𝟤𝟣 | 𝖵𝖾𝗇𝗀𝖾𝖺𝗇𝖼𝖾 𝖺𝗏𝖾𝗎𝗀𝗅𝖾.
╔═════ ✸ 𝐖𝐀𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆 ✸ ═════╗
Ce chapitre contient des scènes de violence.
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🎵 Whɑt I've Done - LINKIN PARK
☆
ೃ⁀➷ 𝒰ne.
Deux.
Trois.
Dix secondes.
Trente.
Une minute.
Mais rien ne vint. Je jetais finalement un coup d'œil derrière moi et l'angoisse quitta mon corps instantanément. À une dizaine de mètres se trouvaient les deux Rebels effondrés sur le béton à côté de leurs motos bousillées. Debout se tenait fièrement la maigre silhouette de Miller.
— Co-Comment ? bégayai-je sans comprendre ce qu'il s'était passé.
— Je leur ai foncé dedans.
Garcia nous rejoignit et se précipita vers Miller pour vérifier qu'il n'était pas blessé. Celui-ci ramassa sa casquette de base-ball qui avait fini par terre avec le choc, parce qu'à l'évidence, Miller ne portait jamais de casque.
— Où sont les trois autres Rebels ? Ils étaient cinq tout à l'heure et nous en avons deux ici. Où sont-ils ?
Miller lui répondit en lui lançant quelque chose qui émit un bruit métallique.
— T'es un génie mon pote, s'extasia Garcia en regardant l'objet entre ses mains, les yeux pétillants.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Des clefs.
Il y avait trois clefs exactement. Et je compris. Miller avait volé les clefs de leurs motos, les empêchant de nous suivre. Et en faisant tomber ces deux Rebels-là, il avait aussi récupéré deux armes.
Ainsi, nous rentrâmes à pied puisque mes deux nouveaux amis ne voulaient pas me laisser seule. Nous dûmes alors pousser nos motos sur plusieurs centaines de mètres et cela parut durer une éternité tant je souffrais. Je ne croyais pas que les hommes l'avaient remarqué et c'était une bonne chose. Miller faisait avancer les deux Rebels devant lui, les menaçant avec un flingue au cas où l'idée de s'enfuir leurs traverserait l'esprit.
Une fois arrivés au QG, nous regagnâmes l'endroit que Orlando m'avait indiqué et nommé Salle Centrale. Celle-ci ressemblait beaucoup au stand de tir que l'on avait dans le garage de la villa de Philadelphie. Cependant, les Rebels y avaient ajouté des chaises et plusieurs tables, ainsi qu'un placard rempli de bouteilles d'alcool. Le sol était recouvert de traces de pneus et de balles, signe qu'une bonne partie de cette bataille avait eu lieu là.
Tout le reste du Club était déjà là. J'aperçus Petit Gil qui avait l'air d'aller parfaitement bien, accompagné d'Alvarez qui le serrait fort contre lui. Mes lèvres s'étirèrent automatiquement à la vue de Palmer, Greene et Emerson. J'avais eu tellement peur de les avoir perdus. Mais où est Owens ?
Quelqu'un saurait-il où il se trouvait ? S'il lui était arrivé quelque chose ? Greene ! Peut-être que...
Mon corps entier était paralysé, je ne parvenais pas à ouvrir la bouche, ni à faire un pas. Et si, et si, s'il était... Non c'est ma faute, pourquoi l'ai-je laissé avec ce Cox ? Pourquoi, pourquoi ?
Orlando entra brusquement dans la Salle Centrale, m'empêchant de verser mes larmes comme une petite fille devant tout le monde. Il était suivi de toute la troupe des Rebels ainsi que d'un médecin reconnaissable à sa longue blouse blanche. Celui-ci accourut vers moi avec une trousse de secours. Pas maintenant, pas ici.
— Mademoiselle Evans, c'est bien ça ? Je suis le Docteur Belloni, dit-il avec un fort accent italien. Je vais ausculter votre jambe, vous permettez ?
A vrai dire, je n'étais pas en état de refuser alors je hochais la tête. Il releva mon pantalon jusqu'au haut de ma cuisse alors que nous étions au beau milieu d'un endroit rempli d'hommes.
— Le premier qui la regarde sera aussi le premier à rejoindre les Enfers, c'est clair ? tonna une voix que je reconnaissais entre mille.
Je remerciais Jayden par un regard, n'ayant pas la force de prononcer le moindre mot. Je ne saurais dire quelle émotion lui traversait l'esprit à cet instant, il était indéchiffrable. J'aurais aimé savoir ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait et pourquoi il me vouait une haine aussi intense malgré le fait que parfois, j'avais l'impression qu'il me protégeait. Ça n'est sûrement qu'une impression.
— Vous avez de la chance Mademoiselle, la plaie est peu profonde, m'assura le Docteur Belloni, me tirant de mes pensées. Vous pourrez marcher tout à fait normalement dans quelques jours, il vous suffira d'appliquer cette crème.
Je ne m'étais même pas rendue compte que le médecin avait refermé la plaie avec des points de suture. Mes pensées étaient tiraillées entre le fait que Jayden m'avait protégée du regard des autres et l'inquiétude due à l'absence d'Owens.
Emerson me tira le bras pour que je puisse me remettre debout. La Salle Centrale s'était scindée en deux ; les membres du HAMC d'un côté, les Rebels de l'autre. Parmi eux, je reconnus les trois hommes que Miller avait abandonnés en plein milieu de Brooklyn, sans moto ; leurs confrères avaient dû aller les chercher.
J'avais beau observer la Salle Centrale dans les moindres détails, il n'y avait aucune trace de l'homme qui m'avait enfoncé son couteau dans la cuisse, ni son acolyte. S'étaient-ils enfuis ? Étaient-ils morts ?
Quant à Owens, je me demandais s'il avait échappé au dénommé Cox et à l'autre Rebel qui était avec eux. Aucun des trois n'était présent dans la salle. J'aurais tout donné pour entendre mon ami marmonner ses pensées philosophiques ou encore voir son visage timide se pointer derrière la porte de la Salle Centrale dans l'espoir que je vienne l'aider à calmer Greene et Palmer.
— Bien, fit Orlando en se plaçant face à la petite assemblée tout en frottant son affreux sweat-shirt orange qui me brûlait les yeux. Les combats sont terminés.
Tout le monde le dévisagea avec des yeux ronds d'incompréhension. Les Rebels qui ne m'avaient pas cru lorsque je leurs avais transmis le cessez-le-feu envoyèrent leurs expressions désolées que je ne pris absolument pas en considération.
Même si j'avais assisté à la conversation entre Jayden et Orlando dans l'espèce de petite pièce malodorante, j'étais aussi perdue que les autres. D'ailleurs, le Chef des Rebels fit signe à Jayden de le rejoindre à ses côtés. Celui-ci se posta face à nous, briquet dans la main gauche, la droite dans la poche de son jean noir.
Clic. Clac.
— Je tenais... à m'excuser, commença-t-il, le regard dirigé droit devant lui. Nous tenions tous à nous excuser, les Hell's Angels et moi-même pour vous avoir attaqués ce soir alors que vous n'aviez rien à voir avec l'objet de notre venue. Nous sommes désolés.
Il parlait avec une attitude détachée, comme s'il n'était pas aussi désolé qu'il le prétendait. On aurait même dit qu'il n'en avait rien à faire. Toutefois j'aperçus ses poings se serrer avant de reprendre.
— Sept personnes ont perdu la vie aujourd'hui, dont trois membres du Club, continua-t-il. Et c'est uniquement par ma faute.
C'est pas vrai...
Sept. Sept morts. Sept morts pour rien. Rien du tout. Seulement à cause d'un malentendu.
Non. Ce n'était pas à cause d'un putain de malentendu. C'était bien à cause de notre colère. Nous n'avions pas voulu voir la vérité en face. Il nous fallait un coupable. Moi, pour mon père, eux pour leurs frères.
Je m'en voulais tellement. J'avais été idiote de ne pas avoir réfléchi plus tôt à d'autres éventuelles solutions et m'être laissée porter par mes émotions.
Contrôle tes émotions ou tu seras faible.
A l'intérieur de la Salle Centrale, le temps avait cessé de s'écouler. Personne ne savait quoi dire. Ou plutôt, personne n'osait dire quoi que ce soit. Nous étions tous bouleversés à l'entente de ces mots, mais par-dessus tout, en colère. En colère contre ceux qui étaient nos adversaires il y a encore quelques minutes, mais surtout en colère contre nous-même. Nous avions tous, absolument tous été aveuglés par notre besoin de vengeance.
Orlando reprit la parole après plusieurs secondes de silence.
— Les Hell's Angels ont reçu une lettre de menace soi-disant de notre part, expliqua-t-il en triturant son piercing à la lèvre. Un certain Châtiment y a été évoqué. Le HAMC devait payer pour ses crimes, payer pour avoir massacré la moitié d'entre nous. Mais nous savons depuis longtemps, Rebels, que le Club n'est pas à l'origine de cette tuerie. Pourtant, quelqu'un a voulu nous le faire croire. Ce sont probablement le ou les mêmes individus qui ont fait croire à une vengeance de notre part. Nous devons retrouver ces pourritures qui nous ont poussés à nous entre-tuer, et venger nos Frères.
Des cris d'approbation retentirent à travers la salle. Ils étaient déterminés des deux côtés, ce qui me redonna espoir.
Brusquement, la porte de la Salle Centrale s'ouvrit dans un claquement tonitruant et un jeune homme couvert de sang fit irruption, le visage ruisselant dans un mélange de détresse, de peur et de transpiration. Il boitait et portait un corps inerte sur son épaule. Ses membres tremblaient tellement qu'il pouvait perdre l'équilibre d'une seconde à l'autre. Son visage criait à l'aide et sombrait dans le désespoir. Un autre homme l'accompagnait, le regard vide.
Et je les reconnus. Cox et cet individu qui avait menacé de nous tuer si Greene et moi refusions de rendre les armes. Et ce corps, sur son épaule. Non. Ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être lui.
— Aidez-le ! hurla-t-il. Pitié ! Aidez-le !
Le déchirement dans sa voix me fendit le cœur et mes larmes se mirent à couler. L'angoisse m'étrangla tandis que la culpabilité me poignardait en plein cœur. Des Rebels accoururent en sa direction, lui prient le corps des bras et l'allongèrent sur le sol. Je me précipitais vers l'attroupement en espérant me tromper. Ça ne pouvait pas arriver. Je ne voulais pas que ça arrive.
Voilà ce qu'il se passe lorsque l'on a un esprit fragile.
Pourtant, le visage d'Owens apparut derrière les mains qui essuyaient le sang sur sa peau. Sa poitrine se soulevait lentement et difficilement comme si chaque inspiration était un supplice, que ses poumons avaient été écrasés. Il n'en avait plus pour longtemps. Je le savais.
Mes pleurs devinrent incontrôlables et Palmer me rejoignit. Il me prit dans ses bras et je lui rendis son étreinte, le serrant fort contre moi afin d'étouffer mes sanglots. J'avais tellement peur. Je ne pouvais pas à nouveau perdre quelqu'un.
Owens. Je suis tellement désolée...
— Je vous en supplie, murmura Cox dans un sanglot. Sauvez-le.
Puis il s'effondra sur le sol dans un claquement sourd et perdit connaissance.
— Il faut les emmener à l'hôpital ! Maintenant ! clama Orlando en retirant son sweat-shirt orange pour éponger le sang sur le corps de Cox.
Le Docteur Belloni passa un coup de fil rapide aux ambulanciers et les Rebels transportèrent les deux corps inertes à l'extérieur de la Salle Centrale. Je les regardais s'éloigner en silence. De toute façon, c'était tout ce que je savais faire, regarder.
Jayden s'avança vers Palmer et moi, un cigarillo coincé entre ses fines lèvres.
— Ne vous en faites pas, il s'en sortira, souffla-t-il, la main droite toujours enfoncée dans sa poche.
Ses yeux croisèrent les miens humides de tristesse et l'espace d'un instant, le temps s'arrêta. Tout devint bleu autour de moi et j'eus la sensation que l'angoisse qui s'accrochait à ma gorge depuis de longues minutes, finit par me relâcher. Et pour la première fois, j'arrivais à comprendre ce qu'il ressentait, comme s'il voulait me transmettre toutes les émotions cachées derrière son masque de glace. La colère, la culpabilité, le désespoir, toute cette détresse s'abattit durement sur moi et je crus perdre le contrôle de mon corps. J'étais happée par son esprit et il fallait que j'en sorte avant qu'il ne m'engloutisse.
— Evans, ça va pas ? Ta jambe te fait mal ?
Je n'avais aucune idée de ce que je venais de vivre et même si c'était normal, c'était terriblement flippant.
— N-Non ça va Palmer.
Jayden s'était éloigné à l'autre bout de la pièce, là où se trouvait Orlando. Malgré tout, je ne pus m'empêcher d'esquisser un sourire.
« Il s'en sortira ». Il avait certes prononcé cette phrase avec un ton des plus glacials, mais je savais que c'était sa manière de nous rassurer. De me rassurer. En revanche, cela n'effacerait jamais le fait que j'avais abandonné Owens... et que c'était de ma faute s'il se trouvait aux portes de la mort.
— C'est toi qui as fait ça ?! rugit soudainement Greene en pointant du doigt le Rebel qui était arrivé aux côtés de Cox et Owens.
Il s'approcha de lui d'un pas menaçant et sortit son arme de sa poche, la brandissant en direction de l'homme.
— Greene ! s'écria Palmer.
Il se défit de notre étreinte et courut vers son ami dans l'espoir de l'arrêter. Que lui arrivait-il ? Le fait que Greene avait le sang chaud n'était pas nouveau, mais je ne l'avais jamais vu dans une rage pareille.
— Fais rien de stupide, t'es blessé putain ! s'égosilla Palmer en se battant contre ses propres cheveux qui lui barraient le visage.
Mais mon ami n'entendait rien. Comme moi, comme nous tous il y avait plusieurs minutes, il se laissait guider par sa colère.
L'homme, lui, ne fit rien, il ne broncha pas. C'était comme s'il avait abandonné un combat auquel il n'avait pas encore participé. Comme s'il n'avait déjà plus la force de se battre, que tout était perdu d'avance.
— Greene !
Celui-ci s'arrêta net au son de ma voix et se retourna. Je m'avançais alors en sa direction, d'un pas lent mais sûr. A cet instant précis, je savais complètement ce que je faisais. Tous les regards étaient tournés vers moi, je les sentais presser sur mon corps, ces yeux lourds sous l'atmosphère pesante. C'était comme si tout le monde se retenait de respirer.
— Pose cette arme, lui dis-je doucement. Ce n'est pas ça qui le sauvera.
— Mais, je... protesta-t-il d'une faible voix.
— Tais-toi, le coupai-je d'un ton sec. Tu crois que c'est ce que Owens aurait voulu ? Tu ne sais même pas ce qu'il s'est passé. Ressaisis-toi, Greene, murmurai-je en lui secouant les épaules. Tu vaux mieux que ça.
Des larmes dévalèrent ses joues rougies par la colère. Il se laissa tomber à genoux devant moi et se confondit en excuses incompréhensibles, saccadées par ses pleurs. Palmer s'accroupit à son niveau et le prit dans ses bras.
Je m'abaissais après un instant d'hésitation et fis de même. Peu à peu, Petit Gil, Alvarez, Garcia, Emerson et les autres Angels rejoignirent notre étreinte, sous le regard étonné des Rebels et nous restâmes ainsi, plusieurs instants. On avait peut-être l'air de vrais imbéciles, mais nous en avions besoin.
Seul Jayden était resté en retrait aux côtés de Miller, les bras croisés, adossé contre un mur. Je crus presque percevoir un sourire incurvant le coin de ses lèvres. Mais c'était sûrement le fruit de mon imagination.
☆
Après le discours de Jayden et Orlando, les Rebels se mirent à apporter tables et banquettes en bois à l'intérieur de la Salle Centrale. Dans ce monde de brutes, tout se réglait soit par une tuerie, soit par une beuverie. Et ce soir-là, nous avions eu le droit aux deux. Même si les Rebels et les Hell's Angels ne souhaitaient pas se mélanger, c'était le moyen de décompresser après tout ce carnage.
— T'as été forte ce soir, Evans, me lança Emerson après avoir trinqué. Moi j'aurais flippé de me faire buter par le p'tit nerveux.
— La ferme, bougonna Greene. J'allais pas tirer, je voulais juste lui faire peur à ce vieux con.
L'homme que mon ami avait menacé était porté disparu depuis plus d'une heure. Il avait sûrement mieux à faire que d'assister à ce festin au milieu des deux clans, après la scène qu'il avait causée.
Je me demandais encore ce qui avait pu se passer dans le hangar pour que Owens et Cox se retrouvent dans un état aussi lamentable. Était-ce vraiment la faute de cet homme ?
Palmer, lui, était aux anges et ne cessait d'embêter Emerson. De toute manière, dès qu'il y avait de l'alcool, c'était l'homme le plus heureux du monde.
— Tu t'es déjà tapé une bonne meuf ? demanda-t-il complètement ivre. Ma dernière c'était hier soir, quelle salope elle faisait !
Emerson poussa un grognement avant de pousser l'alcoolique de service sur le côté.
— Tu me fatigues, soupira-t-il. Et hier soir t'étais au QG, pas avec une meuf.
— Eh Emerson, ça a toujours été lisse comme ça ? fit Palmer en caressant le crâne chauve de son ami. Ou tu te rases ? Tu mets de la crème pour que ça brille autant même avec des tatoos ? T'as essayé les paillettes ? Je connaissais une fille, elle mettait tellement de crème et de paillettes qu'on la voyait à des kilomètres. T'as déjà pensé à devenir une fille ? Moi jamais, j'ai trop envie de les baiser.
En effet, s'il y avait bien une chose qui opposait Emerson et Palmer, c'était la quantité de cheveux présents sur leur tête. Le quarantenaire n'en avait pas un seul tandis que l'alcoolique les avait laissés pousser jusqu'au niveau de ses épaules.
Ce dernier continua son monologue sous le regard exacerbé d'Emerson qui était à deux doigts de le balancer contre un mur. Quant à moi, je les observais un sourire coincé au coin des lèvres.
— Comment ça va, Elizabeth ?
Je me retournai surprise et tombai nez à nez avec Orlando, une bouteille de bière à la main.
— Vous connaissez mon nom ?
— Évidemment, fit-il en souriant. Et ce n'est pas la peine de me vouvoyer, tu sais.
— Oui, mais c'était au cas où tu serais du genre à me crier dessus au moindre faux pas, marmonnai-je le regard dirigé avec Jayden.
— Tu n'as pas changé, l'entendis-je murmurer.
Je ne savais pas ce qui ne tournait pas rond chez lui mais de toute évidence, il avait de sérieux problèmes pour me dire quelque chose comme ça.
— Au fait, j'ai une question pour toi.
Il s'assit à côté de moi et posa délicatement sa bouteille de bière sur la table. Son aura pétillante me donnait presque envie de lui faire confiance, puis je me rappelais que je voulais le tuer il avait encore quelques heures.
Orlando dégageait quelque chose d'intimidant, de calculateur malgré son style vestimentaire que je ne saurais supporter une seconde de plus. Chacun de ses gestes étaient effectués d'une manière bien précise, dans un but précis. Je ne doutais pas du fait qu'il fût doté d'une grande intelligence.
— Oui ?
— Quand as-tu revu Jayden ? Enfin je veux dire, quand l'as-tu rencontré ?
En quoi cette information était-elle intéressante ? Allait-il s'en servir contre nous ? Contre les Hell's Angels ? Le fait que Jayden et moi nous connaissions n'était pas un secret, le Daily Witness avait très clairement diffusé l'information.
— Environ deux mois, je dirais. Quand ma mère est morte et que mon père a disparu, répondis-je la gorge nouée.
Orlando se redressa soudainement et recracha presque sa boisson.
— Ton père ?!
— Oui, George Evans.
Orlando me fixait, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte. Il n'avait pas à être aussi surpris, il devait savoir que je n'avais plus aucune trace de mon père depuis deux mois, Jayden lui en avait forcément parlé, non ?
— Putain, murmura-t-il en prenant une gorgé de bière, comme s'il venait de faire face à une mauvaise nouvelle.
Il se leva brusquement de sa chaise et sortit de la Salle Centrale d'un pas de course.
C'était bizarre. Rien n'avait de sens, rien du tout. Cela faisait deux fois que Orlando agissait comme s'il me connaissait. Et si c'était le cas ? C'est impossible, je le saurais. Il a simplement dû se tromper.
— Eli ! s'exclama Petit Gil en accourant vers moi. On a des nouvelles d'Owens ! Son état s'est stabilisé, il va s'en sortir !
— C'est génial ! m'écriai-je en me jetant dans ses bras.
— J'ai eu si peur, souffla-t-il à mon oreille.
Ses boucles rousses sentaient la pêche, ce qui m'accorda un instant de répit avant d'inspirer à nouveau l'odeur de cigarette qui emplissait la Salle Centrale. Cette nouvelle me rassura mais n'effaça pas pour autant ma culpabilité. Je devais présenter mes excuses à Owens.
— Je sais, murmurai-je. Mais tout est fini maintenant.
Tenir Petit Gil entre mes bras avait quelque chose de réconfortant. Peut-être étaient-ce sa pureté ou son innocence, mais les faits étaient là ; mon cœur s'était réchauffé.
La petite fête battait son plein depuis plusieurs heures déjà. Le jour commençait à pointer le bout de son nez, ce qui nous indiquait qu'il était temps de rentrer à Manhattan. Miller n'avait pas l'air de s'amuser et je le retrouvais en train de farfouiller dans les affaires des Rebels. Évidemment. Garcia le poursuivait à travers la salle, sa part de pizza entre les mains. Greene tentait de faire redescendre Palmer sur Terre en lui criant dessus, mais cette méthode ne s'avérait que très peu efficace.
Orlando avait disparu depuis notre conversation et Jayden n'était pas non plus dans la Salle Centrale. Puis je me rappelai qu'Orlando avait demandé à avoir une discussion avec le Chef des Hell's Angels. D'ailleurs, je n'en revenais toujours pas de m'être inquiétée pour Jayden lorsque Greene m'avait annoncé qu'il ne savait pas où il se trouvait. Quelle honte.
Un peu plus tard, une fois le banquet terminé, nous quittâmes la Salle Centrale puis le QG des Rebels et nous regagnâmes nos motos.
— Clark, ceci est seulement une trêve, pas un pardon, entendis-je dire Orlando un peu plus loin. Nous serons toujours rivaux. Je peux seulement te promettre d'arrêter les combats à mort entre nous, je ne veux plus perdre mes frères inutilement.
— Je le sais, t'as pas besoin de me le répéter, répliqua Jayden en levant les yeux au ciel. Mais la guerre n'est pas finie, on se reverra le jour de la Course du Territoire, lança-t-il. Ou avant si c'est nécessaire.
Je n'avais jamais entendu parler de cette course. Il y avait cependant de grandes chances qu'il s'agisse d'un tournoi de bikers pas très légal. Cependant une chose était sûre désormais. Plus aucune goutte de sang ne coulerait ce soir. Ni plus jamais. Ces sept morts seraient les derniers tombés pour cette rivalité.
— Et par rapport à notre conversation de tout à l'heure, dit Orlando à voix basse, mieux vaut garder ça pour nous et éviter de la mettre au courant.
Jayden hocha la tête et s'éloigna sans un mot.
— Au fait, je voulais être sûr d'une chose avant de partir, déclara Jayden, en se tournant vers les Rebels qui nous regardaient préparer nos motos. Nous sommes en ce moment-même à la recherche de George Evans. Il a disparu il y a un deux mois et sa femme a été retrouvée assassinée chez elle. On pensait que vous l'aviez enlevé car il était notre espion. Vous n'auriez pas une idée de l'endroit où il se trouve ?
Des murmures traversèrent la petite foule du côté des Rebels. Leurs regards interrogateurs se dirigèrent vers Jayden et ils se chuchotèrent de messes basses. Je rejoignis le Petit Gil, Miller et Garcia et leur demandai ce qu'il se passait.
— Aucune foutre idée, me répondit Garcia. Je suis tout aussi paumé que toi.
Puis, un homme, environ la trentaine, s'avança vers Jayden.
— Clark, t'es donc pas au courant ?
— De quoi ? grommela celui-ci en le prenant de haut.
— George Evans est mort. Depuis trois semaines.
☆
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Hola mes flancs à la noix de coco !
(oui je suis toujours plus inventive avec les surnoms)
J'en ai mangé un ce midi et il était délicieux.
Exactement comme le chapitre que je suis en train d'écrire :)
Ce chapitre a-t-il été clair pour vous ?
Êtes-vous déçu d'apprendre la mort de George Evans ?
— Ni chaud ni froid pour ma part.
Ça ne m'étonne pas de toi, Jayden.
En tout cas, les combats entre les Hells Angels et les Rebels sont enfin terminés.
C'est donc l'heure de se faire des gros câlins.
Ou peut-être pas, finalement...
Bref, je vous dis à plus tard mes amis !
Gros bisous les loustics !
Lily ♡
Instagram : @lilygreybooks
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