-16-
Mila
#Abby Wilson
Je suis retournée chez moi, à plusieurs reprises, pour essayer de me souvenir. C'était douloureux. Ressentir à nouveau ces odeurs m'a un peu plus brisé. Il n'y avait plus rien, pas même nos meubles. En revanche, le sang était encore présent. Du moins, son odeur, celle qui me transperçait tel un couteau me donnant. Mon estomac s'était retourné et je n'avais pas pu m'empêcher de vomir. Toutefois, après cela, je n'ai cessé, depuis je ne sais combien de temps, de courir à la recherche de cet homme.
Habillé d'un simple pantalon noir et d'un t-shirt blanc, mon sourire accroit. Je savais qu'il était en vie et grâce à son sadisme, j'ai pu le retrouver. Il arrache des poils aux loups qu'il tue comme trophée. Ainsi, j'ai reconnu l'odeur de ma mère et me voilà, en face de ce petit cabanon en bois.
Je ressens de la peine pour Caleb. Il doit être mort d'inquiétude. Cependant, je me suis promis qu'après la mort de son père, je reviendrai et je pourrai enfin lui dire la vérité qu'il voulait tant connaître.
Je prends une grande inspiration avant d'envoyer mon pied valsé contre la porte en bois qui s'ouvre dans un fracassement bruyant. Je suis noyée par ma vengeance, par l'excitation d'enfin voir son cadavre gisant à même le sol. Personne ne le regrettera. J'aurais la conscience tranquille. Il ne pourra plus jamais faire de mal à qui que ce soit.
Un homme, âgé dans la soixantaine, se retourne, surpris. Ses paupières s'écarquillent et il se décompose sur place, laissant retomber la cuillère qu'il tenait en main dans son bol.
— Monsieur Miller ? Demandais-je peu sûr de moi. Je m'imagine un homme un peu moins âgé et mieux entretenu, mais au vu de ses habits et de la pourriture qui installe les coins des murs. Je me pose des questions. Il se lève difficilement, tremblant et suant de tout son corps. Il hoche lentement de la tête, la seconde suivante, il se retourne pour attraper un couteau de cuisine.
Je suis surprise par ses mouvements vifs, mais avance tout de même d'un pas, heureuse de l'avoir devant moi. Il est vieux et faible, je n'en ferai qu'une bouchée.
— Que me veux-tu ? Siffle-t-il en reculant, alors que je m'avance.
Mon sourire s'agrandit au fur et à mesure que je m'approche. La pointe de son couteau heurte ma poitrine. Il imagine sûrement que cela me ferait peur, que je reculerai. Toutefois, il a tort. Je ne reculerai devant rien pour le voir mort.
J'attrape son poignet à la vitesse de l'éclair et le tords, ainsi, il lâche son arme qui retombe au sol, faisant écho dans la forêt. J'envoie mon pied dans son tibia gauche, le faisant de ce fait s'agenouiller devant moi. Il tombe violemment sur ses genoux et j'accentue ma prise qui le fait hurler de douleur.
Les battements de mon cœur me rendaient presque malade. Il heurte brutalement ma poitrine, faisant couler l'adrénaline dans mes veines. J'ai rêvé de ce jour pendant si longtemps et quand bien même, je suis heureuse de me retrouver devant lui, je ne me sens pas plus soulagée.
— Supplie-moi. Soufflais-je en lâchant son poignet pour l'attraper par la gorge. Il attrape mes avant-bras et essaye de me faire lâcher prise, me griffe et me tape dans l'espoir que j'abandonne. Ce que je ne ferai jamais. Je le soulève et le balance contre le mur avec une force surprenante. Il s'écroule contre le sol en toussant sans pouvoir s'arrêter.
Je m'abaisse pour saisir son couteau lorsque je l'entends pleurer. Je fronce des sourcils pour me retourner vers lui, il rampe à même le sol pour essayer de sortir de sa cabane. Je roule des yeux, exaspère. Je ne pensais pas que ce serait si facile, j'imaginais un peu plus d'action.
J'arrive à sa hauteur et le retourne sur le dos à l'aide de mon pied que je pose contre son torse, le maintenant ainsi au plancher.
— Je sais. J'ai fait beaucoup d'erreurs. Il renifle bruyamment. J'ai été cruel, sans pitié, horrible. C'est vrai, je n'étais pas un homme bon, mais laisse-moi me racheter. Laisse-moi vivre encore un peu.
Malgré moi, j'éclate de rire. Je trouve cette situation absurde. Mon père aussi, la suppliait alors qu'il souffrait en bas des escaliers. Pourtant, tandis qu'il enfonçait un peu plus son couteau dans son torse, il lui a répondu une phrase dont je me souviendrais toute ma vie :
— Tu n'avais qu'à ne pas être un monstre. Soufflais-je comme seule réponse. Il se décompose et devient aussi blanc que ma fourrure.
— Abby. Tu es la petite Abby. Je hoche de la tête et relève mon t-shirt pour qu'il puisse contempler son art. Ses lèvres se mettent à trembler alors que ses larmes continuent de couler le long de ses joues ridées.
— Tu sais quoi ? Tu as raison. Je vais te laisser vivre encore un peu. Ce ne serait pas drôle de te tuer maintenant. Donc, devrais-je écrire mon prénom sur ton ventre ?
Ses traits de visage s'affaissent, terrorisés par ce que je compte faire. Mes mains glissent sur le manche du couteau que je fais tournoyer dans ma main avant de laisser la pointe atterrir sur son ventre. Il hurle et essaye de se débattre, de se défaire de mon emprise, mais il est trop faible pour faire quoi que ce soit. C'est peine perdue pour lui.
— Mila. Ne fais pas ça. Tonne une voix que je reconnaîtrai entre mille. Je mets quelques secondes avant de quitter mon regard du vieil homme pour le déposer sur Caleb et sa meute qui l'accompagne.
Il sera toujours mieux mort que vivant. Alors, sur cette pensée, j'enfonce le couteau dans sa chair pourrie. Un gémissement de douleur franchit ses commissures tandis que des gouttes de sueur perlent sur son front marqué par le temps.
— Abby ! Gronde Caleb. Je me redresse, surprise, laissant ainsi l'arme enfoncer dans sa peau. Je papillonne des paupières. Abby. Ce prénom, sorti tout droit des lèvres du loup noir. Un prénom dont il ne devrait pas avoir connaissance.
Je me tourne pour lui faire face. Les yeux injectés de sang, il s'avance vers moi jusqu'à pouvoir me tirer dans ses bras réconfortant. Ma vision se brouille due à mes larmes qui menacent de couler. Comment est-ce possible qu'il connaisse mon prénom ? Je le repousse légèrement, assez pour pouvoir le regarder dans les yeux, toutefois, ses bras ne quittent pas ma taille.
— Tu es partie pendant si longtemps. Deux semaines. Deux putains de semaines à m'inquiéter comme un fou. Souffle-t-il en glissant ses mains jusqu'à mes joues. Un triste sourire décore son visage trahi par l'inquiétude.
Je ne m'étais même pas rendu compte du temps qu'il s'était écoulé depuis mon départ. Il colle son front au mien, son souffle s'écrasant contre l'arrêt de mon nez. Les battements de mon cœur qui était jusqu'à présent emporté par la haine se retrouvent noyés par l'amour que je ressens à son égard. Un amour obligatoire dû à notre lien, et pourtant, j'aime penser que même sans lui, nous aurions fini par nous aimer.
Tout ce que j'ai entrepris jusqu'à présent, c'était grâce à lui. Ce que je faisais, je pensais que c'était aussi pour lui, pour sa meute. Parce que c'était plus facile que d'avouer que je ne suis qu'une égoïste qui voulait venger la mort de ses parents. C'est toujours plus simple de trouver un coupable autre que soi-même.
Mon souffle se coupe brutalement et la seconde suivante, une douleur vive se propage dans toute ma colonne vertébrale. Je déglutis difficilement alors que je me sens tombée en arrière, incapable de supporter le poids de mon corps. Caleb me rattrape difficilement sans comprendre ce qu'il m'arrive.
Toutefois, je comprends mon erreur. Quelle idée de tourner le dos à un chasseur. Je crois que c'est la première chose que m'ont appris mes parents ; ne jamais tourner le dos à l'ennemie.
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