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Chapitre 12


Ramener Muriel nous prit un bon quart d'heure. Il fallut déambuler dans des dédalles de couloirs blancs se ressemblant tous à peu près et, contrairement à ce que j'avais pu penser précédemment, Damon était bien arrivé comme nous ce matin. Il avait juste eu un coup de chance pour la verrière. Je le charriais un peu là-dessus, me disant déçue du fait que j'avais pensé que c'était un professionnel de l'orientation, alors qu'à ce moment précis, nous étions autant perdus l'un que l'autre. Finalement, nous retrouvâmes l'escalier, puis les portes des chambres. J'ouvrai la porte, et Damon déposa Muriel dans un des deux lits, qui serait désormais le sien, avant de la border. Elle ne broncha pas une seule fois, profondément endormie.

Nous sortîmes doucement et restâmes quelques minutes dans le couloir, tous les deux perdus dans nos pensées. Il fallait dire que cette journée avait été mouvementée... De plus, quelque chose me faisait dire que nous n'étions pas au bout de nos surprises.

« Il nous reste une petite heure avant le dîner, déclara Damon en rangeant sa Laure après l'avoir consulté, tu veux faire quelque chose en particulier ? Tu devrais peut-être te reposer toi aussi, tu sembles exténuée. »

En un sens, je l'étais. Une partie de moi avait l'air de mourir sur place, je peinais à garder les yeux ouverts, et mon mal de tête ne voulait pas passer. Cependant, d'un autre côté, j'avais vraiment très peu envie de m'allonger et de me retrouver seule face à mes pensées. Ceci impliquerait forcément de penser à ma famille, et ça me faisait peur.

« Nan, ça va, je vais bien, mentis-je, allons marcher, après tout il nous reste encore beaucoup de couloirs blancs à arpenter ! »

Il haussa les sourcils, sûrement peu convaincu par mon mensonge, mais ne chercha pas à prouver qu'il avait raison. Je l'en remerciais intérieurement.

C'est ainsi que nous nous retrouvâmes assis, adossés à un mur, dans un couloir pas très loin de la grande porte du Réfectoire. Nous étions tombés dessus par hasard et il nous avait paru risqué de nous en éloigner à cette heure-là, c'était un coup à louper le repas à cause de cette école immense, alors que nous étions affamés. Après quelques hypothèses, nous avions d'ailleurs décidés de lier la plupart de nos maux à la transformation : la faim et soif continuelle, la fatigue, et les douleurs musculaires. Néanmoins, nous espérions que cela ne durerait pas plus d'une semaine. C'était comme si notre partie Immortelle avait besoin de tout en proportion trois fois plus élevée, et ressentait tout puissance cinq. Une seule chose restait pour moi inexpliquée : mes excès de colère, et cette voix.

Le brun sembla lire dans mes pensées car il demanda :

« Sans vouloir être indiscret, ça t'arrivait souvent avant ? Je veux dire, la colère, les envies de meurtre... »

Sa question me mis très mal à l'aise. Pourtant, il ne me jugeait pas le moins du monde, il semblait juste curieux, intéressé par mon cas. Je ne savais pas trop quoi répondre... Même si la réponse était évidente.

« Non. Ça ne m'était jamais arrivé avant, je sais qu'au vu de tout ce qu'il vient de se passer ça peut paraître difficile à croire, mais je ne suis pas une fille impulsive.

- Je te crois.

- En temps normal, je suis plutôt calme, et même quand je m'énerve je sais bien le cacher. On m'a un peu aidé pour ça mais bon... Je n'ai jamais été violente, je n'avais jamais vraiment fait du mal jusqu'à il y a quelques jours... Ce n'est pas normal, je sais, mais j'ai l'impression que la normalité ne fait plus partie de ma vie depuis que cette Arabesquine est apparue dans le couloir de mon lycée.

- Tu n'es d'ailleurs pas prêt de la retrouver, vu la semaine qui nous attend... Tu ferais mieux de bannir le mot « normal » de ton vocabulaire.

- Woua, que tu es rassurant, soupirais-je quelque peu abattue.

- Je suis honnête.

- C'est vrai. »

Un petit silence s'installa.

« Si tu es honnête, répond franchement à ma question : qu'est-ce que tu fais ici, avec moi ? Pas que ta compagnie me déplaise, au contraire, mais j'avoue que je ne comprends pas. Tu as vu ce que j'ai fait, ce que je peux faire, pour juste un mot de travers, alors pourquoi tu n'as pas fui avec les autres ? Comment explique-tu que n'as pas peur ? »

Il me regarda droit dans les yeux, puis réfléchis en contemplant le vide. Enfin, il dit :

« En réalité, je ne sais pas trop... C'est plus fort que moi. Au début j'ai pensé que tu me rendais juste curieux, parce que tu ne semblais pas comme les autres, même de loin on peut comprendre que tu es différente. Mais je ne saurais pas dire dans quel sens. Puis tu as fait toutes ces choses, et tu as raison sur le fait que si j'avais été normal j'aurais dû fuir. Cependant comme je te l'ai dit, il n'y a rien de normal ici, alors je suis là. Assis à coté de toi, à parler de choses qui nous dépassent certainement. Quelque chose me pousser à penser que je peux t'aider... Ça doit paraître fou. »

Je me mordis alors les lèvres, réprimant un sourire.

« C'est vrai que ça l'est un peu, mais pour l'instant je ne peux que remercier ta folie. Je ne comprends pas comment, ni pourquoi tu n'as pas peur de moi, et apparemment toi non plus, je sais simplement que ça fait du bien de l'entendre... »

Un autre silence eut lieu, mais plus apaisant. Ce garçon était la paix même, il était d'un calme à tout épreuve.

« Concernant tes crises, reprit-il, on en apprendra sûrement plus dans les prochains jours, je suppose que les professeurs ont l'habitude, on trouvera une solution. Ce n'est que la troisième, peut-être qu'un détail t'as échappé.

- Oui, tu as sûrement rai..., répondis-je avant de me couper. »

Je le regardais, les yeux ronds. Il avait bien dit la troisième ? Comment pouvait-il savoir ? Il n'en avait vu que deux ! La première avait eu lieu dans mon lycée !

Il sembla se rendre compte de son erreur car son air serein vacilla un peu. Il m'avait espionné ?! Comment était-ce possible ?

« Non je ne t'ai pas espionné..., soupira-t-il, enfin si, mais non. »

C'est là que la réponse me frappa. Pourquoi il me regardait à chaque fois que je pensais à lui. Pourquoi il entendait la voix dans ma tête. Pourquoi il était si compréhensif.

« Tu es télépathe, murmurais-je, choquée.

- Non. Enfin, télépathe est un grand mot... Dison que j'entends les pensées des gens et qu'il m'arrive des fois d'entrevoir des bouts de leur mémoire, ou de leur esprit, en fait je ne sais pas trop... Ce n'est pas très clair...

- Tu as fouillé dans ma tête ?! m'exclamais-je outrée. »

Je sentis la peur me prendre : qu'avait-il donc pu voir ?

« A moitié, ce n'était pas volontaire. Je te le jure. »

Mais la colère arriva bien vite. Je me levais brusquement.

« Arrête de me mitrailler visuellement, je vais tout t'expliquer okay ? »

Je réprimais une envie soudaine de l'étrangler, il fallait que je me calme. Respire Angie. Ton emportement n'a pas de sens.

Certaine ?

« Ouais, respire, calme-toi s'il te plait je vais t'expliquer.

- SORS de ma tête tout de suite, répliquais-je froidement.

- OK, OK, dit-il les mains en avant, comme pour calmer un animal enragé, tu vois que tu ne contrôles rien là ?

- JE SAIS que je ne contrôle rien ! répondis-je avec hargne.

- Eh bien moi c'est la même chose ! Quand je commence j'ai du mal à m'arrêter... Je suis désolée Angie, je sais que ton passé n'appartient qu'à toi mais c'était comme une pulsion. Exactement comme toi avec Bève. J'entendais tes pensées, comme je le fais avec presque tout le monde, et puis tu as pensé à moi... Je ne sais pas pourquoi mais lorsque que quelqu'un pense à moi ça me facilite une sorte d'accès, comme si ça ouvrait une brèche. Et puis quand je tombe, c'est dur de remonter à la surface. Je fais de mon mieux, mais c'est tel que toi, j'ai besoin d'entrainement. »

Son monologue eut le pouvoir de m'apaiser. Je me rassis, assagie par une nouvelle vague de fatigue, mon crâne martelant deux fois plus fort.

« C'est aussi pour ça que tu m'intrigues autant. En un sens, nous sommes pareils.

- Tu ne blesse personne, toi. »

Il ne répondit pas mais ses yeux parlèrent pour lui. Nous étions pareils.

« Je ne veux plus que tu lises mes pensées, au maximum de ce que tu peux.

- Je ferais de mon mieux. Mais dans ce cas, je veux que tu ne t'énerves contre moi que si tu es, toi, en colère. Pas ces...pulsions.

- Je ferais de mon mieux. »

Ce constat de notre incapacité à promettre nos propres réactions amena à un nouveau malaise, du moins pour moi. Qu'allions nous faire dans ce monde si nous n'étions même pas capables de nous auto-gérer ? Je me sentie encore plus démunie que le jour où Katryn m'avait obligé à me présenter comme délégué du lycée à sa place car « ça ne collait pas avec son image mais pouvait toujours être utile ». Il m'avait fallu parler devant l'ensemble des élèves pour les convaincre de m'élire. J'étais en seconde, j'avais échoué.

Finalement, au bout de quelques temps Damon se leva et annonça que nous pouvions aller dîner, vu l'heure. Mon estomac se réveilla à la seconde même, apparemment plus que satisfait par cette nouvelle. Nous finîmes aussi par nous mettre d'accord sur le fait qu'il valait mieux laisser Muriel dormir, et que je lui apporterais une assiette garnie à la fin du repas, au cas où si se elle réveillerait plus tard.

« On peut manger ensemble si tu veux, proposa-t-il.

- Oh hum... Je ne pense pas que ce soit une bonne idée... En plus j'ai rencontré deux personnes à midi, je leur ai dit que l'on se retrouverait ce soir. »

Bien entendu c'était faux. Mais je ne me sentais pas de répondre favorablement à son invitation... Je savais avec qui il avait partagé son repas ce midi, très peu pour moi. Il tourna la tête, se mordit une joue et déclara la voix en demi-teinte :

« Il y a autre chose... »

Encooooore

Même pas vingt minutes et il recommençait déjà. Je sentis ma tête recommencer son manège. Je pris une inspiration.

Tiiic tac tic taaac !

« Eh bien oui ! Puisque tu veux tout savoir je me vois mal diner avec la folle qui a mutilé mon amie. Je me vois encore moins affronter leur regard assassin ou fuyard. Je sais ce que j'ai fait, je sais que c'était horrible, je n'ai pas besoin qu'on me le rappelle. Et je t'ai déjà dit de sortir de ma tête. »

Mon ton était sec, glacial, tout sauf naturel. Je ne lui laissais pas le temps de répondre, passait devant lui afin d'atteindre l'immense porte du Réfectoire. Le sol sembla trembler sous mes pas furieux. Je n'eus pas le temps de me demander comment l'ouvrir que les deux battants s'écartèrent violemment, comme sous l'impact d'un coup de vent, faisant alors retentir un bruit sourd dans toute la pièce désormais illuminée de petites lumières flottantes près de la verrière, les Limbes s'étant assombries. L'ensemble des regards se tournèrent vers moi, certains levèrent les sourcils, d'autres ne relevèrent pas vraiment. Le silence provoqué par mon arrivée dura quelques secondes puis tout le monde retourna à son assiette. Les conversations reprirent, ainsi que les bruits de couverts.

Tentant de paraître saine d'esprit, je me dirigeais vers le buffet, les yeux fixés sur mon objectif. Intérieurement, je me sentais de nouveau moi, la haine alors envolée. Les mains tremblantes, j'essayais de me servir un bol de soupe à la tomate qui semblait délicieuse.

Si j'avais été normale, j'aurais compris qu'il parlait d'un repas à deux. Et non pas avec la bande de dégénérés de notre promotion. Si j'avais été normale, je ne me serais pas emportée pour si peu. Plus que tout, si j'avais été normale, j'entendrais Tommy râler devant cette soupe et ma mère rire en lui assénant qu'il devrait en boire malgré sa répugnance. Je secouais la tête, et chassais ces pensées nostalgiques de ma tête. Ce n'était pas le moment. Une fois les bras bien chargés de nourriture en tout genre : de la salade de pâtes, au biscuit à la cannelle, en passant par des légumes inconnus farcis de viande toute aussi originale ; je me dirigeais vers la même table que plus tôt dans la journée.

Evy et Gabriel y étaient déjà installés. Peut-être n'allais-je pas totalement mentir à Damon s'ils acceptaient ma présence...

« Hey, je peux m'asseoir ? demandais-je poliment.

- Bien sûr ! répondit Gabriel avec un sourire sincère, Muriel n'est pas avec toi ?

- Oh, hum... Non, elle était très fatiguée et a préféré aller se coucher directement. Les émotions du premier jour je suppose... Je lui emporterais une assiette après.

- Pas de soucis, je me souviens d'une petite française qui s'était endormie sur la table il y a quelques années de cela ! rit Gabriel en poussant Evyrêve du coude. »

Cette dernière avait le regard dans le vide et ne réagissait pas vraiment à la blague de son ami angélique. Il l'appela doucement, elle sembla alors sortir du sommeil. La jeune femme grommela des justifications, on l'avait apparemment « poussé à bout » lors de son premier jour. Finalement, elle posa ses prunelles brillantes sur moi.

« Tu sais... Concernant ce midi, je suis désolée d'être partie ainsi et...

- Ne t'inquiète pas ! Tu n'as ni besoin de t'excuser ni de te justifier, nous ne nous connaissons que depuis peu, il est normal que tu ais des comportements que nous ne comprenions pas trop. Vraiment, ne te sens pas obligée. »

Ses yeux rouges me remercièrent. Elle sembla alors d'un coup reprendre sa véritable personnalité, sourire arrogant et sourcils se levant.

« Très bien, alors j'espère que tu as bien profité ! Ce n'est pas tous les jours que tu verras un Démon, surtout moi, s'excuser publiquement ! »

Gabriel acquiesça de manière exaspérée, en chuchotant que la politesse n'était pas vraiment leur valeur première, ce qui nous fit tous rire. L'atmosphère devient très agréable, chacun racontant sa journée. Les deux m'écoutaient attentivement et faisaient des remarques nostalgiques sur leur propre première journée. De mon côté, je me contentais d'hocher la tête, ayant du mal à saisir sur quels sujets portaient leurs phrases. Je supposais qu'il me faudrait quelques jours avant de me familiariser avec ce nouveau vocabulaire et ces nouvelles notions. Tout cet entrain me fit presque oublier les quelques déboires de ma journée.

Cependant, nous fûmes interrompus par une apparition comme celle auquel nous avions eu le droit avec Mme Amarinda cette après-midi. Une lumière aveuglante et une ombre sortant des recoins : les Grands Directeurs. Ils se matérialisèrent au centre du Réfectoire. Tout sons s'arrêta sur le champ. Sauf Evy qui chuchota à volume extrêmement réduit :

« Elle abuse toujours avec la lumière Hain... »

Cela lui valut un coup de coude discret de la part de son voisin, ce qui la fit taire.

« Bonsoir à tous chers Anges, chers Sans Noms et les Démons, annonça Angélique Hain, nous avions pour projet de vous souhaiter à tous la bienvenue à tous au Lukion pour cette rentrée...

- Mais un incident récent nous oblige à écourter ces futiles paroles – Cubran coula un regard vers sa collègue – afin de nous entretenir avec une Novice. »

FUIS. Ils viennent pour toooiiii...

Mon estomac se contracta, ce qui faillit bien me faire rendre mon repas. A mon regard terrifié, Gabriel et Evy manifestèrent leur étonnement. Des chuchotements raisonnèrent un peu partout, ce qui me concerta dans l'idée que ce genre de discours était inhabituel. Mon regard se tourna automatiquement vers la table de Bève. Elle y siégeait. Elle y trônait même, un sourire victorieux sur les lèvres, malgré sa minerve blanche autour du cou.

« En effet, répliqua la Grande Directrice apparemment agacée qu'on lui ait coupé la parole, nous voudrions parler à mademoiselle Angie Seven. »

Malgré mes espoirs, aucune haine contre Bève ne m'aida à tenir le choc. Seule la peur s'éprit de moi. Mon corps entier se mit à trembler. Cette situation me rappelait étrangement celle subie au lycée quelques jours auparavant, ce qui m'angoissait réellement : s'ils décidaient de me renvoyer pour mes actes, je ne savais pas du tout ce qu'il adviendrait de moi... Je ne voulais pas vraiment le savoir à vrai dire...

« Mademoiselle Seven ? »

Je déglutis difficilement. Dieu sait comment, mes jambes me portèrent jusqu'à eux, sous les regards à la fois étonnés et suspicieux de l'ensemble des élèves. Les Grands Directeurs ne m'accordèrent aucun regard me permettant de savoir à quelle sauce ils comptaient me manger. Ils se contentèrent de m'indiquer la porte d'un signe de main chacun en me demandant de les suivre.

Relève la tête, sale faible. Tu les écraserais en claquant des doigts, sois fiiière...

Je n'en fis rien, et reluquai le sol, les points serrés afin de cacher au mieux mes tremblements. Ils auraient eu beau m'accueillir avec un sourire en me disant qu'ils souhaitaient me féliciter que j'aurais quand même été stressée. Leur aura semblait immense, ils en imposaient presque trop. Je les suivis alors dans un dédale de couloirs et un enchevêtrement d'escaliers plus blanc les uns que les autres. Je commençais à me demander si cet établissement avait une fin lorsque nous arrivâmes enfin à un étage qui ne possédait qu'une seule pièce. Le Grand Directeur poussa cette unique porte et me dis sèchement d'entrer.

C'était une grande salle, et la décoration donnait un certain effet : comme si elle était sciée en deux. Le mur du fond était une large baie vitrée donnant sur les limbes. La partie à ma droite était « pure ». Tout semblait être sorti des nuages, d'un rêve. Les murs étaient bleu ciel. En fait, presque tout était d'une nuance de bleu. Au centre, était disposé un grand bureau en bois très claire, où trônaient toutes sortes d'affaires. Une en particulier attira mon attention, une petite fiole bien taillée remplie d'un liquide transparent. J'inspectai ensuite l'autre côté, le gauche. Tout était sombre, dans les tons rouges et marrons foncés. A ce centre ci aussi on retrouvait un imposant bureau ocre. Je n'y trouvai aucune trace de noir, ce qui m'étonna. Des deux côtés, des bibliothèques étaient remplis de livres et de dossier en tout genre, des vitrines exposaient des objets tous plus intriguant les uns que les autres et on retrouvait aux murs des photographies et des articles ou encore des diplômes. Ces deux cotés étaient séparés par une ligne blanche au sol.

Angélique s'assit gracieusement à son bureau et croisa les mains, Cubran, quant à lui, se contenta de se placer derrière elle, à moitié tourné vers la grande vitre. Elle releva la tête et planta ses yeux irréellement bleus dans les miens. Mon regard ne put se décrocher.

« Bien, Mademoiselle Seven, je pense que vous savez pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas ? »

Cette femme dégageait une prestance incroyable, on ne pouvait que la respecter. Je pus alors remarquer qu'un sourire satisfait étira ses lèvres. Je fronçai les sourcils. Était-elle aussi télépathe ? Je ne supportais pas qu'on fouille dans ma tête.

Pourtant tu la laisse faire.

D'un coup elle recula imperceptiblement de quelques centimètres, les yeux écarquillés. Mais je l'avais vu. La Grande Directrice se ressaisit bien vite et je fus à nouveau submergée par le respect.

« N'est-ce pas ? redemanda-t-elle

- Ou-Oui.

- Bien. Donc, pouvez-vous nous expliquer les circonstances de cet incident ? En tant qu'Ange, vous savez, j'abhorre la méchanceté gratuite... Avez-vous quelques motivations pour ces actes violents ? »

Ils l'ont mérité.

Ce fut au tour de Cubran de se retourner, avec autant de surprise sur son visage que cet homme pouvait en avoir. Pitié dites moi que cette phrase était bien restée dans ma tête, et juste dans ma tête... Je me mis à me mordre la lèvre frénétiquement. Les deux Immortels devant moi se regardèrent sans que je puisse déchiffrer quoi que ce soit dans leur regard.

« Je pense avoir cerné le problème mademoiselle Seven..., déclara Angélique Hain d'une voix douce alors que je m'attendais à me faire recadrer, Vous n'avez pas du tout le contrôle sur vos nouveaux pouvoirs. Et, à cause de cela, vous avez blessé vos camarades involontairement. Je me trompe ? »

Je sentis un sentiment immense de soulagement m'envahir. Quelques larmes faillirent envahir mes yeux. Le poids de tous ces évènements sembla s'abattre sur moi.

Naivetééé... Naiiiveté...

Ou... Peut-être que... Je souhaitais vraiment qu'elle ait raison. Que tout cela soit involontaire. Mais ce n'était pas la vérité. Elle avait omis le fait que, tout simplement, ce qu'il s'était passé, je l'avais voulue. C'était volontaire. J'avais voulu leur faire mal.

Ils méritaient cette souffrance, vu ce qu'ils avaient osé avoir comme arrogance à mon égard ou vis-à-vis de Muriel.

Mais tu t'entends parler Angie ? Tu n'es pas une déesse bon sang ! Arrête de te prendre pour une créature surpuissante !

Quand vas-tu accepter que c'est ce que tu es ?!

Et toi quand vas-tu accepter de la fermer ?!

Laisse croire la vieille, que l'on sooortte... Ils ne doivent pas savoir.

« Mademoiselle Seven ? Mademoiselle Seven ! »

La voix d'Angélique Hain me tira de ma transe. Avais-je encore parlé à voix haute ? Il fallait vraiment que tout cela cesse. Il le fallait.

« Hum, oui... Excusez-moi, j'étais plongée dans...

- Vos pensées, me coupa-t-elle.

- Euh...oui c'est ça, en effet... »

Troublée, je ne la vis pas distinctement saisir la petite fiole posée à l'extrémité du bureau. Elle la débouchonna au son d'un petit « plop » puis me la tendit. Ma migraine reprit.

« Comme je vous l'ai dit, Cubran et moi pensons que vous avez simplement d'aide Mademoiselle. Bien entendu nous sommes ici pour cela. Il arrive souvent que des élèves prometteurs aient du mal avec leur nouvelles habilités lors des premiers jours... Ce n'est jamais aussi... Violent, mais chaque cas est différent. Vous êtes intéressante Angie. Ne vous comparez pas aux autres. Chez les Immortels, nouveauté n'est pas synonyme de réclusion, et pouvoir n'est pas synonyme de mise à l'écart, bien au contraire. Vos camarades l'apprendront à leurs dépens. »

D'un regard strict, Cubran m'incita à m'emparer de la fiole.

« Buvez ça jeune fille, ordonna-t-il d'une voix un peu plus chaleureuse qu'à l'ordinaire, cela devrait vous aider pendant un temps à contenir vos Pouvoirs. Ainsi, des incidents de ce genre ne devrait plus arriver – il chuchota la suite – même si je ne suis pas contre quelques bonnes corrections face aux insolents... »

Je fus prise de réticences. Mes pouvoirs n'étaient-ils pas primordiaux dans ce monde ? Le constatant, la Grande directrice me rassura :

« Cubran a raison, approuva Angélique, cela ne fera que vous aider. Vous pourrez toujours exploiter votre potentiel, mais de manière beaucoup plus sécuritaire.

- Plus d'incidents ? questionnais-je timidement.

- Plus d'incidents souri-t-elle. »

Plus de voix, plus de violence, plus de blessés.

A cette idée, je me ruais sur le petit objet fragile et le portait à mes lèvres. Cependant, à quelques centimètres de ses dernières, une chose me retint.

Ne fais pas ça Angie ! Ils se servent de toi !

Aurais-tu peur de disparaître ?

N'abandonne pas ce Pouvoooir stupide chose !

Je n'eus pas le temps d'agir moi-même que je sentis une force me pousser à avaler : d'un coup sec, sans que je l'ai physiquement ordonné, je basculai le bras. Le remède emplit ma gorge. A peine fut-il en contact avec mon corps que je me sentis brûler de l'intérieur. La douleur commença dans la bouche, puis dans l'œsophage, avant d'atteindre absolument toutes mes extrémités. Mon crâne redoubla ses coups. Je ne pouvais pas crier, je n'y arrivais pas. La souffrance me dévora en quelques secondes, ma vision était floue.

Je m'écroulais sur le sol, renversant la chaise et commençait à convulser. Un hurlement sorti enfin des tréfonds de mes cordes vocales, suivit d'une écoulement d'autre. Je ne ressentais plus rien d'autre, à part cette douleur infinie.

Je veux mourir, je veux mourir, je veux mourir... TUEZ MOI !

Les bibelots sur les étagères et dans les vitrines se brisèrent. La terre commença à trembler, produisant des bruits monstrueux, comme si le monde entier ressentait ma douleur, comme s'il comptait s'effondrer avec moi.

Dans un énième cri de détresse, mes yeux s'ouvrirent. Les Grands Directeurs semblaient dépassés par les événements et ne savais plus où donner de la tête. Je continuai de m'époumonner. C'était insupportable, on me broyait de l'intérieur. J'aurais voulu pleurer, mais je ne pouvais pas. J'étais trop en colère, je ressentais seulement de la haine et de la souffrance.

Tsssss....

D'un coup tout s'arrêta. Je m'allongeai le souffle court. La terre avait arrêté de trembler. Deux grosses larmes coulèrent. Mes yeux étaient fixés au plafond, je n'entendais rien : le silence complet. Je ressenti une dernière douleur à la poitrine et poussait un gémissement avant de sombrer dans l'inconscience.             

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