Caleb

Alors que je contemple son visage, ses paupières s'écarquillent et ses lèvres s'entrouvrent, cherchant à tout prix de l'air. Les sourcils froncés, je ne comprends pas dans l'immédiat, jusqu'à apercevoir le sang qui coule au coin de ses lèvres. Elle s'écroule la seconde suivante et je la rattrape de justesse dans mes bras.

Non. Ce n'est pas possible.

Son corps retombe lourdement dans mes bras, alors que le mien heurte le sol à son tour. Dos à moi, sa poitrine collée à la mienne, je perçois le couteau enfoncé dans son dos. Ma vue se brouille, m'empêchant de voir clairement le sourire de mon propre père s'accentuer. Il marmonne des phrases incompréhensibles, tandis que de l'intérieur, je meurs à petit feu.

Il n'a pas fait ça. Je refuse de croire que le bourreau de mon âme-sœur est mon propre père.

J'arrache le couteau de toutes mes forces pour le jeter bien plus loin tout en appuyant sur la plaie. Désespéré, je hurle à l'aide. Des frissons traversent tout mon corps alors que je me rends compte de ma voix tremblante, criant le chagrin et la rage. Son t-shirt se teint doucement d'une couleur qui me répugne. 

Je la tire un peu plus vers moi dans un geste suppliant, la prenant ainsi dans mes bras tout en continuant de presser la plaie. Nos corps tremblent dans une synchronisation parfaite et terrifiante. Elle a froid.

Je la pousse, faisant ainsi retomber sa tête dans le creux de mon bras. Son visage devient aussi pâle que sa fourrure alors que mes larmes humidifient mes joues. Ce n'est pas possible. Je n'y crois pas...

— Non. S'il te plait. Abby. Mila. Reste avec moi. Soufflais-je en plaquant mon front contre le sien, tout en berçant son corps dans mes bras.

Je perds l'audition, tout comme mes autres sens, n'étant plus capable de me concentrer que sur la femme qui perd vie dans mes bras. Les lèvres tremblantes, je ne cesse de hurler à l'aide de plus belle, avant d'éclater en sanglot. La dernière chose que je lui ai dite, c'était de partir. Mon Dieu.

— S'il te plait. Murmurais-je alors que ma voix se casse. Telle un miracle, ses paupières s'ouvrent et la froideur de sa main venant se coller à ma joue me fait sursauter. Ses lèvres s'étirent dans un doux sourire qui, j'imagine, se voudrait rassurant. Pourtant, je vois bien la vérité de son geste. C'est un adieu. Il n'y a aucune émotion dans son regard, ni même sur son visage. Pas même de la douleur. Abby. Tu n'as pas le droit de me quitter. Soufflais-je en dernier recours, espérant que cela l'empêche de partir. 

Mon cœur cesse de battre lorsque ses yeux deviennent livides et que sa main retombe durement sur son corps qui cesse de trembler au même moment. J'aimerais hurler, crier à plein poumon, et pourtant, rien ne franchissait mes lèvres. Je ne peux pas y croire, je refuse d'y croire.

— Tu n'as pas le droit. Mon chuchotement se perd entre ses lèvres que j'embrasse dans un geste désespéré. Tu n'as pas le droit. Répétais-je en boucle en fondant en larme.

Les hurlements de ma meute me réveillent, me faisant réaliser leurs peines. Leurs souffrances. Le lien, je n'avais pas rompu le lien. Ils ressentent tout à travers moi. Je ferme les yeux un instant, priant pour que tout cela ne soit qu'un mauvais rêve. Un cauchemar de merde en plus.

Toutefois, en rouvrant les yeux, ma poitrine pleine d'espoir se dégonfle. La seule chose que je vois me brûle l'âme, me déchire le cœur et le corps. Le visage sans vie de Mila ou qu'importe son prénom m'achève. 

Je ne reconnais pas immédiatement mon cri qui résonne dans la forêt. Cependant, c'est bel et bien le mien. Je supplie les dieux pour me la rendre alors que mes larmes finissent leurs courses sur les joues de mon unique amour.

Je la serre contre moi, son visage se calant contre mon torse pour la bercer une dernière fois.

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Note

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