La chasse aux démons
La porte claqua avec force, me tirant de ma rêverie éveillée. Il faisait déjà nuit, et je m'étais assoupie, emmitouflée dans un des plaids qui avait trainé pendant si longtemps sans être utilisé, et que j'avais décidé de laver. Da-jee-ha, elle aussi, somnolait sur l'un des sièges de la grande table blanche, et, après avoir jeté un coup d'oeil vitreux vers la porte d'entrée, retourna à son repos, la tête posée sur ses bras croisés. Sang ôta ses bottes en s'étirant, tandis que, à côté d'elle, un Santoni à l'allure épuisée traina des pieds pour venir s'effondrer dans le canapé.
-Tu m'as l'air en bien piteux état. Lui lançai-je.
-Elle m'a encore fait marcher... toute la journée... répondit le Corse dans un râle. Elle est pas humaine...
-C'est fou comme les Hommes sont fragiles. Commenta Sang avec un sourire amusé, tout en se dirigeant vers le frigo ainsi que les dizaines de bouteilles alignées sur le comptoir.
Cela faisait plusieurs jours déjà que la manifestation avait eu lieu, et que mon discours avait résonné. Quelques jours que j'avais passé à attendre que l'on vienne, une fois de plus, tenter d'en attenter à ma vie, étonnée que cela n'ait pas eu lieu pendant que j'étais sur scène. Mais, bien loin de cela, on m'avait fichu une paix royale. Ce que j'avais dit avait eu une résonnance particulière, certes, et le slogan que j'avais imaginé sur le tas avait été repris des milliers de fois sur les réseau sociaux. Mais pourtant, ce n'était pas autant de moi que l'on parlait, que des différents responsables politiques et candidats qui étaient passés sur la scène après moi, ou bien qui s'étaient prononcés durant les jours qui avaient suivi. Nous étions en période de campagne, après tout, et j'aurai sans doute pu m'y attendre, mais il est vrai que je m'étais attendue à être une nouvelle fois braquée sous le feu des projecteur. Dans les faits, c'était plutôt l'inverse qui s'était opéré, comme si j'avais transmis le flambeau de la lutte à cette cabale de politiciens briguant les plus hauts postes du pouvoir. Un étrange mélange de frustration et de soulagement m'habitait continuellement, comme si j'avais en quelque sorte attendu cette mise en avant médiatique, celle que j'avais reçue malgré moi moins de trois mois auparavant mais que j'avais voulu embrasser cette fois-ci. Peut être les gens en avaient-ils simplement assez de toujours me voir dans les médias. Ou peut être que mon rôle de symbole était réellement achevé, repris par d'autres malgré moi, tout comme je l'avais reçu sans réellement le vouloir. Mais le vide laissé par ce soudain silence, par cette attention dirigée ailleurs, me laissais seule et désemparée, à ne plus savoir à quoi occuper mes journées, et à broyer du noir. Dans ces moments là, je ne pouvais m'empêcher de repenser à Thomas, à Hen'Ruay et à Nokomis, à tout ce qui pouvait mal tourner, à la possibilité de la perte des élections, à la possibilité que Moh'lag s'échappe, à la possibilité que l'Epaggelia, qui s'était montrée étrangement silencieuse depuis le coup des draps empoisonné, ne décide de reparaître sur le devant de la scène. Le seul moyen d'y échapper, en l'absence de travail pour occuper mon esprit, était de dormir, et là encore mes rêves étaient hantés de mille situations terrifiantes.
L'arrivée de Sang et Santoni était comme une trêve dans la tempête obscure que je traversai, et je les observai donc. Le Corse semblait déjà s'être endormi, sa joue posée à quelques centimètres à peine de mon pied, contre le cuir du canapé. La grande femme, de son côté, semblait apprécier les deux nouvelles bouteilles d'alcool qu'elle venait d'ajouter à l'impressionnante collection qu'elle avait déjà réunie sur le comptoir de ma cuisine. Je me levai, sans me défaire de mon plaid que je portai tel un châle, pour m'approcher d'elle.
-Tu sembles avoir un goût particulier pour les alcools forts. Fis-je remarquer en réalisant que beaucoup des bouteilles indiquaient des volumes d'alcool bien supérieurs à ceux du vin.
-Qu'y a-t-il de mieux qu'un bon verre de rhum arrangé, après une longue journée? Répondit-elle.
-Votre enquête avance?
-On a pu retracer la marchandise, mais ça a pas été facile. Déclara-t-elle. On a beau avoir les bons contacts, ils sont en général pas très motivés à parler, ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait ce qui arrive aux balances dans ce genre de milieux.
-Mais vous y avez réussi.
-Ouais. J'ai quelques petits trucs pour pousser quelqu'un à révéler ce que je veux savoir, ça marche à tous les coups.
-Pas humaine, je te dis. Grogna la voix de Santoni depuis le canapé.
-Vale vale, arrête donc de baver sur mon cuir et vas roupiller dans ton lit si tu es fatigué. Lui lançai-je, irritée.
-Le réseau du corse a été plutôt utile, quand même. Admit Sang en sirotant un verre qu'elle venait de se verser. Mais maintenant, il nous manque plus que le nom de celui qui a commandé tout ça. Jsais pas à quoi ça nous mènera, et tout le monde a l'air de le connaître sous un pseudonyme, ce qui facilite pas les choses.
-Quel pseudonyme?
-Sheitan.
-Charmant. Fis-je avec une grimace.
Sang sembla hésiter un instant, avant de faire remarquer.
-J'ai bien connu quelqu'un du nom de Satan.
Je la fixai avec un regard suspicieux.
-Je ne sais pas si tu essaies encore de te payer ma tête, ou si je vais être poussée à croire toutes les théories absurdes qu'Ad'ehko a pu formuler à ton sujet quand je t'ai évoquée.
-Le vieux chaman, c'est ça? Ricana-t-elle. Qu'a-t-il donc raconté?
Je grimaçai légèrement. Ad'ehko, ayant entendu parler de mon travail en collaboration avec Sang via le vieil Ab, m'avait mise en garde à plusieurs reprise contre elle durant nos longues discussions visant à l'organisation de la manifestation, et j'avais au départ été plutôt d'accord avec ses doutes quant à l'intégrité de notre nouvelle alliée, dont les objectifs restaient encore particulièrement flou. Cependant, j'avais rapidement compris que les craintes du vieil homme étaient moins liés à une raison particulière qu'à une certaine forme de superstition tenace née de sa foi inébranlable.
-Il a évoqué le fait que tu ne sois pas une humaine, mais un démon déguisé. Avouai-je avec un petit rire suffisant. Les suomen ont apparemment une grande peur des démons, et leur religion leur dicte qu'ils doivent les empêcher d'envahir le monde en gardant un endroit particulier.
-Une faille, hein.
Je relevai la tête pour fixer Sang avec d'autant plus de suspicion. La présence de ce gouffre, cette Faille comme l'avait nommée Hen'Ruay, sous l'arbre de la grotte Ho'Cho, était sensée être un secret même parmi les suomen. Très peu autres que chefs et responsables spirituels semblaient être conscients de cette étrange formation rocheuse, ce trou apparemment sans fond difficilement accessible par un étroit tunnel caché entre les racines du grand arbre sacré des suomen. Comment Sang pouvait-elle en avoir entendu parler.
-Ne me regardes pas comme ça. Se défendit-elle. C'est pas la première fois que des prêtres suomen ne m'aiment pas, et il a bien fallut que j'en comprenne la raison.
-C'est tout de même très suspicieux. Fis-je remarquer. Peu de gens connaissent son existence.
-Plus que tu ne le crois. Soupira-t-elle.
Mon regard s'intensifia. Elle se gratta la tête d'un geste gêné, mais je ne détournait pas les yeux. Il allait me falloir un peu plus d'explications que cela.
-Ecoute. Commença-t-elle. Ya pas mal de gens qui croient à l'ésotérisme, démon, magie et tous les délires de ce genre. Et dans ces croyances, le paganisme, c'est un peu le graal, tu vois. C'est comme... THE religion à suivre. Alors un peuple païen vivant en marge de la société, préparant des potions qu'ils boivent régulièrement-
-Pas des potions, des poisons. L'interrompis-je.
-Aux yeux de fans d'ésotérisme c'est du pareil au même. Alors imagine quand en plus on finit par apprendre qu'ils défendent un trou duquel devraient surgir des démons... crois-moi qu'il y en a plus d'un seul qui se sont lancés dans la quête de cette faille.
-Comment en auraient-ils entendu parler? Le secret est si bien gardé.
-Tu sais, quand un tel secret est gardé depuis des centaines d'années, il y a toujours quelques fuites. D'autant que c'est loin d'être la seule formation du genre.
-T'en as déjà vu d'autres? Demandai-je.
-Ouais. En Turquie. Mais elle existe plus depuis un moment.
Mes yeux s'étrécirent encore.
-Tu parles des fans d'ésotérisme comme si tu ne donnais pas l'impression d'en être une. Assénai-je. Tu aimerai bien voir cette faille, pas vrai? C'est pour ça que tu nous aide?
-Pas vraiment, non. Ricana Sang. Je suis très bien sur ce plan. Mais... hum...
-Mais?
-On a dit qu'on ne parlait pas de nos raisons, pas vrai?
-Tu connais les notres, et je pense que, après tout ce que tu viens de me dire, il est un peu tard pour amener ça sur la table.
Sang se gratta de nouveau la tête et soupira.
-Cette amie dont je t'ai parlé plus tôt.
-Celle qui se ferait appeler Satan? J'imagine qu'elle pour le coup, est une des ces fanatiques d'ésotérisme.
-On peut dire ça comme ça. Ricana Sang. Je la connais depuis... très longtemps. C'est presque comme une mère pour moi, à vrai dire, et elle m'a toujours beaucoup aidé. Mais elle a toujours été... comment dire...
-Spéciale?
-Instable. Je pensais avoir enfin réussi à la pousser à se calmer, à se poser. Elle avait même trouvé une compagne aimante, fondé une famille...
-Tu me parles de celle que tu aimes?
-Non, cette femme là est bien plus terre à terre. Eclata de rire Sang. Elles sont incomparables. Mais cette amie, Satan... quelques mois après le mariage, elle a disparu.
-Disparu? Tu veux dire qu'elle a été enlevée?
-Non, je pense... plutôt qu'elle est partie. Répondit Sang, avec un regard mélancolique. Je pensais qu'elle avait enfin cessé de toujours vouloir aller voir ailleurs, qu'elle s'était enfin posée, mais... mais je sais qu'elle est partie, en laissant sa femme et sa fille derrière elle.
-C'est horrible! Quel... quelle genre de personne ferait ça?
-Je sais que c'est difficile de lui faire des excuses. Rétorqua Sang. Mais c'est dans sa nature, elle est... profondément instable. Elle l'a toujours été. Elle ne peut pas se satisfaire d'une petite vie sage et ordonnée, il lui faut des sensations, de la nouveauté, du... du Chaos, en quelque sorte. Mais je ne peux pas la laisser tout perdre comme ça... je sais qu'elle le regrettera, alors je dois la ramener.
-Et tu te bases sur sa passion de l'ésotérisme pour supposer que, si elle doit être quelque part... ce ne sera pas sans lien avec les suomen ou leur faille? C'est pour ça que tu nous aides? Ca semble mince, comme piste.
-Hum... c'est... pas vraiment pour ça. En tout cas pas seulement.
Elle s'arrêta, et bu une nouvelle gorgée, ne montrant aucun signe de vouloir continuer.
-Et donc? M'impatientai-je.
Ses doigts pianotèrent sur son verre. Puis, elle lâcha sa bombe.
-Elle est peut être liée d'une manière ou d'une autre à ce syndicat que vous traquez.
Les paroles me manquèrent pour exprimer ma surprise. Je me retournai malgré moi pour vérifier que Santoni était bien monté à l'étage, car il me semblait limpide que le corse n'apprecierait pas d'apprendre que sa collègue enquêtrice avait une meilleure amie dans les rangs de l'organisation qu'il haïssait tant.
-Qu'est ce qui te fait croire ça? Demandai-je en tentant de ne rien laisser paraître du mélange de désarroi et de colère qui bouillonnait en moi.
-J'ai toujours entendu parler de cette organisation de loin. Admit Sang. Ca ne m'intéressait pas. Mais Hadès, c'est une autre histoire... C'était... un des "élèves" de Satan, il y a longtemps. Un fidèle. Il était tout aussi passionné d'ésotérisme qu'elle, et il cherchait désespérément une cure pour sa mortalité.
-Et il ne t'ai jamais venu à l'esprit de nous dire que tu connaissais le chef de l'organisation que nous traquons? Fulminai-je en enfonçant mon doigt dans sa clavicule, tout en tentant de ne pas trop lever la voix, ce qui était loin d'être facile.
-Parce que vous m'auriez laissée connaître vos informations autrement? Rétorqua-t-elle. Tout ce que je savais c'est que Satan était liée de près ou de loin aux suomen et à leur ésotérisme, et le vieil Ab est le seul suomen que je connaisse vraiment. A partir de là, j'avais aucune idée que Hadès était encore en vie ou que son organisation existait encore! J'ai déjà été surprise de découvrir son arrestation à l'époque.
Je reculai légèrement, et serrai le sommet de l'arête de mon nez entre deux doigts pour tenter de traiter ce flux de nouvelles informations.
-Et tu es sûre que ton amie Satan travaille avec eux?
-Je n'en sais rien. Admit-elle. Pour l'instant, c'est la seule piste à laquelle j'ai pu penser, mais jpourrai me tromper. Si mes souvenirs sont bons, Satan n'a jamais porté beaucoup d'importance à ses fidèles, et pas plus à Hadès. La preuve, c'est qu'elle les a tous abandonnés dès qu'elle a voulu passer à autre chose.
-Tout comme elle a abandonné sa famille? Grognai-je. Vraiment, une personne charmante.
-Mais que Satan soit parmi eux ou pas, je pense que l'intérêt de Hadès pour les suomen n'est pas sans lien avec ce qu'ils gardent jalousement. C'est parce que je connais l'homme et son obsession pour l'immortalité que votre théorie m'a semblée immédiatement bancale.
-Pourquoi aiderait-il les traditionalistes à obtenir leur indépendance? Il s'imagine qu'en échange de son aide, ils l'autoriseront à venir faire ses petites expériences dans leur sanctuaire le plus sacré?
-Non, certainement pas. Si Satan a su apprendre un chose à ses fidèles, c'est son cynisme. Je pense plutôt qu'il oeuvre à l'autodestruction des suomen. Qui viendra l'empêcher de s'emparer de la faille lorsque l'état aura pris possession des terres suomen par la force, à cause du terrorisme des traditionalistes?
Les pièces du puzzle s'assemblèrent soudain, peignant un tableau si différent de tout ce que j'avais imaginé que je n'arrivais pas à en prendre une conscience précise.
-Tu... penses que l'Epaggelia a apporté une aide logistique aux Taa'kangow'a non pas parce qu'ils y trouvaient le moindre bénéfice pour leur organisation, mais parce qu'ils savaient pertinemment que leur lutte était néfaste au peuple suomen tout entier? Tout ça pour avoir accès à une fontaine de jouvence imaginaire? C'est... c'est...
-C'est de la folie, oui. Confirma Sang. De la folie pure et simple. Mais quand on touche aux démons, il n'y a pas grand monde qui conserve toute sa raison. Si Hadès et son organisation sont aussi puissants que vous le supposez, alors ils peuvent se permettre de telles manœuvres. Il est persuadé que celles-ci lui apporteront l'immortalité, après tout, ou au moins un allongement de son espérance de vie.
-Mais il n'est pas tout puissant! Il a fini en prison!
-Quelques années au frais, ce ne sont que des vacances pour lui, loin des luttes internes et des risques de coup de poignard dans le dos. Fit-elle remarquer. Quant à la puissance de son organisation... je penses que tu as suffisamment compris que son système avait bien infiltré les couches du pouvoir.
Je repensais à tous les noms de ses clients, que Hadès n'avait jamais révélé lorsque son syndicat avait été démantelé une première fois, tous les puissants qui avaient eu recours à son traffic sexuel de mineurs, et sur lesquels il avait tant d'information capable de faire tomber leur tête quand il le désirait. Je repensai aux pressions faites par mon producteur durant le tournage de mon deuxième reportage. Je pensais aux nombre de planques fournies aux Taa'kangow'a par l'Epaggelia dans Paris même, et qui, sans les informations de Santoni obtenues via la pègre, seraient restées inconnues des services de police. Je repensai à ce policier qui, sans hésitation, m'avait tiré dessus, au scandale que cela avait déclenché au sein du gouvernement tandis que j'étais en fuite à Ar'henno, causant la démission de deux ministres ayant trempé dans l'affaire. Et les pièces ne firent que mieux s'emboiter encore. Les réactions virulentes du gouvernement contre les suomen, à la moindre occasion. Depuis la descente dans les grottes d'Ho'Cho après mon reportage à l'interdiction du déterrement d'Hen'Ruay, chacune de ces actions poussant un peu plus les suomen contre le mur, et renforçant l'influence des traditionalistes, dont les actions permettaient de nouveaux des réactions du gouvernement, comme un cercle vicieux ne pouvant mener qu'à la destruction pure et simple du peuple suomen dans une guerre qu'ils n'avaient aucune chance de gagner. Je repensai à la mort d'Hen'Ruay, le symbole d'une autre voix, et à toutes les tentatives de me faire taire ou de m'éliminer.
Tout s'emboîtait si bien. Tout était si absurde, et pourtant tout s'emboîtait.
-C'est... c'est juste une hypothèse, pas vrai? Demandai-je tout de même, d'une voix incertaine.
-Ma seule hypothèse, c'est celle de la participation de Satan à tout cela. Concernant le reste... je suis désolée, mais connaissant Hadès, je ne vois aucune autre explication.
Je titubai légèrement puis, m'approchant du comptoir, saisis un verre avant de me servir une rasade copieuse du rhum arrangé que Sang avait ramené de son enquête du jour.
-Fais attention, c'est un peu fort... me mit-elle en garde.
-Callate. Grognai-je. Tes histoires m'ont foutu un mal de crâne pas possible.
Je descendis une longue gorgée du liquide ambrée, qui glissa le long de ma gorge en me brûlant comme la lave d'un volcan, m'amenant les larmes aux yeux.
-C'est de la piquette par rapport au boh'ti des suomen. Dis-je pour tenter de me redonner une contenance.
J'allais m'asseoir sur une des chaises du bar, et fis face à Sang qui vint s'y appuyer.
-Tu réalises tout de même à quel point ton histoire est improbable, pas vrai? Tu réalise que personne n'y croirait?
-Pourtant, tu m'as l'air bien convaincue. Répondit-elle en montrant du doigt le verre que je venais de descendre.
-C'est juste que... tout semble converger, mais ça n'arrive toujours pas à faire de sens... comment... pourquoi? Pourquoi une organisation aussi large que celle là se plierait ainsi aux ordres de son chef, dans un objectif aussi... utopique?
-Ca n'a rien de si étonnant, tu sais. Fit remarquer Sang. Des mortels s'entretuent sans cesse dans l'espoir d'une vie éternelle. Des terroristes de nos jours, des croisés par le passé, crois moi que tout ce qui pouvait se faire a déjà été fait. L'organisation de Hadès est ce qu'elle est: une organisation criminelle. Le bas de la hiérarchie obéit tant qu'il y a de l'argent à se faire, et le sommet fait en sorte qu'il y en ait toujours. Mais croire que tout ce qui intéresse les dirigeants de telles organisation est l'argent ou le pouvoir est illusoire. Ils ont déjà les deux. Alors, ils s'adonnent à d'autres passions. Al Capone, lui, voulait être une star, alors il s'est montré au grand jour et a joué les bons samaritains. Hadès, lui, veut vaincre la mortalité, s'élever au dessus des autres humains. Il pense avoir trouvé un moyen de le faire, et cherche à s'en emparer par tous les moyens. Il ne veut pas juste y avoir accès une fois. Il veut l'avoir rien que pour lui, et que personne d'autre n'y ait accès.
-Même si ce n'est qu'une chimère? M'exclamai-je.
-Ca, il est persuadé du contraire. Et quand bien même il réalisera son erreur, alors il cherchera un nouveau moyen qui n'en soit pas une. Satan savait se montrer très persuasive. A défaut de reconnaissance, elle leur a transmis la foi.
-Et cette foi est à l'origine de la mort de tant de personnes...
-Mise entre les mains des puissants, la foi est une arme. Constata simplement Sang. Peu importe l'époque, et peu importe le lieu.
Nous restâmes quelques instants en silence, à contempler les reflets chaotique de la lumière à travers le fond de liquide ambré qui restait dans nos verres.
-Mais que va-t-il faire, maintenant? Murmurai-je. Les traditionalistes sont hors-jeu, le gouvernement actuel qui semble avoir été en partie sous son influence est en mauvaise passe dans la course à la présidence, et il ne possède tout de même pas le pouvoir de faire changer les élections... Il a peut être des moyens de faire pression sur un certains nombre de puissants, mais il n'est pas non plus omnipotent. Alors quoi? Après être venu jusque là, j'ose imaginer qu'il ne va pas juste... abandonner...
-Non, c'est clair. Mais quelle sera sa prochaine action, ça... je ne sais pas. Il faut rester sur nos gardes, et tenter de suivre notre piste. Pour l'instant, il n'y a pas grand chose d'autre que l'on puisse faire... Le pire serait sans doute qu'il décide que ses vacances au frais ont duré assez longtemps.
J'en eu un frisson.
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