Inconnu

#L'intruse

— Que fais-tu ? Souffle-t-il en riant doucement.

Sa patte sur mon dos, me caressant délicatement, je continue de frotter ma joue à la sienne, amusée par la sensation que cela me procure. Soudainement fatiguée, la gorge me brûlant, j'enfonce mon visage dans le creux de son cou, mes lèvres frôlant son épiderme. Une deuxième grognement sort de sa bouche, mais cette fois-ci, il est bien plus rauque que le premier.

Ma respiration se faisant de plus en plus douloureuse, je resserre ma prise sur son t-shirt, la seconde suivante, je suis prise d'une seconde violente toux et m'écroule à ses côtés en me débattant contre des mains invisibles autour de ma gorge. Il m'est impossible de m'arrêter, prise de spasmes, le goût du fer se propage dans ma bouche et du sang est propulsée sur le tapis brun.

La voix de mon loup noir se fait de plus en plus lointaine alors que je hurle de douleur. Mes os se brisent en mille morceaux, ma vie change sans cesse, redevenant en noir et blanc puis en couleur. Je n'entends plus que mes os craquer, se déplaçant dans mon corps. Mes oreilles sifflent tandis que mon cœur bat d'un rythme irrégulier.

Malgré la douleur insupportable, je ne pleure pas, aucune larme ne coule le long de mes joues. Mon corps se tord en deux et avant que je ne sombre dans un sommeil profond, le loup noir hurle après une certaine docteure Brune.

...

Caleb

Je détourne le regard, ne supportant pas cette vue. La transpiration perle au coin de son front, sa respiration est lourde et difficile, elle est devenue blanche, livide. Ces cernes violets me déchirent le cœur. Je me laisse tomber dans le fauteuil en me frottant le visage à l'aide de mes mains. Je ne comprends pas, elle n'a pas prononcé un seul mot depuis son réveille et voilà qu'elle tombe plus bas que terre.

Docteur Brune s'assoit à mes côtés, portant une main amicale sur mon épaule. Son regard s'attarde sur le corps frêle de mon âme-sœur avant de prendre une inspiration.

— Je crois qu'elle subit sa première transformation. C'est étrange, dangereux aussi.

Je ferme les yeux, encaissant le coup. Je me doutais bien, ça ne pouvait qu'être ça, mais tout de même. Les transformations, nous les subissons bien plus jeunes. Pourquoi maintenant ? Elle pourrait ne pas y survivre. Mes mains se serraient en forme de poings, je repose mon regard sur elle, aucune solution n'est envisageable. Je dois être patient.

— Tu as fait les recherches que je t'ai demandées ?

— Je n'ai rien trouvé pour le moment. Ce n'est pas une clandestine, ni une civile. Nous étions en train de chercher dans les bases de données de la police quand tu m'as appelée.

— Comment est-ce que c'est possible ? Elle ne peut pas être personne. Grognais-je mécontent. Continue les recherches. Finissais-je par souffler.

Ses pas résonnent dans la chambre vide, faisant écho au gémissement douloureux de mon intruse. La porte se referme dans un doux claquement. Le cœur douloureux, je me lève pour m'assoir à ses côtés, humidifiant de nouveau le gant dans la bassine pour le reposer sur son front. Cette femme n'a ni prénom, ni nom, c'est une inconnue qui ne semble pas vouloir prononcer ne serait-ce qu'un seul mot.

Je n'arrive pas à comprendre, malgré tous mes efforts. Je ne trouve aucune réponse à mes questions et je déteste me retrouver dans le noir. Je dois en parler à la meute, mais pour le moment, je vais me contenter de rester à ses côtés. La soutenir silencieusement, espérant que la simple présence l'apaise.