rafraîchir les idées. Il n'y avait pas de bruit dans la maison, je me disais que Jay était parti, ce qui était une excellente nouvelle. Je me rendis à la cuisine, en passant devant l'horrible cactus qui m'avait causé bon nombre de dégâts à la main gauche. J'attrapai un verre et le remplis d'eau quand soudain, une odeur âcre emplit mes narines.
Clic. Clac.
J'avais déjà senti cette odeur auparavant, on aurait dit du tabac mais c'était plus fort. Je me retournai et aperçus Jay, accoudé à l'îlot central, un sourire mesquin aux lèvres, jouant encore et toujours avec son briquet. Plus je le voyais le claquer, plus cela ressemblait à un geste nerveux.
Comme s'il était anxieux.
Comme s'il voulait me faire angoisser. Puis il se redressa et s'approcha doucement de moi.
Clic. Clac. Il replaça sa cigarette dans sa bouche et me fixa droit dans les yeux. Ses yeux, si bleus.
Je ne m'étais jamais sentie aussi mal à l'aise. Jay était vraiment très grand, si grand que j'avais l'impression de rétrécir face à lui. Ses pas se firent plus lents au fur et à mesure qu'il se rapprochait de moi. Son médaillon pendait contre sa peau découverte par le col entrouvert de sa chemise. C.W.
Il suffit de respirer. Respirer. De l'air.
Son visage s'approcha du mien, ses yeux d'un bleu glacial ne se détachant pas des miens. L'odeur enivranteécœurante de son parfum envahit tout mon être et une vague de chaleur s'empara de moi au moment où ses lèvres furent sur le point d'aborder les miennes son visage se trouva bien trop proche du mien. Je crus manquer plusieurs battements tandis que tout se bousculait à l'intérieur de mon corps.
Mon cœur.
Il était si effrayant, je voulais juste m'enterrer, là, tout de suite, maintenant. Soudain, il me recracha toute sa fumée au visage. Une violente toux me comprima la gorge et je grimaçai de dégoût. Ce type était définitivement taré.
— Il y a un problème, Gamine ? fit-il avec un sourire sadique.
Il osait me provoquer, mais je ne pouvais pas riposter et il le savait parfaitement.
— Je n'ai jamais été fan de l'odeur de la cigarette, murmurai-je en toussotant.
Une expression sérieuse s'afficha sur son visage et il prit un ton énervé.
— La cigarette, c'est pour les blaireaux. Ça, c'est un cigarillo, Gamine. Tâche de faire la différence la prochaine fois.
Il leva les yeux au ciel et tourna les talons. Ses changements d'humeur soudains étaient insupportables. Je ne savais pas comment réagir ou même s'il fallait réagir, je ne voulais pas mourir tout de suite. Je savais que seul le temps pouvait arranger les choses. Seul problème, je n'avais pas de temps.
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