Mais Elian n'était pas aussi heureux que Victoria. D'étranges sentiments étaient nés en lui depuis le coma de la jeune fille. Des sentiments qu'il avait déjà ressenti auparavant, mais certainement jamais aussi fort. Il était perdu. Et il n'avait, surtout, pas le courage d'aller l'avoir et de lui avouer tout ça.

     Ses journées étaient vraiment une torture pour lui. A cause de son accident, il n'avait pas pu continuer son job d'été, ce qui avait aidé sa tourmente. Puis les cours avaient reprit, mais n'ayant aucun ami, personne ne lui avait changé les idées. Il était donc devenu ce genre d'ado maussade et tourmenté qui ne parle pas et semble absent en toute circonstance. Son père s'inquiétait beaucoup pour lui, et même s'il se doutait de quel mal il pouvait bien être atteint, il voulait le lui faire reconnaître :

     « Elian... Sort un peu de ta chambre, s'il te plait..., Lança Mr Copeland en collant son front sur la porte de la chambre de son fils. Jackson et Mélinda Atkins sont là.

     -Victoria est avec eux ?!, S'enquit le jeune garçon en se jetant sur la porte pour faire face à son père.

     -Malheureusement, non. Elle sort de l'hôpital demain, Répondit-t-il avec dépit.

     -Ah..., Souffla Elian en sortant tristement pour aller saluer Mr et Mme Atkins. »

     Mais Elian ne s'attarda pas et partit rejoindre le confort et l'intimité de sa chambre. Il s'allongea sur son lit et rapprocha ses genoux de son torse.

     La culpabilité le rongeait de plus en plus chaque jour. Surtout depuis qu'il assumait ses sentiments pour Victoria. Il se sentait responsable par rapport au récent handicap de Vic'. C'est simple, s'il n'avait pas eu besoin de ses organes, elle n'aurait pas fait de crise cardiaque et elle serait certainement toujours aussi heureuse qu'avant :

     « Elle doit être devenue triste maintenant..., Pensa-t-il alors que ses yeux commençaient à s'embuer. Tout ça, c'est ma faute... »

     Le simple fait de savoir la seule fille qu'il ait vraiment aimé malheureuse par sa faute, le détruisait un peu plus chaque jour.

     Dans le salon des Copeland, le père d'Elian, Malcolm, partageait ses inquiétudes avec Jackson et Mélinda :

     « Il ne sort plus maintenant... Avant son propre accident, il ne sortait déjà pas beaucoup. Puis avec le coma de Victoria il ne sortait plus du tout, mais au moins il me parlait... Mais maintenant..., Se plaignit tristement le père d'Elian en secouant désespérément la tête.

     -Ne t'inquiète pas Malcolm, Répondit Jackson en posant une main amicale sur l'épaule de l'intéressé.

     -Victoria sort de l'Hôpital demain et reprend l'école après-demain. Laissons-lui le temps de reprendre ses marques. Et puis on trouvera un moyen pour qu'Elian et elle se rencontre, par hasard, à la sortie des cours, Expliqua Mélinda avec un petit sourire malicieux pour son mari.

     -Mélinda a raison. Ils sont timide tout les deux alors le seul moyen qu'on a, c'est de forcé un peu les choses, Répliqua le père de Vic'. Et puis, ton fils ferait un gendre idéal.

     -Mais il faut leurs laisser le temps. On ne va pas les marier demain !, Rétorqua Malcolm en pouffant de rire. »

     Les trois amis étaient près à tout pour le bien de leurs enfants, et n'importe quel moyen fût bon tant que les jeunes ne se sentaient pas brusqué.

     Depuis sa chambre, Elian ne se doutait de rien et plongeait un peu plus dans la déprime. Il aurait aimé pouvoir passer plus de temps avec elle, au lieu de se cacher timidement ou d'éviter son regard lorsqu'elle venait chez lui avec ses parents. Il ne lui avait jamais vraiment parlé, trop timide pour engager la conversation et trop peu sûr de lui pour lui répondre naturellement à chaque fois qu'un début de discussion se profilait. Il s'en voulait pour tout, car maintenant c'était trop tard. Victoria ne voudrait certainement plus jamais lui parler, et il serait condamné à vivre avec tout ça, tout ce qu'il avait fait.

     Il ferma les yeux le plus fort qu'il put et resserra sa prise sur ses couvertures avant de ramener encore plus ses genoux contre lui. Il n'aimera certainement jamais plus comme il l'a aimé.