9. Le revers de la médailles
Ça y est, je viens de commettre ma première infidélité. Même si celle-ci n'en est pas vraiment une, j'ai tout de même avoué à Ali que je l'aimais à l'époque où nous étions encore des enfants. Je ne sais pas si j'ai bien fait de lui dire la vérité. Certaines vérités sont préférables d'être gardées, parce que ces dernières peuvent causer du tord ou blesser. C'est pourquoi, les non dits existent. Il n'y a rien de pire que les faux espoirs.
Je ne veux pas faire espérer Ali. Mes sentiments ne sont plus les mêmes qu'avant, même si elle reste attirante. L'élue de mon cœur est Saddie. Une fois de plus, j'ai choisi quelqu'un d'autres, sauf que cette fois-ci, je ne me suis pas défilé.
Je ne sais pas comment lui annoncer la nouvelle sans être honnête. Elle pourrait mal le prendre. Je ne peux pas lui reprocher sa réaction si cette dernière se fâche.
— J'ai moi aussi quelque chose à te confesser.
Ali me dévisage de ses grands yeux maquillées. Je crois même qu'elle retient sa respiration, en ce moment. Elle est très silencieuse pour quelqu'un de bavard.
— Je suis en couple.
A ces mots, son visage se décompose.
J'ai l'impression d'être le connard qui lui a brisé le cœur. Je n'ai pas fait exprès. J'espère qu'elle me pardonnera cet acte et aura un peu de piété à m'accorder. À sa place, je ne pense pas que je me serais pardonné. Je n'ai pas eu le bon timing. J'aurais dû être clair dès le début.
Je me tais ensuite. Je veux lui permettre de digérer l'info, histoire qu'elle ne se mette pas en rogne contre moi. C'est facile de d'attirer la foudre.
A quelques mètres de nous, Elsa boit un chocolat, au bar. Elle a pris un siège haut.
Je l'ai remarqué en coulant un discret regard en sa direction, pendant que Alizée me parlait de Romy Stendhal.
Elle se conduit comme un ange, au paradis. Je ne l'ai pas entendu crier, ni parler trop fort. On dirait qu'elle est fatiguée de notre balade avec Ali.
En parlant du loup, celui-ci sort justement de sa transe. Il ne me reste plus qu'à préparer mes arguments. Je n'ai aucune idée de quelle sera sa réaction.
Mon amie se mord fort l'intérieur de la joue.
Enfin, ses yeux se relèvent doucement sur moi, dans un ultime effort de concentration.
— Est-ce que je la connais ? me demande-t-elle, soudain.
Je secoue la tête.
C'est un mensonge, une fois de plus.
J'ai conscience que mon erreur pourrait m'être fatale, mais je dois respecter la parole de ma copine. Saddie m'a demandé d'être discret sur notre relation. Elle veut pouvoir l'annoncer elle-même à Alizée. Si c'est moi, elle ne s'en remettrais pas.
Là encore, j'ai péché. C'est contre le code d'honneur des meilleurs amis de mentir. On ne ment pas. C'est non concevable. Si l'on en vient à ce stade, il vaut mieux mettre in terme à une amitié, avant que quelqu'un ne souffre.
Ali acquiesce, puis boit une gorgée de son café. Le siens est noir, tout comme ses pensées doivent l'être en ce moment. Je ne pense pas qu'elle soit heureuse d'apprendre que je suis de nouveau pris.
Dans la tête d'un adulte, contrairement à celui d'un enfant, la rancœur est plus amère encore. Un acte de trahison peut valoir cher.
Certains sont prêts à tuer pour obtenir ce qu'ils veulent.
Les tueurs en série sont des gens, sans âme apparente et froide. Eux-même ne savent pas pourquoi ils commettent des crimes. "Dans quel but, pourquoi ?" Ces questions demeuront éternelle.
Dans le doute, je préfère l'interroger sur son état émotionnel qui me semble inquiétant.
— Est-ce que ça va ?
Ali est devenue pâle. Aussi elle ne cesse de se mordre l'intérieur de la joue. En s'infligeant cette douleur, elle apaise celle qui a élue domicile dans sa poitrine. D'où son calme.
J'ai peur qu'elle m'en veuille. Je ne veux pas que ce malentendu prenne de l'ampleur sur notre amitié, ni la dégrade.
Je suis conscient d'être le seul fautif dans l'histoire.
Je ne peux m'en prendre qu'à moi.
— Oui.
Cette phrase est la seule qu'elle prononce, avant de se lever pour payer l'addition, à contrecoeur.
Je la laisse faire et patiente quelques minutes.
Lorsqu'elle revient, elle m'évite.
— Attends !
— Ali ? je l'apostrophe, avant qu'elle ne s'enfuie du bar-café à grandes enjambées.
Aussitôt, je la rattrape par le bras. Mon amie se dégage et me gifle violemment.
Je ne la reconnais plus. Elle me toise avec mépris. Ses yeux sont noirs et ses sourcils froncés. Jamais elle ne s'est mis dans un tel état. Cela n'aura pas du se passer ainsi. Nous devions avoir une discussion calme entre deux adultes civilisés. Au lieu de cela, nous sommes presque devenus des étrangers.
Ali me déteste à présent.
Je comprends alors qu'il est temps que je la lâche et m'exécute avec peine. Je voudrais m'excuser et la serrer dans mes bras, or Alizée est plus rapide que moi. Elle se dérobe et se précipite vers la sortie en courant. J'ai tout juste le temps de la suivre sur le seuil d'entrée.
Le patron du bar-café, ainsi que quelques clients aux oreilles traînantes me dévisagent avec curiosité. Même Elsa s'est arrêtée de boire. Elle me regarde avec perplexité.
Je hausse les épaules, feignant de ne pas savoir ce qu'il se passe et vais la rejoindre au bar.
Je tire un tabouret et m'assois dessus.
— Ça va mec ?
Un type plutôt baraqué avec un tatouage des diables des mers m'approche. Il est grand et à les cheveux mi-longs, lisses, attachés en chignon derrière sa tête.
Aujourd'hui il ne porte pas sa barbe de trois jours et est plus présentable que d'ordinaire. Je le reconnais. C'est un ami de la Fac d'art. Il m'a aidé plus d'une fois avec Elsa. Il est au courant pour Savanah. Il l'a détesté pour ce qu'elle m'a fait. Ça faisait un bail que je ne l'avais pas revu. C'est étrange de le voir ici. Je ne savais pas qu'il dirigeais maintenant le café de mon enfance.
Il fait le tour du bar, puis marche jusqu'à nous. Elsa sautille sur son siège en le voyant. Il lui embrasse la tête et s'arrête enfin devant moi. On se tchek dans la main entre frangins, puis nous faisons une rapide accolade comme autrefois.
C'est rassurant de se dire que nous ne sommes pas seul dans cette épreuve.
— Tu veux une bière ? me propose mon ami.
Je secoue la tête, blasé.
Je crois que je n'ai envie de rien. Alizée m'a épuisé. Il est clair que j'ai déconné, mais sa réaction a été si violente que je n'ai rien pu faire pour la dissuader de ne pas franchir la porte.
Saddie ne va pas être contente d'apprendre que j'ai blessé sa meilleure amie, qui au passage, est aussi la mienne. Du moins "était".
La gifle qu'elle m'a mis m'a sonné.
— Tu t'en fous de cette nana. Si ça se trouve elle ne mérite pas.
Mon ami se nomme Lukas. Il a toujours été plus beau que moi et musclé, malgré l'évolution de ma masse corporelle et musculaire. Nous n'avons jamais été rivaux cependant. Les mecs ne sont pas comme les filles a toujours être en compétition ou à se quereller du matin au soir. C'est ridicule ! Un pote, reste un pote quoiqu'il arrive, et parfois même, il surpasse nos relations amoureuses.
— C'est ma meilleure amie. dis-je dans un soupir, las.
Lukas hausse les sourcils, ahuri.
— Donc, il s'agit de la fameuse Alizée ! Celle que tu prénomme Ali.
Il sourit, comme intéressé.
Je hoche la tête.
— Je me trompe où elle à des vues sur toi, mec ?
Le contraire m'aurais étonné, je pense. A ce stade, il n'y a nul doutes. La gifle, elle-même, peut en témoigner d'avantages. Malheureusement je ne peux pas être avec elle. C'est une autre que j'aime.
Lukas me vole mon paquet de tabac et me prends une clope. Il l'allume ensuite une et tire dessus.
La fumée se disperse dans le bar-café.
Elsa se met aussitôt à tousser, écœurée par l'odeur de la cigarette. Elle s'éloigne de ce pas de nous et part plus loin.
Je ne la retiens pas et reprends le court de ma discussion.
— Tu te souviens de Saddie, ma deuxième meilleure amie ?
— Je crois l'avoir vu, il y a quelques semaines, ici. Elle avait l'air déprimé. Elle était assise à votre table habituelle. Je le sais car tu m'a parlé de votre enfance et habitudes, le jour où on s'est rencontré. Je devais lui remettre une lettre, de la part de l'ancien patron. Elle a été écrite par Ali et était dédiée à Saddie. Je ne l'ai pas lu, mais ta copine a réagi au quart de tour et a quitté le bar une fois qu'elle a eu terminé de la lire.
Je l'écoute, sans rien dire.
Alors comme ça, Ali était responsable de nos retrouvailles. Comme quoi, le hasard peut parfois ne pas en être un.
Lukas m'explique à quel point il l'avait trouvé jolie, en la découvrant pour la première fois. Il parle avec enthousiasme, s'extasie presque sur ma petite-amie. Je le laisser encore parler, avant de lui annoncer la nouvelle.
— C'est ma copine. dis-je.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro