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Chapitre 11

Tout le monde fût plutôt désappointé dans les minutes qui suivirent la disparition des deux Grands Directeurs. Un silence régnait dans la salle désormais vide de tout adulte, Madame Amarinda n'étant pas revenu. Un sentiment d'étouffement dans cette petite pièce blanche me prit d'un coup, je me dirigeais alors vers la porte sans attendre personne, histoire des respirer tranquillement dans le couloir. Ma tête me tournait un peu et, bon sang, qu'est-ce qu'il faisait chaud...

Le sourire sadique de Cubran ne voulait pas quitter mon esprit. Affalée contre un mur immaculé, je ne pus m'empêcher de sursauter en entendant une voix aigue et forte retentir à côté de moi :

« Eh bah ! ça n'a pas l'air d'aller toi... T'as soif ? C'est p't'être la déshydratation tu sais. »

Je relevais les yeux et tombais nez à nez avec Lucilde, la fille quelque peu étrange de tout à l'heure.

« Je ne pense pas que ce soit ça..., grimaçais-je.

- Ouais, nan, t'as raison, je comprends (elle se rapprocha comme pour me confier un secret) moi aussi ils m'ont filé un peu les jetons les deux-là, chuchota-t-elle. »

Finalement, elle se recula de quelques pas et haussa les épaules.

« Mais ils sont cools ! Badasse, et tout, tu vois l'genre. »

Je hochais simplement la tête, en tachant de ne pas montrer à quel point je trouvais cette fille étrange, presque gênante. Il y eut un petit silence, mais elle reprit bien vite la parole. Je pense que le calme n'était pas son truc... Cependant, une chose changea dans son attitude, elle parla moins fort, et se tortilla comme si elle était mal à l'aise.

« En fait... J'voulais te demander... »

Je l'encourageai à poursuivre avec un petit sourire.

« Est-ce que je pourrais rester un peu avec toi et Muriel ? Je veux pas m'taper l'incruste, mais vous avez l'air d'être chouettes toutes les deux, et gentilles... Les autres disent que je parle trop et que j'suis bizarre... »

Ah, bah ça, on ne pouvait pas vraiment les contredire... Néanmoins, devant son visage désespéré, je me vis mal la recaler ainsi. Si elle parlait du groupe de Choisis auquel je pensais et que j'avais repéré depuis peu, je ne me sentais pas de la condamner avec eux.

« Eh bien, hum, oui, pourquoi pas... On doit s'entraider, c'est le premier jour ! »

Son visage s'éclaira.

« Oh merci Angie ! »

Je souris et, avant que j'eusse le temps de lui proposer de rejoindre Muriel, un cri strident retentit dans le couloir, provenant tout droit de la salle de classe. Après un regard peu rassuré, nous nous engageâmes dans la petite pièce.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda ma compère aux cheveux rouges en désignant du menton un regroupement de jeunes. »

Effectivement, tous nos camarades étaient attroupés dans un coin de la salle, et semblaient entourer une sorte d'altercation. Je vis, entre les jambes de certains, une fille tomber au sol, et se reculer contre un mur. Je n'arrivais pas à distinguer qui. Il y eut quelques petites exclamations, comme des collégiens face à une bagarre de lycéens. Certains n'approuvaient pas, vu leurs expressions faciales, mais personne ne bougea pour autant.

Nous nous approchâmes, tentant toutes les deux de voir quelque chose. Lucilde se fit happer à droite, pendant que je poussais deux filles qui me jetèrent un regard noir. Ce n'était pas important, mon but n'était pas de me faire des amis à l'instant, car mon instinct me hurlait qu'il se passait quelque chose de grave. Je fus bloquée derrière un immense garçon, je ne pus qu'apercevoir des brides au-dessus de certaines épaules. Une Choisie, aux yeux vert pomme, à la longue tignasse noire, et qui ressemblait beaucoup trop à Katryn à mon gout se tenait debout, comme si elle dominait quelqu'un. Elle faisait partie du groupe ayant éjecté Lucilde mais, même avant cela, mes préjugés m'avaient conseillé de ne pas m'approcher. Elle agita sa main droite, munie d'un gros ciseau métallique qui ne sortait d'où je ne savais où, et rigola de manière hystérique. Après sa petite scène, elle dirigea son regard par terre (certainement sur la fille tombée).

« Alors, Mademoiselle « la-beauté-se-trouve-à-l 'intérieur », tu penses valoir mieux que moi ? On va t'arranger un peu, comme ça tu pourras continuer de vanter ta beauté intérieure ! »

Un sourire carnassier se plaqua sur ses lèvres et, les prunelles brulantes de colère, elle commença à... couper ? Oui, couper des cheveux. Un gémissement se fit entendre, ainsi qu'un sanglot. Elle agrippa une mèche brune et déclara :

« Il n'aurait peut-être pas fallut hurler ta joie d'enfin en avoir ce matin mon trésor... »

C'est là que je compris à qui elle s'en prenait : Muriel.

La panique et la haine s'éprirent de moi et je me mis donc à pousser de toutes mes forces le gars devant moi pour intervenir. Il se retourna, en gloussant.

« Qu'est ce que tu veux minimoys ? Profite du spectacle, Bève s'amuse, c'est tout. »

Une fureur sans nom s'empara de mon esprit et je sentis ma tête dodeliner et craquer pendant que j'essayais de me contenir. Une nouvelle crise. Seulement, cette fois, je n'en avais rien à faire ! Muriel était en train de se faire torturer ! Les pleurs redoublèrent, les rires de certains aussi, le malaise d'autre encore plus, tout ceci sur un fond de rire froid. Pourquoi étais-je la seule à m'indigner ?!

Je crois bien que j'aurais de nouveau perdu le contrôle face à cet abrutit se justifiant de rire du malheur d'une gamine. Je l'aurais de nouveau perdu si, une fois de plus, quelqu'un n'avait pas posé sa main sur mon épaule. Je n'eus pas besoin de me retourner pour savoir que le fameux Damon essayait de me calmer, en pressant doucement le haut de mon bras. Je soupirais bruyamment.

« Laisse-la passer, Gregory, ne fait pas le con, dit-il d'un ton posé mais sévère.

- Mec à quoi tu joues ? Je vais pas... »

Damon planta ses yeux dorés dans ceux de l'enfoiré, apparemment nommé Gregory et ordonna d'une voix ne laissant pas d'équivoque possible :

« Bouge de là. »

Etonnement, ce dernier s'exécuta sans broncher, me laissant ainsi la voix libre. Je me tournais pour remercier le brun qui venait de m'aider mais il ne m'en laissa pas le temps.

« Vas-y, souffla-t-il. »

Je ne comprenais même pas pourquoi il avait fait ça, néanmoins ce n'était pas le plus urgent. Je devais sortir Muriel de ce pétrin. Je m'avançais doucement, dos à la folle.

« Je ne vois pas pourquoi tu as été Choisi, tellement pathétique... se moquait-elle.

- Pour sa bonté, la coupai-je, Ce qui ne doit vraiment pas être ton cas... Pourquoi tu es ici, en fait ? »

Mon ton était sec, mais contrôlé, pour l'instant. Je sentais vraiment ma colère prête à sortir à chaque seconde. Elle fit volteface et leva des sourcils qui, même pour une Immortelle, semblaient trop superficiels. Je ne voyais pas l'état de Muriel de là où j'étais postée.

« Je te demande pardon ? T'es qui toi ? aboya-t 'elle. Tu te prends pour qui ?

- Mais je te retourne la question ! Pour une coiffeuse ? Navrée de te l'apprendre, mais tu as dû rater ton CAP mon trésor... »

Il ne m'arrivait que rarement d'être aussi agressive avec les gens, du moins avant cette histoire de Sélection... A croire que j'avais pris des cours de répartie après le passage de l'Arabesquine.

« Mais tu sais à qui tu as à faire ? Tu sais qui je suis ?!

- Une sale garce ? questionnais-je ironiquement. »

A mes mots je la sentis vriller. Je n'avais aucune idée d'où me venait cette arrogance, mais je n'allais pas m'en plaindre. Tout en moi semblait sûr de lui, comme si j'étais persuadée que, même dans le pire des cas, il ne pourrait jamais rien m'arriver.

« OK, toi tu viens de signer ton arrêt de mort, conasse ! cria-t-elle apparemment vexée.

- Viens je t'attends princesse ! »

Peut-être était-ce la couche de trop car elle s'avança, comme pour se jeter sur moi. Ce qui me fit sourire. Je me sentais invincible, en plus je ne faisais rien de vraiment mal en lui rendant la monnaie de sa pièce. A peine eut-elle fait un pas qu'elle se figea, absolument immobilisée. Mon sourire s'élargit. Je savais que c'était moi. Le silence se fit dans notre petit public quand les Choisis se rendirent compte que sa position n'était pas vraiment naturelle. Je m'avançais de quelques pas, approchais mon visage du sien, me délectant de la rage brillant dans ses yeux.

Je lui tournai autour quelques secondes avant de m'arrêter. Puis, je m'autorisais à enfin regarder Muriel. Ce fût une fatale erreur. En comprenant l'état dans lequel elle l'avait mise, je sentis le peu de contrôle qui me séparait du gouffre s'envoler. Ma récente amie était recroquevillée contre le mur, presque la totalité de ses cheveux à ses pieds, ou serrés dans ses mains tremblantes. Les larmes mouillaient ses joues, ses yeux étaient rouges. Mes yeux tombèrent plus bas, sur son bras droit, où un « belle » tracé en lettres ensanglantées trônait. La situation changea en quelques secondes. Plus d'ironie, plus de moqueries, seulement le froid, et la haine. Etais-je la seule à ressentir ce changement d'ambiance ? Ma tête vira sur ma droite, je rencontrai les yeux verts de cette folle, cette pourriture, cette inférieure. Elle blêmit. Elle avait raison d'avoir peur, il n'y aurait pas de main sur mon épaule cette fois et, au fond, je n'en avais pas envie.

Elle méritait de souffrir. Peut-être même plus, ça, ça ne méritait pas de vivre.

Alors, allons-y...

Le reste fut extrêmement rapide, et seulement guidé par la colère. Je l'attrapais par le coup, stoppant ainsi ses tremblements, et la soulevai du sol d'une main. Ma prise se raffermit quand elle gémit.

« Je-je ne voulais pas..., suffoqua-t-elle, ...m'excuse...

- Je sais qui tu es, dis-je sadiquement, tu es une menteuse. »

Ses yeux me supplièrent, la salle resta figée.

« Et je n'aime pas les filles dans ton genre. »

Mon esprit fini de se vider totalement de tout raison. Je serais encore, avec une seule idée : la mort. J'allais la tuer, il fallait que je la tue, j'en avais besoin.

Juste la mort.

***

Damon

« Alors, on est coincé ? Bête, pas vrai ? »

Angie s'amusait, elle donnait une bonne leçon à Bève qui avait littéralement perdu la tête. Elle savait qu'elle était plus puissante, peu importe ce que cette puissance signifiait. Un sourire ironique collé aux lèvres, elle ne faisait rien de bien méchant. Pour l'instant. Cette idée ne quittait pas ma tête. Mais je n'aurais pas pu laisser cette pauvre gamine se faire humilier ainsi sans rien faire. C'était cruel. Alors j'avais aidé la blonde. Néanmoins, je la gardais à l'œil.

C'était, en fait, ce que j'avais fait toute la journée, depuis la remarque de LandFord sur sa marque, comme sûrement d'autre. Jusqu'à midi, elle m'avait semblée tout à fait normal, autant que l'on peut l'être en étant Choisie. De loin, elle semblait inoffensive. Seulement, après ce repas entouré d'abrutit finis, notamment ce Jay, j'avais découvert que la blonde pouvait se transformer en tueuse aux yeux noirs en deux secondes chrono. Je ne savais toujours pas ce qui m'avait pris de poser ma main sur son épaule comme ça, deux fois en plus, je n'avais aucune idée de ce que je faisais. Ça avait été comme un réflexe, un instinct. Etrange, certes, mais irrésistible. J'avais été encore plus désappointé en constant que mon action avait fonctionné. J'avais alors pu voir qu'elle semblait se réveiller, comme si elle sortait d'une transe. Puis elle avait fui, quelques minutes avant que j'envoie la petite brune à sa recherche. Tout ceci avait très peu de sens, j'en étais conscient, mais j'avais lu dans ses yeux que ce n'était pas la première fois, et certainement pas la dernière. Ça m'avait intrigué, même si je n'avais pas fait exprès.

Elle avait d'ailleurs failli perdre le contrôle tout à l'heure face à Gregory, qui était un type sympathique d'après ce que j'avais expérimenté aujourd'hui. Cependant il avait, il me semble, littéralement flashé sur Bève, et approuvait donc niaisement chacune de ses actions ou ordres. Elle n'était pas stupide, et commençait déjà à former sa petite cour afin de s'assurer ce dont elle avait besoin. Comme si nous étions encore au lycée, c'était pathétique... Au moins, j'étais fixé sur certains, plus besoin de me farcir de repas en mauvaise compagnie.

Je repris mon observation du spectacle offert par Angie.

Mais, d'un coup, l'ambiance changea. Vu les regards peu rassurés, je ne fus pas le seul à le ressentir. Je cherchai ce qui aurait pu provoquer cela quand je compris. La blonde, les poings serrés, ne regardait plus Bève. Ses yeux s'étaient déplacés sur son amie. Elle n'aurait pas dû.

J'avais en partie assisté à la scène, je savais à peu près dans quel état se trouvait la petite. Bon sang, elle faisait partie des deux seules dont je ne retenais pas encore le nom. Une fois que les Grands Directeurs se fussent volatilisés, Angie avant quitté la salle en coup de vent, comme nauséeuse. Poussé par le même instinct que plus tôt, j'avais eu envie de la rejoindre, afin de savoir si elle allait bien. Mais cela aurait été bizarre, ça l'était, en fait. J'avais donc cédé ma place à l'insupportable Lucilde. Pas besoin de la lire pour connaître sa vie à celle-là, en cinq minutes elle vous avait déjà tout raconté... J'étais alors resté à ma table, pendant que Gregory discutait avec un latino aux yeux chartreux. Je jouais justement à mettre un nom sur chaque visage (chose peu aisée quand vous aviez rencontré les personnes le matin-même).

Au moment où j'étais arrivé sur le visage de la petite brune, je l'avais vu se lever précipitamment, sûrement dans l'idée de rejoindre Angie, puis bousculer Bève dans l'action. Cette dernière nous avait fait une scène, un vrai scandale, digne d'une SITCOM ridicule. La fille avait d'abord tenté de s'excuser mais, en entendant Bève s'exclamer qu'une moche l'avait violemment attaqué, elle avait finalement marmonné :

« La vraie beauté est à l'intérieur, mais... Toi – toi tu es un laideron dans les deux sens... »

Tout le monde avait été plus ou moins abasourdi. Bève la première. Les yeux plissés, elle avait éclaté d'un rire dément. La suite avait été tellement rapide, et hallucinante, que personne n'avait eu le temps de réagir. Moi y compris. Cette main sur son épaule était, en un sens, un moyen de me rattraper. Si elle avait perdu le contrôle devant Gregory, la situation aurait empiré. Je lui avais offerts quelques minutes de sursit, le reste dépendant d'elle.

D'un coup, sa tête vrilla sur la droite, droit sur Bève. Ses yeux étaient foncés, très foncés, ses racines de cheveux aussi.

Elle l'avait perdu. Et moi j'étais à cours d'idée.

***

Angie

Le combat faisait rage dans ma tête. Voulais-je vraiment tuer Bève ?

Oui.

Non !

Des voix s'insinuaient dans mon esprit, jusqu'à me rendre folle. Je n'arrivais plus à rien discerner. La moindre des mes idées étaient brouillées, comme enfumées par l'obscurité. Je reposais mes yeux sur la fille que j'étais en train d'étouffer, toujours les doigts contractés autour de son cou. Rouge, se démenant pour accéder à l'air, elle paniquait littéralement.

Alors tue la ! Donne lui raison ! Elle le mérite

Non... Non, je ne suis pas un monstre. Je-je n'ai rien fait...

Pour l'instant...

Tais-toi !

Le plafond de la salle se craquela. Les yeux de la folle se révulsèrent.

Plus foooooort...

Non ! Je suis plus forte que ça !

Oh, vraiment ?

De la poussière, ainsi qu'un bout de plâtre, tombèrent. Les Choisis se reculèrent en criant.

Plus de colère, la colère l'alimente... Mais Muriel - non ! Pense à autre chose !

Tu sais très bien que je suis toi. Tu adore perdre le contrôle, car tu te sens forte. Et tu as raison, tu as le pouvoir, tu es le pouvoir. Alors utilise-le, utilise-moi et montre leeeeuurr...

LA FERME !

Le mur était sur le point de s'écrouler, les paupières de la fille papillonnèrent.

Tu es plus forte que ça. Pense à autre chose, pense à autre chose, pense à autre chose... Jim, Maman, Tommy...

Au prix d'un effort surhumain, je lâchais la gorge de Bève qui s'écroula par terre. Elle s'exclama de douleur en prenant sa première goulée d'air, les mains sur sa gorge. Elle hoquetait, en pleurant. Je me reculais vivement contre le mur, tremblante de partout, mon crâne menaçant d'exploser. Tous me regardaient, choqués. Sauf Damon, ses sourcils étaient simplement froncés, comme s'il ne comprenait pas tout ce qui venait de se passer. Muriel semblait déconnectée du présent, le regard dans le vide, et les lèvres tremblantes. Il fallait que je la fasse sortir d'ici.

Je ne me laissais même pas le temps de reprendre mes esprits ou de stopper mes spasmes. Profitant de la peur que j'avais inspiré, même si je savais que je le regretterais plus tard, j'ordonnais :

« Foutez le camp. »

Personne ne broncha, deux filles empoignèrent Bève, à moitié inconsciente, plus rapidement que des voleuses et l'ensemble des Choisis déguerpit en quelques secondes. Y compris Lucilde.

Ce n'est qu'une lâche.

Encore cette voix... Je décidais de ne pas relever. Je me tournai vers Muriel, lui secouai un peu l'épaule, en l'appelant, mais elle ne réagit pas. Elle était vraiment ailleurs. Mes gestes étaient tout sauf précis, je me sentais comme une guimauve dans une tasse fumante de chocolat chaud. Pourtant un fond de colère me collait au cerveau, même plus : je sentais encore la haine couler dans mes veines et ça n'avait rien de la douceur d'une sucrerie.

« Je peux la porter si tu veux, proposa quelqu'un avec calme.

- Je ne vous ais pas demander de foutre le camp ?! »

Je ne savais même pas pourquoi j'étais agacée. Je levais les yeux vers mon interlocuteur et découvris, une fois de plus, Damon.

« Je... Euh... Laisse tomber, va-t'en.

- Ton amie a besoin d'aide. Toi aussi d'ailleurs, alors ce n'était pas vraiment une demande. »

J'ouvris la bouche pour répliquer mais il ne m'en laissa pas le temps :

« Et ne me dit pas que ce n'est pas vrai. Ce serait stupide, et tu es loin de l'être. »

Ça me cloua le bec, et je baissais les yeux.

« Je veux bien que tu la portes. Et... Merci, pour à midi, et toute à l'heure... »

- Il me semble que c'est toi qui as fait le plus gros du travail... Je t'ai juste, rappelé à l'ordre, en quelque sorte, dit-il en haussant les épaules. »

Toujours un peu sonnée, je le laissais me guider à travers des dédales de couloirs blancs sans vraiment réfléchir. Muriel dans les bras, il semblait avoir toujours vécu ici.

« Où est ce que tu nous emmènes ? questionnais-je après quelques minutes de marche, je sentais la fatigue m'envahir.

- Un endroit que j'ai découvert en cherchant la salle AD6. On n'y sera pas dérangés. De plus, une troisième personne étiquetée « faute à Angie » à l'infirmerie ne serait vraiment pas bon pour toi...

- Trois ? Mais je n'ai rien fait à Muriel !

- Tu penses vraiment que l'on va te croire ? demanda-t-il en haussant les sourcils. »

Je soupirais.

« Je n'avais pas réfléchis à ça... »

Nous nous arrêtâmes devant une grande porte, en tout point semblable à celle du réfectoire. Il me demanda de l'ouvrir, ce qui fut étonnement simple. Ce que je découvris me fit penser que ce genre de porte annonçait forcément un endroit exceptionnel. C'était un petit jardin, absolument adorable et magnifique, mais en intérieur. Le plafond était une fois de plus un dôme en verre, donnant sur les résidus de Limbes que Gabriel nous avait expliqué. Cette verrière était verte du sol au plafond, avec une multitude de plantes inconnues. Une explosion de couleurs contrastait avec les murs et sols blanc, quoique peu visibles. Une fontaine en marbre trônait au centre, occupant l'espace.

Une certaine chaleur nous enveloppait une fois à l'intérieur de la verrière, ce qui avait quelque chose de réconfortant, surtout après tout ces évènements. Damon marcha entre les fleurs aux senteurs diverses, à la fois envoutantes et discrètes. Il nous dirigea vers un des bancs entourant la source d'eau centrale de cette pièce circulaire et déposa délicatement Muriel dessus. Cette dernière semblait toujours aussi à l'ouest, sûrement un état de choc.

Bordel, moi-même je n'arrivais pas à réaliser qu'elle venait de se faire torturer, dans une Ecole, par sa camarade, sans que personne n'intervienne...

Toi aussi tu as torturé...

Assez.

Damon me fixa, ses sourcils froncés dans la même expression que précédemment. Je me sentis vite mal à l'aise sous son regard. Pour y couper court, je demandais :

« Que fait-on maintenant ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas réponse à tout non plus, avoua-t-il. De plus, tu la connais mieux que moi, même si cela reste mince. »

Il n'avait pas tort. Je m'approchais de la brunette doucement, et m'agenouillait pour la mettre en confiance. Je murmurais son nom doucement et serrais sa main, dans l'espoir de la faire réagir. Ses yeux gris se posèrent machinalement sur mon visage, des larmes roulèrent sur ses joues. Qu'est-ce qu'elle était pâle...

« Elle – elle me... coupés... ils sont plus là... »

Sa main gauche chercha à attraper quelque chose mais ne brassa que du vent. Elle parlait de ses cheveux. Ses pleurs redoublèrent.

Tu crois que Kathryn pleure comme ça le matin, quand elle observe ses grosses cicatrices rougeâtres qui la défigurent ? Avoue que tu ça te plairait... Elle l'a mérité.

Tu vas te taire à la fin ?!

« Angie, est-ce que ça va ? questionna Damon dans mon dos.

- Humm, grognais-je en me concentrant de nouveau sur la brunette. »

Il m'attrapa l'épaule et m'obligea à me retourner vers lui.

« C'est quoi ton problème avec les épaules, merde ! m'écriais-je en sentant la colère tapie dans l'ombre ressortir de sa cachette, pour absolument aucune raison. »

Il ne releva pas mon emportement.

« Tu sais que tu parles toute seule ? Ça devient pas mal inquiétant...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Non je... »

Mes yeux devaient être remplis d'incompréhension car il se justifia :

« Tu ne t'en rend pas compte... C'est comme si tu te disputais avec toi-même, ou avec deux personnalités différentes. »

Il se tut, attendant sûrement ma réponse mais elle ne vint pas. Je ne savais pas quoi dire. Alors les dialogues qui fusaient dans mon cerveau n'étaient pas que dans ma tête ? Devenais-je folle ? Il n'y avait pas d'antécédents de schizophrénie dans ma famille... Et même si c'était le cas, la Sélection aurait effacé ces troubles !

« Tu as parlé pendant le... le « combat » avec Bève.

- Tu m'as entendu ? demandais-je d'une petite voix.

- Oui. Enfin, moi oui. Mais c'est normal. Les autres je ne sais pas... »

Qu'est-ce qu'il entendait par « moi oui, mais c'est normal » ? Mon mal de crâne redoubla, je me frottais la tempe nerveusement. Ce n'était pas le moment, Muriel avait besoin de moi, de nous.

« Bon, euh, nous reparlerons de ça plus tard... Je ne suis pas en état et Muriel est notre priorité. »

Il hocha la tête, mais je me pus m'empêcher de me reprendre :

« Enfin, s'il y a un plus tard hein, je ne veux pas te... Tu vois quoi, t'es pas obligé. »

Je me perdais dans mes bégaiements stupides ce qui le fit sourire. Il se contenta de me dire qu'il n'y avait pas de problèmes, et que de toute manière tout ceci le rendait curieux. Rassurée, je me tournais vers la fille que je considérais désormais comme mon amie. Au diable le fait que nous nous étions rencontrées ce matin. A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Je pris sa main dans la mienne, et un élan de confiance s'empara de moi. Mon instinct avait repris le contrôle, je me laissais guider par lui, le sentant beaucoup plus sain que son acolyte de toute à l'heure.

Si je pouvais faire souffrir les gens, pourquoi ne pourrais-je pas les guérir ?

J'étais certaine d'en être capable. Je fis un mouvement de la main et l'eau de la fontaine tourna dans les airs aux ordres de ma main. Damon recula, surpris, mais remis bien vite son masque calme. Sereine, j'appliquais seulement ce que je semblais savoir faire parfaitement. Je déposai alors un peu d'eau sur Muriel, elle se mouva sur son corps, roulant sur sa peau. Au contact du liquide transparent ses entailles disparurent comme si l'eau était magique. Mais ce n'était pas l'eau. Non. C'était moi, la chose magique.

L'affreuse inscription ne laisserai même pas de traces, aucune cicatrice.

Déterminée, j'attrapais ensuite une petite mèche de cheveux qui pendouillait tristement au-dessus de son oreille entre deux doigts. Je la pinçais légèrement. Elle se mit d'un coup à pousser à vitesse grand V, les autres ne tardèrent pas à suivre. Je les laissai onduler jusqu'à sa taille avant de lâcher sa mèche, qui n'en n'était plus une, et de la glisser rapidement dans la main de Muriel. Ce qui fit très vite tilte dans sa tête. Mais je pensais qu'elle n'avait pas la force de sauter de joie comme ce matin. Elle me prit donc doucement dans ses bras en me chuchotant des merci, je la serrais encore plus fort. Elle semblait se réveiller de sa transe, sortir du brouillard de l'horreur, pas à pas.

Un immense soulagement s'empara de moi. C'était terminé, elle allait mieux.

Et pas besoin de l'emmener à l'infirmerie, un poids en moins sur nos épaules.

« Nous devrions l'accompagner jusqu'à votre chambre, pour qu'elle puisse se reposer avant le dîner, proposa Damon.

- Tu as raison, tu veux bien la porter ? Elle vient de s'endormir dans mes bras, elle doit être exténuée. Je suppose que nous le serions tous... »

Il hocha la tête et la souleva de nouveau. Je refermai la porte de la verrière derrière nous, abandonnant ses effluves rassurants, retrouvant le froid du couloir immaculé. Maintenant que j'étais certaine que la brune se portait bien (ou du moins autant que l'on pouvait l'être après ce qu'elle venait de vivre) une seule chose me préoccupait.

Cette voix. 

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