-Putain, mais... Suzanne !

-Ben quoi ?

Je tenais fermement mon arme entre mes deux mains, pieds plantés dans le sol, yeux rivés sur ma cible. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ?

-Arrête de viser les... hein, et vise la tête !

-Je l'ai touché au moins !

-Ouais mais je demande pas à faire éclater les testicules ! Je t'ai demandé de faire un headshot !

Je posai mon arme en prenant soin d'enlever le chargeur alors que TaeHyun alla s'asseoir sur le banc de bois, fatigué de mes conneries.

-Dis-moi, TaeHyun...

-Hm ?

-Ça fait quand même mal à cet endroit, non ?

Il claqua sa tête dans la paume de sa main, excédé, alors que je poursuivis.

-Ben quoi ? Je l'ai touché, au moins !

-Il va crier comme un chaton égorgé et-

-Non, comme un sale chien castré.

-... si tu veux. Mais ton adversaire ne sera pas mort pour autant !

Il se leva, pris son arme posée sur la table et d'une main, tira sur la cible à quelques mètres. Il le toucha en plein dans le cœur. Il se retourna vers moi, fier de lui.

-Plus tard, tu viseras comme ça.

-Ouais... dans cinq ans. J'ai le temps de crever, moi.

Il fit la moue alors que je baissai la tête. Je l'entendis poser son arme puis il s'approcha de moi, pour venir me prendre dans ses bras.

-Je serais là, ne t'inquiètes pas.

-Toi, tu as un tout autre type d'arme, aussi.

Il cligna des yeux un instant avant de les écarquiller.

-C'est que madame est coquine !

Je ris en me dégageant de son étreinte puis sortis du bâtiment de tirs. Nous étions au QG de son agence depuis ce matin, 8h. Il était à présent 12h et j'avais faim. J'étais ponctuelle en ce qui s'agissait des heures de repas ; mon casse-croûte ne doit en aucun cas se faire attendre. Si nous étions venus pour nous entraîner, c'est pour une simple et bonne raison : nous défendre. TaeHyun savait le faire, il n'y a aucun de problème. Mais il s'agissait surtout de mon entraînement à moi. Parce que depuis quelque temps, l'agence de TaeHyun avait remarqué quelques mouvements suspects autour des lieux que je fréquentais comme le supermarché, mon lieu de travail, le parc où j'allais courir de temps en temps...

Oui. J'étais de nouveau surveillée.