𝟤 | 𝖣𝖾 𝗅'𝗂𝗆𝖺𝗀𝗂𝗇𝖺𝗂𝗋𝖾 𝖺̀ 𝗅𝖺 𝗋𝖾́𝖺𝗅𝗂𝗍𝖾́.
♫ Breɑking the Chɑin - Sum 41
« 𝐼'𝑚 𝑏𝑟𝑒𝑎𝑘𝑖𝑛𝑔 𝑡ℎ𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑖𝑛 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑡ℎ𝑒 𝑙𝑖𝑓𝑒 𝐼 𝑘𝑛𝑒𝑤 »
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ೃ⁀➷ 𝓕ace à moi, un titan de béton recouvert d'un crépi cendré m'écrasait de toute sa hauteur, comprimant l'oxygène à l'intérieur de mes poumons. Le monstrueux édifice surplombait les alentours avec arrogance, ordonnant au moindre être vivant de prendre ses jambes à son cou.
Je parvins à m'écarter de la voiture, les lèvres pincées, m'autorisant de temps en temps à laisser un nuage de buée s'échapper dans l'air glacial de la nuit. Une force sinistre me tirait vers les immenses ouvertures en arc de cercle soutenues par de colossaux piliers de granite. Aucune lumière à l'extérieur, seulement quelques reflets rougeâtres traversaient les larges fenêtres de cette bâtisse.
Je n'avais jamais rien vu de tel auparavant, même à la télé dans des documentaires sur New York, là où les baies vitrées servaient de devantures aux villas. Malgré l'obscurité environnante, je pus distinguer les ombres de nombreuses motos, de quoi me pétrifier un peu plus. Pas à pas, je m'approchai de la lourde porte en acier, flanquée de deux abominables cactus.
Je la poussais dans un grincement et me retrouvai dans un immense hall, seulement éclairé par des LED rouges qui parcouraient les angles du plafond. Une odeur boisée s'infiltra à l'intérieur de mes narines, ce qui n'eut pas le don de m'apaiser pour autant. Un autre cactus se tenait sur la droite, à l'entrée d'une cuisine ouverte. Je manquai de glisser sur le carrelage foncé qui menait à l'îlot central en marbre noir.
Ce bloc rectangulaire abritait un aquarium incrusté dans la pierre, sous le plan de travail. Les poissons argentés nageaient entre les algues dansant au rythme des ondes qui parcouraient la surface de l'eau. Juste à côté, se trouvaient des tiroirs au-dessus desquels était posée une plaque à induction. D'autres LED sillonnaient l'espace entre le plan de travail et le meuble à l'aquarium. Je laissais mes doigts glisser sur le marbre tout en admirant les poissons qui flirtaient avec les parois de leur bassin.
Tout à coup, un claquement sourd venant d'une porte plus éloignée me fit sursauter. Je me figeai sur place, bloquant ma respiration plus bruyante que d'habitude. Ma raison m'ordonna de fuir, mais je la réduisis au silence en secouant la tête et quittai la cuisine afin de découvrir l'origine de ce bruit inquiétant.
Peut-être étais-je entrée dans la demeure d'un tueur en série recherché qui se serait enfui d'un asile psychiatrique, ou bien dans le lieu de réunion d'une secte satanique ?
Les murs se resserraient autour de moi, m'emprisonnant de leurs ombres jusqu'à ce que j'en aie le souffle coupé. Ce couloir était interminable, y avait-il une sortie ? Ou était-ce un piège, un labyrinthe duquel je ne parviendrais jamais à m'échapper ?
À mon grand soulagement, je finis par atteindre une porte coulissante sur la droite. Je jetai un coup d'œil craintif derrière moi avant de coller mon oreille contre le cadran. L'opacité du verre m'empêchait de voir l'intérieur de la pièce, mais je pouvais entendre une conversation.
— C'est pas ce que je t'ai demandé, George, gronda une voix profondément grave. Tu devais retrouver ce putain d'imbécile et me le livrer !
— Je suis désolé, Chef, je ferai de mon mieux la prochaine fois, je vous le promets.
Le ton horrifié de mon père me frappa en pleine face. Mon sang pulsait contre mes tempes et l'angoisse m'arracha un sanglot étouffé. Je plaquai aussitôt une main sur ma bouche et priai ma raison de me pardonner pour ne pas l'avoir écoutée.
— Tu n'as pas vraiment le choix, Evans. Je suis la seule personne sur cette planète de dégénérés qui veut bien de toi, reprit la voix grave. Alors t'as plutôt intérêt à faire ton travail correctement cette fois parce qu'il n'y aura pas de troisième chance.
Un frisson me parcourut l'échine. Je n'entendis pas mon père répondre quoi que ce soit, et je priais pour qu'on ne lui ait pas coupé la langue. Le commanditaire ricana en tapant du poing sur un meuble.
Je devais m'enfuir, c'était le moment où jamais. Mais la peur paralysait mes muscles comme s'ils étaient prisonniers d'une lise, et j'avais le sentiment de m'enfoncer dans les ténèbres de ce manoir à chaque mouvement.
— Jay, je crois qu'il a eu son compte pour la soirée, dit une voix féminine. Si on évitait de perdre plus de temps ?
Un long silence s'ensuivit puis l'homme soupira :
— Allez, dégage de là Evans. Mais ne me refais pas ce coup-là parce que la prochaine fois, tu rentreras chez toi avec du plomb dans la cervelle.
Mon cœur battait violemment contre ma poitrine. Mon père s'était embarqué dans une histoire bien plus dangereuse que tout ce que je pouvais m'imaginer.
Jusqu'à ce jour, la mort ne représentait pour moi qu'un obstacle insignifiant sur le chemin de la vie, et pleurer ou se lamenter était inutile puisque cela ne changerait en rien cette fatalité. En fait, à l'intérieur de mon esprit, je me prenais toujours pour une fille forte qui n'avait peur de rien et qui pouvait affronter le monde réel la tête baissée.
Mais la vérité, c'était que mes actes et mes pensées étaient aux antipodes. Et lorsque mes actes devenaient indomptables, je devais me rassurer, me mentir à moi-même pour ne pas sombrer.
C'est sûrement un cauchemar comme tu en fais tout le temps, Eli. Ne t'inquiète pas. N'est-ce pas ? Réveille-toi et tout rentrera dans l'ordre.
Non. C'était la réalité. La pure et dure réalité. Il fallait fuir, c'était la seule solution.
Je me fis violence afin de reprendre le contrôle de mes jambes en m'appuyant contre la tapisserie rouge sang. Je croisais les bras contre ma poitrine, comme si cela allait me protéger du monstre qui venait de menacer mon père. Je reculai lentement, le regard figé sur cette porte de verre. L'adrénaline brouillait peu à peu ma vision, et chaque frottement, chaque claquement, chaque grincement me faisaient frôler l'arrêt cardiaque.
Lorsque je jugeai être hors de portée, je me mis à courir dans le sens inverse, arpentant les corridors infernaux que j'avais traversés une dizaine de minutes plus tôt. Mes poumons menaçaient d'exploser à chaque foulée, tandis que la sensation d'être emprisonnée entre ces quatre murs grandissait.
Tous les couloirs se ressemblaient, je ne savais plus dans quelle direction aller, jusqu'à ce que je me rende compte que je tournais en rond. Il y avait cette crevasse sur la cloison, presque imperceptible dans l'obscurité de la demeure. Pourtant, je l'avais vue passer quatre, six, peut-être huit fois. Même Dédale n'avait pas conçu un labyrinthe aussi complexe.
Lorsque la panique me gagna, il était déjà trop tard. Une silhouette se tenait droite, à quelques mètres de moi, imposante, sereine, terrifiante. Ses contours devinrent plus précis et mes jambes cédèrent sous l'emprise de cette aura écrasante. Mes genoux claquèrent violemment contre le carrelage.
— Je t'en prie, relève-toi, lança une voix rauque qui me donna froid dans le dos. Comment vais-je m'amuser si tu abandonnes déjà ?
Deux billes bleu saphir percèrent l'obscurité. C'était le type qui avait menacé mon père et qui faisait désormais la même chose avec moi. J'aurais reconnu son ton condescendant et railleur entre mille. Son allure décontractée aurait pu nous pousser à croire qu'il voulait sympathiser, mais l'atmosphère étouffante qu'il instaurait par sa simple présence obligeait quiconque à faire face à la réalité.
— Tu as perdu ta langue ? Tant mieux, je pensais que j'allais devoir m'en charger.
Les mots refusaient de dépasser la barrière de mes lèvres. Tout mon corps tremblait malgré l'insupportable chaleur ambiante. Mon cœur menaçait de sortir de ma poitrine, des sueurs froides perlaient sur mon front et les larmes me montèrent aux yeux.
— Tu vois, ce qui est chiant quand on ne me répond pas, c'est que je suis obligé de passer par des méthodes plus... radicales. Et j'ai pas envie de salir ma baraque, tu comprends ?
Il m'attrapa brutalement par les cheveux et me traina derrière lui jusqu'à la porte en verre opaque. Je me retins de crier de douleur, parce qu'il était hors de question que j'ouvre la bouche. Une fois à l'intérieur de la pièce, il me jeta au sol sans ménagement. Puis, il s'accroupit devant moi, un sourire malsain scotché aux lèvres. Des mèches blondes tombaient sur son visage et voilaient en partie ses sourcils foncés.
— Tu as tout entendu de mon entretien, je suppose ? C'est tellement dommage, je suis sûr qu'on aurait pu devenir de bons amis.
Le haut déboutonné de sa chemise sombre laissait apparaître une rose noire ornant le côté gauche de son cou. C'était la seule chose sur laquelle je pouvais me concentrer pour ne pas avoir affaire à son regard bleuté horrifiant.
— Ça te dirait de me confier ton chiffre préféré ? Je savais pas quelle lame utiliser pour arracher tes jolis petits yeux alors je les ai numérotées spécialement pour que tu puisses choisir.
Je ne parvenais ni à bouger ni à respirer. Il attendait que je lui réponde, mais je n'exaucerais jamais son souhait. Jamais. Une goutte roula le long de ma joue et un puissant sentiment de honte m'envahit. L'homme passa lentement son pouce sur ma peau afin d'essuyer cette unique larme. Je me retins de recracher mes entrailles dans un effort surhumain.
— Oh darling, ça ne sert à rien de pleurer, tout sera bientôt terminé pour toi, ne t'en fais pas.
Soudain, un claquement retentit, et fit trembler les murs autour de moi. Je compris que ses hommes avaient rappliqué pour me tuer.
— Jay, t'es passé où ?
Une femme entra dans la pièce. Ses cheveux noirs et lisses tombaient sur ses épaules dénudées et l'on pouvait apercevoir le début d'un tatouage sur sa poitrine. Elle retira la cigarette rougeoyante de sa bouche et croisa les bras.
Je vous en supplie, faites quelque chose, aidez-moi.
— Apparemment, t'es encore occupé, soupira-t-elle. Quand tu auras fini de faire joujou avec la vie des autres, tu me rejoindras dehors, hein ? On a une discussion à terminer.
Le prénommé Jay lui lança un regard noir.
— C'est sûrement pas à toi de me donner des ordres, Morgan. Je suis ton Chef j'te signale alors ferme-la.
La jeune femme élancée haussa les épaules et s'en alla, me laissant seule avec l'homme, comme si cette situation était complètement banale.
Il y a une arme pointée sur moi. Il y a une putain d'arme pointée sur moi.
Désormais, plus rien n'assurait que je rentrerais un jour en vie chez moi. L'homme se releva avec un faux air triste et prit des clefs à l'intérieur de la poche de son costard.
— Moi qui pensais profiter de notre tête-à-tête, je suis déçu. On dirait qu'on va devoir remettre ça.
Finalement, il s'éloigna de moi, fit tournoyer le trousseau autour de son index et sortit de la pièce.
Puis, j'entendis le cliquetis de la serrure.
Il m'avait enfermée à double tour.
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Coucou mes petites pommes de pin !
J'espère que vous allez parfaitement bien et que vous avez apprécié cette petite introduction du personnage de Jay. Ne lui en voulez pas trop d'être, comment dire... assez irritable. LOL.
— Occupe-toi d'écrire la suite plutôt. Moins t'avances, plus on disparait.
Ok mes petits personnages, je me consacre à votre vie tout de suite.
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Que va-t-il arriver à Elizabeth ? Son destin est maintenant entre les mains de ce mystérieux Jay...
Sachez seulement une chose : je serai sadique jusqu'au bout haha !!
Je vous dis à bientôt, on se retrouve au Chapitre 2 !
Kiss les loustiques !
ℒ𝒾𝓁𝓎 ♡
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