𝟪 | 𝖫𝖾 𝖳𝗋𝗂𝗈 𝖽𝖾 𝖢𝗁𝗈𝖼.
🎵 This House Is A Circus - Arctic Monkeys
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𝒜près avoir passé la nuit aux toilettes pour vomir mes tripes et ces bonbons écœurants, mon corps était vidé de ses forces, si bien que je tenais à peine debout. Je me sentais si faible que j'entrepris de me préparer à manger, une chose qui ne m'était pas arrivée depuis des mois.
— Tu as besoin d'aide ?
— Non merci, ça va aller, répondis-je en remuant les légumes dans la poêle.
Josh était assis derrière l'îlot central, près de l'aquarium et me regardait cuisiner attentivement. Ses cheveux grisâtres formaient un rideau par-dessus ses yeux et je me demandais comment il pouvait voir quelque chose. Je sentais qu'il ne me faisait absolument pas confiance malgré ses efforts considérables pour paraître amical.
— Evans, il faut que tu m'aides.
Prise de court, je fis volte-face, les yeux ronds. Josh me demandait mon aide ?
— O- Ou- Oui ? bégayai-je.
— Lindsay va me détester, souffla-t-il en plaquant ses mains contre son visage. J'ai perdu son appareil photo, il y a toutes les images pour son blog à l'intérieur.
En effet, il était dans une situation épouvantable.
— Et c'est grave si elle te déteste ?
Il laissa apparaître un œil entre ses doigts, me faisant comprendre que je ferais mieux de cesser mes questions tout de suite.
— On va le retrouver, lui assurai-je.
— Et tu vas cramer tes légumes.
Je me jetai sur ma poêle et la retirai aussitôt du feu. Josh avait raison, ils commençaient à devenir noirs.
— C'est pas possible, m'exaspérai-je me servant dans une assiette.
— Je croyais que cuisiner relevait du domaine féminin mais peut-être avais-je tort ? railla une voix grave derrière-moi.
Clic. Clac.
Je ne pris pas la peine de répondre, ni de me retourner, sachant très bien ce que cela pourrait engendrer.
Clic. Clac.
— Réponds quand je te parle, Gamine, grinça-t-il en m'attrapant le bras.
— Chef, laisse-la tranquille. On discutait calmement, là.
Jay lança un regard noir à Josh, lui demandant de se taire mais le jeune garçon n'en fit rien.
— Elle n'a rien fait.
— Ne me dit pas que tu défends cette gamine, Griffin, je serais déçu de toi, ricana Jay en prenant un faux air triste.
— On a une énième réunion à préparer, non ?
J'en avais déjà assez de leur présence alors j'informai Josh que je sortais chercher l'appareil photo de Lindsay. Celle-ci était sortie faire du shopping avec des amis, ce qui me laissait seule à la villa avec les deux hommes. Je fis de nombreuses fois le tour de la maison, en vain. Josh allait définitivement se faire tuer si Lindsay rentrait avant que nous l'ayons retrouvé. Je repris le chemin de la cuisine et croisai Josh qui sortait de la pièce.
— Je crois que tu vas devoir te refaire à manger, me lança-t-il de son éternel ton blasé.
Insinuait-il que ce que j'avais préparé était immonde ? J'eus la réponse très rapidement. A peine eus-je mis les pieds à l'intérieur de la cuisine que je remarquai la disparition soudaine de mon assiette. Ou plutôt, de son contenu. Jay se tenait près de la porte, faisant claquer son briquet doré entre ses doigts. Je compris rapidement qu'il avait jeté mes légumes à la poubelle. Vraiment très ingénieux pour un enfant de huit ans.
Je mis mon assiette dans l'évier en soufflant avant de sortir de la pièce. Jay fit exprès de me bousculer lorsque je passai à côté de lui, mais encore une fois, je ne dis rien. J'avais suffisamment souffert à cause de lui.
Quelques minutes plus tard, j'entendis la porte d'entrée claquer.
— Eli ? Joshuabruti ? Vous êtes là ?
Lindsay venait de rentrer ce qui était un très mauvais signe. Je la rejoignis tout de même en me mettant en tête qu'il fallait que je fasse diversion.
— Josh n'est pas là ? me demanda-t-elle en retirant ses chaussures.
— Si, enfin n-n-non, bafouillai-je en tentant de trouver une excuse. Pourquoi tu le cherches ?
— Eli, dit-elle en fronçant les sourcils, les mains sur les hanches. Dis-moi la vérité.
Je poussais un soupir d'exaspération en me laissant glisser contre le mur. Cet air qu'elle avait me rappelait ma mère mais j'en fis abstraction. Je ne pouvais pas mentir à Lindsay.
— En fait, il...
— Voilà ! Qu'est-ce que je disais, l'alcoolo !
— C'est n'importe quoi ! T'as juste retourné la situation à ton avantage, Minus !
— Fermez-la un peu tous les deux...
Lindsay croisa les bras, Josh plaqua ses mains sur ses oreilles et moi, je sursautai comme une idiote à la vue des trois hommes qui venaient d'entrer dans la villa en se chamaillant.
— Eli, je te présente le Trio de Choc, marmonna Lindsay désabusée. Andrew Palmer le plus vieux, Sam Greene, et Tyler Owens.
Andrew Palmer était blond mais ce n'était pas le même blond que celui du meurtrier avec - des étoiles - un flingue. Le sien était plus foncé, cendré et surtout, ses cheveux étaient beaucoup plus longs, alors il les attachait à l'arrière de son crâne en une petite queue. Une barbe irrégulière de quelques jours ornait sa mâchoire, et je n'avais qu'une envie, la lui raser. Je supposais que Palmer avait les yeux marrons mais en ce jour, ils étaient complètement rouges.
— Ne m'appelle jamais Andrew, me menaça Palmer. C'est un prénom de vieux.
— Change pas de sujet l'alcoolo ! s'écria le dénommé Greene.
Ses cheveux de jais me rappelaient ceux de Lindsay, et même si ses yeux étaient aussi verts, ils étaient différents de ceux de la jeune femme ; ils ne brillaient pas autant. Il avait plutôt l'air grincheux, pas autant que Jay cela dit. D'après Lindsay, il avait mon âge et tout ce qu'il souhaitait était de passer ses après-midis à regarder des films d'horreur et jouer aux jeux vidéo.
— Je peux plus me le voir ! s'énerva Greene en pointant Palmer du doigt. Il me casse les couilles toute la journée et là je veux prendre ma douche et je vois quoi ? Du whisky dans la baignoire ! Vraiment Morgan, fais quelque chose je t'en supplie !
— Ta gueule, Minus ! C'est toi qui as commencé en disant que j'étais un gros macho ! rétorqua l'alcoolique.
— Taisez-vous un peu, soupira le troisième homme qui était arrivé.
Tyler Owens. Celui-ci avait donc vingt-deux ans, et toujours selon Lindsay, il me ressemblait beaucoup sur un point : il adorait lire. Il passait ses journées le nez dans un bouquin et débordait d'imagination. Ce qui nous différenciait ? C'était très simple. Moi, j'avais cette imagination complètement naturellement. Lui, avait besoin de se défoncer. Il était constamment défoncé en réalité. Apparemment, il était toute la journée sur la lune et c'était très compliqué de l'y faire redescendre.
— La ferme, Def-Man ! crièrent Greene et Palmer en même temps.
Owens avait des origines d'Asie du Sud, une magnifique peau mate, des cheveux foncés qui lui arrivaient juste au-dessous des oreilles et des yeux légèrement en amande d'un noir profond. Il parlait très peu, et paraissait relativement timide.
— Tout ça pour dire qu'on est ravis de te rencontrer, me lança Owens d'une voix pâteuse.
— Ouais, on a tellement entendu parler de toi aux réunions ! s'exclama Greene.
— Je sais pas, j'ai pas assisté, déclara Palmer. Je crois que j'étais... Ah oui c'est ça, je baisais une meuf !
Lindsay finit par me faire signe de la suivre dehors, tant le Trio de Choc la fatiguait.
☆
La nuit suivante, quelque chose me tira de mon sommeil mais je ne saurais dire ce que c'était. J'étais si fatiguée qu'il m'était impossible d'ouvrir les yeux. Il me suffisait de me rendormir, c'était sûrement un oiseau ou truc du genre qui m'avait réveillée. Je rabattis la couverture sur ma tête et me tournai dans une position confortable. Il faisait si bon sous les draps que j'aurais pu y passer toute ma vie.
Cependant, l'odeur de la lessive fut vite remplacée par quelque chose de plus âcre. J'étais épuisée, mon imagination me jouait des tours. Était-il possible d'imaginer une odeur ? Finalement, je me relevai brusquement hors de ma couette. Le noir régnait encore dans la chambre aux étoiles, alors j'allumai ma lampe de chevet.
Mon regard se posa instantanément sur l'individu assis sur une chaise juste à côté de mon lit. Je poussai un cri de terreur et lui balançai mon oreiller en pleine figure.
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