Dès que je suis seul j'ai tendance à faire des erreurs, comme écrire à Ali alors que je suis en couple avec sa meilleure amie qui est aussi la mienne.

Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je me suis dit que tant mon identité restait anonyme, je pouvais flirter avec elle. Alizée et moi nous étions vu qu'une fois depuis notre retour en ville, c'était trop peu pour ressentir quelque chose l'un envers l'autre. Toutefois, le moi d'avant désirais savoir ce qu'il en était de ses sentiments à mon égard.

Est-ce que nous étions aussi connectés qu'avant ? Je parle du temps ou Stanislas n'étaient pas son petit-ami et où je rêvais d'elle tous les soirs en cachette.

Quand j'ai su pour elle et Stan, je me suis vu dépérir. Je voulais savoir ce qu'il avait de plus que moi. Puis j'ai rencontré Savanah et ai cessé d'espérer que Ali s'intéresse enfin à moi. La vie était cruelle, mais ensuite on découvrait de nouvelles choses, personnes.

J'ai envie d'aller faire un tour en ville avec ma princesse, histoire de nous oxygéner et passer d'autre soirées en compagnies et non en tête à tête.

Elsa aime les parcs. Le port pittoresque de St Tropez, situé sur le quai de l'Épi est un équivalent. Il est grand et très prisé des grands bateaux et autres navires de mer luxueux. En plus de cela, il est bordé de café et boutiques chic. Autant dire que c'est l'escale idéale !

Je l'appelle depuis le rez-de-chaussée, ma veste sous le bras et mes clés de voiture dans une main. Aussitôt je l'entends cavaler à l'étage. Elle descend les escaliers à toute vitesse, les cheveux tressés.

C'était une idée de Saddie. Elles s'entendent à merveille toutes les deux. Ce qui est bien étant donné que c'est ma petite-amie.

Elle lui a fait deux couettes de chaque côté de la tête, avec deux tresses collées, qu'elle a ensuite transformées en une espèce de macarons. Cette coiffure lui va à ravir. Elle est à croquer !

Tandis que je dévore ma fille dès yeux, cette dernière s'agite lové contre moi. Elle trépigne d'impatience à l'idée de sortir.

Tout comme moi, elle n'en peut plus d'être isolée.

- Papa, papa, est-ce qu'on va au port pittoresque ?!

Je sais ce que vous vous dites, elle a du vocabulaire pour son âge. Oui, en effet ! Je veille à ce qu'elle parle bien et s'habille correctement. Savanah aurait aimé que sa fille soit présentable tous les jours de la semaine. C'est pourquoi je la laisse s'habiller comme elle veut et rectifie derrière elle les imperfections.

- Oui, c'est là où nous allons.

- Oh oui, trop bien ! s'écrie-t-elle. Elle semble contente.

J'ouvre la porte et lui permet de sortir.

Elsa est excitée comme une puce.

Dans la voiture, elle me raconte sa soirée d'anniversaire. Tout était parfait. Son amie avait été surprise qu'elle soit venue et ne s'attendait pas à être inondée de cadeaux pour ses 7 ans.

- Et toi, tu as fait quoi ? me demande-t-elle en retour, intéressée.

- Je, hum, j'ai passé la soirée avec Saddie.

- C'est ton amoureuse ?!

Pris au dépourvu je ne peux m'empêcher de rougir. Je suis si bête. Je n'arrive pas à cacher ma joie d'être son petit-ami.

- On peut dire cela. répondis-je.

- Elle est belle et gentille.

Saddie l'a déjà adopté on dirait et cela me plaît.

Je roule doucement dans la ville.

Ma vitesse avoisine les 35 kilomètres à l'heure, ce qui est plutôt raisonnable.

Le port est rempli de bateaux, comme à son habitude. Des badauds se promènent le long du quai et zyeutent de gauche à droite les environs. Il y a du monde par ici, en ce Jeudi de fin d'après-midi.

Le soleil s'est couché dans les nuages à l'aspect cotonneux.

Dans cinq jours a lieu la fashion week. Les préparations sont visibles partout dans la cité balnéaire, jusque au fond du port. La fête a gagné le cœur des tropéziennes et tropéziens qui joyeux, déambulent dans les rues vêtues de leurs plus beaux habits. Ils sont impatients de voir les grands défilés de mode. Les enfants cris et chantent dans les ruelles, devenues enfantines. C'est une douce symphonie qui ne cesse de se prolonger à mesure que nous avançons dans la ville.

Elsa est intéressée par tout ce qui se passe autour d'elle. Je profite qu'elle est le dos tournée pour la soulever du sol et la poser sur mes épaules.

Elle rit aux éclats et enroule ses petit bras autour de mon cou.

Je reprends mon allure et continue de marcher le long du quai parmi la foule de curieux. Tous sont hypnotisés par un numéro de danse, au bord de l'eau.

Nous nous arrêtons à notre tour, tels des automates, afin d'admirer le spectacle, lorsque j'aperçois Ali parmi la foule. Elle tient son vieux polaroïd dans ses mains avec lequel elle bombarde la danseuse. À cette allure elle va user sa pellicule. Il me semble que ces appareils photos sont plus limités que la moyenne en terme de stockage photos. C'est le seul inconvénients, en dehors du fait qu'ils coûtent la peau des fesses.

Je décide de la prendre par surprise et me glisse dans son dos. Une fois parvenue jusqu'à elle, je la saisis par la taille et l'appelle par son nom.

Ali sursaute de stupeur et se retourne pour me faire volte-face. Elle me donne ensuite une tape sur l'épaule, le sourire aux lèvres. Je lui ai fait une belle frayeur. Elle en rit à présent.

- Salut toi ! dit-elle, en se penchant vers l'avant pour embrasser ma progéniture.

Elsa lui tend la joue, toujours hissée sur mes épaules. Alizée dépose alors un baiser dessus, puis me salue à mon tour, d'une bise cordiale.

- Quoi de neuf, depuis la dernière fois !

Elle pousse un soupir las, puis dit :

- J'ai déménagé chez Saddie et envoyé ma mère sur les roses. Je crois que j'ai été un peu méchante sur le coup, mais on ne peut pas dire qu'elle ne l'a pas cherché.

Je hoche la tête, silencieux.

J'essaie d'ignorer son décolleté en "V". Ce dernier me nargue en me disant d'aller jeter un oeil à l'intérieur. Je ne suis cependant pas un voyeur et refuse de me montrer présomptueux.

- Alors comme ça tu vis chez Saddie ?

- Oui, acquiesce Ali. Si tu voyais sa maison, elle est énorme ! Le métier de mannequin paie bien. Elle a travaillé dur pour y arriver.

Je suis de son avis. C'est une acharnée du travail.

D'ailleurs je me demande ce qu'elle fait en ce moment. A tous les coups elle est en séance photos. Cela ne m'étonnerais pas. Poser c'est son métier, tout comme le miens se résume à créer des œuvres d'arts sous diverses formes.

Je suis brusquement interrompu dans mes pensées par Alizée. Elle demande de mes nouvelles.

- Tout se passe bien. Elsa se plaît beaucoup ici. Elle n'était encore jamais venu à St Tropez. Sa mère et moi on vivait à Paris. J'y suis resté après notre rupture qui en réalité n'a jamais réellement eu lieu.

C'était vrai. Savanah m'avait quitté du jour au lendemain.

- Elle est magnifique. Je suis certaine que sa maman devait être séduisante pour que tu tombes aussi vite sous son charme.

En disant ces mots, elle baisse les yeux, comme chagrinée. Ali à l'air toute triste tout à coup. On dirait qu'elle a des remords. J'aimerais savoir lesquels, mais cela est impossible. Je ne suis pas dans sa tête et je doute qu'elle ne se livre facilement. Autrefois nous pouvions parler de tout et de rien. Or le temps nous a devancé, à présent nous devons apprendre à nous re-découvrir.

Je hoche la tête, gêné. Je le suis toujours lorsque l'on mentionne le nom de mon ex-femme. Là encore c'est un grand mot. Nous nous étions mariés en secret, mais ce n'était pas officiel. C'était pour de faux. On s'était promis l'éternité à la tombé de la nuit, sans savoir quand l'aube viendrait, ni si nos vœux avaient une chance d'être exaucés.

- Au fait, ça te dis de venir prendre un verre au Deli-Bazar ? me propose mon amie, pour changer de sujet.

Elle s'est aperçu que parler de Savanah me mettais mal à l'aise, alors en bonne copine elle avait tenté de détourner mon attention. C'était gentil et attentionné à la fois. Je lui était reconnaissant pour sa tendresse.

Je secoue la tête affirmatif et marche à ses côtés.

Elsa quant à elle, s'est endormie.