Bonus n°1
Mila
#Toujours Abby Wilson
— Salut marmotte. Je n'ai même pas encore les paupières ouvertes, que je souris déjà, tel une enfant. Toutefois, je retiens mon rictus et me tourne de l'autre côté, espérant que cet idiot me laisse pour une fois dormir. Cependant, il n'est pas du même avis que moi puisque le matelas s'affaisse et que je sens ses doigts se glisser sur mes paupières qu'il essaye d'ouvrir.
J'éclate de rire malgré moi et le pousse sur le côté. Je découvre mon loup noir seulement vêtu d'un jogging gris. Ses lèvres sont tirées en un sourire mielleux, ce qui me fait rouler des yeux. Cela fait presque six mois maintenant que je partage sa vie en tant qu'âme-sœur et officiellement Luna. Pourtant, je ne me laisse pas d'un réveil pareil.
— Je sais. Je vais aller à la douche. Soupirais-je en essayant de me redresser. Ne voulant sûrement pas que je me faufile dans la salle de bain avec quatre roues, il me soulève de ses bras avant de me déposer sur le rebord du lavabo.
Ses mains se glissent sur mon ventre et sur ma taille pour me chatouiller, ce qui marche très bien puisque je me tords dans tous les sens, manquant de tomber à plusieurs reprises. Celui-ci rigole de plus belle lorsque mon poing heurte son torse.
— Si j'avais encore mes jambes, je t'aurais privé de ta descendance. Petit ingrat. Il perd instantanément son sourire et je regrette aussi tôt. Son front heurte mon épaule et je comprends aussi tôt l'impact de mes mots. Ses mains posées sur mes hanches pour m'éviter une chute resserrent leurs prises.
Parfois, il m'arrive de me mettre en colère après lui, sans pour autant que ce soit sa faute. Il y a juste des jours où il m'est impossible de sourire. Quand bien même, je fais de mon mieux pour qu'elle ne se dirige pas sur lui, il m'arrive d'échouer. Je pleure souvent mes pattes arrière, surtout lorsque je dors.
Et puis je me réveillai à ses côtés et je suis soudainement comblée. Je ne sais pas pourquoi, je crois que c'est le miracle de l'amour. Elle permet de guérir des maux.
Mes mains se plongent dans ses cheveux que je tire légèrement pour qu'il puisse me faire face.
— Arrête de culpabiliser. Je suis heureuse, même comme ça. Tu es là, notre meute est là. Je ne manque de rien. Soufflais-je alors que ses iris s'assombrissent. J'ai une chance dans mon malheur, c'est que ma paralysie s'arrête à mi-cuisse. Je peux donc profiter de tout le reste que m'offre la vie.
— Si. Il te manque tes jambes, Abby. Siffle-t-il alors que son regard descend jusqu'à mes cuisses. Il enlève soudainement ses mains et je remarque la trace de sa colère. Il a enfoncé ses ongles dans ma peau, sans qu'aucun de nous ne le remarque. Je ne ressens pas la douleur et je n'avais encore moins senti ses ongles ancrés dans ma chair. Regarde ce que je te fais...
Je déglutis difficilement. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. Qu'il me fasse mal sans que nous le voyions. Souvent, c'est lorsqu'il me porte et que mes jambes cognent contre un objet. Cependant, ça ne m'empêche pas de lui sourire.
— Ce n'est pas grave. Je ne souffre pas, Cal. Je n'ai pas mal et de toute façon, c'est toi mes jambes. C'est toi qui me guides vers le droit chemin. Qu'est-ce que je pourrais demander de mieux ? Je me fais aussi mal toute seule.
Ce qui n'est pas un mensonge. Surtout lorsque je prends des bains. Je déteste toujours autant les douches. En revanche, les bains sont similaires aux rivières. Je ne peux pas lui en vouloir pour si peu et il ne devrait pas culpabiliser pour cela. J'apprends à aimer ce que je deviens avec ou sans jambes et je crois être plus heureuse ainsi.
J'ai couru si longtemps. Je n'ai jamais cessé de courir et je crois qu'il fallait que je perde mes jambes pour pouvoir enfin accepter de me poser quelque part. Qui plus est, avec lui à mes côtés.
— Caleb. Je suis heureuse ainsi. Vraiment. Je sais que certains jours, je n'en donne pas l'impression, mais je te promets que je suis comblée. Perdre mes jambes a été pour moi une révélation, pas une tragédie. Soufflais-je en le ramenant auprès de moi. Je me courbe en avant pour embrasser l'une de ses larmes qu'il a laissé couler avant de lui chuchoter à l'oreille :
— Allons à un rendez-vous. Rien que toi et moi.
Ses paupières s'écarquillent sous le choc de mon invitation et son visage s'illumine. Il enfouit sa tête dans le creux de mon cou avant de me soulever pour me faire tourner dans les airs, heureux de ma proposition. J'éclate de rire en me tenant fermement à lui.
Il me repose doucement sur le rebord du lavabo avant d'embrasser mon front dans un baiser bruyant. Il disparait quelques secondes avant de revenir avec deux tenues différentes. Je réfléchis longuement avant d'opter pour la robe rouge qui trône sur son bras droit.
— Bien, mademoiselle. Déclare-t-il en la posant à mes côtés avant de ranger le reste. Bain ou douche ?
— Bain ! M'exclamais-je comme si c'était une évidence. Il roule des yeux sans être surpris par ma réponse.
Prendre un bain reste tout de même plus facile qu'une douche. Même si Caleb a installé une chaise accrochée au mur qui est dépliable, je suis toujours plus à l'aise lorsque mon corps baigne entièrement dans l'eau brulante. Parfois, j'ai même l'impression que mes oreilles bougent de nouveau sous l'eau.
Il fait couler le bain avant de se rediriger vers moi, le sourire aux lèvres. Il s'approche doucement, avec précaution, faisant glisser ses mains sur ma chemise pour me déshabiller.
— Ne rêve pas. Sors de là. Dis-je en le poussant avec mes mains. Il s'apprête à partir lorsque je m'exclame, lui demandant au moins de me remettre sur mon fauteuil roulant. Il rigole avant de me remettre dedans.
Il embrasse une dernière fois mon front et déguerpit en laissant la porte entre ouverte. Une habitude que nous avions prise depuis un moment. C'est plus simple ainsi, si jamais il m'arrive quoi que ce soit, il peut venir à ma rescousse en l'espace de quelques secondes top chrono !
Je mets les freins, après m'être positionnée collée à la baignoire. Pensif, je commence à retirer ma chemise avant de me lever à l'aide de la rambarde en face de moi. Je me tiens d'une main pour retirer mon sous-vêtement. C'est toujours un parcours de combattant pour se laver et alors qu'au début, je détestais devoir dépendre de Caleb, il m'a appris que perdre la marche ne signifiait pas de perdre mes bras. Ainsi, à mon rythme, j'ai pris l'habitude de me débrouiller toute seule, comme avant.
Je passe mon bras sous ma jambe, puis la laisse tomber dans l'eau. Je fais de même avec la deuxième et soulève mon corps avec les muscles de mes bras pour rentrer dans l'eau chaude que je coupe. Je soupire de soulagement dès lors que ma poitrine se retrouve recouverte.
Dans le bain, je me sens plus légère. Comme si je n'étais qu'une plume.
...
Je réfléchis de longues minutes en observant la robe. Je doute pouvoir la mettre toute seule. D'autant plus qu'elle s'attache dans le dos. Je m'avoue vaincu et appelle Caleb. Celui-ci arrive en courant, sûrement de peur qu'il me soit arrivé quelque chose. Ses traits de visage s'affaissent de soulagement en me voyant saine et sauve. Toutefois, un rictus se glisse sur ses lèvres.
— Madame est très sexy en sous-vêtement. Je roule des yeux et coince mon rire dans ma gorge.
— Mademoiselle ou madame ? Il faudrait choisir Monsieur. Soufflais-je en lui montrant la robe. Il comprend immédiatement et me fait un clin d'œil lorsque je passe ma tête dans le tissu. Il m'aide à me relever et alors que je me tiens fermement à sa taille, il fait descendre la robe jusqu'à mi-cuisse. Ses doigts frôlent mon dos tandis qu'il fait un nœud.
Il me repousse légèrement pour pouvoir me contempler. Ses iris brillent.
— Tu es magnifique. Souffle-t-il pendant que je me laisse retomber dans le fauteuil roulant. Je souris quand il glisse sa main dans la mienne. Soudainement noyée par sa beauté, je ressens une vague d'amour à son égard.
— Je t'aime. Murmurais-je sans même m'en rendre compte.
Ses paupières s'écarquillent et au bout de quelques secondes, il s'agenouille devant moi pour être à ma hauteur. Caleb dépose doucement son front contre le mien et mon cœur s'emballe face à cette proximité.
— Tu sais que je suis fou amoureux de toi, Abby Wilson ?
Je souris et hoche de la tête. Il dépose un court baiser sur mes lèvres avant d'embrasser chaque cellule de mon visage. Je glousse comme une enfant et le repousse à contrecœur.
Il se glisse derrière moi pour m'emmener jusqu'au salon. Depuis ma perte, nous avons déménagé dans un immense palace. Plus ou moins. Le jardin est composé de plusieurs maisons. Dont la nôtre, rien qu'à nous deux. Ou presque, Léo est un squatteur depuis notre emménagement et refuse de partir sous prétexte que s'il n'était pas là, nous nous entretuerons. Ce qui n'est pas le cas. Loin de là.
Il n'y a pas d'étage dans notre maison, me laissant un accès facile à toutes les pièces. Il y a deux autres petits chalets à quelques centimètres de la nôtre, regroupant les deux autres familles en plus de notre couple. Puis l'immense palace en plein milieu du jardin. Toute la meute y habite. Il n'y a que le château qui comporte des escaliers pour pouvoir accueillir tout le monde, mais ça ne me dérange pas.
Bien qu'au début, j'étais réticente à l'idée de déménager, il a su me convaincre à base de :
« Je ne vais pas être beau, jeune et en forme toute ma vie » et de « Et si un jour, je ne suis plus en mesure de te porter ? »
...
Je pousse un cri de surprise malgré moi lorsqu'il me soulève comme une plume pour me déposer sur la chaise. Je cligne bêtement des yeux alors que le serveur s'empare de mon fauteuil roulant pour l'emmener avec lui. Je déglutis difficilement en sentant tous les regards se poser sur nous.
Je lève le menton lorsque sa main rencontre la mienne.
— Je veux que tu puisses oublier ton handicap. Juste pour ce soir, d'accord ?
Je ne peux m'empêcher de sourire et le remercie de se comporter comme il le fait avec moi. Plus les jours passent et plus, je tombe amoureuse de cet homme. Il a beau être, parfois, un peu trop sûr de lui, têtu, pervers et chiant lorsqu'il se décide à m'embêter, il reste tout de même adorable, serviable et j'en passe...
La soirée se passe sans encombre, nous ne cessons de rire et de nous taquiner comme des enfants. Depuis une semaine, nous ne nous voyons que très peu à cause de ses déplacements. Il essaye tant bien que mal de se réconcilier avec la meute voisine. Forcément, nous passons moins de temps ensemble. Toutefois, c'est ce genre de moment qui me rappelle que peu importe ce qu'il se passera, nous serions toujours là l'un pour l'autre.
— Fais « Ah ».
Je fronce des sourcils, ne sachant pas ce qu'il veut dire, néanmoins j'obéis et dis « A ». Il se tape le front et laisse sa cuillère retomber dans son bol de glace à la menthe.
— Tu sais que tu es à toi toute seule, un tue-l'amour ? Souffle-t-il en souriant malgré tout.
— C'est toi qui m'as demandé de dire « A » ! M'exclamais-je en poussant sa main. Il roule des yeux, désespéré.
— Ouvre la bouche. J'obéis, ne voulant pas le contrarier plus qu'il ne l'est déjà. Il glisse sa cuillère à l'intérieur. C'est ça, faire « Ah ». C'est d'ouvrir la bouche. Finit-il avec un doux sourire sur le visage.
J'éclate de rire, comprenant seulement maintenant ce qu'il me demandait. Ainsi, je lui demande de faire la même chose pour qu'il puisse goûter ma crêpe au Nutella. Cependant, comme je suis un tue-l'amour d'après lui, je dévie ma fourchette sur son nez où s'étale tout le chocolat et la chantilly.
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