Partie 1
Sara se regarda encore dans le miroir. Une grimace. Elle était trop apprêtée. Pour juste des salutations. Non ce n'était pas juste des salutations. Enfin...
Finalement elle attacha ses longs cheveux en un chignon qui tirait son visage avant de troquer son magnifique jean qui moulait ses formes pour un pantalon en lin, plus décontracté. Elle appliqua finalement un peu de gloss avant de sortir. Au pas de la porte, elle entendit sa mère crier, impatiente.
- mais Sara qu'est-ce que tu attends pour venir dire bonjour ?
Elle sentit son cœur sur le point de lâcher. Mais qu'est ce qui lui prenait donc. Elle respira fort pour essayer de se ressaisir. En vain. Elle ne pouvait calmer les battements frénétiques de son cœur. Et elle manqua de défaillir quand elle entendit sa voix rauque s'adresser à sa mère. Médoune. Leur voisin. Il était en vacance. Celui qui faisait battre son cœur en secret depuis maintenant tellement d'années. Elle sentit les regards se tourner vers elle et vit le sourire de Médoune s'agrandir. Mon Dieu qu'est qu'il était beau. Plus que dans ses souvenirs. Beaucoup plus même. Elle essaya de sourire et d'afficher un air qu'elle voulait naturel.
- hééé ma petite sœurette...
Elle sourit. Médoune se leva vivement et vint l'enlacer tendrement. Elle voulut s'écarter de peur qu'il ne sente les battements désordonnés de son cœur. Car oui à ce moment, elle sentait bien que ce muscle voulait sortir de sa poitrine pour parler à sa place. Traitre.
- héé mais dis donc tu as grandi hein. La dernière fois tu étais encore une toute petite fille.
Elle sourit, toujours incapable d'articuler le moindre mot. Elle le regardait tandis qu'il se lançait dans un grand débat avec sa mère sur les années qui passent vite. Heureusement que sa mère était là et que personne ne remarquait son silence. Troublant. Son cœur rata un battement quand il se retourna brusquement vers elle pour lui pincer la joue.
- Alors Sara ? Et tes études ? Tu fais quelle classe maintenant ?
- heuu...je vais faire la terminale à la rentrée, réussit-elle quand même à articuler malgré son émotion
- mais c'est super. Continue. Je te souhaite d'avoir le bac. Ne fais pas comme Khady qui a décidé de laisser tomber ses études. Cette fille je ne la comprendrais jamais
Il se tourna à nouveau vers sa mère pour parler de sa petite sœur. Khady. Elles avaient le même âge et étaient bonnes amies. Sans plus. Sara avait une éducation stricte. Sa mère la suivait au pas. Tout le contraire de Khady qui malgré la surveillance, avait un culot incroyable et réussissait toujours à sortir et à n'en faire qu'à sa tête. Elle avait une mauvaise réputation et sa mère lui interdisait de la fréquenter.
-Bon maman Fatou j'y vais. Ça a été un plaisir de te revoir. Tiens, un petit cadeau pour toi
Médoune tendit à Mère Fatou un sachet, malgré les protestations de cette dernière
- mais Médoune toi aussi à chaque fois tu me ramènes quelque chose il ne faut pas voyons.
- mais non...c'est la moindre des choses. Déjà que je ne viens pas souvent. Il faut au moins que je fasse un petit geste pour mes mamans du quartier.
Sara elle restait toujours silencieuse, se délectant de cet échange, non, plutôt de la voix rauque et chaude de Médoune. Jusqu'à ce qu'il interrompe ses pensées
- Sara j'y vais. Toi aussi ça a été un plaisir de te revoir.
- haaa...heuuu
Elle bafouilla des paroles incompréhensibles. Heureusement que Médoune s'était déjà tourné vers sa mère pour aborder encore un autre sujet. Elle se contenta de hocher la tête. Mon Dieu, mais pourquoi elle ne parlait pas ? Pourquoi n'arrivait-elle pas à discuter avec lui. Non, discuter même c'est trop demander. Aligner une phrase. Tout simplement. Essayer d'attirer son attention. Qu'il remarque que la petite fille a grandi. Et dire que depuis que Khady lui avait dit au détour d'une brève conversation lors d'une rencontre à la boutique que Médoune devait venir en vacance, elle ne cessait de rêver à cette rencontre. Elle s'imaginait comment il allait être étonné de voir son changement, car oui, elle devait reconnaitre qu'elle avait changé. Depuis que Médoune était parti il y a trois ans pour continuer ses études en France, la squelettique Sara avait fait place à une jeune fille toute belle, au magnifique teint caramel et avec des formes harmonieuses. Sara était charmante et attirait le regard. Enfin, presque tous les regards car à part une petite remarque sur le fait qu'elle ait grandi, Médoune n'avait pas eu l'air d'avoir remarqué autre chose. Elle suivit sa mère qui raccompagnait ce dernier en continuant à discuter tranquillement.
- Mais mon fils, qu'est ce que tu attends pour prendre une femme ? demanda sa mère, faisant relever brusquement la tête de Sara
Médoune partit d'un grand éclat de rire.
- mais on dirait que vous vous êtes passé le mot cette année. Mais maman, je viens juste de commencer à travailler, et puis là bas avec le travail prenant et...
- Mooo ce ne sont que des excuses.
Sara écoutait la conversation, soulagée de ne pas l'avoir entendu dire que c'était pour bientôt ou encore qu'il avait trouvé la perle rare. Il prit congé après quelques minutes de tergiversation avec sa mère.
- Sara on dirait que tu as perdu ta langue. Et puis tu es toute pimpante. Tu compte sortir ? dit sa mère qui venait de la remarquer.
- mais...heu...je vais voir Louise, mentit-elle
- il est tard. Attend demain.
Comme si elle n'attendait que le refus de sa mère, elle courut dans sa chambre, se réfugier dans son lit avec un petit sourire. Elle l'avait revue. Médoune. Son Médoune.
Rien n'avait changé. Quand il y a une dizaine d'année, ils avaient aménagé dans ce quartier résidence avec toute sa famille, elle était encore une petite fille d'à peine 7 ans. Ils avaient quitté Thiès à la faveur d'une promotion de son père qui avait bénéficié d'une affection. Le nouveau quartier était magnifique et les gens étaient sympathiques. Elle avait un grand frère Souleymane, et un autre petit frère Elhadj. Sa mère s'était vite liée d'amitié avec tata Madeleine, la mère de Médoune. Cette amitié avait renforcé les liens entre les deux familles et Souleymane, qui avait le même âge étaient toujours fourrés ensemble. Les deux adolescents avaient tissé des liens étroits malgré leur différence de caractère. Médoune était de nature calme et assez renfermé tandis que Souleymane était tout le contraire. Mais ils s'entendaient et ceci entrainait que Médoune était souvent à la maison.
Aussi longtemps qu'elle se souvienne, Médoune avait toujours été un...idole. Il était tellement beau, tellement grand, tellement souriant. Oui, aussi loin que remonte ses souvenirs, elle avait toujours eu des sentiments pour lui. D'abord d'admiration dans son cœur de petite fille, puis progressivement, plus elle grandissait, plus à chaque fois qu'elle voyait Médoune, elle sentait son cœur battre. Si au début, elle se laissait aller avec lui, se laissant soulever, tourner en l'air comme une petite fille qu'elle était, plus le temps passait, plus elle ne le pouvait plus. Trop intimidé au fil du temps. Elle ne le voyait plus comme le grand frère, mais plus comme l'homme, développant par la même occasion de forts sentiments. Un peu trop fort pour attribuer appeler cela sentiments fraternels. Le sobriquet de « sœurette » qu'il lui avait collé n'avait rien changé. A 11 ans, elle écrivait dans son journal secret que son amour s'appelait Médoune. Médoune était comme...ancré en elle. Elle avait grandi avec lui. Elle le voyait tous les jours. Même s'il ne lui accordait parfois aucune attention, rien que le fait de le voir, de l'entendre discuter avec Souleymane, le sentir dans la maison, lui faisait un effet bizarre.
Malheureusement son caractère discret et timide ne lui permettait d'en parler à personne. Et puis à cet âge avait-elle vraiment le droit de ressentir ce genre de chose ? Et c'est à ses 11 ans également que Souleymane était parti continuer ses études aux Etats-Unis le bac. Malheureusement pour Médoune qui avait aussi réussi son examen avec brio la même année, avait été confrontée à des problèmes familiaux. En effet son père était malade et étant l'ainé, il ne pouvait partir et laisser sa mère seule. Donc malgré sa préinscription pour le Canada, il avait choisi de rester, et juste après, son père était décédé. Il avait finalement choisi de s'inscrire dans une école polytechnique ou après 3 ans, il avait finalement été accepté pour continuer son cycle d'ingéniorat dans une prestigieuse université française.
Et depuis, le temps passait et Sara ne pouvait s'ôter de la tête Médoune. Elle se rapprochait parfois de Khady, sa sœur ou rendait visite à tata madeleine rien que pour avoir de ses nouvelles. Pour voir s'il allait bien, si tout se passait bien pour lui. Elle grandissait avec ça. Ne faisant aucun effort pour refréner ses sentiments. La belle jeune fille qu'elle était devenue attirait tous les regards. Les femmes l'appréciaient pour sa gentillesse et son sourire presque ancré sur son visage, tandis que les hommes ne pouvaient s'empêcher de remarquer sa belle taille, ses magnifiques yeux en amande d'un marron foncé, son nez droit qu'elle tenait de sa mère.
Maintenant, elle avait 17 ans et ne pouvait s'empêcher de croire que cette fois ci, il la remarquerait. Qu'il verrait qu'elle n'était plus la petite fille qu'il avait laissée. La livre à l'eau de rose qu'elle lisait en permanence ne l'aidait pas vraiment à croire qu'elle n'était pas vraiment dans un conte de fée et que les choses ne se passaient pas forcement comme elle le souhaitait. Non, elle était encore dans son petit monde, se projetant dans un futur avec son Médoune un peu rêveuse sur les bords. Et l'attitude de Médoune aujourd'hui ne l'avait pas découragée. Au contraire. Elle y croyait. Il était là pour un mois et demi et elle était persuadé qu'il se passerait quelque chose entre eux.
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Médoune ferma rageusement la porte de sa chambre. Il commençait sérieusement à en avoir marre de ce défilé incessant de cousines, de filles d'amies de sa mère, de...pfff. Sa mère commençait à l'énerver avec son acharnement à vouloir lui trouver une épouse. Il ne songeait pas à se marier. Un point c'est tout. Il ne le ferait jamais. son téléphone sonna à ce moment. Il sourit en voyant l'appelant
- hé mon frère...dit-il joyeusement
- bro comment tu vas ?
Souleymane. Ils ne pouvaient rester une semaine sans se parler.
- Bah, je vais bien, à part ma mère qui essaie de me refiler toutes les filles de Dakar
Souleymane partit d'un grand éclat de rire
- mais ça c'est le top bro. Je suis sure qu'elle choisit les plus belles en plus. Arrête un peu d'être coincé. Je me demande ou passe toutes les leçons que je te donne. Attaque.
Médoune ne put s'empêcher de sourire, adhérant sur le champ à sa bonne humeur.
- toi tu ne changeras jamais. Toujours à courir derrière les filles.
- et comment ? Surtout qu'ici il y en a pour tous les gouts. Dis...tu as vu ma mère ?
- Oui, j'y suis allé la dernière fois et on a beaucoup parlé de toi.
- ohh...c'est fou comme ma famille me manque. Et comment vas Sara ? Et Elhaj ?
- j'ai vu Sara mais Elhadj non. Et ta mère se porte comme un charme.
- comment elle va la petite Sara
Médoune partit d'un éclat de rire
- elle est tout sauf petite maintenant. La sœurette a vachement grandi.
- ha oui ?
Ils discutèrent ensuite de tout et de rien. Souleymane avait laissé tombé ses études pour travailler car incapable de payer les frais de scolarité. Maintenant, il était en situation irrégulière, ce qui l'empêchait de rentrer au Sénégal. Mais ils avaient quand même gardé le contact. Avant qu'il ne termine, on frappa à sa porte et sa petite sœur Khady passa doucement la tête
- Médoune, viens répondre à maman.
Il soupira et prit congé de Souleymane avant de se diriger vers la chambre de sa mère.
- mon fils, pourquoi tu as été si froid avec Zeina ?
- c'est qui Zeina ? demanda t-il en fronçant les sourcils
- la fille de tata Rougui, celle qui était là tout à l'heure.
Il soupira et essaya de se souvenir du visage, pourtant très jolie de... Zeina.
- mais je lui ai dit bonjour maman. Qu'est ce que tu veux de plus ?
- que tu sois plus avenant Médoune. Zeina est de bonne famille et en plus je connais bien sa mère.
- haaa...aujourd'hui c'est Zeina. Hier tu me parlais de ma cousine Kiné non ?
Sa mère leva les yeux au ciel.
- Médoune...arrête de te moquer de moi. Tu sais ou je veux en venir. Tu est en âge de te marier mon fils. Je n'ai pas envie que tu me ramène une blanche ou une jaune ou une verte. Je veux que ma belle-fille soit une sénégalaise bon teint. Et comme maintenant, il ya beaucoup de déconvenue dans les mariages, je veux veiller à te présenter une fille de bonne famille
- d'accord maman, mais qu'est ce que tu fais des sentiments ?
- quels sentiments ? Arrête tes choses de toubab là. Pourquoi tu n'aurais pas de sentiments pour Zeina ? Tu as vu comme elle est posée, calme, belle ? N'importe qui peut l'aimer. Il faut juste que tu y mettes du tien.
Médoune soupira. Fatigué. Sa mère ne comprendrait jamais. Non, il ne pouvait parler à sa mère. Ni à personne d'ailleurs. Non, ce genre de chose était tabou. Il ne prendrait jamais le risque d'en parler. A qui que ce soit. Surtout dans une société comme la sienne.
- maman, je te rassure. Je ne prendrais pas de femme blanche, ni jaune, ni verte. Je te promets. Mais pour le moment, j'ai surtout des projets d'ordre professionnel. Je ne songe pas à me marier maintenant. Comprend-moi. Le moment venu, on en reparlera. Pour le moment je te demande juste de me laisser du temps et surtout d'arrêter le défilé de mode qu'il y a dans cette maison depuis que je suis là. J'ai l'impression d'être le président de jury d'un casting pour miss. Je suis venu ici pour te voir maman, passer des moments en famille et rien de plus.
Sa mère prit un air triste, mais finit par consentir à sa requête. Médoune avait su être convaincant et surtout avait su employer le bon ton capable d'amadouer sa mère. Elle promit de ne plus lui présenter de filles pendant les 3 semaines restantes de ses vacances.
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Sara n'en croyait pas ses yeux. Non, elle devait rêver ou bien alors la chance avait décidé de lui sourire. Non, de lui rire carrément au nez. Mon Dieu. Médoune. C'était bien lui qui était assis sous un parasoleil, un peu à l'écart des groupes. Elle ne pouvait se tromper. Elle l'aurait reconnu parmi mille.
- Sarata mais qu'est ce que tu regardes comme cela ? s'exclama Sophie.
Elle se retourna brusquement en souriant
- rien rien...j'ai cru reconnaitre un de nos voisins.
C'était un dimanche et elles avaient décidées de venir à la plage pour s'amuser un peu. Bien sur, il a fallu passer par l'étape de demander la permission à sa mère. Chose qui s'était révélé être très périlleuse. Donc après moult négociation et bien sur l'aide de son père Pa Tamsir, Mère Fatou avait consenti à la laisser aller s'amuser un peu et elles s'étaient donc retrouvé à la plage de la voile d'Or pour passer un bon moment ensemble. Elles venaient juste d'arriver et commençaient à s'installer laborieusement car Sara ne cessait de tourner la tête en direction de Médoune, qui plongé dans un immense livre, les yeux cachés derrières des lunettes noires, ne semblaient pas faire attention à tout le bruit et l'agitation qu'il y avait autour de lui. Quand ses amies, impatientes, partirent finalement se jeter à l'eau, elle prit son courage à deux mains et s'approcha lentement de lui.
- salut, commença t-elle avec un grand sourire tremblant
Silence. On aurait dit qu'il n'avait pas entendu.
- heuuu....Médoune...
Entendre prononcer son nom du le faire réagir car il tourna lentement la tête, comme s'il n'avait pas envie de se séparer de la page qu'il lisait. Mais il ne disait rien, se contentant de la regarder à travers ses lunettes. Comme elle ne voyait pas ses yeux, elle ne pouvait savoir sa réaction, surtout qu'il ne disait toujours rien.
- Médoune, c'est moi...je...heuu..je suis arrivée tout à l'heure et...heu...
Il enleva lentement ses lunettes et se redressa pour mieux la regarder en se servant de sa main pour éviter le soleil
- désolé, avec le soleil, je ne...
- c'est moi Sara...Sara Camara, ta voisine.
- hhaaa...Sara. Comment tu vas ? dit-il finalement, l'air un peu plus enthousiaste.
- je vais bien.
- et ta maman ? Elle va bien ?
- Oui. Ca va.
Sara qui était toujours debout, ne sut pas quoi faire. Surtout qu'après ces brèves salutations, Médoune ne semblait pas vraiment prêt pour entretenir une longue conversation, gênant Sara qui ne savait plus quoi dire. Se rendrait compte qu'elle avait grandi. Qu'elle avait dépassé le stade ou on lui demandait des nouvelles de sa mère. Comme une enfant. Mais non. Médoune ne remarqua rien.
- Ok, Bah tu lui diras bonjour de ma part.
Sans lui répondre, elle tenta sa chance, le cœur toujours battant
- heu...je suis venue avec des amies. Ça te dirait de te joindre à nous puisque tu es seul ?
Elle vit son visage se raidir subitement et le petit sourire qu'il essayait d'afficher s'effacer.
- non merci. Je préfère être seul.
Un ange passa. Sara était au summum de la gêne. Elle bafouilla une réponse et tourna rapidement les talons, ne voulant pas rester plus longtemps. Surtout que Médoune avait remis ses lunettes noires. Et dire qu'elle avait vraiment pris sur elle pour venir lui parler, mettant de côté sa timidité et voulant quand même tenter sa chance. Quel honte. En retournant à sa tente, elle se fit aborder par un jeune homme audacieux qui lui dit qu'il la trouvait vraiment belle. Sans trop savoir pourquoi, elle jeta un rapide coup d'œil du côté de Médoune et vit que ce dernier regardait vers sa direction. Le cœur battant, elle pressa le pas, laissant en rade le jeune homme sans lui répondre.
Elle passa finalement un après-midi à déprimer et surtout à jeter d'incessants regards du côté de Médoune, qui telle une statue, restait à la même place, indifférents aux taquineries de jeunes filles qui passaient devant lui. Sophia avait remarqué le changement d'attitude de sa copine et s'était rapproché d'elle
- hé bien ma chérie. Qu'est ce qui t'arrive donc ? Et surtout pourquoi depuis tout à l'heure tu ne cesse de te retourner vers ton voisin là ?
- quel voisin ? dit-elle, jouant l'innocente
- arrête Sara. Je t'ai remarqué depuis tout à l'heure. Tu ne cesse d'observer le beau garçon que tu es allé saluer tout à l'heure
Soudain, elle en eut marre de tout garder pour elle, mais eut quand même honte de révéler que durant des années cet homme faisait battre son cœur
- tu as peut-être raison. En fait Médoune est notre voisin et il est venu en vacance cette année. Mais je dois avouer que depuis que je l'ai revue, heu...comment dire
Sophie lui fit un grand sourire
- Et moi qui commençais à désespérer. Tu es amoureuse ? C'est ça ?
Sara secoua la tête vivement
- Nonnn. Qui te parle d'amour. Disons juste qu'il me plait beaucoup, répondit-elle gênée.
Sophie se mit à lui faire un long discours et voulut la convaincre de tenter sa chance.
- arrête voyons Sophie. Il m'a toujours considéré comme sa petite sœur et ne s'intéresse pas vraiment à moi.
- Pffffff...s'il te regarde bien il verra que tu n'es plus une petite fille. Et puis tu te sous estime Sara. Tu es magnifique et n'importe quel homme rêverait d'être avec toi. Essaie toujours et si ça ne marche pas hé bien tu sauras au moins.
Sara hésita. Elle n'était pas comme cela. Elle ne prenait jamais d'initiatives. Surtout avec les hommes. Mais Sophie réussit à la convaincre d'aller lui apporter un soda bien frais. Médoune eut l'air surpris, mais la remercia quand même avant de replonger dans sa lecture, laissant Sara qui avait pris la liberté de s'assoir à ses côtés, perdue dans ses pensées. Quand elle prit congé, il lui répondit à peine.
Elle était encore en train de discuter avec Sophie, en jetant de temps en temps des regards furtifs à Médoune, quand elles le virent se lever et se diriger lentement vers elle. Sara paniqua et se leva. A ce moment, elle sentit le regard de ce dernier s'attarder sur son corps, simplement vêtu du haut de son maillot et d'un petit short.
- Sara, je rentre comme ça. Dit-il tranquillement en s'arrêtant devant elle.
Sara essaya de se ressaisir, essuyant maladroitement le sable collé sur ses cuisses.
- Heuu...
Sophie s'était levée et regardait bêtement Médoune avec un grand sourire. Sara se sentit obligée de les présenter.
- elle aussi veut rentrer, elle a des maux de tête. Je m'apprêtais à la raccompagner, mais je ne voulais pas vraiment partir...rajouta t-elle après les présentations de Sara
Cette dernière faillit l'étrangler et n'osa même pas regarder du côté de Médoune. La Honte.
- ha oui...bah prépare-toi alors. Puisqu'on part dans la même direction, répondit ce dernier au grand dam de Sara qui ne savait plus ou se mettre.
- heuuu...ok. Juste le temps de me changer, réussit-elle à articuler difficilement.
- oh toi, je vais te tuer...murmura Sara tandis que Médoune s'éloignait lentement.
- tu me remercieras plus tard ma chère. Dépêche-toi de te préparer. Ton chéri t'attend.
Elle se changea rapidement, les doigts tremblants et prit son sac avant de rejoindre Médoune qui l'attendait au bord de la route. Ils marchèrent en silence sur une bonne centaine de mètres et Sara se sentit de trop. Elle voulait placer un mot, mais ne savait pas vraiment quoi dire. Il se dirigea enfin vers une petite voiture qu'il ouvrit laissant à Sara le soin de s'installer. Le silence devint encore plus pesant dans la petite voiture et heureusement que la radio diffusait de la bonne musique.
- tu te sens mieux ? demanda soudain Médoune
- quoi ?
- je demandais si tu te sentais mieux.
Sara le regardait sans vraiment comprendre.
- tes maux de tête....dit-il finalement en souriant
Sara eut à ce moment envie de passer par la fenêtre ou de disparaitre.
- oui...beaucoup mieux.
- tu es vraiment malade ou tu avais envie de quitter tes copines ?
Elle ne sut que répondre.
- heuu...je voulais rentrer. Je suis...fatigué. Finit-elle par articuler.
Médoune se contenta de hocher la tête avec un petit sourire en coin.
- tu sais, tu vas faire la terminale. Tu devrais plus te concentrer sur tes études plutôt que de te laisser convaincre par des amies à faire des choses....
Sara se sentit tout à coup piquée au vif.
- ca veut dire quoi ?
- Sarata Niang, je suis plus âgé que toi, et je comprends vite certaines choses. Arrête avec ça. Moi je suis ton grand frère. Rien de plus.
- mais...qu'est ce que tu vas penser ? tu penses que parce que ma copine ta demandé de me ramener, je suis...heuuu
Elle était choquée. Plus parce qu'elle était découverte qu'autre chose.
- je ne t'accuse de rien. Et j'ose vraiment espérer que je me trompe sur toute la ligne. Moi les petites filles entreprenantes, c'est ce qui me révulse le plus au monde.
Il parlait calmement, les yeux fixés sur la route, le visage serré.
- je ne suis pas une petite fille.
Il sourit.
- parce que tu as pris quelques centimètres, des formes, tu penses que tu es une grande fille ?
Sara eut soudain les larmes aux yeux. Elle avait honte.
- tu as perdu ta langue.
- tu es injuste de me parler comme cela. Tu ne sais rien de moi. Tu ne me connais pas.
- c'est possible. Et je ne cherche pas à te connaitre plus que ça Sara. Tu es ma petite sœur. C'est tout.
Il se retourna soudain et la regarda
- c'est clair ?
Le cœur gros, elle ne répondit pas. Heureusement qu'ils étaient presqu'arrivée et Sara sortit rapidement de la voiture en murmurant un au revoir à peine audible. Une fois dans sa chambre, elle plongea dans son lit en larme. Jamais, elle n'avait eut aussi mal. Elle était déçue et avait l'impression que le beau château de sable qu'elle se construisait depuis des années venait de s'effondrer. Et dire qu'elle avait passé tant d'années à entretenir cet amour, qui comme venait de lui signifier clairement Médoune était juste impossible. Elle était juste sa petite sœur. Rien de plus. Elle pleura cet amour mort dans l'œuf, cet espoir envolé, cette flamme éteinte. Elle se promit de tourner cette page et surtout de ne plus se laisser prendre comme cela aux jeux de l'amour.
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