Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 59 - Sang mortel

Malgré son bras meurtri qui peinait à cicatriser, Alisée raffermit sa prise sur son arme et se mit en garde. Danila vint se cacher derrière elle, au moment où l'homme abattait sa lame de bois sur la sienne. S'être entraînée avec le mari de la princesse avait un avantage : peu de personnes étaient aussi fortes que lui. Ainsi ne fut-elle pas surprise par la force de l'impact, qui échoua à la désarmer ou la faire vaciller. Le vampire parut vaguement surpris, aussi en profita-t-elle pour dégager son épée et la lui renvoyer en pleine figure. Hélas, il contra son coup pile avant qu'elle ne lui tranche la joue.

Son assaut l'ayant mise dans une position vulnérable, les flancs à découvert, il sauta sur l'occasion pour riposter en la visant à la taille. L'arme manqua de la transpercer, mais Danila la tira en arrière juste à temps.

De l'agitation se fit entendre vers l'entrée de la pièce, toutefois ni Alisée, ni le faux garde ne prirent la peine de regarder ce qui se passait. Chacun savait très bien que l'autre en profiterait pour l'attaquer.

À force de petits moulinets habiles, il réussit à faire reculer les deux vampires en direction de l'une des portes-fenêtres. La plus âgée était incapable de parer ce genre de coup, et encore moins d'esquisser des assauts, Duncan n'ayant pu l'entraîner à de telles techniques. Elles sentirent bientôt l'air de la nuit agiter leurs cheveux, se retrouvant sur un balcon baigné par le clair de lune. Alisée craignit qu'elles se retrouvent acculées contre la rambarde, mais alors qu'elles continuaient d'évoluer en marche arrière, elles découvrirent une silhouette familière cachée derrière l'encadrement de la porte.

Drew leur fit signe de ne rien dire en mettant un doigt devant sa bouche, puis quand ce fut au tour du rebelle d'arriver sur la terrasse, il l'assomma avec le vase qu'il tenait entre ses mains.

L'homme s'effondra et la réserviste lui planta aussitôt son épée dans le coeur. Étant donné que sa lame n'était qu'en métal, cela ne le tuerait pas, mais le laisserait inconscient bien assez longtemps. Même si l'arme en bois du prétendu soldat était maintenant à sa portée, elle n'eut pas le courage de le tuer en empalant de nouveau son organe "vital".

Elles remercièrent silencieusement le valet, qui les invita à se cacher derrière le mur de pierre. Kristal, ainsi que quelques autres domestiques qu'Alisée ne connaissait pas, s'y tenaient également, leurs tenues couvertes de sang. Heureusement, à l'odeur, cela ne paraissait pas être le leur.

Il était impossible de fermer la porte-fenêtre brisée, donc ils ne pouvaient qu'attendre en espérant que les loups soient trop occupés à l'entrée de la pièce. Ils se tenaient le plus loin possible de la rambarde, aucun ne souhaitant apprécier l'infinie distance qui les séparait du sol. Si des lycanthropes ou une horde de rebelles les attaquaient, vaudrait-il mieux leur faire face ou s'épargner d'atroces souffrances en sautant ? La belle vampire tâcha de ne pas s'épancher sur la question, déjà reconnaissante que Danila, Kristal, Drew et elle-même soient toujours en vie. Cela représentait un sacré miracle, qu'elle espérait bien se voir prolonger...

Quant à Adrian, même si elle supposait que la pagaille s'était dorénavant répandue aux quatre coins du château, elle voulait croire qu'il s'en sortait sans encombre. Quasiment rien ne peut le tuer, c'est l'homme le plus fort du royaume, voire du monde... En ce qui concernait la survie de la princesse, elle avait encore moins de doutes.

Drew et une femme de chambre eurent la bonne idée de discrètement ramasser des débris de la porte-fenêtre, aussi bien du verre que du bois. Alisée, qui conservait son épée de métal, se tourna vers Danila, qui demeurait prostrée, la tête plus que jamais rentrée dans ses épaules. Elle ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose, lorsque le valet s'élança brusquement dans la salle, sans crier gare.

La réserviste se pencha vers l'embrasure pour voir ce qui lui était passé par la tête, et constata qu'il venait en aide à l'un de ses collègues, qui boitait dans leur direction. À son pantalon déchiré et son teint cadavérique, elle comprit que le pauvre diable avait sérieusement été amoché par un loup. Elle sortit à son tour afin de l'accompagner, mais vit que de nouveaux rebelles avaient atteint la salle, vêtus de tuniques pourpres. L'avantage, c'était que de véritables soldats les avaient suivis, apportant un certain renfort.

Une fois le valet blessé ramené sur la terrasse, elle essaya d'observer les combats, en quête du roi ou de sa fille. Des exclamations suraigües interrompirent ses recherches et elle se retourna vivement. Kristal, Danila et les domestiques pointaient du doigt le balcon voisin du leur, depuis lequel un loup-garou s'apprêtait à bondir sur eux.

— Il faut le déséquilibrer ! cria une femme de chambre en commençant à lui envoyer des morceaux de verre.

La petite rousse ne se fit pas prier et se défoula en expédiant tous les débris qui lui tombaient sous la main. Alisée ne put participer à l'effort, car au même moment, deux rebelles nouvellement arrivés fondirent dans leur direction.

Comprenant que ces ridicules tentatives de cachette ne servaient à rien, elle crispa ses doigts sur son arme, prête à attaquer ces individus... ou au moins faire en sorte de se défendre. Un valet qu'elle ne connaissait pas se plaça à côté d'elle, tandis que les autres s'efforçaient de repousser le loup.

L'un des assaillants dut repérer sa blessure au bras qui peinait à cicatriser, car il visa précisément cet endroit pour sa première offensive. Elle échoua à parer le coup et sa plaie s'ouvrit davantage. Elle grogna, mais se força à riposter aussitôt en envoyant sa lame vers le cou du rebelle. Celui-ci l'évita sans mal, un horrible sourire sadique déformant ses lèvres. Il releva son arme, cependant la pointe d'une autre épée vint couper son poignet.

Il n'eut même pas le temps de crier, car une dague en bois se logea dans son coeur, fermement tenue par Duncan.

L'homme n'avait pas encore touché le sol que le soldat s'occupait déjà du second assaillant, à deux doigts de venir à bout du valet. Le mari de la princesse se tourna ensuite vers Alisée, l'expression impénétrable.

— Vous ne pliez pas assez vos coudes, mais je dois avouer que...

— Où est Adrian ? le coupa-t-elle, revenue de sa courte stupeur.

D'un mouvement de tête, il lui désigna le centre de la pièce... où le roi venait de tuer quatre rebelles et avait tranché la tête d'un loup. Seul son immense soulagement empêcha la vampire de succomber à un haut-le-coeur.

Elle aurait bien voulu accourir près de lui, or il devait déjà de nouveau affronter des immortels poussant des cris de rage.

— Les loups-garous nous ont pris par surprise et ont brisé les portes-fenêtres des jardins à minuit, l'informa Duncan à toute vitesse. Ils ont infiltré le palais et sont arrivés jusqu'à vous pendant que nous combattions dans la petite cour. De nouveaux partisans se sont faufilés par les ouvertures créées par les loups et... tout a rapidement dégénéré.

Elle ne pouvait qu'en témoigner...

— Vous allez rester sur cette terrasse avec les autres, je vais vous protéger et...

Des exclamations de victoire l'interrompirent. Sur le balcon, Kristal et les domestiques avaient réussi à faire basculer le loup-garou dans le vide. Danila repéra la présence du garde et se précipita vers lui.

— Est... Est-ce que vous savez si Jae-Sun va bien ? bredouilla-t-elle.

— J'ignore où il est, mais la dernière fois que je l'ai vu, il était en vie.

Il ne s'égara pas davantage en conversations, car d'énièmes fous furieux les choisirent pour cible. Grâce aux techniques imparables du soldat et à la légère aide d'Alisée, l'homme et les deux femmes tombèrent morts ou inconscients.

— Je vous remercie, se sentit-il obligé de marmonner à la réserviste, alors qu'il avait clairement fait la plupart du travail.

À peine eut-il fini sa phrase que le roi apparut près d'eux. Il avait quitté sa veste noire, laissant à la vue sa chemise blanche maculée de sang, trouée par une affreuse marque de morsure. Quant à sa rose, elle avait disparu. La belle vampire frissonna à la vue des veines noires qui transparaissaient sur son épaule droite, là où les dents d'un lycanthrope avaient dû se planter. Il ne semblait pas une seconde inquiet par cette blessure qui aurait tué tout autre buveur de sang, bien plus préoccupé par l'état d'Alisée.

— Qui est-ce qui t'a fait ça ? s'inquiéta-t-il en prenant doucement son bras gauche blessé.

— Une griffure de loup-garou, ce n'est rien, ne t'inquiète pas, mentit-elle alors qu'elle ne pouvait quasiment pas le bouger. Et toi, ta morsure ?

Il balaya sa question d'un geste.

— Une broutille, éluda-t-il d'une voix rauque. J'ai eu tellement peur que...

— Ce n'est pas pour interrompre votre petite réunion, mais je vous rappelle que notre palais est en train d'être envahi. À mon humble avis, ce n'est pas vraiment le bon moment pour se conter fleurette...

Ils se tournèrent vers Isabella, qui venait de surgir des combats. Le bas de sa jupe blanche était imprégné d'hémoglobine, néanmoins, mis à part cela, la princesse paraissait indemne.

— Va t'occuper des loups-garous, ordonna-t-elle à son père. Tu es le seul qu'ils ne peuvent pas tuer. Duncan, ne perds pas ton temps à protéger les domestiques, tu...

— Je ne peux pas les laisser comme ça, protesta-t-il. Ils...

Son Altesse le foudroya du regard.

— Ils ont bien survécu jusque-là ! s'agaça-t-elle. Notre but est d'éliminer un maximum de ces dégénérés et tu es l'un des mieux placés pour le faire !

Sachant qu'elle avait raison, son mari s'exécuta et disparut parmi la foule sanguinaire. Adrian n'obtempéra pas si facilement, peu enclin à laisser Alisée.

— Ne t'en fais pas, elle reste avec moi, déclara sa fille. Quant à vous, ajouta-t-elle à l'adresse de Danila, ne bougez pas du balcon.

Le roi parut rassuré et après un léger hochement de tête, partit à son tour.

— C'est le moment de voir si Duncan a réussi à faire des miracles, fit Isabella en relevant le menton. Nous avons besoin de tous les combattants possibles, donc faites de votre mieux.

La réserviste acquiesça, à la fois satisfaite et peu rassurée. Elle préférait se battre que se cacher vainement, toutefois... Elle doutait de pouvoir faire long feu au milieu des heurts.

Malgré ses doutes, elle parvint à s'en sortir sans encombre, mettant à profit sa vitesse surnaturelle comme le garde le lui avait appris. Elle n'excellait pas dans l'art d'atteindre et blesser ses adversaires, mais parvenait à détourner leur attention, le temps qu'Isabella règle le compte de leurs autres complices. À elles deux, elles formaient un plutôt bon duo, ce que ne manqua pas de lui faire remarquer Son Altesse.

— Je commence légèrement à comprendre pourquoi mon père s'intéresse à vous, lui lança-t-elle après qu'Alisée ait brisé la nuque d'un homme.

Même si ce dernier n'était pas mort, commettre un tel acte lui avait coûté. Cependant, ce n'était rien à côté des sombres exploits de la princesse. Ainsi, au milieu du chaos, elle semblait parfaitement dans son élément. Pas une seule fois elle ne perdit ses deux épées aux lames légèrement incurvées, les maniant mieux que le plus aguerri des soldats. Aucune étincelle n'animait son regard lorsqu'elle empalait des coeurs ou incisait des gorges, enchaînant ces gestes avec une précision et des automatismes glaçants.

Elle devait tenir ce "talent" de son père, puisque celui-ci ne s'en tirait pas moins bien. Quelques fois, Alisée entrevoyait ses luttes acharnées contre les loups, dont il venait à bout avec une aisance sidérante. En dépit de ses inévitables blessures, il ne laissait aucune chance de survie aux lycanthropes, dont les charognes tombaient les unes après les autres.

Bien que les fenêtres cassées laissent entrer une légère brise, l'odeur de sang de toutes les espèces mélangé devint intenable. La réserviste croyait parfois suffoquer, ses oreilles étant également mises à rude épreuve par l'insupportable tapage.

Entre deux duels, elle crut discerner Jae-Sun. Cela la rassura et la laissa penser que s'il venait ici, c'était que les choses s'amélioraient peut-être dans le reste du château. Ou alors pas du tout...

Elle venait de repousser une femme armée d'un gourdin, lorsqu'elle vit la princesse étonnamment en difficulté. Une blessure était visible au niveau de sa taille, tandis que trois hommes à l'imposante carrure la cernaient. Elle fit une jolie brochette de deux d'entre eux, mais alors qu'elle s'occupait du dernier, elle ne vit pas le vampire qui fusait dans son dos en brandissant un pieu.

Alisée bondit pour dévier la pièce de bois, qui échappa de justesse à son propre abdomen. Grâce à une force qu'elle ne soupçonnait même pas, elle retourna l'arme contre son adversaire et la lui enfonça dans le ventre.

L'homme s'écroula, à l'instant où Isabella réalisait que la réserviste venait de la sauver.

— Co... Comment avez-vous fait cela ? bredouilla-t-elle, essoufflée pour la première fois depuis le début des hostilités.

Chacune peinant à se remettre du choc, elles ne virent pas l'arbalète qu'une femme, vêtue de dangereux gants de dentelle noire, braquait sur Alisée.

Elles ne s'aperçurent de sa présence qu'au moment où le projectile fendait l'air, prêt à s'enfoncer dans le coeur de la belle vampire.

Cette dernière ferma instinctivement les yeux... mais rien ne vint la percuter.

Elle sentit juste comme une bourrasque de vent passer devant elle, ce qui la poussa à rouvrir immédiatement les paupières. 

Son souffle se bloqua dans sa poitrine lorsqu'elle vit Adrian s'effondrer à côté d'elle, le torse transpercé par une pointe en bois.

Son cri résonna en même temps que celui d'Isabella et elles se laissèrent tomber à genoux près de lui. La princesse retira aussitôt le projectile du coeur de son père, ce qui le fit pousser un grognement. Alisée s'attendit à ce qu'il se redresse, or il ne bougea pas, le visage déformé par la douleur.

— Oh non, murmura Son Altesse en examinant le bout de la lame.

Au milieu du sang presque noir du roi se discernait une autre substance brillante. Alisée avait beau ignorer de quoi il s'agissait, l'expression horrifiée d'Isabella le lui fit vite deviner.

Du venin de loup-garou.

Elle releva la tête vers leur agresseur et se figea en découvrant Dame Miranda.

Son ancienne propriétaire la fixait d'un regard haineux, ses yeux verts aussi perçants que dans ses plus sombres souvenirs... Yeux verts qui s'exorbitèrent la seconde d'après, juste avant qu'elle ne s'écroule sur le parquet. Sa chute laissa apparaître derrière elle la frêle silhouette de Kristal, qui maintenait un pieu de bois enfoncé dans son dos, pile au niveau de son coeur.

Le vide s'empara bientôt des yeux de Dame Miranda, raide morte.

Sonnée, la petite rousse se recula, les mains plaquées sur sa bouche, cependant Alisée l'oublia aussitôt. Elle rebaissa les yeux vers Adrian, dont le sang se répandait lentement sur le sol.

— Reste... Reste avec moi, lui intima la princesse en soulevant précautionneusement le tissu de sa chemise qui collait à sa plaie. On va aller te chercher un Neutre et avec un peu de sang, ça va aller...

— Je... Je peux lui donner le mien, proposa la réserviste en tendant déja son poignet, je...

— Surtout pas ! la coupa-t-elle violemment.

Sa voix avait des accents hystériques qu'Alisée ne lui avait jamais entendus, ce qui était d'autant plus inquiétant.

— Isa... Isabella, articula difficilement son père, tu sais... Tu sais...

Elle secoua frénétiquement la tête, le souffle de plus en plus court.

— Reste avec moi, répéta-t-elle avec une fermeté vacillante. Tout va s'arranger, tout...

Mais elle-même ne put terminer sa phrase.

— Pourquoi il ne cicatrise pas ? l'interrogea la belle vampire, gagnée par une panique croissante. Il... Il doit pouvoir survivre au venin de loup-garou, n'est-ce pas ?

Au fond d'elle, elle connaissait déjà la réponse à sa question, or elle refusait de l'admettre. Un sanglot enfla dans sa poitrine quand elle croisa les océans d'Adrian, étrangement calmes.

— Es... Essaye de te dire que ce n'était pas désintéressé, l'implora-t-elle. Essaye de...

Il était impossible que les choses se terminent ainsi. Impossible qu'il meure à cause d'elle, impossible qu'elle le perde, impossible que...

— Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, souffla-t-il. Et je... Et je ne le regrette pas.

De brûlantes larmes montèrent aux yeux d'Alisée, qui pressa ses mains sur la blessure sanguinolente. Petit à petit, un entrelacs de veines noires se dessinait sur le torse d'Adrian, signe que le venin s'insinuait dans son organisme.

— Il... Il a bien dû survivre à d'autres prétendus actes de bravoure, non ? persista-t-elle en se tournant vers Isabella. Quand il s'est sacrifié pour vous, quand... Je refuse de croire que ce n'était pas désintéressé.

Les perles brillantes qui roulaient sur le visage de Son Altesse la firent trembler comme une feuille. Duncan, qu'elle n'avait pas vu arriver, s'était agenouillé à leurs côtés pour soutenir sa femme, recroquevillée dans ses bras. Même s'il n'était pas d'un tempérament très joyeux, jamais elle ne lui avait vu une expression aussi triste.

Anéantie, la princesse laissa son regard vide rencontrer celui de la réserviste.

— La... La différence, c'est qu'avant... Avant il n'avait pas votre sang.

— Mon... Mon sang ?

Elle reporta son attention sur le roi. Elle chercha une réponse dans ses yeux, mais ne la trouva pas. Ou plutôt, elle refusa de la trouver.

— Votre sang est... La dernière condition pour qu'il meurt, chuchota Isabella.

Si Alisée avait maintes fois eu l'impression de tomber dans un gouffre sans fin, elle sombrait à présent dans les abysses de l'enfer.

— Quoi ? Non... Non c'est...

Elle sonda les iris d'Adrian à la recherche d'explications, n'importe quoi qui viendrait lui dire que sa fille délirait, en vain.

— Le... Le sorcier qui m'avait utilisé comme cobaye, articula-t-il avec une grimace de douleur, m'a dit... Il m'a dit que seul un acte de bravoure désintéressé pourrait mettre un terme à ma malédiction et...

Il attrapa lentement les mains de la vampire, qui essayait toujours de comprimer sa plaie.

— Que je devrais d'abord trouver une créature telle que moi, dont le sang... Dont le sang me serait mortel.

Alisée secoua la tête, persuadée d'être en plein cauchemar. Car cette nuit ne pouvait être que cela. Un cauchemar dont elle allait se réveiller, pour ensuite se blottir dans les bras de celui qu'elle aimait et...

— C'est pour cela qu'il a accepté que nous transformions de nouveaux immortels, ajouta la princesse, à peine audible. Et que nous avons mis en place le système des réservistes. Son seul espoir de mourir était de retrouver le vampire capable de le tuer.

Cela expliquait pourquoi il se nourrissait uniquement du sang de ses semblables, pourquoi il n'avait pas changé de système politique plus tôt, pourquoi il continuait à demander son sang... Tout avait beau se mettre en place, il était hors de question qu'elle y croie.

— Non, je... Depuis combien de temps le sais-tu ?

En admettant qu'elle soit vraiment capable de le tuer — ce qui était impensable — il n'aurait jamais pu tomber amoureux d'elle en sachant cela, si ?

— Dès... Dès que j'ai goûté ton sang, répondit-il en grimaçant un sourire. Pardonne-moi, mais il est absolument immonde.

Elle se souvenait encore de son expression, le jour de son Attribution, lorsqu'il avait affirmé que son essence vitale était délicieuse. Il ne lui avait fait aucun doute qu'il mentait.

— Alors pourquoi as-tu continué à le boire ? le questionna-t-elle d'une voix cassée. Pourquoi avoir pris ces risques, pourquoi...

— Il... Il a attendu plus de mille ans avant de vous trouver, intervint Isabella. Il savait qu'une fois qu'il vous demanderait de ne plus lui donner votre sang, il lui serait difficile de le récupérer si un jour... Si un jour il voulait enfin que tout se termine.

— Je... Je ne pensais pas que tu avais eu le temps d'en donner tout à l'heure, je ne m'en suis rendu compte qu'en buvant l'une des fioles et...

Un brusque sanglot échappa à Alisée, entraînant avec lui un torrent de larmes.

— Je suis tellement désolée, balbutia-t-elle. Tellement dé...

Il entremêla un peu plus leurs doigts et ses lèvres se fendirent d'un sourire déchirant.

— Eh, tout va bien, lui assura-t-il, alors que les veines noires devenaient de plus en plus affolantes sous les lambeaux de sa chemise. Je regrette simplement que... que la personne qui puisse m'aider à mourir soit l'une de celles qui m'ait le plus donné envie de vivre.

Son coeur se brisa en un millier de miettes et cette fois, elle sut que ces cendres ne renaîtraient jamais.

— Je... Je suis désolée, répéta-t-elle entre deux sanglots. Si je n'étais pas venue ici, si tu ne m'avais pas trouvée, tu...

— Tu m'as offert la meilleure fin que je pouvais espérer, l'interrompit-il. Ces derniers mois... C'est plus que je ne le mérite.

Elle remarqua qu'il ne grimaçait plus, mais cela était de la pire des augures. Sa douleur devait être telle qu'il ne la sentait plus, celle-ci l'engourdissant doucement.

Il tourna ensuite son regard vers sa fille et lui prit une main, tout en en gardant une dans celle d'Alisée.

— Tu... Tu sais quoi faire, lui murmura-t-il. À moins que tu aies changé d'avis et que tu veuilles...

— Non, le coupa Isabella dans un son étouffé. Pas sans toi.

Il n'insista pas.

Plus aucun bruit de combat ne parvenait à Alisée. Elle releva brièvement la tête et constata que Kristal, Danila et Jae-Sun se tenaient autour d'eux, ainsi que quelques domestiques. Cependant, elle se moquait que la bataille soit peut-être terminée.

Celle qui lui importait était en train de se perdre maintenant, alors que le sang d'Adrian imprégnait inexorablement le sol. Sa main dans la sienne se détendait de plus en plus, les veines noires ayant atteint le bout de ses doigts.

Bientôt, il ferma les yeux, tout en soufflant :

— Je... Je vous aime. Toutes les deux.

Alisée attendit que ses paupières se rouvrent.

Comme elles demeuraient closes, elle laissa sa main libre effleurer son visage, mais il ne réagit pas.

— A... Adrian...

Seul le vide lui répondit.

L'évidence s'insinua en elle tel le venin qui venait d'emporter le roi. Ses larmes vinrent s'échouer sur le torse meurtri de ce dernier, qui ne se soulevait plus.

Elle aussi avait cessé de respirer, étouffée par ses sanglots et le néant qui l'engloutissait.

Encore une fois, elle perdait quelqu'un qu'elle aimait. Or il s'agissait de la fois de trop. Elle ne s'en remettrait pas et du reste, ne voulait pas s'en remettre.

Où que soit allé Adrian, elle le suivrait.

À côté d'elle, la princesse avait enfoui sa tête dans le torse de Duncan. Une main vint se poser sur l'épaule de la réserviste, mais elle ne la sentit pas.

Elle ne sentait que sa douleur glacée et infinie, le vide qui l'aspirait dans son tourbillon infernal et... Et autre chose.

Une chose d'abord presque imperceptible, qu'elle ne reconnut pas tout de suite tant elle lui était devenue étrangère. Elle n'y prêta pas attention, persuadée qu'il s'agissait d'une illusion induite par ses pleurs et sa souffrance, cependant...

Les martèlements devinrent impossibles à ignorer.

Ils cognaient si fort dans sa poitrine tremblante qu'elle y porta une main... et le sentit.

Son coeur.

Note de celle que vous êtes actuellement en train de maudire, elle et ses descendants, sur six générations :

Vous avez le droit de me tuer... Ou de souhaiter que je me frappe le petit orteil contre le coin d'un meuble... Je ne vous en voudrai pas... 😭😅

Laissez-moi peut-être juste une dernière chance avec le prochain chapitre... Qui sait ce qui peut arriver ? ❤️

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro