Attablés joyeusement autour de divers plats, tous mangeaient à leur faim et clavardaire de tout et de rien, passant sur divers sujets plus ou moins argumentés par les convives. À mes côtés, Jacob écoutait sans en placer une, restant plus intéressé par sa nourriture que le débat sur les prononciations quant au mot "crayon de papier". Il avait de l'appétit, et je tenais à lui demander s'il appréciait les préparatifs de ma maman et s'il en revoulait, goûtant à tout sans hésiter. Certes n'était-il pas très bavard en temps normal mais je prenais son long silence comme une appréciation continue des différents plats présentés sur la table allant du foie-gras accompagné de confitures de figues ou encore à la volaille en sauce qui avait prit beaucoup de temps à confectionner.

"- C'est absolument succulent madame Moon, affirma l'invité féminine en attrapant son poignet pour l'en féliciter avant de redemander un peu de pain à son mari.

- Oh ce n'est trop rien... J'ai toujours aimé cuisiner et puis Kevin n'est pas très difficile, contrairement à son père, dit-elle avant de caresser la joue de mon papa en rigolant.

- Jacob n'a pas trop été exigeant ?, s'inquiétait la blonde en regardant son enfant assis à mes côtés.

- Oh non... Il faut dire que Kevin m'a quelque peu aidé pour tenter de nouveaux plats et lui faire plaisir !"

       J'avais rougis net alors que la mère Bae posait un regard chaleureux sur moi, me remerciant sûrement silencieusement de ravir les papilles gourmandes de mon ami. Puis elle reprit sa fourchette en main avant de faire une réflexion qui me chamboula :

"- Quand j'ai connu Kevin, il venait des cafés à la main à la maison pour prendre des cours avec Jacob. Il, regardant furtivement son fils, ne tenait plus en place avant chacuns de leurs cours, une vraie puce ! "

     Tous rigolèrent autour de la table, mais ma seule réaction avait été d'attraper la main du blondinet sous la table pour la serrer. Sa maman venait d'exposer un fait qu'il aurait sûrement voulu caché. Mais ce n'est pas pour le rassurer que je le faisais, mais mon cœur se serrait à l'entente de cette phrase, car Hyunjae était arrivé juste avant. Comment réagissait-il quand il venait ? Était-il aussi content ? Comment était-ce tout simplement ?

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      Nous avions, d'un commun accord, décidé d'ouvrir les cadeaux demain matin, étant tous fatigué. Vers les vingt trois heures, nous remontions enfin dans nos chambres avant nos parents respectifs. J'avais baillé à m'en décrocher la mâchoire tant la fatigue m'avait assailli et que la nourriture m'avait si délicieusement rassasiée.
     En haut des escaliers, je m'étirais comme un chat, ressentant tout mes muscles réagir à ce simple geste. Puis je sentis un guillit sur mon flanc, mon blondinet réclamait de l'attention et je lui en donnais, venant embrasser son front doucement et chaleureusement.

"- Jacob ?, il releva la tête vers moi, les yeux d'une puissance hypnotique inattendue que j'en perdit pendant quelques secondes ma question, ce que ta maman à dis tout à l'heure, son visage s'empourpra lentement avant qu'il ne se gratte l'arrière de la tête en souriant bêtement, et Hyunjae dans tout ça ?"

      Son sourire disparu aussi vite que sa tête s'était redressée. Il paraissait stressé et paniqué, ses yeux cherchant constamment une accroche dans les miens, ses lèvres tremblants discrètement.

"- Oh non Kevin, tu ne penses pas...

- Penser quoi ?, m'étonnais-je en fronçant les sourcils.

- C'est du passé, ne t'en inquiète pas.

- Tu l'aimes ?

- Non, bien sûr que non !

- Tu l'as aimé ?, il secoua vigoureusement la tête, une mine triste sur le visage comme si je le blessais, et moi ?"

     Il arrêtait tout mouvement, même sa respiration semblait avoir disparu. Je voulais l'entendre dire, qu'il me dise réciproquement ce que je ressentais, que nous soyons sur la même longueur d'onde, que je ne sois pas le seul de nous deux à aimer, à sens unique.

"- M'aimes.. tu ?"

      Il hocha la tête, lentement, sans me lâcher une seule seconde du regard. Mon cœur s'en emballa, et mon corps prit son propre contrôle, venant agripper sa nuque d'une main et de l'autre ses reins, le voulant plus proche que jamais, mes lèvres retrouvant leur jumelle sauvagement tandis qu'il s'accrochait à ma chemise en répondant à mon baiser. Il perdait l'équilibre peu a peu, m'entraînant inconsciemment dans sa chute, puis nous rencontrions sa porte, froide et dur. Le choc ne nous ébranlant pas, j'ouvris à tâtons da poignée avant de nous faire rentrer dans la chambre, toujours collé l'un à l'autre, semblant ne plus vouloir nous décoller. J'avais presque l'impression que mon palpitant battait à l'unisson du sien, nos langues danser harmonieusement et notre envie similaire.
     La nuit allait être longue.