Chapitre 24.
LES VIVANTS SONT DES MORTS QUI DORMENT DANS LEURS LITS
Aragon
Les pages continuent à me détailler ainsi que ma vie, le tout fleuri de quelques remarques de Will, de Maélysse et d'un certain Atticus, un médecin s'étant occupé de moi si j'en crois les notes. Ils y a plusieurs choses que j'ai du mal à comprendre et d'autres encore qui sont codés.
Lorsque j'arrive vers les dernières pages je tombe sur ce qui ressemble à un vieux parchemin jauni par les années, l'encre délavée se déverse sur le papier usé.
Shazel sourit à l'heridis
« De l'innocence tu naquis,
Dans l'horreur tu as grandi,
De la souffrance viendra ta vie,
De ta peur viendra ta haine,
Au-delà des larmes et des peines,
Du démon tu briseras les chaînes,
De l'ange tu auras la porcelaine,
Et de tous tu seras la reine,
Les plus hauts tu combattras,
Au monde tu retiras l'effroi,
Dans les vies tu ramèneras la joie,
L'amour et l'espoir sous les toits,
Le noir le blanc ne feront qu'un,
Tu seras sienne il sera tiens,
Uni par un indestructible lien,
Vous avancerez jusqu'à demain »
Shazel effleura de ses lèvres
le front de l'heridis,
fermant ses paupières
«Quand le monde s'effondra,
Que la terre mère deviendra enfer,
De tes cendres tu renaîtras,
Et ramèneras au monde la lumière»
Je déglutis difficilement, les mots tournoyant dans ma tête. J'ai délibérément besoin que l'on m'explique tout ça, quel est le rapport avec moi ? Qui donc est ce "Shazel" ? Et l'heridis, qui est-ce ?
Je me penche sur Will et lui tapote la joue.
— Bon écoute ! C'était sympa deux minutes mais là j'ai vraiment besoin de toi ! Il faut que tu te réveilles !
Il ne bouge pas d'un poil.
— Quelle réaction flagrante, merci Will !
Je frictionne mon front, désespérée. Fichu pour fichu autant tenter quelque chose, je l'ai endormi avec mon pouvoir, je devrais donc être en mesure de le réveiller avec celui-ci.
Je me place à cheval sur ses hanches, virant au rouge. Heureusement que c'est pour la bonne cause. Mes mains appuyées sur son torse, je ferme les yeux. Aller j'peux le faire !
J'essaie de me concentrer sur mes pouvoirs tout en pensant à tous les moments que nous avons partagé. Reviens. Aller. La chaleur familière de mes pouvoirs se transmets peu à peu de mes épaules à mes mains, me faisant frissonner. Ça me semble bien parti. Mes doigts me brûlent presque tant mon pouvoirs y fulmine, s'efforçant de ramener Will. Je commence à ne plus avoir de souffle, plus de force, je suis à bout.
Aller...
S'il vous plaît faites le revenir...
C'est trop dur, j'en peux plus, je vais m'effondrer. La douleur consume mon corps, mon pouvoir me consume. C'est trop.
Je lâche tout, me recourbant sur le corps inerte du diable. Mes mains, toujours posées sur lui, ont perdu toute force et des vagues de tremblements me secouent. Le souffle court j'essaie de calmer les battements de mon cœur. Je me laisse aller doucement sur Will pour finir par poser ma tête au creux de son cou, nos corps collés.
Je me sens inutile. Incapable. Je ne répands que mal et ne suis même pas en mesure de réparer mes erreurs. Je l'ai tué. Les médecins disent qu'il est juste endormi pour une durée indéfinie mais n'est-ce pas là même chose ? Les vivants sont des morts qui dorment dans des lits. Je ferme les yeux et écoute le battement régulier de son cœur, mes doigts dans ses boucles brunes. Son odeur douce me berce et je me retiens de pleurer face à mon incapacité.
— J'aime bien t'avoir à cheval sur moi.
Une vague de chaleur envahit mon corps et mes joues virent au rouge alors que je le redresse tel un piquet.
— Will !
Il sourit, ses yeux bleus pétillent. Il est réveillé, j'ai réussi, je l'ai fais revenir ! Mon sourire s'épanouit, ignorant sa remarque.
— Pourquoi ne t'es tu pas réveillé quand j'utilisais mon pouvoir ?
Il rit.
— C'est le cas, ça fait bien dix minutes que je suis éveillé, j'avais simplement envie de te garder sur moi. Viens là, j'vais pas pouvoir me retenir pendant longtemps si tu restes comme ça.
Je ne me le fais pas dire deux fois et bondis m'assoir à côté, lui envoyant une tape sur l'épaule au passage.
— Tu as essayé de me tuer.
Je déclare froidement les faits.
— Toi aussi.
— C'était de l'auto-défense !
Il se redresse contre le mur et hausse les épaules.
— N'empêche que c'est moi qui ai le plus souffert, la preuve je me suis évanoui. Combien de temps d'ailleurs ?
Il va pas être très content de la réponse, je grimace intérieurement.
— Tu était endormis pour une durée indéterminée, les médecins ne savaient pas ce que tu avais.
— Combien de temps ?
— Six jours.
Il se redresse comme un i, les yeux exorbités. Ça va pas passer.
— QUOI ?!
Aller tu peux le calmer.
— J'étais dans les vapes pendant quatre jours et toi six, j'ai géré le palais en ton absence, Maélysse m'a tout expliqué, ne t'inquiète pas.
Il se lève immédiatement.
— C'est une blague j'espère, SIX JOURS ! Et TOI tu as pris soin du palais donc il faut pas que je m'inquiète ? Tu ne sais absolument pas comment gérer un palais ! C'était définitivement pas à toi de t'en occuper! Non mais qu'est-ce qu'il t'as pris ?!
Il m'agace à s'énerver pour rien. Il veut qu'on s'énerve ? Parfait ! Moi aussi j'ai pas mal de choses à lui reprocher !
— Ce qu'il m'a pris ? Tu m'as couronné ! Je suis reine, j'ai autant de droits que toi ! Et si tu veux partir sur des reproches je peux t'en sortir tout une liste. Tu as tué ma mère, tu m'as esclavagé pendant quinze ans, tu m'as fait revenir comme si de rien n'était, tu nous a uni sans m'en informer, tu as essayé de me tuer, je ne te parle même pas de mon dossier et de la prophétie, ça prendrait trop de temps. Tu vois bizarrement tu n'es pas parfait non plus alors ne viens pas m'embêter pour un rien. Je ne sais même pas pourquoi je m'inquiétais pour toi, j'aurais dû te laisser inconscient.
Il remarque alors le dossier ouvert sur le lit et semble paniqué un instant avant de réaliser le sens de mes derniers mots.
— Tu peux pas vivre sans moi. Il est normal que tu t'inquiète pour moi.
Je pense que si un regard pouvait tuer Will mourrait de suite.
— Tu me dégoûte.
— On sait tous les deux que c'est pas vrai.
Une lueur perverse s'allume dans ses yeux et il contourne le lit pour revenir s'asseoir, me tirant de manière à ce que je fasse de même. Il peut toujours rêver. Je repousse sa main et me campe bien droite face à lui.
— Explique-moi la prophétie. Avant que je ne décide que tu as grand besoin de retourner dormir.
Il rit en s'allongeant sur le dos.
— N'importe quoi.
Nda:
Yo, bonne vacances les cœurs, j'espère que la prophétie vous a plu ! Merci infiniment pour les 15k ! Champagne ! ^^ <3
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro