
Partie 13
Sara hésita encore. Un long moment. Dépassant la porte de l'hôtel d'une centaine de mère, avant de revenir en arrière et de se décider à entrer. Elle se dirigea vers l'accueil
- Bonjour, je voudrais voir Mr Ndiaye...Médoune Ndiaye, demanda-t-elle
- quelle chambre, répondit la jeune fille sans lever les yeux de l'écran de son ordinateur
- Je ne sais pas...
La réceptionniste soupira et se mit à pianoter sur le clavier de son ordinateur avant de prendre son téléphone
- Mr Médoune N diaye...De la part de...??
-Sarata...
Elle lança l'appel et patienta un long moment. Apparemment personne ne répondait.
- il doit être occupé. Mais veuillez patienter. Je vais rappeler tout à l'heure.
Elle s'installa sur un canapé et prit un magasine qu'elle se mit à feuilleter doucement, juste pour s'occuper l'esprit. Elle avait beaucoup hésité. Mais avait finalement décidé de venir pour l'écouter. Juste pour l'écouter, se disait-elle pour se convaincre. Au lieu d'aller en cours, elle était directement venue à l'hôtel. Sans prendre la peine de le rappeler. Le cœur battant et stressée. Elle patienta encore une bonne demi-heure avant de se lever pour se diriger encore vers la réceptionniste. En la voyant approcher, elle saisit le téléphone.
- Sara...
Elle se retourna et le trouva comme toujours très élégant. Et beau. Et charmant. Son cœur s'emballa et elle lui sourit, bizarrement gênée.
- Médoune...je...enfin...j'aurais dû te prévenir mais...heu...j'ai eu ton message hier
Lui aussi semblait gêné et ouvrit la bouche un moment pour parler avant de la refermer en souriant nerveusement, évitant son regard.
- Je...pensais que tu allais m'appeler et...heuu...
- Chéri...tu as oublié ta montre.
Sara vit approcher une jeune femme blonde avec de beaux yeux bleus tandis que Médoune s'était retourné pour aller vers elle et prendre sa montre.
- heu..merci...dit-il en récupérant la montre. Attend-moi dehors une minute, j'arrive
Sara avait tout entendu malgré qu'il murmurait doucement.
- Ok...tiens les clés de la chambre.
Sara le vit prendre les clés et revenir à elle, toujours en évitant son regard, ne sachant visiblement quoi dire.
- tu as raison, j'aurais dû appeler, murmura Sara. Elle avait l'impression d'avoir reçu un coup de massue et sur le coup ne savait pas trop comment réagir. Apparemment, elle ne venait pas au bon moment.
Elle était tellement déçue qu'elle ne savait quoi dire. Et en face d'elle Médoune également semblait perdu et ne disait rien.
- Sara...Ce n'est pas ce que tu crois...finit-il par murmurer.
Elle rigola nerveusement. Elle avait du mal à le regarder tellement elle avait peur de craquer devant lui. Et surtout elle n'avait pas vraiment envie de parler.
-je ne crois rien, murmura-t-elle en fourrant ses mains dans les poches de son manteau. Bon, je crois que je vais y aller et...
- Sara, il faut qu'on parle...j'ai des choses à te dire et...
Elle allait parler mais elle vit la jeune femme revenir à eux.
- Chéri on y va ? On risque d'être en retard...dit-elle en le prenant par le bras et en toisant, la regardant de bas en haut. Effrontément.
- tu me présentes ? dit-elle finalement, devant leur silence gêné
Médoune hésita encore. Elle l'avait rarement vu aussi mal à l'aise et enleva son bras.
- c'est Sara...mon...heu...
- une amie, compléta Sara nerveusement. Bon Médoune, j'y vais. Ça a été un plaisir. Ciao
Elle les contourna et sortir rapidement de l'hôtel et se mit à marcher. Longtemps. Le vent et le froid lui fouettait le visage, mais elle n'en avait cure. Médoune était en couple. Pourquoi voulait-il lui parler alors ? Pour qu'elle voit qu'il était avec une femme avec qui il partageait la même chambre. Maintenant c'était clair. Le message était passé. Elle n'avait rien à lui reprocher tout compte fait. Elle aussi était avec Vincent et lui avec cette fille. Mais elle avait quand même mal.
Avant d'arriver au campus, elle reçut plusieurs appels de Médoune mais elle ne décrochait pas. Et lui envoya un message ou il lui demandait de repasser demain pour discuter. Elle ne répondit même pas. Non cette fois sa décision était prise. Faire sa vie avec Vincent. Et être heureuse. Un point c'est tout.
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Le reste de la semaine se passa comme dans un nuage d'où elle émergeait de temps en temps pour se sermonner. Encore et encore. Le vendredi, elle demanda à Vincent de l'amener au cinéma pour regarder un film. La semaine a été éprouvante pour elle. Elle avait besoin de décompresser. De changer d'air. Avec son chéri. Il était venu la prendre et il avait l'air fatigué. Mais il tenait quand même à y aller avec elle.
- C'est bon mon cœur, tu es magnifique...
Sara posa son poudrier et se retourna vers lui avec un grand sourire.
- quand tu mens, ton nez s'allonge...
Il la tira à lui, l'obligeant à s'assoir sur ses genoux.
- répète un peu ce que tu viens de dire jeune fille...
Elle n'eut pas l'occasion de le faire car il l'avait attiré à lui pour prendre ses lèvres. Un de ces baiser dont il avait le secret, la faisant gémir sourdement. Voulant profiter de la situation, il glissa lentement ses mains sous son top, lui pétrissant lentement les seins. Elle s'écarta doucement.
- ôtes tes pates...murmura-t-elle en lui prenant la main.
Il serra la main et entrelaça les doigts.
- pourquoi tu ne mets pas le bracelet que je t'avais offert ? demanda-t-il soudain.
Sara se sentit soudain mal. Elle n'avait pas eu le temps d'aller le récupérer. Elle avait reversé l'argent qui restait dans le compte pour solder la dette, mais les délais pour le récupérer étaient un peu longs et elle était rentrée. Elle sourit en se levant pour ajuster sa tenue.
- On va juste au cinéma...tu veux que je mette un si beau bijou pour juste aller regarder un film ?
Vincent sourit et s'approcha pour l'enlacer par la taille.
- c'est juste un bijou. Tu peux le mettre quand tu veux...
Elle hésita mais devant son regard, elle finit par se justifier.
- je l'avais confié à ma mère à Dakar et j'ai oublié de le reprendre en venant, mentit-elle.
Il haussa les épaules.
- Dans ce cas, je t'en offrirais un autre, dit-il en se penchant pour l'embrasser.
Elle répondit à son baiser avant de le regarder longuement
- tu m'offres tellement plus Vincent...murmura-t-elle en lui prenant le visage. Je suis tellement heureuse avec toi. Je ne veux plus d'embrouilles entre nous. Je veux qu'on...devienne le couple le plus amoureux que la terre ait portée. Le couple le plus heureux...parce que je t'aime Vincent...
Touché par cette déclaration, Vincent la serra fort contre lui
- c'est la plus belle déclaration que tu ne m'es jamais faite mon cœur. Si on se mariait maintenant...
Sara rigola
- mon stage commence le mois prochain. Je dois aller à Orléans pour 3 mois. Donc, je n'ai vraiment pas le temps pour me marier...mas juste après...je ne serais pas contre, dit-elle en lui lançant un regard coquin.
Elle n'aurait pas dû car il se mit encore à l'embrasser et ils finirent par arriver en retard au cinéma.
Ils se rendirent dans une grande salle de cinéma et Sara choisit un film romantique au grand dam de Vincent qui était plus partant pour de la science-fiction.
- Vincent, regarde le film voyons...
Mais non, il avait tourné son visage de son côté et l'observait béatement.
- tu es belle...murmura-t-il en lui déposant un baiser sur le cou
Sara étouffa un rire et lui lança un regard qu'elle voulait dissuasif. Mais quand il était lancé, c'était difficile de l'arrêter.
- et j'ai envie de toi Sara. J'ai toujours envie de toi.
- Vincent, tais-toi. Les gens nous regardent.
Mais il s'approcha encore plus et déposa encore un baiser sur son cou. Finalement, elle décida de l'ignorer, mais cette stratégie aussi se révéla inefficace. En fin de compte, elle ne comprit rien au film car son voisin ne le laissa pas suivre correctement. A la fin du film, ils trainèrent encore dans la salle avant de sortir. Quelles chances avaient-ils à ce moment de rencontrer Médoune et la jeune fille qu'elle avait rencontré ce matin ? Surement pas beaucoup, mais comme elle n'avait pas beaucoup de chance, leurs regards se croisèrent furtivement alors qu'il sortait par l'autre porte de la salle. Apparemment, il l'avait vu depuis un moment car le regard qu'il lui lançait était rempli de...colère. Elle le connaissait tellement qu'elle savait lire les expressions sur son visage. Une fois dehors, elle voulut battre rapidement en retraite en tirant Vincent pour aller de l'autre côté prendre du pop corn.
- Mais, tout à l'heure, tu me disais que tu n'en voulais pas, protesta Vincent
- Oui, mais maintenant j'en ai envie.
Elle avait tourné le dos à Médoune en espérant qu'il n'avait pas fait attention à elle.
- Sarata...on ne dit pas bonjour ? entendit-elle dire.
Elle fit mine de ne pas avoir entendu, mais Vincent s'était retourné en entendant son nom, l'obligeant à en faire de même. Il avait sa tête des mauvais jours et son regard passait de Sara à Vincent. Elle le sentait se retenir.
- Médoune...ça va ? Bonsoir Madame...murmura-t-elle en se tournant vers la jeune fille.
Il y eut un silence. Sara avait envie de tourner les talons simplement.
- Haa...Ce n'est pas ton amie qui était passé à l'hôtel ce matin ? Demandant la jeune fille, tout sourire en se tournant vers Médoune.
Pourquoi elle parlait ? Pourquoi cette idiote ne pouvait la fermer. Sara eut envie de lui verser le pot de popcorn au visage. Ou simplement de s'enfuir.
- Si c'est elle, répondit Médoune. En fait c'est mon ex-femme.
Sara sentit Vincent se crisper à côté d'elle. Sans même le regarder, elle sentit une nervosité soudaine l'envahir. Mais il ne disait rien. Jusqu'à ce que Médoune s'avance pour lui tendre la main.
- moi c'est Médoune, je suis...l'ex-mari de Sara. Et vous vous êtes...
Les oreilles de Sara bourdonnaient et elle se sentait comme dans un mauvais rêve ;
- Vincent...son petit ami...
Médoune prit un air étonné.
- Ha...Sara, je ne savais pas que tu avais un petit ami. Sinon, je ne t'aurais jamais demandé de me rejoindre à l'hôtel...
Cette fois, c'était le clou. Sara faillit pleurer. Son cœur battait fort dans sa poitrine et elle ne savait quoi dire. Ni comment le dire. Le temps semblait s'être arrêté. En un geste imperceptible, Vincent s'était un peu reculé et se tournant vers lui, elle le vit aussi se décomposer et froncer les sourcils en regardant fixement Médoune.
Vincent tendit quand même la main à Médoune et ils se saluèrent froidement. Sara n'avait pas envie de rester.
- Bon, on va y aller, dit-elle finalement, sentant que la situation était très tendue.
- tu as reçu mon message ?
Sara qui avait pris le bras de Vincent pour s'éloigner s'arrêta et se tourna de nouveau vers Médoune qui n'avait pas bougé et la regardait sévèrement. Oui, maintenant il n'y avait pas de doute. Il était en colère. Très en colère.
- je t'ai envoyé un message tout à l'heure, persista-t-il en la fixant.
- Non, je n'ai rien vu. Allez ciao.
Elle tira à nouveau Vincent, mais Médoune n'avait pas fini son scandale.
- Sara...
C'était plus qu'elle ne pouvait en supporter.
- Médoune, je ne pense pas avoir vraiment de temps pour une conversation. Tu m'excuseras.
Il rigola cyniquement
- et pourtant tu as le temps pour passer me voir à l'hôtel. Tu m'aurais expliqué que tu étais en couple j'aurais compris tu sais...
Cette fois, elle n'attendit pas la suite et s'enfuit presque, Vincent à ses côtés. Ils arrivèrent au parking et Vincent gardait toujours le silence, mais Sara savait qu'il était complètement déconcerté. En colère. Mais il ne disait rien. Son visage renfrogné renseignait cependant de son état de pression. Elle préféra ne rien dire. De toute façon, elle ne pouvait pas. Elle était au bord des larmes. Le chemin jusque chez elle se fit en silence. Un silence pesant. Vincent regardait fixement la route, l'air absent.
Arrivés devant chez elle, il s'arrêta et continua à fixer la route, sans rien dire. Sara aussi ne se résolvait pas descendre du véhicule. Elle devait parler. Expliquer. Mais elle aussi ne savait quoi dire. Elle venait de se rendre compte qu'elle était peut-être allée trop loin avec Médoune et que Vincent pendant tout ce temps n'attendait qu'elle. Elle aurait voulu qu'il éclate, qu'il s'énerve, qu'il crie. Tout sauf ce silence.
- Vincent...Je...je peux tout t'expliquer tu sais...et ce n'est vraiment pas ce que tu peux penser...
- donne-moi ton téléphone...murmura-t-il sourdement
Le ton était froid et dur. Sara hésita, voulant se rebeller. Mais finalement, elle sortit lentement son téléphone et le lui tendit. Elle n'avait pas eu le temps de supprimer ses messages. Elle le vit écouter le message vocal de Médoune, puis parcourir le dossier de ses appels ou les innombrables appels du même numéro étaient encore là. Puis elle le vit ouvrir le dernier message. Avant de lui tendre lentement le téléphone. Elle le reprit, légèrement tremblante, le cœur en morceaux.
- Vincent...laisse-moi t'expliquer
- je n'ai pas envie d'en parler maintenant Sara. J'ai...peur de dire des choses que je pourrais regretter. Tu vas tout faire pour essayer de te justifier. Et moi, je ne suis pas dans les dispositions pour croire à ce que tu vas me dire. Donc, pour ne pas envenimer les choses, je te demande juste de sortir. On en parlera une autre fois.
Sara sentit les larmes monter. Elle regrettait. Comment pouvait-elle avoir fait cela. Elle resta encore quelques secondes, mais devant la mine douloureuse de Vincent, elle sortit lentement de la voiture et à peine avait-elle fermé la porte que la voiture avait démarrée, la laissant sur la chaussée, perdue et sur le cœur lourd.
Elle rentra chez elle dans le même état et se prit une longue douche en réfléchissant à tout ce qu'elle avait fait pour Médoune. Pendant que Vincent était à ses côtés. Son voyage en Casamance, toute la somme d'argent qu'elle avait dépensé. Pendant que Vincent l'attendait et la soutenait. Elle éclata en sanglot en pensant à tout cela et ne put s'empêcher de penser qu'elle avait gâchée sa vie. Si Vincent savait tout cela, jamais il ne lui pardonnerait. Et à raison. Même elle avait du mal à se pardonner tout cela. Médoune ne méritait pas tout ce qu'elle avait fait pour lui. Mais elle s'en rendait compte trop tard. Beaucoup trop tard.
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Sara coupa à nouveau son téléphone. Elle ne décrocherait pas. Non. Elle ne lui parlerait pas. Elle ne lui parlerait plus. C'était décidé. Elle avancerait. Elle irait de l'avant. Un message arriva. Elle se décida à le lire.
« Sara, je t'attends. Il faut vraiment qu'on parle »
Elle supprima encore son message, légèrement contrariée. Elle avait l'impression qu'il lui donnait un ordre. L'ordre de le rejoindre. Quand le téléphone sonna à nouveau, elle se décida à décrocher.
- allo.
- Sara...
- oui...
- c'est Médoune.
Elle inspira profondément, le cœur battant. Pourquoi parlait-il si doucement.
- Oui, je sais.
- hier tu me disais que tu voulais me parler ? Depuis ce matin je t'attends et...tu ne m'as pas confirmé à quelle heure tu devais passer.
Il semblait avoir oublié ce qui s'était passé hier. Elle rigola nerveusement
- Médoune, est-ce que tu peux me lâcher ? Je suis maintenant avec quelqu'un et je voudrais te demander de ne plus m'appeler.
Elle entendit son rire cynique.
- tu es avec quelqu'un et tu cherches à me voir. Pauvre bonhomme...
Il y eut un silence et elle l'entendit soupirer sourdement. Elle l'imaginait fronçant les sourcils, contrarié.
- tu aurais pu me le dire plus tôt. Depuis ce matin, j'ai tout annulé pour t'attendre
Elle se mit à arpenter son salon, nerveuse.
- Médoune, fiches-moi la paix. Je ne veux plus te voir ni même t'entendre, murmura-t-elle ;
Il rigola
- ça ma chérie, ça ne dépend que de toi. C'est toujours toi qui t'arrange pour me voir. C'est toi qui me courre après en venant chez ma mère avec ta mine de femme désespérée. Et qui accoure dès qu'elle reçoit un message. Donc dès que tu sauras ce que tu veux vraiment, tu me diras.
Et paf. Il lui raccrocha au nez. Il ne changera jamais. Sara se retrouva bêtement à écouter les bips du téléphone. Encore une vérité qui l'atteignait au plus profond de son cœur. Elle s'effondra. Abattue. Elle venait de se rendre compte de l'ampleur des bêtises qu'elle avait faite. Elle venait de voir comment elle avait pu blesser Vincent. Pour quelqu'un qui ne méritait pas toute son attention. Elle l'appela à nouveau. Son téléphone sonna plusieurs fois et à la énième tentative, elle tombait encore sur la boite vocale. Et laissa encore un message lui demandant de la rappeler. Il ne décrochait pas et ses messages aussi ne trouvaient pas de réponse. Elle se sentait vide. Lessivée. Elle passa la nuit à pleurer, se souvenant de sa relation avec Médoune, avec Vincent. Comparant les deux hommes et regrettant. Elle se décida à passer chez lui, lui parler, lui expliquer, mais il n'y avait personne et sa voiture n'était pas garée à sa place habituelle. Elle attendit dans le froid une bonne heure avant de rentrer, dépitée.
Toute la semaine, elle n'eut aucune nouvelle de Vincent et elle se rendait compte à quel point il lui manquait. A quel point Vincent était présent dans sa vie. Elle appela Ahmed qui lui dit à quel point son ami était abattu. Il se sentait trahi et Sara se mit à lui expliquer gauchement que c'était juste pour discuter. Rien de plus. Et qu'elle ne pensait pas à mal. Ahmed l'écouta et lui dit quand même que c'était la première fois qu'il voyait Vincent dans cet état. Elle le supplia de lui dire où il était, mais Ahmed lui révéla qu'il n'en savait rien. Il avait dit à ses employeurs qu'il s'absentait un temps et était partit. Tout simplement. Quand elle rentrait, son téléphone ne sonnait plus. Elle ne riait plus aux éclats de ses blagues débiles. Il lui manquait. Terriblement. Elle avait envie d'entendre sa voix, son rire. Elle avait envie de se serrer dans ses bras, de l'embrasser. Mais lui ne voulais pas l'écouter. Et elle n'avait personne à qui parler. Camille avait trouvé un stage dans sa ville à Lilles et manquait parfois de temps pour discuter avec elle. Elle était donc seule.
La semaine passa vite et elle s'occupa de trouver un logement à Orléans. Elle fit un rapide aller-retour pour signer les papiers pour le studio et commença à emballer ses affaires durant les fêtes de fin d'années. Et elle n'avait toujours pas de nouvelles de Vincent et avait arrêté d'appeler et s'était résolu à attendre. Attendre qu'il veuille bien lui parler.
Et Sara passa les pires fêtes de fin d'années de sa vie. Heureusement qu'elle parla beaucoup à sa maman et à Sophia car la communication entre la France et les Etats-Unis étaient presque gratuites. A Noel, elle dina dans une famille sénégalaise qui l'avait invité en même temps que des étudiants de son université. Elle passa une belle soirée, dans une bonne ambiance, mais le cœur n'y était pas. N'y tenant plus de ne pas avoir de nouvelles de Vincent, surtout durant les fêtes, elle appela encore Ahmed qui cette fois lui dit qu'il était quand même désolé qu'ils aient rompu, elle et Vincent. Elle reçut cette nouvelle comme un coup de massue et lui expliqua gauchement qu'ils n'avaient pas rompu mais s'était juste disputé et que s'il acceptait de lui parler, les choses pourraient s'arranger. Ahmed eut l'air étonné, mais ne disait rien et Sara préféra couper court à la discussion et raccrocha simplement. Elle tenta encore d'appeler Vincent, se doutant bien qu'il était avec ses amis, mais il ne décrochait toujours pas. Il parlait aux autres mais pas à elle. Il aurait quand même pu l'écouter. Lui donner une chance de s'expliquer. Mais non, il avait préféré rompre. Tout simplement. Parlant à tout le monde sauf à elle.
La veille du 31 Décembre, elle se rendit à Lille auprès de Camille, et passa une bonne fête avec sa petite famille d'adoption. Les parents de Camille étaient adorables et Sara rencontra enfin son copain Jules. Un métisse très beau qui semblait être vraiment amoureux de Camille et qui parlait un wolof impeccable. Ils s'entendirent très vite et se mirent à parler wolof au grand dam de Camille qui ne cessait de se disputer gentiment avec eux. Et elle arriva à oublier ses soucis et se plongea dans une belle ambiance faite de fous rires et de bonne humeur permanente. Mais malgré tout, le cœur n'y était toujours pas. Elle était parfois absente, refoulant sans cesse cette boule à la gorge, qui revenait sans cesse, reflétant ce mal être quotidien. Et surtout, elle épiait le moindre signe de Vincent, espérant qu'il allait au moins l'appeler, ne pouvant croire qu'il pouvait aussi simplement tourner la page. Médoune aussi n'avait plus donné signe de vie et pour la première fois, fut soulagé de ne pas avoir de ses nouvelles. Il lui avait fallu tellement de temps pour comprendre que l'amour ne suffisait pas parfois.
Donc, quand elle rentra sur Paris quelques jours plus tard, elle avait dans ses bagages pleins de bonnes résolutions sur sa vie et décida de ne plus appeler personne. La première résolution était de rayer les hommes de sa vie. Elle passait de phases de crises de larme à des phases d'empathie, de dégout de la vie. En gros elle déprimait. Elle voulait rentrer chez elle, auprès de sa famille, retrouver un peu d'amour, se sentir entourée. Mais il lui restait encore des cours. Et elle devait tenir. Malgré tout, elle devait tenir.
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Sara recula. Se cacha. Elle avait vu Vincent qui faisait tranquillement ses courses. Dans le supermarché le plus proche de sa résidence. Qu'est-ce qu'il faisait ici. Elle osa un coup d'œil dans le couloir et ne le vit plus. Elle allait s'engager quand il surgit devant elle. Ils se regardèrent un moment et Sara finit par baisser la tête, légèrement perturbée. Il était toujours aussi beau et élégant, simplement habillé d'un jean et d'un polo noir.
- salut...finit-il par sortir
- Salut, répéta-t-elle simplement sans relever la tête et essayant de poursuivre son chemin en poussant son caddie
Mais il se déplaça et l'empêcha de partir. Elle s'arrêta et attendit qu'il se décide à se pousser. Elle lui en voulait. C'est vrai qu'elle avait fauté, mais il aurait pu au moins l'écouter, et juger. Mais il ne lui avait jamais donné l'occasion de le faire et avait décidé que c'était fini entre eux. Donc ils n'avaient plus rien à se dire.
- Sara...
Elle ne répondit pas, gardant toujours le regard baissé, le cœur soudain très lourd. Elle avait l'impression qu'elle allait exploser.
- Sara, répéta-t-il doucement
Elle leva la tête, l'air peinée. La voyant dans cet état, il s'approcha d'elle.
- Sara, heuu...ca va ? demanda-t-il
Elle inspira longuement pour se donner une contenance et haussa lentement les épaules, essayant de sourire difficilement.
- Oui...c'est cool. Je vais bien. Et toi ?
Il sembla un peu déconcerté et haussa les épaules également
- je vais bien aussi...
Il y eut un petit silence.
- c'est tant mieux alors, finit-elle par dire avant de reculer et de tourner les talons.
Elle s'avança rapidement vers les caisses et après une petite queue, paya avant de se diriger vers chez elle, se tournant de temps en temps pour voir si Vincent était dans les parages. Mais elle ne le vit nulle part. En entrant dans son immeuble, elle le vit tranquillement adossée à sa porte. Il se redressa en la voyant venir et s'approcha pour lui prendre son sac. Elle le laissa faire et ouvrit la porte. Mais au lieu de le laisser entrer, elle fit un geste pour récupérer son sac.
- tu ne me laisses pas entrer ? demanda Vincent, l'air surpris.
- tu veux entrer pour quoi ?
Il hésita, semblant toujours surpris par son comportement
- pour parler, répondit-il tranquillement
Elle rigola ironiquement
- Non...sérieusement ? Tu veux parler...avec moi ?
Le ton ironique la fit rigoler. Il semblait gêné
- Sara arrête, je t'en prie.
Elle ne tint plus.
- Vincent...si c'est pour me dire que c'est fini entre nous, ce n'est plus la peine. Tes amis m'ont déjà informé. Et...
- Sara...arrête. Peux-tu s'il te plait ouvrir cette porte, dit-il simplement, le regard suppliant
Elle hésita un moment avant d'ouvrir et de le laisser entrer.
A l'intérieur c'était le vrai bazar. Il y avait des cartons partout et Sara avait juste acheté quelques petits trucs pour tenir encore deux jours. Le temps d'aller à Orléans. Une fois à l'intérieur, elle s'occupa de ranger les quelques petits achats qu'elle avait fait et réchauffa le plat précuit qu'elle avait acheté au microonde. Vincent s'était avancé vers le coin télé et l'observait tranquillement les mains dans les poches. Quand elle finit, elle versa le contenu dans une assiette et le dépassa tranquillement pour se mettre sur le sofa pour manger. Il s'installa à côté d'elle et se mit à l'observer manger. Mais à la première cuillère, elle grimaça, le faisant sourire.
- c'est dégueulasse...murmura-t-il doucement devant sa mine dégoutée
Sara sourit et hocha la tête.
- mortel...rajouta-t-elle en souriant.
Ils se regardèrent un moment et Sara finit par détourner le regard, ne comprenant vraiment pas son attitude.
- pas le temps de cuisiner ? demanda-t-il en reprenant le plat
- Je suis au régime. Donc j'ai pris un truc diététique...
Vincent rigola...
- Quoi...s'écria-t-elle. J'ai grossi durant les fêtes et...
- Arrête...tu n'as pas changé. Et je t'ai toujours dit que tu étais belle comme cela.
Sara rigola
- Oui...mais ton avis ne compte plus Vincent. Et je crois que tu ferais mieux de partir...je dois continuer mon rangement
Il y eut un petit silence et reprit le plat pour le déposer sur la petite table.
- Sara...mais tu vas arrêter oui. Dans cette histoire c'est moi qui doit être fâché, c'est à moi que tu as menti et c'est à moi que tu dois des explications...
Sara rigola doucement et se leva. Il en fit de même et lui fit face.
- ça c'était au début. Tu avais le droit de me demander des explications, Non, tu devais m'exiger des explications. Tu pouvais te fâcher contre moi, de m'envoyer balader si tu veux. Mais plus maintenant. Pas après que tu aies coupé les ponts, après que tu aies décidé de ne plus me parler, de ne pas répondre à mes messages. On n'est plus des gamins, donc je pensais qu'on pouvait se comporter en adultes responsables et discuter...Mais apparemment, on n'a pas le même niveau de maturité.
Elle était essoufflée. Elle avait parlé d'un trait et sa voix tremblait tellement elle était envahi par l'émotion
- je ne te dois plus d'explications maintenant que tu as décidé que c'était fini entre nous Vincent.
Elle s'arrêta. Sa voix l'avait trahi. Elle tremblait légèrement. D'émotion trop contenu. Elle sentit une larme couler lentement sur sa joue et elle l'essuya rapidement en rigolant pour masquer sa tristesse. Vincent s'approcha lentement et elle leva les mains en un geste défensif, ne voulant surtout pas qu'il la touche.
- Sara, arrête...tu ne peux faire tout ce que tu as fait et vouloir retourner la situation comme ça. Tu...m'as menti, tu m'as pris pour un idiot. Le dindon de la farce dans cette histoire. Et tu voulais quoi ?
Elle ne disait rien
- je me suis tellement investi dans cette relation Sara...tu ne peux même pas savoir. Je pensais que tu étais différente des autres. Sara...alors que tu voyais ton ex-mari...que...c'est déguelasse ce que tu faisais Sara... Tu te rend compte...oui...j'ai rompu avec toi parce que je ne te fais plus confiance et...
- Mais qu'est-ce que tu fais dans ce cas Vincent. Tu t'es fait une idée sans me donner l'occasion de t'expliquer. Que veux-tu ? Tu peux te faire tous les films que tu veux, mais tant que tu ne m'écoutes pas tu ne sauras jamais ou se trouve la vérité...
- Mais tu vas me mentir Sara...comme tu l'as fait pendant tout ce temps. MERDE. Tu es une vraie mytho et...
Sara leva les mains.
- C'est bon Vincent...arrête. Arrête. Soit tu es venu là pour qu'on discute et on peut le faire tranquillement, sinon, si c'est juste pour me faire part de ton opinion à mon propos, ou m'insulter, tu peux partir Vincent...
Elle le sentit s'énerver encore plus
- Mais tu es vraiment impossible Sara...ou alors tu es malade. Car tu continues à me prendre pour un con. Un vrai con. Tu sais que je t'aime. Tu sais que je ferais tout pour toi. C'est pourquoi tu t'es dit que je tiens mon dindon. Et je vais continuer à...
- Vincennnttt...cria-t-elle nerveusement. Tu as vu une situation. Tu n'as pas cherché à comprendre. Tu t'es fait ta propre opinion. Tu as parlé à tout le monde sauf à moi. Pour réfléchir et prendre une décision, il fallait écouter ma version. C'est un minimum. Dans un couple, il faut toujours communiquer. Chacun de nous peut faire une erreur, mais s'il n'y a jamais d'échanges et d'explications, c'est la rupture. Et c'est ce à quoi ton attitude a conduit.
Sara le vit soupirer doucement.
- c'est quoi ta version ?
Elle hésita. Elle ne savait même pas par où commencer.
- assied-toi Vincent. Je vais tout t'expliquer.
Il hésita un moment et la suivit sur le sofa. Elle respira longuement.
- mon ex-mari est avant tout un ami de la famille. Nos deux mamans sont des amies de longues dates. Donc...on a grandi ensemble. A un moment...disons que nos mamans ont voulu qu'on raffermisse encore plus les liens de famille. Et...heu...on s'est marié.
Elle occulta le fait qu'il était son premier amour. Celui qu'elle a aimé depuis sa plus tendre enfance. Un amour qui a grandi et qui jusqu'à présent garde encore ses racines au fond d'elle. Mais ça elle n'osait pas le dire. Pas à celui avec qui elle voulait faire sa vie. Celui qu'elle avait appris à aimer, à apprécier. Non. Il fallait qu'elle le convainque qu'elle l'aimait.
- Malheureusement...ll y a eu une...incompatibilité d'humeur entre nous. Il était...violent et à plusieurs reprises il y a eu des...problèmes. Finalement, j'ai décidé de partir malgré le désaccord de mes parents. Et depuis, je te jure qu'on ne se parle presque pas. et les rares fois, ça finit toujours par des disputes. Mais...sa sœur est ici. Un jour on s'est rencontré par hasard et en parlant, elle m'a demandé un service en lien avec sa famille et donc avec lui...
- Quel service ? demanda Vincent...impatient.
Sara soupira. Cette fois, elle voulait tout dire. Quitte à maquiller certaines choses pour que ça passe mieux.
- Elle m'a dit qu'il y avait un contentieux avec la famille du côté de leur père. Et comme sa mère avait coupé les ponts, elle voulait que je l'aide à régler cela car...elle disait que...enfin...elle voulait que je l'aide.
- Sara...dis-moi la vérité.
Elle hésita.
- en fait, ils sont sujet à des troubles du comportement et on leur disait toujours que ce n'était pas vraiment naturel. Donc, elle voulait que j'aille demander de l'aide du côté de leur père en Casamance...
Vincent ferma les yeux un moment et tourna la tête.
- Laisse-moi deviner. En fait, ta demande de stage en Casamance c'était surtout pour pouvoir aller voir la famille de ton ex-mari ?
Sara ouvrit la bouche, perturbée, avant de secouer lentement la tête.
- Non...je voulais juste aider Vincent.
- tu es divorcée...merde. A moins que tu es encore des sentiments pour lui, pourquoi tu irais jusqu'en Casamance pour...putain...
Il se leva et Sara en fit de même.
- Non...je ne le voyais pas comme cela Vincent...
- Et pourquoi tu me l'as caché dans ce cas. Tu n'as jamais accepté d'en parler. et pourtant moi, je te raconte tout. Même quand je me fais draguer dans la rue, je viens te le dire. Et toi...putainnn....
Sara essaya de le calmer.
- je ne t'en parlais pas parceque ce n'était plus important pour moi Vincent.
Il se tourna brusquement vers elle.
- Dis-moi...est-ce que l'argent que tu m'as emprunté à un quelconque lien avec ce que tu faisais en Casamance ?
Surprise, elle ouvrit grand les yeux et bloqua.
- tu as pris mon argent...pour aller régler les problèmes de ton ex-mari...
Cette fois elle secoua la tête.
- Vincent, pas de mon ex-mari. C'est sa sœur qui m'a demandé...
- FERME-LA...
Il avait crié et elle avait sursauté, la peur au ventre. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état.
- Vincent...je t'en supplie. C'est toi que j'aime. Vincent...je suis arrivée ici, complètement à terre. Tu m'as aidé à me relever Vincent. Tu as toujours été là pour moi. J'ai appris à t'aimer. Je te jure et je t'aime d'un amour sincère. Que je n'aurais pas pensé. Mais cet amour, je l'ai cultivée. Et ces dernières semaines sans toi ont été difficile.
- Que faisais-tu à l'hôtel ? demanda-t-il brusquement, la voix tremblante de colère contenu.
- Je...je pensais qu'il était avec sa sœur.
- tu mens...j'ai entendu le message. Il te demandais de le retrouver à l'hôtel..
Sara faillit pleurer de dépit.
- Mais il était avec sa copine. Vincent...j'ai fait tout cela pour sa sœur. Je peux l'appeler et elle t'expliquera. Je t'en prie crois-moi. Je....
Elle le vit rigoler cyniquement
- tais-toi Sara. Je ne veux plus te voir. C'est bon, tu peux arrêter maintenant. Tu me prends vraiment pour un idiot. Tu penses vraiment qu'après m'avoir avoué que tu as fait tout cela pour ton ex-mari...ou sa sœur, c'est la même chose pour moi, je vais te croire. Ton mari as des problèmes et tu prends MON argent pour l'aider et tu veux que je te fasse encore confiance.
Sara accusa le coup, se sentant soudain mal. Et elle faillit défaillir quand il continua, la voix tremblante de colère
- tu as fait tout cela pour un homme qui t'a rejeté, qui t'a fait comprendre de toutes les façons qu'il ne voulait pas de toi. Tu es juste...pathétique Sara. Et le pire c'est que tu veuilles me faire croire que tu as été réglo avec moi. Mais tu n'es qu'une menteuse, doublée d'opportuniste. Tu as été avec moi par intérêt car tu voulais des sous pour aider ton ex-mari. Tu m'as utilisée.
Sara ouvrit la bouche pour respirer car elle sentait qu'elle manquait soudain d'air. Elle voulut crier pour qu'il arrête.
- Je...j'espère que tu ne penses pas ce que tu dis murmura-t-elle doucement, la voix tremblante, les yeux remplis de larmes.
Le regard noir qu'il lui lança la fit légèrement reculer.
- la seule chose que je regrette c'est de ne pas t'avoir baisé...
Sara s'affala sur le canapé et ferma les yeux, avant de mettre les mains que les oreilles, ne voulant plus rien entendre, prostrée...Elle resta dans cette position longtemps. Quand, elle se releva, Vincent était parti, laissant la porte grande ouverte. Elle se leva lentement et la ferma. Elle n'en pouvait plus. Et d'un coup, elle éclata. Pleurant nerveusement. Elle avait encore une fois réussi à foutre sa vie en l'air. Elle avait perdue Vincent et elle savait en son for intérieur que c'était celui qui l'aimait vraiment. En s'entêtant avec Médoune, elle n'avait eu que ce qu'elle méritait.
+++++++++++++++++++++
- toutes nos félicitations Mlle Sarata Niang.
Sara sourit. Soulagée. C'était fini. Elle venait de soutenir son mémoire, marquant la fin de sa formation, après 6 mois de stage et un mois de stress à rédiger le document. C'était enfin fini.
- merci Mr Tampin.
Elle fit la bise à son maitre de stage qui l'avait beaucoup soutenu.
- j'espère que tu vas accepter l'offre de la société. Le DRH m'a contacté pour me dire qu'ils étaient vraiment intéressés par ton profil et qu'ils te proposaient même un CDI
Sara sourit, légèrement gênée.
- Oui, ils m'ont contacté. Mais je crois que je vais rentrer. J'étais déjà en entreprise et...heu...ma famille me manque.
Mr Tampin fit une moue désapprobatrice et lui prit la main.
- Réfléchis avant de prendre une décision. A moins que tu n'es laissé un petit ami collant au pays.
Sara rigola.
- Oh pas du tout, finit-elle par répondre
- Dans ce cas, j'espère que celui qui est ici réussira à te retenir.
Elle rigola encore plus fort.
- C'est encore raté Mr Tampin. Je n'ai personne dans ma vie.
Le regard surpris de son encadreur la fit encore plus rigoler.
- Dans ce cas, plus de Mr Tampin entre nous. Pour toi ça sera Francois. Tout simplement.
Ils rigolèrent encore un moment avant que Sara lui promette d'accepter une invitation à diner. Elle s'éloigna en discutant avec ses promotionnaires avant d'appeler sa maman, qui depuis ce matin ne tenait pas en place. Comme si c'était elle qui soutenait. Ensuite, elle capta Camille qui avait tout fait pour venir, mais n'avait pu obtenir une permission. Sara comprenait et lui expliqua que tout s'était bien passé. Elle sortait quand elle vit Khady, simplement adossé à un mur sur le hall, manipulant son téléphone. Etonnée, elle se demanda ce qu'elle pouvait bien faire ici et depuis quand elle était revenu. Sa mère lui avait dit qu'elle était passée la voir.
Sara n'avait plus eu de ses nouvelles depuis un bon bout de temps et ne voulait plus avoir de contact avec elle, ni avec son frère. Elle se dirigeait vers la sortie rapidement quand elle entendit des pas qui couraient derrière elle. Elle eut juste envie de fuir, sachant que c'était Khady qui la suivait.
- SARAAAA
Cette fois, elle n'avait pas le choix. Elle s'arrêta et se retourna lentement, essayant de sourire.
- Khady.
Elles se firent la bise en s'échangeant quelques civilités.
- toutes mes félicitations pour la soutenance. Je suis arrivée en retard mais je tenais quand même à te féliciter avant de partir
Sara sourit, ne comprenant pas
- Merci Khady. Je suis touchée que tu te sois donnée autant de mal. Mais...enfin, comment as-tu su que je devais soutenir aujourd'hui.
Khady la regarda, étonnée.
- c'est Médoune qui m'a appelé pour me le dire. Je...enfin, je pensais qu'il t'avait appelé pour te...ta mère l'a dit à ma maman. Et comme je devais venir sur Paris, je suis passée...
Devant la mine toujours surprise de Sara, elle sembla comprendre et secoua lentement la tête.
- tu es là depuis quand ? demanda-t-elle finalement
- une dizaine de jours...
Elle sortit une enveloppe de son sac et la lui tendit
- Médoune m'a demandé de te remettre cela.
Sara regarda l'enveloppe, pas décidé à la prendre.
- il...m'a dit de te transmettre toutes ses félicitations et...
Elle semblait gênée tout d'un coup et Sara sourit, pour essayer de la mettre à l'aise.
- Khady, ne t'en fait pas voyons. Je n'ai plus aucun contact avec ton frère et c'est pourquoi ta présence ici m'a un peu surprise. Mais...
Khady l'interrompit
- merci Sara. Je sais que j'aurais dû t'appeler plus souvent pour...Mais, je veux que tu saches que maintenant tout va bien.
- Khady...je t'en prie. C'est du passé et je suis contente que tu t'en sois sortie.
Khady la prit dans ses bras un moment, avant de lui annoncer :
- je me marie au mois de Décembre à Dakar et tu recevras ton carton d'invitation.
Sara sourit
- toutes mes félicitations. Je viendrais avec plaisir ma chérie.
Il y eut un petit silence gêné.
- Heuu..Sara...toi et Médoune...je crois que vous devriez parler...
- Khadyy...l'interrompit-elle
- Ecoute-moi. Il t'aime Sara. Même s'il ne le reconnait pas. Je sais qu'il t'aime. Et Je veux que vous discutiez. Il m'a révélé qu'il regrettait beaucoup de chose entre vous et que si c'était à refaire, il changerait plein de choses. Et toi aussi, si tu ne l'aimais pas, tu ne ferais jamais ce que tu as fait pour moi et...
- Khady...je t'en prie. C'est du passé...et...
- Appelle-le sinon, il va faire une bêtise Sara...
Elle soupira
- Khady...je suis un peu pressé et...si tu es là pour parler de lui, je crois...
Khady finit par laisser tomber devant l'air déterminé de Sara avant de lui tendre à nouveau l'enveloppe.
- tiens. Prend ça.
Sara hésita encore
- je t'en prie. Je lui ai promis de te le remettre
Sara prit l'enveloppe par politesse avant de la regarder. Elle semblait gênée, mais Sara n'avait pas envie de la mettre à l'aise.
- Sara...je
- Khady, ce n'est rien. Encore merci de t'être déplacé. Je dois y aller. A la prochaine.
Elle n'avait plus envie d'allonger cette entrevue et sans plus attendre, elle se retourna pour repartir. Médoune c'était maintenant du passé pour elle. Oui. Toutes les plaies se guérissent. Donc cette plaie, elle allait la soigner et en guérir. Il n'était plus question pour elle de reparler ou d'être en contact avec son ex. il lui avait gâché tellement de chose. Elle rangea l'enveloppe dans son sac et l'oublia.
D'un coup, tout lui revint. Ces derniers mois avaient été difficiles. Pénibles. Tandis qu'elle marchait vers chez elle, elle se revit ses derniers mois. Ces mois sans Vincent. Ça faisait 6 mois qu'ils avaient rompu. Elle avait pensé, espéré qu'il lui fallait juste un peu de temps pour digérer. Mais non. Vincent lui avait fait comprendre que c'était fini. Qu'il avait déjà vécu une trahison avec une femme qui en aimait un autre et qu'il n'était plus prêt à revivre cette situation. Pendant un temps, elle s'était évertuée à lui dire qu'elle l'aimait et qu'avec Médoune c'était du passé. Elle lui avait demandé encore et encore de lui pardonner. Mais en vain. Finalement elle avait laissé tomber. Après tout ce temps, elle avait encore mal. Même des mois après. Elle ne voulait plus se souvenir. Elle était passée à autre chose. Ses études, son stage, son mémoire. C'était plus important que tout pour elle. Vincent et Médoune ne devaient pas la perturber. C'était fini.
Elle avait terminé et rentrerait le plus rapidement possible malgré les propositions d'emploi qu'elle recevait. Avec sa boite, ça avait été claire. Elle devait revenir.
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Sara pressa le pas. Elle avait encore tellement de choses à faire. Son vol était pour le lendemain et elle n'avait même pas encore commencé à ranger ses valises. Une fois devant l'immeuble de Vincent, elle hésita. Encore une fois. C'était la deuxième fois qu'elle venait jusque-là. La semaine dernière elle avait rebroussé chemin, ne se sentant pas le courage de le revoir. Mais aujourd'hui, elle devait y aller. Elle ouvrit son sac et vérifia que l'enveloppe qu'elle devait lui remettre était bien là. L'enveloppe qui contenait le chèque. L'argent qu'il lui avait donné. Les trois millions. Elle sacrifiée ces derniers mois. Elle n'avait pas touché à ses indemnités de stage, ne s'était plus acheté un habit, n'avait plus fait de dépenses inutiles depuis qu'elle s'était résolu à rembourser cet argent. Plus de sorties, plus de restau. Rien. Elle avait juste pour objectif de rembourser. « Opportuniste » Ce mot la hantait. La blessait. Profondément. Et Vincent l'avait traité d'opportuniste. Parce qu'elle avait pris son argent. C'est pourquoi aujourd'hui, elle se sentait plus légère. Elle allait lui rendre cet argent. En attendant de rentrer pour récupérer le bijou et le lui envoyer.
Elle partait le lendemain, deux mois après sa soutenance. Après avoir réglé tous les détails. Elle allait reprendre son travail une fois à Dakar, après avoir refusé pas mal d'offres. Son profil semblait intéresser pleins d'employeurs. Mais sa décision était prise. Elle ne voulait plus rester ici.
Une fois devant l'appartement, elle hésita encore à sonner, le cœur battant. Elle aurait voulu juste glisser la lettre, mais elle se dit que ce n'était pas très prudent. Finalement, elle appuya nerveusement sur la sonnette et attendit. Soudain, la porte s'ouvrit sur une belle jeune dame en robe très légère qui dévoilait presque la totalité de sa poitrine. Sara hésita.
- Bonjour ? Vous désirez ?
Elle se ressaisit et essaya de sourire.
- heuu...je voudrais parler à Vincent...dit-elle tranquillement
La jeune femme fronça les sourcils et l'observa étrangement.
- Et qu'est-ce que tu lui veux à Vincent ? demanda-t-elle, le sourcil levé
Sara sentit son cœur battre fort dans sa poitrine, mais se ressaisit rapidement. C'était fini entre eux, il pouvait faire ce qu'il voulait. Mais elle ne pouvait empêcher cette pointe de jalousie percer son cœur. Surtout que la fille était juste magnifique. Elle ouvrit son sac pour sortir l'enveloppe.
- pouvez-vous lui remettre cela.
Elle prit l'enveloppe qui ne portait aucune inscription.
- Dites-lui que c'était de la part de Sarata...
L'évocation de son nom sembla piquer la jeune femme qui se mit encore à l'observer bizarrement
- ha...c'est toi Sara...
Soudain, Sylvie surgit derrière la jeune femme.
- Sara...
Sara sourit à la vielle dame, prête à lui faire la bise, mais le visage fermé de cette dernière à sa vue la bloqua.
- la profiteuse...
Sara eut l'impression d'être giflée. Dominique croisa les bras et la toisa.
- je savais tout cela. Je l'avais dit à Vincent. Dès que je t'ai vu j'ai su que tu étais avec lui pour son argent. Mais lui ne me croyait pas. Le pauvre. Vous les sénégalaises vous êtes comme cela...si tu es là pour le voir tu peux partir.
Sara ouvrit la bouche pour parler, mais se retint. Elle n'aurait pas dû venir.
- EN fait, elle est venue apporter cela à Vincent, dit la jeune femme en lui tendant l'enveloppe.
Dominique prit la lettre avec une moue dédaigneuse.
- une lettre d'excuse ? Ou tu veux encore de l'argent ?
Sans voir ce qu'il y avait dedans, elle déchira l'enveloppe en deux et jeta le reste sur le pas de la porte. C'était trop pour elle. Sans attendre, Sara tourna les talons et sortit de l'immeuble, les larmes aux yeux, le cœur gros. Elle se sentait submergée. Essuyant rapidement ses larmes, elle s'engageant dans la rue, la tête baissée quand elle bouscula un monsieur qui venait.
- mais vous ne pouvez pas faire att....
Avant même de le voir, elle avait reconnu le parfum. Levant la tête en reconnaissant la voix, elle croisa le regard surpris de Vincent. Il n'avait jamais été aussi beau. Il avait laissé pousser ses cheveux et semblait plus mince, plus svelte. Plus une barbe qui lui allait à merveille.
- Sara...mais...qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu pleures ? Ça va ? demanda-t-il un peu paniqué
Elle essuya rapidement son visage et essaya de sourire.
- Salut Vincent...je...oui, ça va...j'étais...je voulais te remettre quelque chose mais ta mère l'a déchiré et...
Sa voix tremblait et elle se retenait.
- Ma mère ? Mais elle est où ? demanda-t-il surpris
- chez toi...avec ta...copine, ou ta femme, je ne sais pas...
Elle s'arrêta donc un moment pour respirer un grand coup, essuyant encore les larmes qui ne voulait décidemment pas s'arrêter. Elle sourit difficilement
- Ce n'est rien...Je te referais un autre chèque ou si tu me donnes...
Il la prit par les épaules
- Sara...calme-toi voyons...de quoi tu me parles comme ça ? Viens avec moi...tu vas te calmer et on va parler tranquillement
Elle se dégagea rudement.
- Non...lâches-moi. Je...et puis laisse tomber...
Elle le contourna et voulut poursuivre son chemin
- Sara...attend...
Elle se retourna brusquement
- tu n'avais pas le droit Vincent...Tu...n'avais pas le droit de me traiter d'opportuniste. Et de le dire à tout le monde comme cela. Je n'étais pas avec toi pour de l'argent...tu le sais.
Sa voix tremblait et elle avait l'impression de vouloir exploser
- tu es allé dire partout que j'en voulais à ton argent. Ahmed, tes amis...Camille, même ta mère. J'ai été éduqué dans la dignité. Quand je te demandais cet argent je t'ai bien dit que je te rembourserais. Et je l'ai fait. Je vais te rendre ton argent. Et une fois à Dakar, je te rendrais ton bijou.
- Sara...Je t'en prie...murmura-t-il en s'approchant d'elle.
Elle recula
- Tu as le droit de ne pas me croire quand je te dis que je t'aime, mais tu ne peux pas me traiter d'opportuniste...non...nonn
Incapable de continuer, elle tourna les talons et continua son chemin. Cette fois, il ne la suivait pas et elle courut presque pour s'éloigner encore plus de lui. Durant tout le trajet, elle eut l'impression que son esprit ne pouvait rien capter. Trop sonnée pour réfléchir.
Une fois chez elle, elle prit une longue douche et repensa à tout ce qui s'était passé. Que des échecs. Et quels échecs. Les hommes qui étaient passé dans sa vie l'avaient complètement anéanti. Elle avait l'impression qu'elle était au bout du rouleau. Sentimentalement. Vincent. Qu'est-ce qu'il avait bien pu aller raconter à sa mère pour qu'elle lui crache ce genre de choses à la figure.
La sonnerie de son téléphone l'interrompit. Elle fut tentée de ne pas répondre, mais quand elle se rendit compte que c'était sa mère, elle décrocha rapidement.
- Mamannn...cria-t-elle, essayant de masquer sa peine.
- Ma fille chérie, tu range tes bagages ?
Elles discutèrent légèrement un moment et Sara sentit qu'elle voulait lui dire quelque chose.
- Maman, tout va bien ? Finit-elle par demander.
Elle l'entendit soupirer et elle eut peur.
- Maman ?
- En fait Sara, comme je ne t'ai pas entendu en parler, je ne sais pas si tu es au courant...
- Non, c'est à propos de quoi ? demanda Sara curieuse.
- Médoune s'est marié hier...
Elle n'avait pas compris.
- c'est qui Médoune ? demanda-t-elle doucement.
- Médoune Ndiaye...ton ex-mari. J'y étais hier toute la journée.
L'information prit du temps pour arriver à son cerveau.
- Ah...c'est super...se contenta-t-elle de dire simplement. Et papa comment il va ? ne lui dit pas que j'arrive. Je vais lui faire une belle surprise.
- Ne t'en fais pas. Je ne lui ai rien dit.
Elles discutèrent un moment avant qu'elle ne raccroche. ...
Elle mit la musique et se coucha, espérant que le son allait envahir tout son esprit et l'emepcher de penser. De réfléchir. Mais non. Elle avait cette impression que son cœur allait sortir de son corps. C'était trop. Médoune. Marié. Elle se mit tout à coup à rigoler nerveusement. Toute seule. Elle avait fait tellement pour lui. Pour qu'il guérisse. Et il s'était remarié avec une autre. Elle rigola encore. Encore plus nerveusement. Elle se remémora ses années d'adolescence ou elle ne vivait que pour lui, son mariage, leurs rares moments de joie, sa maladie, le divorce, son trajet vers la Casamance, son périple pour rencontrer la tante de Médoune, tout l'argent qu'elle avait donné. Tout ça pour ça. Elle rigola encore. Et encore.
Affalée sur le lit, dans un état presque second, elle n'avait pas entendu les premières sonneries. Quand le visiteur insista, elle se leva, et ouvrit. C'était Vincent. Ils se regardèrent un moment et avant qu'il ne place un mot, elle referma la porte et tourna la clé. Elle ne voulait pas le voir, ni lui parler.
- Sara, je t'en prie, laisse-moi entrer. Je veux te parler.
Elle ne disait rien, toujours adossée à la porte.
- Sara, je t'en prie. S'il te plait.
Sara se leva lentement de se dirigea vers sa chambre et se coucha. Elle voulait dormir. Elle avait soudain sommeil. Elle ne voulait plus voir les choses en face. Elle voulait dormir. Oublier. Se reposer. Elle entendait la voix de Vincent à travers la porte. Mais elle devait dormir. Elle ne voulait parler à personne. Surtout pas à Vincent. Demain. Demain, elle serait chez elle. Et tout ceci serait terminé. Elle finit par s'endormir. Elle fut réveillée par le bruit de coups frappés à sa porte. Regardant dehors, elle vit qu'il faisait nuit. Il était presque 20 h. elle avait dormi presque 5 heures de temps. La réalité la submergea et elle repensa rapidement à sa conversation avec sa mère. Médoune s'était remariée. Les coups à la porte ne lui donnaient pas le temps d'y réfléchir plus longtemps. Elle entendait la voix de Camille qui s'égosillait derrière la porte. Elle finit par ouvrir et la trouva assise sur le pas de la porte, tambourinant d'une main. Elle ne put masquer sa surprise en trouvant aussi Vincent, assis dans un coin du couloir. Pendant tout ce temps, il était resté là à attendre qu'elle se décide à ouvrir. Camille entra dans l'appartement de suite en râlant sur sa longue attente pendant que Vincent s'était aussi levé pour s'approcher lentement d'elle. Elle sortit et referma légèrement la porte, voulant en finir une bonne fois.
- Oui...
Le ton était sec et elle ne voulait pas s'éterniser.
- Sara, il faut juste qu'on parle. Je t'en prie.
Elle soupira.
- je ne veux pas parler. Je suis fatiguée et...j'ai des choses à faire. Une autre fois ? proposa-t-elle en essayant de garder son calme
Vincent sourit en s'approchant
- une autre fois où ? Camille m'a dit que tu rentrais demain.
Sara haussa les épaules.
- au téléphone alors...
- Je n'arrive plus à te joindre. Soit tu m'as bloqué, soit tu as changé de numéro. Je ne parviens plus à te joindre. J'ai essayé plusieurs fois de t'appeler. Depuis des mois, j'essaye de t'appeler. En vain.
Oui, à Orléans, elle avait perdu son téléphone et avait finalement choisi de changer d'opérateur et de numéro. Elle n'avait gardé que les contacts qu'elle voulait joindre. Les autres étaient dans le répertoire, mais elle n'en avait contacté personne. Ni Médoune ni Vincent.
- Vincent...tu avais été très clair. Tu ne voulais plus entendre parler de moi. J'ai respecté ton choix. Commença-t-elle, ne voulant pas entendre toutes ses explications
- Je sais Sara, mais j'ai réfléchi...en fait, j'avais voyagé Sara. A mon retour, tu étais déjà parti et je ne savais ou te joindre, ni ou te trouver.
Sara le regardait sans rien dire un moment avant de retourner rapidement dans sa chambre pour sortir un chèque qu'elle remplit rapidement avant de sortir le retrouver encore sur le pas de la porte.
- Tiens...ton argent. Et je te remercie encore pour tout.
Il recula, refusant de prendre le chèque.
- Sara...je ne suis pas venu pour cela
Sans rien dire, elle s'approcha résolument de lui et lui fourra le chèque dans la poche de sa veste. Elle allait tourner le dos quand Vincent la retint
- Sara...
C'était trop. Elle en avait marre.
- Vincent, je t'assure qu'aujourd'hui j'en ai pris plein la gueule. Je...n'en peux plus. Je suis fatiguée. Je n'ai aucune envie de parler avec toi. Donc, je t'en supplie...une autre fois.
Le ton était triste et elle avait le cœur lourd et les larmes aux yeux. Pas pour les bonnes raison, mais s'il insistait, elle allait pleurer. Pensant que c'était à cause de lui, il la lâcha et elle rentra chez elle, le laissant sur le pas de la porte, sans un regard.
- il est parti ?
Sara sourit légèrement à Camille qui était juste derrière à écouter. Curieuse. Elle enchaina en lui parlant de leur rencontre devant la porte.
- tu sais, je pense qu'il faut peut-être que tu acceptes de lui parler. Il n'est pas...
Sara regarda Camille d'un air qui la dissuada de continuer. Camille avait été son soutien pendant tout ce temps. Un soutien sans faille. Leur relation s'était solidifiée et Sara la considérait comme la sœur qu'elle n'avait jamais eue. Elle était au courant de tout. Et plusieurs fois, elle était allée passer le weekend avec elle juste pour papoter. Et un weekend, elles avaient décidé de ne plus parler ni de Vincent, ni de Médoune. Ni d'aucun homme d'ailleurs.
- ok, c'est bon j'arrête. Mais bon, j'ai parlé avec lui longtemps tu sais. Et je comprends un peu son point de vue et il dit qu'il tient à toi et qu'il...
- CAMILLEEE...c'est bon...l'interrompit Sara,
La détermination de Sara sembla enfin la décourager et elle changea de sujet. Sara essaya de rigoler à ses blagues, plaisanta sur sa relation avec Jules, lui apprit encore une fois quelques pas de mbalakh, mais le cœur n'y était pas. Elle avait mal. Revoir Vincent avait été douloureux, même si elle refusait de l'admettre. Son histoire avec lui s'était mal terminée et elle en gardait un gout amer. Plus amer peut-être que son divorce avec Médoune car au moins avec Médoune elle avait senti les choses venir. Mais avec Vincent c'était le coup de massue. Alors qu'elle était prête, alors qu'elle se voyait marier avec lui, alors qu'elle...l'aimait.
Camille resta avec elle et au moment de partir, Sara ne put s'empêcher d'avoir le cœur gros et de verser quelques larmes
- tu vas vraiment me manquer ma princesse Sara...
- toi aussi, sourit-elle pour se ressaisir.
Elles se firent un long câlin et Camille finit par ouvrir la porte pour partir. Mais au moment de la refermer, elle se retourna vers son amie.
- Sara...essaie de lui parler.
Sara la regarda bizarrement, se contentant juste de l'écouter, faisant mine de ne pas comprendre ce qu'elle disait
- Vincent...essaie de lui parler.
Sara soupira
- Camille, je t'en prie...
- Ok OK...je laisse tomber. Mais réfléchis quand même...
Sara ferma la porte et retourna à ses préparatifs, appréhendant l'avenir.
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