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Chapitre 8 - L'As ou le Roi ?

— Mademoiselle Alisée ! Quel plaisir que vous puissiez vous joindre à nous !

Si Branwell McLawrence avait vraiment été le gentilhomme dont il se donnait l'apparence, il se serait levé à l'entrée de son invitée. Mais au contraire, il resta installé derrière sa table de jeu, tout en faisant tourner un verre de sang entre ses doigts.

La vampire n'avait pas eu de mal à trouver le salon de jeux, car comme le chef de clan s'en était vanté, tout le monde connaissait ses habitudes. Un seul domestique avait suffi à la mettre sur le bon chemin. À présent, elle découvrait une petite salle plutôt sympathique, décorée de rouge et de noir. Elle se meublait de diverses tables, aussi bien pour jouer au billard qu'à la roulette. Celle où se tenaient Branwell et Beatricia était neutre et semblait dédiée aux jeux de cartes.

— Je vous remercie pour votre invitation, je suis très heureuse et honorée que vous m'accordiez cette faveur, minauda-t-elle en prenant place à leurs côtés.

Comme la table était ronde, elle se retrouva face aux deux autres vampires. L'un posait sur elle son dérangeant regard scrutateur, tandis que l'autre paraissait vouloir être partout sauf ici. Alisée aurait bien voulu la rassurer en lui avouant qu'elles étaient deux...

— C'est nous qui sommes honorés de votre présence, fit Branwell en posant son verre pour attraper un paquet de cartes. Ce n'est pas toutes les nuits que le roi reçoit de si beaux cadeaux... Je suis ravi que vous soyez arrivée un jour où je menais l'Attribution.

Il lui adressa un sourire enjôleur, et elle sentit quelque chose frôler son mollet sous la table. Non, mais je rêve, s'exaspéra-t-elle silencieusement. Ce n'était pas le premier malotru qu'elle rencontrait, loin de là, pourtant elle devait avouer que celui-ci ne traînait pas en besogne ! Et juste à côté de sa soeur ! Y voyant une occasion d'en profiter, elle replia lentement ses jambes, et masqua son dégoût par une question posée avec la plus grande innocence :

— Est-ce souvent que Sa Majesté vous demande de le remplacer pour ce genre de tâche ? s'enquit-elle avec une pointe de fascination, comme si l'idée qu'il puisse tenir de telles responsabilités l'impressionnait. Je veux dire, je croyais que c'était forcément lui qui choisissait quelles offrandes accepter...

Car peut-être que Damien n'était pas tombé sur le monarque la nuit de sa venue au palais, et que quelqu'un l'avait refusé. Cela paraissait difficilement probable, mais il fallait considérer toutes les possibilités.

— Les cérémonies d'Attribution ont généralement lieu deux fois par semaine. Naturellement, le roi a d'autres occupations plus importantes que d'y assister, alors il lui arrive de confier cette tâche à un chef de clan. En alternant parmi tous les dirigeants présents au palais, nous devons à peu près présider deux cérémonies par mois.

Ce sujet ne paraissait guère le passionner, car il n'entra pas davantage dans les détails. Tout en distribuant les cartes, il commença ensuite à expliquer les règles du jeu auquel sa soeur et lui avaient l'habitude de jouer. Alisée n'écouta qu'à moitié ce qu'il racontait, d'autant plus que ses explications étaient tout sauf claires. Elle comprit néanmoins qu'à chaque manche, elle devait poser une carte de son choix face cachée sur la table, puis attendre que tout le monde ait fait de même avant de la retourner. Celui des trois qui avait la carte la plus forte ramassait celles des deux autres, et ainsi de suite.

— N'est-ce pas une sorte de "bataille" ? s'étonna la jeune vampire en faisant appel à ses souvenirs d'enfance.

— Un peu, confirma-t-il en ébouriffant ses cheveux bruns, sauf que dans une simple bataille, il suffit de retourner bêtement ses cartes sans savoir laquelle on a posé. Ici, vous voyez ce que vous avez en main, et vous pouvez élaborer une certaine stratégie, car le plus important est la dernière carte qu'il vous reste. Gagner la manche finale vous fait tripler le nombre de points que vous avez amassé tout au long de la partie.

Peu convaincue par l'intérêt que l'on pouvait trouver à ce jeu, Alisée récupéra toutefois les cartes que Branwell lui avait distribuées. Il lui sembla ne pas être trop mal tombée, même si elle possédait une figure qui lui était inconnue. Celle-ci ressemblait à une dame, mais dans les coins, un "P" était inscrit à la place du "D". Elle n'osa pas demander d'explications, ne voulant pas trahir son jeu.

Elle avait beau faire tout cela uniquement pour son frère, gagner face à Branwell et Beatricia lui procurerait mine de rien une petite satisfaction.

— Avez-vous eu l'occasion de faire quelques rencontres, depuis votre arrivée ? demanda le chef de clan tandis que les trois joueurs choisissaient leur première carte.

Pour la manche de départ, la vampire se douta que les deux autres voudraient impressionner en jouant fort dès le début. Elle opta donc pour un huit de trèfle.

— Pas vraiment, je parle seulement à ma femme de chambre, ainsi qu'à un valet. Vous et votre soeur êtes les premiers à m'accorder de l'attention.

— Et c'est tout naturel ! affirma Branwell. Je trouve toujours cela triste quand des nouveaux arrivants peinent à se faire une place ici. La vie au château est si agréable quand on sait comment et avec qui en profiter !

La réserviste se força à sourire, contrairement à Beatricia qui ne se donnait même pas la peine de dissimuler son ennui. Elle jeta sa carte sur la table en poussant un soupir, puis but une gorgée de son verre. Il ne contenait pas de sang, mais une boisson semblable à du jus d'orange.

Quand vint le moment de retourner les cartes, c'est mademoiselle Blackfire qui remporta la manche. Cette petite victoire suffit à lui conférer un intérêt nouveau pour la partie, sans néanmoins la convaincre de prendre part un tant soit peu à la conversation.

— Et dites-moi, d'où nous venez-vous, mademoiselle Alisée ? l'interrogea Branwell d'un ton léger.

La concernée se demanda bien ce qu'il pouvait en avoir à faire, mais consentit à lui fournir une réponse :

— De la Terre des Loups du Diamant. J'y ai vécu toute ma vie de vampire.

Le territoire des lycanthropes était divisé en six contrées, chacune correspondant au domaine d'une meute. Ces mêmes meutes étaient toutes associées à une pierre, ce qui expliquait leurs noms dignes de bijouteries.

— Vraiment ? s'étonna-t-il. À vous voir, je pensais plutôt que vous veniez de l'extrême sud, plus particulièrement de la Terre de l'Ambre, non ?

— Justement, j'y suis née et y ai vécu pendant mon enfance.

Elle n'entra pas davantage dans les détails, sa soeur et lui n'ayant rien à connaître de sa vie. En dévoiler un peu plus lui aurait peut-être permis d'évoquer l'une de ses "lointaines connaissances", mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge.

Les deux manches suivantes se déroulèrent dans le silence. L'une fut encore remportée par Beatricia, puis l'autre par son frère. Dans un coin de la pièce, un attroupement s'était formé autour d'une table de billard. Une partie intéressante devait s'y jouer, car des exclamations retentissaient de temps à autre, mêlées aux entrechoquements des billes.

Branwell tournait fréquemment la tête en direction du petit groupe, comme si cela le démangeait de les rejoindre. Il décida finalement de relancer la discussion, malgré ses deux partenaires peu bavardes :

— Lorsque vous viviez sur la Terre du Diamant, était-ce à la capitale ? Je suis allé quelques fois à Bois-Lunaire, c'est un endroit très charmant.

Il fallut un bon moment à Alisée pour comprendre de quoi il parlait. Elle vivait effectivement près de la capitale, mais jamais personne ne l'appelait par son vrai nom, Bois-Lunaire. Tout le monde disait simplement "le village".

— Absolument, je vous avoue que l'ambiance qui y règne me manque beaucoup...

Pour la première fois depuis le début de la conversation, elle exprimait quelque chose qu'elle pensait vraiment. Si l'espoir de retrouver Damien ne l'avait pas encouragée à partir, elle serait volontiers restée sur la Terre des Loups. Les magnifiques forêts lui manquaient, ainsi que les adorables petites librairies. Sa vie aux côtés de Dame Miranda était tout sauf drôle, mais elle se sentait plus à l'aise dans son vieux manoir qu'au milieu de ce château infesté de sacrés numéros...

— Personnellement, intervint Beatricia en agitant sa crinière châtaine teintée de blond, je ne vois pas comment il est possible de vivre au milieu de loups-garous. Leurs perpétuels regards méprisants sont insupportables.

— Parce que tu ne leur adresses pas ces mêmes regards, peut-être ? rétorqua Branwell en levant les yeux au ciel.

Cela eut le don d'attiser les nerfs de sa soeur.

— Tu es bien mal placé pour parler, fit-elle en posant énergiquement l'une de ses cartes, car tout ce que tu es bon à faire avec les loups-garous, c'est coucher avec eux. Comme tu le fais avec à peu près tout le monde, d'ailleurs. Je préfère vous prévenir, mademoiselle, ce cirque a pour unique finalité que vous trouviez le chemin de son lit. Au cas où ses frôlements de jambes "accidentels" sous la table n'auraient pas été assez explicites...

— Comment peux-tu te montrer aussi vulgaire ? se scandalisa son frère. D'ailleurs, comment s'est terminée ta nuit d'anniversaire ? Tu as bien apprécié le cadeau du roi ?

Mais qu'est-ce que tu as fait pour être obligée de supporter ça ? se demanda Alisée, au comble de l'exaspération. Elle n'avait qu'une envie : retourner dans sa chambre et reprendre sa lecture d'Un jardin pour les loups. Au moins, les personnages n'étaient pas aussi stupides et inintéressants que ces deux énergumènes.

Les chefs de clans continuèrent à se lancer des piques pendant les manches suivantes, si bien qu'ils ne faisaient plus attention aux cartes qu'ils jouaient. Alisée remporta quelques victoires, sans que les autres joueurs ne s'en formalisent.

La partie de billard à côté d'eux se termina bientôt. Les joueurs et le public quittèrent le salon, certains en riant, d'autres en pestant d'avoir perdu. Les trois vampires se retrouvèrent donc seuls. Les jacassements de Branwell et Beatricia comblaient le silence, jusqu'à ce que cette dernière s'exclame avec agacement :

— Je ne vois pas pourquoi ma relation avec le roi te pose problème, puisque de toute façon, nous n'aurons bientôt plus à nous préoccuper de lui !

Au regard tueur que lui jeta son frère, elle se rendit compte de la faute qu'elle venait de commettre.

Mais comme ni les mots, ni le temps ne pouvaient s'effacer ou se remonter, il était déjà trop tard. Les yeux des deux vampires empreints d'effarement se posèrent sur Alisée.

Cette dernière se mura dans la contemplation de ses cartes, feignant de n'avoir rien entendu. Cependant, même nier entendre le chant d'un coq aurait été plus crédible.

— Nous... Oh et puis mince, maugréa Branwell.

Il posa quelques secondes ses cartes face cachée pour attraper son verre de sang et le vida d'une traite. Après avoir jeté un bref regard circulaire sur la salle, il fronça ses sourcils en un air très grave, puis commença en un murmure :

— Pouvons-nous vous accorder notre confiance, mademoiselle Alisée ?

Elle hocha la tête, sachant très bien que si elle tenait à la garder sur les épaules, acquiescer était l'unique solution.

— Ma soeur et moi avons trouvé un moyen de tuer Sa Majesté.

Alisée dut faire tous les efforts possibles pour ne pas éclater de rire. Elle comprenait enfin l'origine de cette invitation, ainsi que tout le grotesque spectacle auquel elle venait d'assister. Néanmoins, elle continua à rentrer dans leur jeu.

— Mais... Mais enfin, tout le monde sait que le roi ne peut mourir, balbutia-t-elle en affichant tout l'effarement et la surprise dont elle était capable.

Ses faibles talents de comédiennes fonctionnèrent, car un petit sourire fier étira les lèvres de Branwell.

— Figurez-vous que nous avons réussi à percer l'un de ses mystères. Vous savez, les roses qu'il porte toujours à sa veste...

Elle opina vigoureusement du chef, comme une petite enfant attendant avec impatience la suite d'une histoire haletante. Intérieurement, elle s'esclaffait face à une si grossière mascarade. Maintenant, il va te dire que s'il se pique à la pointe d'une des épines aux douze coups de minuit, le roi mourra dans d'atroces souffrances.

— Il suffirait de lui faire boire du sang mélangé à des pétales pour qu'il perde la vie.

Cette fois, Alisée ne put retenir un gloussement, qu'elle maquilla en une toux impromptue due au choc. Les chefs de clans n'y virent que du feu, ou du moins, gardèrent leur air dramatique.

— Je... Je ne comprends pas, comment comptez-vous vous y prendre afin de réaliser une chose pareille ?

Branwell lui expliqua qu'il avait l'intention de boire un verre avec le roi la nuit prochaine. Pendant que le monarque aurait le dos tourné, il verserait dans son gobelet un pétale trouvé à la roseraie du palais. Bien entendu, Sa Majesté n'y verrait que du feu, et se délecterait de la boisson avec la plus parfaite des insouciances.

La jeune vampire ignorait où se trouvait le comble de l'affliction : cette mise en scène, ou le fait que l'on ne témoignait de presque aucun effort afin de lui donner un semblant de plausibilité. La prenaient-ils à ce point pour une imbécile ?

Au moins, désormais, tout lui apparaissait clairement. De l'intérêt étrange que lui portaient ces deux immortels, jusqu'à l'attitude du roi qui lui avait laissé croire qu'une invitation de leur part était exceptionnelle. Peut-être que certains tombaient tristement dans ce piège à peine recouvert de feuilles... En ce qui la concernait, Alisée avait lu suffisamment d'histoires bourrées de prétendues "intrigues de cour" pour comprendre le réel enjeu de tout ce numéro : le roi voulait tester la loyauté de ceux qui vivaient sous son toit.

Ainsi, il demandait certainement à ses chefs de clans de prétendre fomenter un complot contre lui, afin de voir quel camp ses nouvelles brebis choisiraient. Ceux capables de se révolter contre lui n'iraient pas le prévenir d'un tel danger, tandis que ses fidèles sujets effectueraient le contraire.

Contrairement aux grandes robes aux allures d'instrument de torture, la subtilité n'était pas en vogue à la Cour des Vampires.

— Beatricia et moi ne faisons nullement cela par soif de pouvoir, déclara Branwell en baissant les yeux vers la table. Même s'il nous a octroyé nos titres de chefs de clans, l'ombre du roi pèse sur nos vies à chaque instant.

Étonnamment, ce dernier aveu sonna juste.

— En tant que nouvelle arrivée, je ne peux me permettre de m'immiscer dans vos histoires, déclara Alisée le plus innocemment possible. Je n'en dirai pas un mot, je vous le promets.

Ses deux comparses ne répondirent rien, se contentant de reprendre leurs cartes pour terminer la partie. Ils devaient croire avoir réussi leur supercherie, et Beatricia paraissait même retenir un sourire. On atteint le summum de l'absurdité, se désola la réserviste.

L'heure de la manche finale arriva bientôt, chacun des joueurs n'ayant plus qu'une seule carte en main. La jeune vampire avait gardé celle dont elle ignorait la signification, avec les lettres "P" dans les coins. Comme aucune du même genre n'était apparue au cours de la partie, elle en avait déduit qu'elle possédait peut-être une certaine importance.

Beatricia posa sa carte en premier. Un Roi. Alisée songea qu'elle n'en avait vu aucun depuis le début du jeu. Avec un soupir dépité, Branwell révéla un As. Sa soeur poussa un petit cri de joie hystérique.

— Ne crie pas victoire trop vite, maugréa son frère. Mademoiselle Alisée ?

— Attendez une seconde, n'est-ce pas l'As qui l'emporte face au Roi ? s'enquit-elle sans comprendre la satisfaction de Beatricia.

— Sur la Terre des Loups, oui. Mais sur celle des vampires, c'est toujours Sa Majesté qui gagne.

La vanité du roi se retrouvait donc jusque dans de simples jeux de cartes ? À part cette triste "épreuve de loyauté", on pouvait difficilement trouver plus ridicule.

Ainsi, certaine d'avoir perdu, elle déposa sa carte sur la table.

— Oh non ! s'écria la cheffe de clan en se laissant aller en arrière sur sa chaise. Je ne peux jamais gagner !

— Je savais que la Princesse n'avait pas encore été jouée, s'esclaffa Branwell. Je me doutais donc que cela allait se jouer entre vous deux, sauf que quand tu as révélé ton Roi, j'ai compris que mademoiselle allait l'emporter.

— Mais... Ne venez-vous pas de dire que le Roi battait toutes les autres cartes ? Et puis d'où sort cette "Princesse" ?

— Il n'y a qu'un seul Roi et qu'une seule Princesse dans chaque jeu. Le premier bat tout le monde, sauf Son Altesse. S'il joue correctement, celui qui la possède est quasiment assuré de remporter la partie. Nous allons compter les points si vous le souhaitez, mais avec les vôtres qui compteront triple, vous pouvez être certaine d'avoir gagné.

Le roi refusait donc de s'incliner face à quiconque, sauf envers sa fille. Quelle douce déclaration d'amour paternel !

Alisée sortit bel et bien victorieuse de cette partie. Beatricia et son frère feignirent d'être dépités, or en réalité, ils avaient accompli leur travail. La nouvelle réserviste allait à présent devoir prouver ou non sa loyauté au monarque.

Résignée, elle fit mine de revenir à sa chambre, avant de se mettre en quête de Sa Majesté. Damien, tu as intérêt à m'acheter une sacrée pile de livres quand je te retrouverai...

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