𝟥𝟩 | 𝖬𝖾𝗂𝗅𝗅𝖾𝗎𝗋𝖾𝗌 𝖺𝗆𝗂𝖾𝗌.
🎵 Gilded Lily - Cults
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ೃ⁀➷ 𝔏e lendemain soir à minuit, nous arrivâmes à l'Euphoria NightClub . Cet endroit ne m'avait pas manqué le moins du monde, et après ce que j'avais appris sur ce qu'il s'y passait à l'intérieur, j'avais encore moins envie d'y entrer. Le club n'avait pas changé depuis la dernière fois. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher d'être anxieuse.
— On y va.
Je suivis Jayden, Lindsay et Josh en passant par une porte se situant à l'arrière du club. Je supposais qu'elle était destinée au personnel. Au moins, nous n'avions pas à patienter en file d'attente pour rentrer. A l'intérieur, nous nous retrouvâmes directement au rez-de-chaussée, éclairé par les néons rouges. La musique me brisait les tympans, ce qui était fortement désagréable malgré le rythme entraînant.
Le moment était venu de nous séparer et de mettre notre plan en place. Lindsay et Josh tenteraient d'obtenir des informations au bar tandis que Jayden et moi nous occuperions du suspect principal : Ray. En réalité, c'était moi qui allais lui parler. Jayden resterait derrière la porte pour me protéger si le plan tournait à la catastrophe.
Je montais alors seule deux escaliers et gagnais le deuxième étage. Maintenant que je savais que cet étage abritait toutes sortes de trafics, je pouvais aisément distinguer des regards furtifs en ma direction pendant que certains se remplissaient les poches et que d'autres s'échangeaient de petits paquets contre une signature.
Je traversais plusieurs couloirs avant d'arriver au niveau de la porte que Jayden m'avait indiquée. Si je ne savais pas qui était Ray, je n'aurais eu aucun problème à pousser la poignée. Mais là, tout était différent. Je savais qu'il me voulait du mal et que me retrouver seule avec lui était dangereux.
Je devais faire confiance à mes amis. De toute façon, j'avais mon oreillette en cas de problème. Je frappai alors doucement à la porte.
— Pas besoin de toquer, Elizabeth.
Le son de sa voix provoqua une décharge électrique le long de ma colonne vertébrale. Je secouais vivement la tête afin d'évacuer toute pensée négative et entrais à l'intérieur. La pièce ou plutôt, le bureau, était relativement spacieux. Il me rappelait celui de Jayden à l'exception des éclairages rougeâtres et des affiches pour le moins... sensuelles.
Ray était assis, les jambes croisées sur un fauteuil de cuir noir, un grand sourire aux lèvres. Je me mis à trembler comme une feuille lorsque son regard bleuté croisa le mien. Il était différent de celui de Jayden même si leurs iris étaient pareils. Son regard à lui inspirait le danger, le mensonge et la tromperie. Tout ce que je détestais.
Il fallait que je garde la tête froide. J'étais venue ici pour innocenter Palmer et découvrir qui était le véritable auteur de ce massacre.
— Ma belle Elizabeth, je ne pensais pas te revoir de sitôt. Tu t'es enfuie de ta tour ?
— Passons les échanges inutiles, Ray. Je ne suis pas venue pour discuter.
Il inclina sa tête sur le côté. Un réflexe que je ne connaissais que trop bien.
— Que veux-tu alors ?
— Tes aveux.
— Tu imagines bien que je ne vais pas...
— Je sais, le coupai-je. Évidemment, tu auras quelque chose en contrepartie.
Il se mit à pouffer de rire ouvertement. Quant à moi, je gardai la tête haute en faisant abstraction de toute émotion. Si Jayden parvenait à le faire, alors je le pouvais aussi.
— Et qu'est-ce donc ?
Mes lèvres s'étirèrent en un sourire malicieux.
— Moi.
Pour le coup, il était vraiment bouche bée. Il me fixait avec des yeux ronds comme s'il me voyait pour la première fois. Mon spectacle avait fait son effet et j'en étais ravie.
Ray se racla la gorge avant de servir un verre de whisky qu'il but d'une traite. Il rejeta sa tête en arrière et remonta ses lunettes argentées sur son nez comme si la situation le dépassait.
— Tu n'imagines pas à quel point je suis déçu. J'étais à deux doigts de t'avoir.
Je ne comprenais pas vraiment où il voulait en venir.
— C'est-à-dire ?
— Je n'ai rien à avouer, dit-il en se redressant sur son fauteuil. Je ne sais pas ce que tu cherches, mais je pourrais toujours aider.
Il m'offrit un clin d'œil auquel je répondis en levant les yeux au ciel.
— Ce n'est pas toi qui as coupé ce bras et qui l'a envoyé au Rusty ? Pourtant tu es celui qui a le plus de raisons de nous menacer. Alors...
— Si mon petit frère avait un peu de jugeote, il saurait que ce n'est pas moi, me coupa-t-il sèchement. Je ne m'amuse pas à découper les gens, je préfère faire durer le plaisir. J'ai ma méthode et il est très bien placé pour le savoir.
Il se leva de son fauteuil, l'air maussade. Il m'était impossible de lui faire confiance, mais mon instinct me criait de l'écouter. Il prit son téléphone portable et me rejoignit près de la porte.
— Allons rejoindre tes petits copains, je suis pratiquement sûr qu'ils sont au bar.
Nous sortîmes du bureau et je laissais Ray me devancer de quelques mètres. Je pressai le bouton de mon oreillette pour émettre un signal.
— Je descends avec Ray, soyez prêts.
Je le suivis à travers les escaliers jusqu'à ce que nous regagnions le rez-de-chaussée, envahi par les clients. Comme la fois précédente, il était difficile de faire deux pas sans rentrer dans quelqu'un. Les basses cognaient sans relâche contre mes tympans, faisant vibrer mes veines. J'aperçus Josh et Lindsay un peu plus loin avec le barman, mais aucune trace de Jayden. Lorsque nous arrivâmes à leur niveau, Ray les salua de la main.
— Expliquez-moi cette histoire de bras, lança-t-il d'un ton sérieux. Il est vrai que je fais un excellent coupable, mais malheureusement ce n'est pas moi.
— Et comment peux-tu le prouver ? demanda Lindsay en croisant les bras sur sa poitrine. On a retrouvé un ticket de caisse dans le sac où se trouvait ce membre et comme hasard, il indiquait l'Euphoria.
— Ça s'appelle une coïncidence Morgan, rétorqua Ray en levant les yeux au ciel. Je te pensais capable de réfléchir comme une grande.
Lindsay serrait les poings, mais Josh passa une main dans son dos pour la calmer. A priori, ces deux-là s'étaient bien rapprochés durant leurs missions.
Je jetai un coup d'œil au barman qui courait dans tous les sens pour servir les clients à temps. Pourtant, quelques minutes avant, il discutait calmement avec mes amis.
— Je ne crois pas aux coïncidences qui te concernent Clark numéro deux, répliqua froidement mon amie.
— Montre-moi ce ticket Morgan numéro deux.
Morgan numéro deux ?
Je sortis le ticket de ma poche et le tendis au jeune blond. Il l'examina attentivement avant de s'étouffer de rire.
— Vous allez me dire qu'aucun d'entre vous n'a remarqué ce problème plus tôt ? dit-il en essuyant une fausse larme.
Je lui arrachai le ticket des mains et le parcourus du regard quelques secondes afin de trouver ce que Ray avait vu. Mes yeux s'écarquillèrent quand je me rendis compte de ce problème.
La date indiquée était le quatre août. Cependant, nous étions en mai. Autrement dit, ce jour n'avait pas encore eu lieu. Comment n'avais-je pas pu remarquer cela plus tôt ?
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— C'est un rendez-vous déguisé en ticket de caisse, me répondit Ray avec un grand sourire. Vous avez la date et le lieu, vous n'avez plus qu'à vous y rendre je suppose.
Lindsay s'adossa contre le bar en poussant un profond soupir. Derrière elle, le barman était devenu complètement rouge à cause de ses efforts incessants pour être dans les temps. Soudain, la sonnerie d'un téléphone se fit entendre par-dessus le brouhaha infernal qu'était l'Euphoria. Josh le sortit de sa poche et décrocha.
— Oui ? Ah, je vois. Mer... Oui je transmets. Merci. Au revoir.
— Qui était-ce ? questionna Lindsay l'air inquiet.
— Le médecin légiste, répondit Josh. On sait maintenant à qui appartient ce bras.
Mon ami se tourna vers moi et déglutit avant de me tendre son téléphone. Je lui lançai un regard d'incompréhension avant de lire ce qu'il était écrit sur l'écran. Mon cœur cessa de battre à cet instant. Je n'avais pas besoin de comprendre les mots qu'il y avait autour. Mes yeux s'étaient directement dirigés vers l'information principale.
George Evans.
Mes peurs devenaient jour après jour une réalité. Et cette fois-là fut la goutte de trop. Comment l'être humain pouvait-il être capable d'une chose pareille ?
Inconsciemment, je m'étais préparée à cette éventualité dès le moment où Jayden m'avait parlé de l'espion qui avait précédé mon père. Il avait disparu quelques temps avant qu'on ne le retrouve démembré dans une forêt. Mon père avait subi le même sort. Et Jayden connaissait cette éventualité. Il savait que cela pouvait arriver. Alors cette fois, je n'étais pas triste. Oh que non.
Une vague de colère me submergea, prenant le contrôle de mon esprit. Jayden, espèce d'enfoiré. Tu le savais. C'est ta faute s'il est mort. Tout est ta faute. Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste.
Les larmes dévalaient mes joues par dizaines, et il m'était impossible de les arrêter. Lindsay me prit le téléphone des mains et son regard s'assombrit instantanément. Elle se tourna vers Josh avec une expression d'incompréhension.
— Appelle Jay. Maintenant.
— Je peux savoir à qui il appartient ? demanda Ray avec un petit sourire en coin.
— Sûrement pas, crachai-je froidement. On y va. Maintenant.
— Eli, il faut attendre...
— Maintenant j'ai dit ! m'écriai-je de rage.
Lindsay hocha la tête et fit signe à Josh de rester à l'Euphoria pour attendre Jayden. Je pris la direction de la sortie, sans me retourner une seule fois sur mon chemin. Si Lindsay ne suivait pas mon rythme, ça n'était pas mon problème. Je ne voulais parler à personne et surtout, que personne ne vienne me parler. Déjà que mes relations avec Josh et Lindsay étaient assez tendues en ce moment, ces événements rendaient tout cela encore plus difficile à supporter.
Dire que mon besoin de vengeance s'était estompé ces dernières semaines. Il aurait donc suffi d'une seconde pour que tout reprenne.
Une seconde. Une information. Deux mots.
Un nom. Mon père.
Un fautif. Jayden.
Je savais qu'il me cachait beaucoup de choses et qu'il ne pouvait pas me les dire tout de suite pour me protéger. Mais jeter mon père dans la gueule du loup, c'était impardonnable. Un acte aussi abominable n'avait pas pu être réalisé par un être humain.
Je me haïssais pour m'être rapproché de lui ces derniers temps. Pour avoir partagé mes doutes, mes pensées. J'avais presque cru qu'il avait été honnête avec moi, qu'il me portait de l'intérêt.
Faux. Complètement faux.
Idiote. Complètement idiote.
A la sortie de la boîte de nuit, je m'écroulai sur le béton frais. Le vent glacial me fouettait le visage, me punissant pour ma bêtise et ma naïveté.
Lindsay me rejoignit à l'extérieur, et accourut vers moi à la vue de mes yeux rougis.
— Eli... Je... Je suis désolée.
— Tu es toujours désolée Lindsay, sanglotai-je. Et tu sais pourquoi ?
Elle releva les yeux vers moi, et je compris qu'elle aussi était au bord des larmes. Elle secoua négativement la tête.
— Parce que toi aussi tu me mens constamment. Alors tu t'excuses à chaque fois, parce que tu ne peux pas me dire la vérité.
— Mais je voudrais Eli ! C'est que...
— Laisse-moi finir, la coupai-je sèchement.
J'essuyai mon visage avec le revers de ma manche.
— Je ne t'en veux pas pour ça, repris-je. Parce que je sais que toi, tu le fais pour mon bien et que de toute façon, tu n'as pas le choix puisque ce sont les ordres de Jayden. Mais lui, Lindsay. Lui, il va me le payer. Et très cher.
Cette fois, elle libéra ses sanglots. Je pensais qu'elle me laisserait toute seule mais au contraire, elle vint enrouler ses bras autour de mes épaules. Son blouson recouvrait le haut de ma tête et je pouvais ressentir la chaleur de son corps au milieu de ce froid glacial. Lorsqu'elle me serra plus fort contre elle, et je laissais mon âme crier de douleur et me libérer de tout ce poids. Après plusieurs minutes, nos respirations s'étaient calmées. Alors mon amie se détacha de moi et me sourit tendrement.
— Tu as le droit de ressentir tout ça, me murmura-t-elle. Je te dis ça parce que je te connais et qu'une fois rentrée à la maison, tu regretteras tout ce que tu as dit ce soir.
Je ris faiblement dans un soupir.
— C'est vrai Eli, reprit-elle. Il y a un tas de choses que je te cache. Et je ne peux pas prétendre que ma raison de le faire est bonne. Mais ne doute jamais d'une chose. Je suis et resterai ta meilleure amie. Pour toujours, Eli. Pour toujours.
Je la pris de nouveau dans mes bras et me laissai aller à mes émotions.
— Je t'aime Lindsay.
— Moi aussi...
☆
Je n'avais presque pas dormi ces deux dernières nuits. La colère me rongeait de l'intérieur un peu plus chaque seconde depuis que j'avais appris ce qui était arrivé à mon père. Tout ça à cause de cet imbécile de Jayden.
Je ne l'avais pas vu depuis deux jours et c'était pour moi un vrai bonheur. De toute façon, si je venais à le croiser, il ne survivrait probablement pas à mes coups de poings.
Je sortis de ma chambre et rejoignis Lindsay dans la salle de bain. Celle-ci portait une longue robe moulante qui mettait en valeur ses formes parfaites et s'attelait à sa coiffure devant le miroir. Je me frottais les yeux et enlevais mon pyjama que je déposais sur une chaise à côté d'elle. Cette fois, j'empruntais la baignoire plutôt que la douche. J'y fis couler de l'eau chaude et m'installai confortablement à l'intérieur. Puis je ramenais les genoux contre ma poitrine et les entourais de mes bras.
Lindsay n'avait pas prononcé un mot, mais elle me dévisageait avec intérêt.
— Mal dormi ?
Je hochais lentement la tête.
— Pourquoi tu te fais aussi belle aujourd'hui ? demandai-je en mettant le plus de force possible dans ma voix. Et si tôt en plus.
— Il est dix-huit heures passées, Eli.
Je poussais un profond soupir. Je m'étais endormie sur mon livre en milieu d'après-midi après avoir ruminé seule dans ma chambre toute la matinée. C'était à peine si je m'en étais rendue compte. Je pensais qu'il était neuf heures du matin.
— Et puis, c'est une journée spéciale, reprit-elle vivement en me faisant un clin d'œil. Tu devrais t'habiller toi aussi.
Je fronçai les sourcils. Que voulait-elle dire ?
— Tu n'as pas oublié quand même ? Enfin, je pourrais le comprendre avec tout ce qu'il se passe en ce moment.
Je continuais à faire des aller-retours avec mes doigts à la surface de l'eau mousseuse.
— Oublié quoi ?
— Nous sommes le vingt-deux mai, aujourd'hui.
— Merde ! m'écriai-je en me dépêchant de me laver les cheveux.
Tout m'avait complètement échappé. C'était mon anniversaire. J'étais enfin majeure ! Je n'y avais absolument pas pensé, bien trop occupée avec cette affaire à l'Euphoria.
— Dépêche-toi, le repas commence dans une heure !
Je me rinçais rapidement les cheveux et sortis en trombe de la baignoire. Je manquais de glisser sur le carrelage froid. Je n'avais encore aucune idée de la manière dont j'allais m'habiller, me coiffer, ni même me maquiller.
D'habitude, c'était Lindsay qui s'occupait de tout ça, mais je sentais que ce soir, j'allais devoir me débrouiller seule. J'enroulai négligemment une serviette autour de ma taille et regagnai ma chambre. J'ouvris mon armoire et farfouillai dans les robes que Lindsay avait achetées pour moi il y a plusieurs semaines déjà. Il me fallait quelque chose de simple et élégant, qui n'en fasse pas trop. J'attrapai la robe que j'avais portée lors de la cérémonie chez Nicolas Moreno mais elle était trop sophistiquée pour un anniversaire. Mes yeux se posèrent alors sur une longue robe blanche, cependant très simple. Pas de paillettes ou de dorures, c'était exactement ce qu'il me fallait.
Je me ruais de nouveau vers ma chambre et enfilai la robe, non sans difficultés. Une fois terminé, j'attachais mon collier de perles blanches et admirais ma silhouette dans le miroir. Pour une fois, je pouvais dire qu'un vêtement m'allait bien. Maintenant, je devais me maquiller. J'entrepris de masquer mes cernes pour éventuellement me rapprocher de l'être humain plutôt que de la momie, et ajoutais du mascara sur mes cils. A vrai dire, ils étaient tellement courts qu'on ne voyait pas la différence.
— Eli, c'est bientôt l'heure ! cria Lindsay depuis le bas des escaliers.
— Je suis presque prête !
J'avais hâte de retrouver tout le monde autour d'un bon repas. Mais cela signifiait aussi que Jayden serait là et je n'avais pas envie de passer une mauvaise soirée à cause de lui. Il me suffisait simplement de l'éviter.
Quelqu'un toqua à la porte de ma chambre, ce qui me sortit de mes pensées. J'ouvris la porte dans un soupir.
— Lindsay, je t'ai dit que...
Ce n'était pas mon amie. Devant moi se tenait le propriétaire de cette maison, le Chef des Hells Angels et surtout, celui que je détestais plus que tout au monde.
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