19. Mr and Mrs Manson
Illustration réalisée par UnderWorldAbyss
*
À Poudlard, l'excitation était à son comble : il ne restait qu'une semaine avant les vacances d'hiver ! Le mercredi, après avoir passé son après-midi à travailler aux Trois Balais, Sarah se rendit au terrain de Quidditch, vêtue d'un pantalon que lui avait prêté Walter, trop heureux qu'elle ait obtenu le poste. À partir de maintenant, il ne serait plus la peine d'en subtiliser à la lingerie... Sur le terrain, Lestrange discutait avec une grande fille aux traits durs, le regard droit et d'épais cheveux bruns. Sarah les salua et Lestrange lui dit, en montrant sa camarade :
— Walburga Black, en cinquième année. C'est la gardienne de notre équipe.
Il se retourna vers Walburga et lui présenta Sarah rapidement, avant de se désintéresser totalement de la jeune fille. Comprenant qu'ils n'échangeraient plus un mot, Sarah alla s'asseoir un peu plus loin et somnola en attendant le capitaine et les autres joueurs.
La sorcière attrapa le Vif d'or quelques minutes seulement après que Crockett l'ait lâché, alors que tous se livraient une bataille sans merci, essayant une nouvelle technique d'attaque (assez violente, comme à leur habitude).
— Winky, j'ai attrapé le Vif d'or ! s'exclama-t-elle en rejoignant le capitaine, qui venait d'attraper le Souafle et se dirigeait vers les anneaux.
Aussitôt, il s'arrêta dans sa course et regarda Sarah d'un regard de braise. Walburga s'approcha d'elle et lui murmura, pour la prévenir :
— Ne l'appelle surtout pas comme ça, il a horreur de son nom... ici, on le surnomme Wink. Fais attention à toi, il s'énerve facilement.
— Ça va, c'est bon, lâcha Crockett. Elle ne savait pas.
Il se tourna vers Sarah et lui dit :
— Pas Winky. Crockett si tu veux, ou Wink, mais pas Winky !
— Euh... entendu, déglutit Sarah. J'ai le Vif d'or, chanta-t-elle en le lui donnant.
— Quelle efficacité ! s'exclama-t-il. Rentre au château te reposer, on a encore besoin de temps... je ne pensais pas que tu serais si rapide.
Sarah salua toute l'équipe, malgré l'indifférence de la plupart des joueurs, et se mit en route. Ce soir, le ciel était sans nuages. On pouvait voir la Voie lactée traverser l'immensité noire, et la lune, flamboyante, illuminer l'herbe et la neige blanche. Il faisait très froid, Sarah resserra son écharpe autour de son cou et glissa ses mains dans ses poches. Lorsque qu'elle expirait, une fumée blanche sortait de sa bouche et s'évaporait tel un songe.
Après le dîner, la jeune fille s'assoupit rapidement au coin du feu et, une fois réveillée par Jasmin, alla rapidement se mettre au lit.
Le vendredi soir, Sarah et Jasmin rangèrent leurs affaires, firent leurs bagages et se couchèrent, l'une toute joyeuse à l'idée de revoir ses parents, l'autre impatiente de rencontrer de nouvelles personnes.
Au petit matin, les deux amies descendirent déjeuner dans la Grande Salle. Elles y trouvèrent de nombreux autres élèves, qui rentraient chez leur famille pour les vacances de fin d'année. Eowayn en faisait partie, et causait tranquillement avec Walter, qui était assis au bout de la table des Gryffondor. Son visage était pâle, il ne semblait pas très en forme.
— Déjà levé à cette heure ? s'étonna Sarah en s'asseyant près de Walter.
— Je n'arrivais plus à dormir, répondit-il en la regardant se servir un verre de jus.
— Tu as préparé tes bagages ?
— Je ne pars pas.
Sarah sentit une pointe de déception dans la voix du garçon. Il expliqua :
— Étant donné l'allure de mes blessures, mes parents ont préféré que je reste ici... ça va être long !
— Oh... je te donnerai quelque chose, après manger, lui promit-elle.
Son visage reprit des couleurs et il mangea vite les œufs qu'il avait commencés avant l'arrivée des deux sorcières.
Eowayn leur dit, toute joyeuse :
— Ces vacances, je pars en Irlande, chez mes grands-parents ! Je ne les ai pas vus depuis un an !
— C'est génial ! s'exclamèrent Jasmin et Sarah.
— J'en parlais à Walter, continua-t-elle, ma grand-mère a trouvé un farfadet cet été. J'ai hâte de voir à quoi il ressemble !
Elle partit s'installer à la table des Gryffondor, toute rayonnante. Les deux amies engloutirent leur petit-déjeuner et allèrent finaliser leurs préparatifs. Après avoir bouclé sa valise, Sarah prit deux livres et les tint à la main jusqu'à la Grande Salle.
— Tiens, dit-elle en les posant près de Walter, un peu de lecture t'aidera sûrement.
— Oh, merci beaucoup ! s'exclama-t-il, enthousiasmé. Je te les rendrai à la rentrée !
— À bientôt alors, lui répondit Sarah avec un petit sourire.
Lorsque Sarah et Jasmin arrivèrent sur le quai de la station de Pré-au-lard, un magnifique train à la carrosserie rouge vif était arrêté. Sur sa locomotive, on pouvait lire « Poudlard Express ». Il s'agissait du train ramenait les élèves chez eux pendant les vacances, de Pré-au-lard jusqu'à la gare de Londres. Jasmin monta la première à bord du train, aidée par un officier. Sarah la suivit en laissant avec un peu de peine sa valise à l'homme en uniforme rouge. Elles marchèrent dans le couloir et trouvèrent rapidement un compartiment vide, dans lequel elles s'installèrent tranquillement. Après quelques minutes, un grand bruit retentit et de la vapeur jaillit de la cheminée de la locomotive du Poudlard Express. Le train démarra, quittant le château, le lac et l'Écosse enneigés.
Au bout d'un long moment de silence, Jasmin se décida à dire quelque chose qui, visiblement, la mettait mal à l'aise.
— Mes parents sont un peu... spéciaux, balbutia la jeune fille.
— Comment ça ?
— Euh... je préfère te laisser la surprise, rougit-elle.
— Comme tu voudras, répondit Sarah en se redressant sur sa banquette.
Aucun élève ne s'était assis dans leur compartiment, aussi pouvaient-elles prendre toute la place. Eowayn, qui devait rendre visite à ses grand-parents en Irlande, n'avait pas laissé de traces.
En arrivant à King's Cross, la gare de Londres, Jasmin prévint Sarah que deux énormes bombes aériennes allemandes, tombées quelques mois auparavant, avaient endommagé la partie Ouest du bâtiment. Effectivement, le dernier quai était inutilisable, le hall de réservation était très endommagé et une grande partie du toit avait été arrachée. Jasmin et Sarah sortirent par l'entrée principale qui donnait sur Euston Road.
Les deux sorcières attendirent un petit moment, leur valise à la main, jusqu'à ce qu'une voiture s'arrête devant elles. Cabossée par endroits, sa carrosserie était peinte de deux couleurs : la partie inférieure en rouge, et la partie supérieure en noir. Il s'agissait d'une Austin Seven « Box Saloon », un modèle de 1933.
Un homme de petite taille sortit de la place conducteur, remonta ses lunettes rondes sur son nez et serra la main de Sarah d'un geste vigoureux. Malgré le froid, il était en bermuda, et laissait apparaître des mollets à la musculature énormément développée.
— Bonjour, jeune fille, déclara-t-il, je suis Oscar Manson, le père de Jasmin. Voici Debbie Manson, ma femme, dit-elle en désignant une femme brune aux yeux en amande qui venait de sortir de la voiture.
— Enchantée, répondit celle-ci en lui adressant un sourire chaleureux.
Jasmin se jeta dans ses bras et elles s'étreignirent, leurs mouvements rendus maladroits à cause des nombreuses épaisseurs de vêtements qu'elles portaient. Au bout d'un long moment, le père toussota fortement pour leur faire comprendre qu'il fallait y aller. Mrs Manson déposa un baiser sur le front de sa fille et rentra dans la voiture. Mr Manson ouvrit la portière et Sarah et Jasmin s'installèrent sur la banquette arrière, assez abîmée.
L'homme saisit leurs bagages et les mit dans le coffre, puis desserra la ceinture de son cardigan et remonta son écharpe contre son cou. Il retourna à la place du conducteur et démarra la voiture. Le trajet fut long et Sarah observa, à travers la vitre poussiéreuse de la voiture, une Londres dévastée par le Blitz. On voyait ça et là des maisons en ruines, des immeubles à la toiture défoncée et d'énormes trous dans la chaussée. Elle préfèra détourner la tête et fermer les yeux.
Les deux garçons furent violemment projetés au sol. Le plus petit regarda autour de lui et réalisa avec inquiétude qu'ils se trouvaient dans un cimetière. Le ciel était sombre et les corbeaux croassaient. Il s'avança vers une tombe et lut trois noms, gravés à tout jamais dans la pierre. L'un d'eux ne lui était pas inconnu... Soudain, un homme de petite taille, le regard méchant et les quenottes étrangement longues, s'avança vers lui. Il portait dans ses bras une créature misérable emmitouflée dans une couverture. Elle lui murmura quelque chose, le serviteur sortit sa baguette et lança un éclair de lumière verte en direction du garçon le plus grand, vêtu de jaune et de noir. Touché, il s'écroula sur le sol, sans vie.
— Sarah ?! Mon enfant, on est arrivés ! s'écria Mr Manson en lui tapotant les joues.
Il avait une mine inquiète. Sarah se redressa sur la banquette et ouvrit complément les yeux ; toute la famille Manson était rassemblée autour d'elle.
— Tu t'es endormie, dit Jasmin, et nous n'arrivions pas à te réveiller... tu nous as fait peur !
— Pardon, je... ça va aller.
Sarah réalisa qu'ils se trouvaient dans un garage, éclairé seulement d'une ampoule électrique à la lumière tremblotante. Mrs Manson ouvrit une porte et tous montèrent quelques marches, avant d'arriver dans un living-room plongé dans la pénombre. Mrs Manson se dirigea vers la seule source de lumière, feutrée, et ouvrit en grand les rideaux, éblouissant Sarah qui ferma les yeux instinctivement. Lorsqu'elles les rouvrit, elle vit d'abord un soleil éclatant et un beau ciel bleu d'hiver, mais son regard s'attarda ensuite sur de nombreuses formes, de tailles diverses, qui lui étaient inconnues. La jeune fille n'en crut pas ses yeux.
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