Chapitre 8
Je marchais d'un petit pas pressé, une main fermement agrippée à la poignée de ma valise, l'autre resserrant les pans de mon manteau. Une brume blanche s'échappait de ma bouche quand je respirais. Qu'est-ce qu'il faisait froid, bordel. Nous étions pourtant début septembre ! Je finis par apercevoir la grille en fer forgée délimitant le parc. En partant sur un coup de tête, je n'avais pas vraiment réfléchi à où est-ce que j'allais me réfugier en attendant mon sort. Alors, après quelques minutes de déambulation, mon esprit s'était instinctivement tourné vers le parc pas très loin de la maison, celui où j'emmenais Tommy de temps en temps.
Le portillon grinça, ce qui me fit sursauter. Moi aussi, il fallait que je me calme. En même temps, l'ambiance du lieu n'aidait pas vraiment... Il faisait nuit noire, ce qui, encore une fois vu la saison, n'avait aucun sens. A peine quelques réverbères éclairaient le chemin, leur lumière jaune vacillait.
J'avançais doucement, m'enfonçant un peu dans le parc, mais pas trop : je n'étais pas rassurée. Finalement, mon regard tomba sur un banc défraichi vert. Je posais ma valise juste à coté avant de m'asseoir. Une grimace étira mes lèvres et je serrais les dents en sentant le froid de la structure en fer. Il était limite gelée ! L'anxiété ne m'avait pas quitté de la journée mais, à ce moment précis, je n'en étais plus à ce stade : la peur rongeait littéralement chaque partie de mon corps. Une petite chose froide tomba alors sur ma main. En l'examinant de plus près je reconnus un flocon. Un flocon de neige. Dans la minute qui suivit des centaines de flocons tombèrent un peu partout aux alentours. Il neigeait ? A cette époque ?! C'était officiel, plus rien n'avait de sens.
Je consultais l'heure à la montre que j'avais enfilé avant de partir, une ancienne de Papa. Il était dix-huit heure cinquante-deux. Ce constat me donna la nausée. Plus que quelques minutes, tout se jouait à seulement quelques minutes... Le parc était à présent recouvert d'au moins cinq centimètres de neige, un vent agressif et plus froid que jamais s'était levé, la glace se solidifiait sur le sentier. Je me forçais à respirer correctement, tout en me frictionnant les mains et les épaules pour ne pas finir congelée. Je ne savais pas trop combien de temps j'attendis dans ce parc, dix, vingt, peut-être trente minutes : plus aucune des mes idées n'étaient clairs. Cependant, un pressentiment me fit me lever et empoigner ma valise. Je n'étais plus seule dans ce parc.
Je tournai sur moi-même pour essayer d'apercevoir quelque chose mais la nuit était noire, et la sorte de tempête de neige m'empêchait de discerner quoi que ce soit à plus de trois mètres. Je regardais en l'air : les étoiles brillaient fortement, la lune était absente. Je sentis alors quelque chose passer derrière moi, je bondissais et criai :
« Il y a quelqu'un ?! »
Avant même de pouvoir réitérer ma question, mes pieds se décollèrent un peu du sol. Une immense lumière m'aveugla, je dus fermer fortement les yeux pour éviter que mes pupilles ne brûlent. Puis, une petite piqûre dans mon cou m'arracha un couinement. Ma panique disparût tout d'un coup. Une sorte de calme, de sérénité, m'envahit dans la seconde, ce qui détendit l'ensemble de mon corps.
« Pourquoi cette dose d'Angyal lui fait-elle de l'effet ? demanda une voix très lointaine et à peine audible.
- C'est une bonne nouvelle, ne vous inquiétez pas, cela signifie que nous avons une petite marge, le temps de tout mettre en place... Pour l'instant elle n'est pas plus puissante que nous, mais il va falloir... »
La suite me resta inconnue car je tombais dans un coma plus profond que jamais. Le monde sembla disparaître.
***
Mon corps fût violemment projeté en avant lors de ma première inspiration, si bien que je finis assise, les bras en avant, et les yeux exorbités. Mes mains retombèrent mollement sur mes cuisses, une fois ce réveil brutal assimilé par mon propre corps. Je pus ainsi observer mon environnement. J'étais assise, désormais, mais j'avais dû y être allongée un certain temps, sur une longue table en fer. Comme celle dans les blocs opératoires. Des sangles en pendaient, ce qui n'avait vraiment rien de rassurant ! Avais-je été attachée ? Le métal en contact avec une grande partie de mon corps, car je ne portais qu'une très fine et courte robe blanche, me fit frissonner. La pièce où je me trouvais était le reflet même de la simplicité, aucune fioriture. Un sol blanc, des murs blancs, quelques lampes diffusant une lumière blanche ; vingt lits exactement comme le mien en deux rangés de dix, de sorte à qu'une allée centrale soit dégagée où reprenaient connaissance seize adolescents de quatorze à dix huit ans. Quatre emplacements étaient vides, ce qui ne fît qu'accroître mon malaise.
Quatre jeunes avaient choisi la mort.
Certains semblaient perdus, d'autre observaient comme moi les lieux et jaugeaient un potentiel danger, et quelques-uns se contemplaient devant des miroirs annexes aux lits. Ma tête se tourna d'elle-même vers la gauche, où un grand miroir trônait pour moi aussi. Je ne comprenais pas trop, mais décidais de jeter un coup d'œil. Une chose me frappa quand je fus debout, et descendue de la table, le monde sembla loin, ma tête haute. Je compris en voyant mon reflet dans le miroir.
Ce... Ce ne pouvait être moi ! J'étais si différente... Mais si semblable à la fois. Je me reconnaissais tout en me trouvant sacrément changée. L'inconnue miroitant dans la glace me laissa bouche-bée. C'était littéralement une transformation, comme si chaque parcelle de mon corps avait été reprise, retouchée, perfectionnée. Mes cheveux, normalement mi-long, secs, ternes et abîmés, avait laissé place à une très longue chevelure blonde, éclatante, parfaitement ondulée et sans aucune pointe fourchue. Ma peau avait été comme lissé : plus aucune imperfection ou cicatrice. Elle était aussi douce qu'une peau de bébé. Mes yeux, qui étaient simplement verts avant, brillaient d'un vert émeraude hypnotisant. Je les trouvais limite malsain à être si perçant. Enfin, pas étonnant que le monde me paraisse loin : mon petit mètre soixante avait cédé sa place à un immense mètre soixante-dix, ce qui avait affiné et élancé la totalité de ma silhouette. Malgré tout, une certaine innocence semblait se dégager de mon image, tout ça ne faisait pas superficiel. Cela faisait Immortel.
Passées les premières minutes d'émerveillement, je ne pus m'empêcher de remarquer que je ressemblais à Katryn, mais en blonde. C'était plus qu'un corps de top model, car il était vrai et non retouché sur Photoshop, c'était un corps de rêve, littéralement. Mais, je ne savais pas... C'était étrange, quelque chose me disait que mes petits défauts allaient me manquer... Peut-être fallait-il simplement un temps pour s'y habituer ? Après tout, c'était assez radical comme changement physique.
Une fois mon inspection terminée, je me retournais pour voir mes camarades, je n'avais pas remarqué que nous étions tous anormalement magnifiques mais c'était bien le cas : les filles étaient toutes plus belles les unes que les autres, concernant les garçons, on aurait pu croire qu'ils sortaient tous de contes de fée. Cependant, personne ne se ressemblait, j'avais peur que nous fussions tous des copies conformes les uns des autres mais pas du tout ! Chacun était radicalement différent, nous avions tous un petit attribut physique original. Il y avait notamment une grande diversité ethnique entre nous : nous venions vraiment tous des quatre coins du monde, ça se voyait.
Un hurlement provenant de la rangée en face de moi me fit sursauter. Tout le monde se retourna vers une petite brunette qui tenait son carré chocolat comme si c'était un miracle.
« J'ai des cheveux, j'ai des cheveux ! cria-t-elle en bondissant, comme si c'était la plus belle chose au monde ».
Elle traversa l'allée et me prit dans ses bras en continuant d'exposer sa joie à l'état pure. Puis, elle se rendit compte que tout le monde la regardait alors elle me lâcha, se recula de quelques pas en devenant pivoine et braqua son regard au sol. Elle était beaucoup trop mignonne ainsi, on aurait un chaton pris lors d'une bêtise. Les gens finirent par détourner le regard et à aller les uns vers les autres.
« Désolée..., murmura-t-elle, sans relever les yeux.
- Non ne t'inquiète pas ce n'est pas grave ! Mais, si je peux te poser une question, pourquoi est-tu aussi contente ? Tu n'as jamais eu de cheveux ? demandais-je en riant doucement, trouvant cette idée un peu absurde.
- Oh, si, bien sûr que si, mais il y a longtemps..., dit-elle alors que son regard se perdit dans le vide. »
Je me sentis mal d'avoir mis le doigt sur un sujet sensible. Bravo Angie, toujours douée pour les interactions humaines !
« Hmm, euh, je suis désolée... je ne voulais pas...
- Pas grave ! dit-elle en osant lever ses immenses yeux, ceux-ci ayant retrouvé leur éclat de vie, Maintenant j'en ai ! »
Elle sourit de toutes ses dents, comme une enfant, même si elle semblait juste être un tout petit plus jeune que moi. Je ne pus que lui répondre par un sourire moi aussi, tellement elle semblait gentille. Néanmoins, la couleur de ses prunelles me frappa : gris ombragé mais parsemé de nombreuses nacres. Apparemment je n'étais pas la seule à avoir hérité d'une couleur surnaturelle. Mon Arabesquine aussi, elle avait des yeux violets. Était-ce une caractéristique Immortelle ?
" Je m'appelle Muriel !
- Oh, euh, moi c'est Angie, Angie Seven. "
Le fracas d'une porte (que je n'avais pas remarqué) s'ouvrant au fond de la pièce coupa court à toutes les discussions. Un homme d'environ trente ans, peut-être moins, venait de pénétrer dans la pièce. Il était grand, avec des cheveux en épi rouge très foncé, un pantalon noir, et une chemise brune à moitié ouverte. Il nous scruta un à un de ses petits yeux orange pétants, puis déclara avec un sourire insolent :
« Ça va les nouveaux ? Pas trop perdus ? Bah si, bien sûr que si... Bon aller, fini de vous admirer les gosses, on a du boulot. »
Personne ne bougea, nous nous regardions tous en nous demandant si nous devions suivre cet homme sortit de nulle part.
« C'est quoi que vous n'avez pas compris ? reprit-il d'une voix plus sérieuse et autoritaire, Vous vous bougez et vous me suivez. Je n'ai pas votre temps moi. »
Cette fois ci personne ne broncha et l'ensemble du groupe le suivit en silence. Nous sortîmes par la fameuse porte qui nous fît déboucher sur un couloir plus blanc que blanc. Pas de fenêtre, seulement quelques tableaux ressemblant beaucoup à ceux de l'hôpital d'Etretat avec des Anges et des Démons représentés dessus, et quelques lampions. On ne distinguait pas la fin du couloir. Après quelques mètres parcourus, où chacun stressait en se demandant quel serait la suite des évènements notre guide s'arrêta. Il se tourna vers le mur et posa son pouce droit dessus. Alors, une partie du dit mur disparu et nous laissa entrer. On se retrouva alors dans une autre grande salle qui ressemblait trait pour trait à la première. Mais, à la place des lits se trouvait deux rangés de dix chaises, toujours blanches. En face des assises se trouvait une sorte de petit estrade marron : c'était la seule chose colorée dans cette pièce.
« Asseyez-vous, ordonna-t-il. »
Tout le monde s'exécuta, quatre chaises restèrent vides. L'homme s'accroupit sur l'estrade, nous fixa avec un sourire arrogant et, quand un silence de mort fût bien installé, prit la parole :
« Je m'appelle LandFord, L pour les intimes, ce qui n'est pas votre cas, alors usez de mon prénom, merci. Certains prof' souhaiteront certainement que vous les appeliez Madame ou Monsieur, moi j'pense qu'on n'a pas qu'ça à faire. »
Il était professeur, lui ? De quoi ? Où ça ?
« Je vois déjà vos cerveaux surchauffer, calmez-vous, ce serait cool. J'ai le monologue officiel à vous sortir et après vous pourrez poser les questions qui brûlent vos langues. Bref, j'ai trois-cent quatorze années au compteur, j'suis encore un jeunot ici, à ce qu'il paraît, mais si je suis dans cette école c'est que je suis respecté. Vous avez intérêt à faire de même. Comme vous avez pu le remarquer, ça ne m'enchante pas trop d'avoir été désigné pour m'occuper des Sans-Noms tels que vous cette année. Alors je vais essayer d'être court et clair pour ne pas que ça dure trois heures. On ne m'interrompt pas, compris ? Bien. »
Trois cent quatorze ans ?! Et il était considéré comme jeune ? Nous étions chez les Immortels après tout, mais quand même... Quelque chose me soufflait que ce n'était pas la dernière fois de la journée que j'entendrai des propos sortant de l'ordinaire.
« Comme un Arabesquin a dû vous le dire, s'il a fait correctement son boulot, ajouta-t-il tout bas, vous avez été Choisi, Sélectionné, par les Hautes et Basses Lumières pour devenir des Immortels. Ô grande joie, vous l'êtes ! »
Il se marqua une pause comme s'il attendait un quelconque applaudissement de notre part. Une fille soupira. LandFord lui jeta un regard noir, qu'elle soutint avec insolence.
« C'est ce qui explique votre transformation physique : vos racines Immortelles ont commencé leur développement internes et externes, d'où vos centimètres en plus, vos oouuh magnifiques chevelures, tout le tralala, et surtout vos yeux. C'est une particularité de notre peuple, chaque individu possède une couleur différente. Vous risquez de mettre quelques jours avant de vous habituer, personne ne vous en voudra si vous décidez de baisser un peu les yeux au début, expliqua-t-il en lançant un regard appuyé à la fille.
Vous êtes actuellement dans la salle d'accueil des Sans-Noms, c'est comme cela que l'on appelle les Immortels en formation qui ne sont pour l'instant ni Ange, ni Démon, placée dans le bâtiment central du Lukion. Vous passerez vos quatre prochaines années dans cet établissement. Râlez pas, je vous jure que quatre ans sur l'éternité c'est rien du tout ! Comment dit-on déjà... J'aurais dû relire leurs satanées fiches... Ah oui, lycée ! Si vous voulez faire un p'tit rapprochement avec ce que vous aviez sur Terre, vous êtes dans une sorte de lycée pour Immortel, mais quand même bien différent hein, ne croyez pas... Durant les quatre prochains mois, vous apprendrez un nombre incalculable de choses sur ce monde, qu'on appelle Sïellä, on va vous bourrez le crâne d'information je vous préviens ! Vous serez soumis à plusieurs examens et tests, gardés secrets, ainsi il sera décidé à quelle partie des Immortels vous appartiendrez pour le reste de votre existence. Cette décision n'est pas prise à la légère, même si vous ne vous en rendrez peut-être pas compte, vous serez évalués, mis à l'épreuve, et observés sous toutes les coutures. Vos affectations vous serons remis lors de la Cérémonie de la Répartition dans huit semaines, pas un jour de plus ou de moins. Une grande partie de celles-ci sera basée, en plus des tests et le reste, sur une Evaluation Finale, nommée très originalement l'EF. On vous reparlera de tout ça plus tard, notamment des autres transformations et du déroulement de vos quatre années. Enfin bref, si je dois vous donner un conseil personnel (je dois, ça fait partie du protocole...), faîtes attention à vos relations. Soyez pas asociale, attention, sinon l'éternité sera longue, mais ne nouez pas des liens trop forts avant vos la Répartition. Les séparations sont souvent difficiles entre les amis et plus qu'amis après la période d'intégration. »
Il fût silencieux d'un coup, les yeux dans le vide, comme happé par un souvenir. Il se ressaisît après quelques secondes, et questionna :
« Des questions ? Bien sûr que oui vous avez des questions, sinon ce ne serait pas drôle voyons... »
Tout le monde leva la main, moi y comprit. Il avait raison : mon cerveau surchauffait, trop d'informations et ce n'était que le début. J'avais une grande soif de savoir, plus je saurais de choses, moins j'aurais peur. La bonne nouvelle c'était que je pouvais rayer la ligne « devenir des esclaves et avoir un sort pire que la mort ». Nous étions dans une école, j'allais étudier ! Quoi, dans quel but, avec qui, comment, ça, c'étaient d'autre questions...
LandFord désigna la jeune asiatique assise à coté de moi, elle possédait des prunelles aubergines.
« En quoi consisteront les tests ? Je n'ai pas compris..., demanda-t-elle d'une voix douce.
- C'est le but, trésor. Tous les tests sont secrets, la plupart du temps vous ne saurez même pas qu'on vous évalue. C'est une mesure de sécurité, votre affectation ne doit pas être un choix mais refléter votre vraie nature, sans masques ni artifices. Nous sommes souvent surpris, nous les profs, des destinés de nos élèves. De plus il y a environ mille trois cent ans, un Sans Noms a réussi à passer au-dessus du système pour choisir de devenir Angélique alors qu'il était Démoniaque. Cela a bien faillit déclencher une Guerre. C'est au programme d'Histoire des premières années. Espérez avoir la chance de m'avoir ! »
Il enseignait l'Histoire ? J'aurais plutôt vu « combat » ou, je ne sais pas, sport, mais pas Histoire. Ses cours ne devaient pas être de tout repos ! Il montra cette fois du doigt un très grand blond aux yeux mauves.
« Vous et mon Arabesquin avez parlé de Hautes et Basses Lumières, c'est quoi ? Nan parce que je suis perdu là, expliqua-t-il avec nonchalance ce qui fit nous fis quelque peu rire.
- La question serait plutôt : qui-est ? répliqua LandFord, En gros se sont les big-bosses, les grands manitous, les patrons, si vous voulez. Ce sont eux qui détectent les Choisis et qui nous communiquent la Liste. Ils ont été les premiers Immortels, c'est aussi à eux que nous devons cet établissement. Vous les étudierez bientôt aussi. »
Un garçon au teint pâle et aux cheveux presque noirs demanda d'une voix beaucoup plus calme que les autres comment nous avions été transportés ici. Il ne semblait pas fébrile, avec une envie dévorante d'entendre la réponse, seulement intéressé.
« Alors, bonne question. Je suppose que tout le monde a senti la piqûre dans son cou ? Interrogea LandFord alors nous approuvions d'un signe de tête, Nous vous avons injecté de l'Angyal, un produit qui paralyse les pouvoirs et plonge dans une sorte de coma. C'est très fort, très dangereux, et ça agit tout de suite. C'est aussi pour ça que l'on ne l'utilise que dans les situations exceptionnelles, telles que celles-ci. »
Pour moi, ça n'avait pas agi immédiatement, j'étais restée consciente quelques minutes avant de sombrer, j'avais entendu des gens, j'en étais certaine. Je ne savais pas si le signaler m'aiderait... Je n'eus pas le temps de tergiverser plus, car le garçon me devança :
« Est-ce possible de rester éveillé quelques instants après la dose administré ?
- Non, impossible. Encore moins pour vous, mes petits Novices, vous n'êtes pas assez fort. Même la demoiselle ici, avec sa marque, répondit LandFord en me désignant.
- Euh... Quoi ? »
C'est là que je remarquais que ma marque était effectivement beaucoup plus grande que celles des autres. Toutes les têtes se tournèrent vers moi, je fus assaillie de regards colorés. Toutes, sauf une. Le jeune homme qui avait posé les questions, assis un peu plus loin dans ma rangée, ne semblait pas intéressé. Ou peut-être avait-il remarqué plus tôt les arabesques de mon visage ?
« Ah, c'est vrai, je savais bien que j'avais oublié quelque chose dans le topo habituel des GD... Bref, pour ceux qui seraient aveugles, vous posséder chacun une Marque blanche-grise. Leur étalement et taille varie en fonction de l'individu, ça représente votre potentiel de puissance en tant qu'Immortel Angélique ou Démoniaque. Seulement au niveau de vos Pouvoirs et de vos Tehos, ça ne détermine en aucun cas si vous serez un bon Ange (comme si ça existait, marmonna-t 'il) ou un bon Démon. »
J'en déduis qu'il faisait parti de la seconde catégorie. Il n'était pas censé avoir des cornes et des ailes ?
« Néanmoins, Miss, je dois avouer que tu es extrêmement prometteuse, dit-il en me détaillant de ses yeux orange, Je crois n'avoir jamais vu une Sans Nom avec une aussi grande Marque, l'entièreté du visage c'est... Inhabituel, on va dire. »
Alors comme ça elle faisait l'entièreté de mon visage ? A croire qu'elle avait encore fait des siennes pendant mon coma. Quelques-uns me regardaient désormais avec envie. Mais LandFord s'occupa de me remettre à ma place, bien que je n'aie rien fait :
« Mais prends pas la confiance hein, comme je l'ai dit, la Marque ne fait pas tout. »
Le garçon soupira, apparemment excédé par quelque chose. Je portais mon regard sur lui. Il était ancré sur sa chaise avec nonchalance, mais dégageait toujours cette aura de calme, de contrôle. Je ne pus retenir un petit sourire en remarquant qu'il était vraiment beau.
Ressaisis-toi ma vieille, il ne te rappelle pas quelqu'un ?
Mon sourire se mût en grimace quand je remarquai les similitudes entre lui et Harry. Je repoussais ces idées, je ne devais penser ni à Harry, ni à lui. C'était probablement un connard, de toute manière. A l'instant même où cette pensée m'effleura l'esprit il se retourna vers moi et planta ses prunelles criardes dans les miennes. Ses yeux dorés me scrutèrent pendant que j'étais figée, certainement rouge de honte. Je n'avais pas de raison, c'était juste une coïncidence. Il leva ensuite les sourcils, avant de se concentrer de nouveau sur LandFord. Je pus respirer à nouveau.
« Bien, je décrète que les questions sont terminées, s'exclama ce dernier (j'avais dû rater les dernières), j'ai très envie de manger, et ça doit être pareil pour vous, alors direction le Réfectoire ! »
A ces mots, mon estomac se réveilla, et gargouilla extrêmement fort. Effectivement, j'avais faim.
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