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Chapitre 54 - Faiblesses

— J'avoue que cet endroit est fort charmant, mais pas de là à y passer ses journées...

Comme si elle était chez elle — ce qui dans l'absolu, était le cas — Isabella fit son entrée dans la chambre d'Alisée. Cette dernière lisait toute seule sur son lit ou du moins, perdait son regard vide sur les pages imprimées. À la vue de la princesse, elle esquissa un sursaut, ne s'étant pas attendue à une telle visite.

Toutefois, face à l'éternel petit air narquois de Son Altesse, sa surprise laissa rapidement place à de la lassitude. Elle n'était clairement pas d'humeur pour ses petits jeux et taquineries.

— Si vous cherchez votre père, je ne sais pas où...

— C'est vous que je cherche.

La réserviste haussa les sourcils et s'efforça de soutenir les deux arbalètes qui la fixaient avec insistance. Les longs cheveux noirs de la princesse étaient inhabituellement relevés en un élégant chignon, qui mettait en valeur son visage fin... et faisait d'autant plus ressortir ses yeux glaçants.

— Je ne sais pas si mon père vous en a parlé, mais je tiens à ce que vous preniez quelques cours de combat.

— Pardon ? se stupéfia la belle vampire en la toisant avec défiance.

Alors là, c'était la meilleure !

— Comme je vous l'ai dit, vos appartements m'ont l'air fort agréables, badina Isabella, mais vous ne pouvez pas vous y morfondre éternellement.

Sa légèreté infantine eut tôt fait d'agacer Alisée.

— Je ne passe pas mes journées ici, répliqua-t-elle. Et même si c'était le cas, sans vouloir vous manquer de respect, cela ne vous regarde pas.

Ses premières paroles n'étaient qu'à moitié vrai. Depuis une semaine, elle ne s'autorisait que quelques mornes balades avec Danila, mais en dehors de cela, elle n'avait goût à absolument rien. Ses journées se bornaient à pleurer, fixer le mur face à elle, faire semblant de lire, repleurer... Elle ne trouvait de réconfort que lorsque son amie ou Adrian lui rendaient visite, ce qui n'arrivait malheureusement pas très souvent. Des traces des partisans du Feu Nouveau avaient été retrouvées chez les Song, ce qui obligeait l'ancienne louve à éplucher avec Jae-Sun les rapports qu'il recevait.

Quant au roi, nul besoin de préciser qu'il était plus que jamais débordé de travail et de problèmes. Alisée aurait voulu pouvoir faire quelque chose afin de l'aider, mais le vide qu'elle ressentait en elle la paralysait. La moindre évocation de cet affreux groupe secret l'entraînait dans une spirale lui rappelant son frère, son horrible mère, sa tante qui courait toujours dans la nature... Elle voulait agir, cependant son choc était encore trop récent pour qu'elle parvienne à le surmonter.

— Vous vous trompez, contra la princesse en croisant les bras sur sa maigre poitrine. Votre état et vos affaires ont une influence sur mon père, donc ils me concernent.

Sa désinvolture l'avait brusquement désertée. La réserviste resta un instant perplexe, avant de soupirer.

— Sa Majesté est assez intelligente pour faire la part des choses et s'occuper des problèmes du royaume, si c'est cela qui vous inquiète. Je n'accapare pas son temps et...

— Peut-être pas son temps, mais ses pensées, si.

La concernée retint son souffle. À quel jeu jouait donc Son Altesse ? Décidément, quand elle s'y mettait, elle pouvait se montrer tout aussi insupportablement déconcertante que son père...

— Dans ce cas, je suis désolée de représenter une préoccupation pour lui, je...

— Je ne dis pas que vous êtes une préoccupation, la coupa Isabella. Mais vous pourriez en devenir une si vous ne faites rien afin de vous améliorer.

Vous améliorer ? C'était une chance que l'immortelle soit trop épuisée pour jouer les susceptibles, car autrement, elle ignorait comment interpréter cette remarque.

— Excusez-moi si vous ne m'estimez pas assez bien pour votre père, rétorqua-t-elle en inclinant la tête.

La princesse poussa un grognement d'exaspération et laissa ses bras retomber le long de son corps.

— Allez-vous vous décider à me suivre ? s'impatienta-t-elle.

Alisée claqua son livre et s'assit sur le bord de son lit.

— Je ne vais que vous faire perdre votre temps, se désola-t-elle. Je n'ai jamais tenu une épée de ma vie et...

Elle ignorait en quoi consistaient ces "cours de combat" et du reste, n'avait aucune envie de le découvrir. Toutefois, Son Altesse ne paraissait pas décidée à la laisser tranquille.

— Oh, ne vous inquiétez pas pour moi, s'amusa Isabella avec un petit sourire insolent. Duncan sera ravi de se charger de votre entraînement. Cette robe fera l'affaire pour une première séance, pas la peine de vous changer.

Sur ce, elle s'engagea d'un pas léger dans le couloir, sans accorder la moindre place à des protestations. La réserviste leva les yeux au ciel, puis finit par la suivre.

Cet évènement impromptu au milieu de sa triste journée ne parviendrait sûrement pas à l'égayer, au contraire. Néanmoins, elle reconnaissait en avoir assez de la solitude des murs de sa chambre.

— Pour ce que cela vaut, lui lança la princesse qui la devançait de quelques mètres, je suis désolée pour ce qui est arrivé à votre frère.

Elle ne l'avait même pas regardée en prononçant ces mots, mais Alisée crut déceler une once de sincérité dans sa voix. Serrant les poings pour ne pas se laisser déborder par de sombres pensées au sujet de sa famille, elle ne répondit rien.

Les deux vampires montèrent un escalier en silence, puis Isabella reprit :

— Enfin, vous savez, il ne faut pas tout dramatiser... Ce n'est pas donné à tout le monde de rencontrer son auteur préféré.

La belle immortelle réussit à esquisser un sourire. Quelques jours plus tôt, elle avait fait subir à Adrian un interrogatoire à propos de la fameuse "Amy Melton"... Elle n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée qu'elle et lui étaient la même personne, mais cela ne l'avait pas empêchée de le questionner à propos de tout et n'importe quoi :

— Pourquoi avoir à ce point bâclé le deuxième tome de la Trilogie des Âmes ? s'était-elle enquis. Est-ce que certains des personnages sont inspirés de personnes que tu connais ? Il y en a qui vivent au palais ? Et puis pourquoi ne pas utiliser ton vrai nom ?

Entre deux conseils avec ses chefs de clan, il avait pris le temps de répondre à chacune de ses interrogations. Ainsi, le second volume de la Trilogie des Âmes avait été un calvaire à achever et sa seule hâte était de pouvoir attaquer le dernier tome. Quant à ses inspirations, en dehors de Jae-Sun et Damien, il ne pensait pas avoir pris pour modèle des courtisans afin d'imaginer ses protagonistes, ou du moins, n'en avait pas conscience.

— Il est sûr que Kathryn et Isabella ont quelques points communs, avait-il admis, mais ma fille me tuerait si je la réduisais à un pauvre personnage fictif ! Enfin, elle ne ferait qu'essayer de me tuer, toutefois je préfère quand même éviter...

Lorsqu'il en était venu à parler de son nom de plume, sa mine s'était soudain faite un peu embarrassée.

— Déjà, le fait que je sois roi m'empêche de publier des romances mièvres sous ma véritable identité. Que penseraient mes sujets s'ils savaient que j'adore les promenades romantiques au bord des lacs et les retrouvailles sous la pluie ?

En effet, vu sous cet angle-là, avait-elle songé.

— Et puis, quand j'utilise un faux nom, je me sens plus libre d'écrire ce que je veux... Je pense que je serais davantage dans la retenue si je ne me cachais pas derrière Amy Melton et... Mes personnages auraient sans doute des émotions moins fortes.

Bien qu'Alisée n'ait jamais écrit autre chose que de simples lettres, elle avait cru comprendre ce qu'il voulait dire.

— Venant de ta part, je me serais quand même attendue à des scènes un peu plus... épicées, avait-elle trouvé la force de le taquiner.

De fait, les romans d'Amy Melton étaient étonnamment chastes, comparés à d'autres ouvrages du même genre... La malicieuse réponse d'Adrian ne s'était pas faite attendre :

— Sur ce point-là, je préfère la pratique à la théorie...

Et il avait accompli l'exploit de faire glousser la réserviste, d'autant plus lorsqu'il avait ajouté :

— Tu sais, ce n'est pas tout le monde qui a eu l'occasion de coucher avec son auteur préféré.

Elle qui avait toujours imaginé Amy Melton comme une vieille dame, voilà que la réalité était venue lui jouer un drôle de tour...

L'immortelle émergea bientôt de ses pensées, intriguée par la double porte que venait d'ouvrir la princesse. Elle la suivit prudemment et découvrit une grande salle au parquet scintillant, qui grinça sous ses pieds quand elle s'avança. Son regard fut aussitôt attiré par les hauts murs sobrement peints de blanc, où s'accrochait une myriade d'armes en tout genre. Épées, poignards, haches, arcs... Et même ce qu'elle reconnut comme étant des fusils et des pistolets.

Elle en avait déjà vu quelques illustrations dans de vieux livres qu'elle avait feuilletés sans les acheter, néanmoins les avoir sous les yeux provoquait un tout autre effet. Leurs fines ombres noires tranchaient violemment avec les parois immaculées, ce qui rendait les armes d'autant plus impressionnantes. Un frisson d'effroi la parcourut de la tête aux pieds et ses pensées se tournèrent irrémédiablement vers Damien. C'est cela qui l'a tué. Une minuscule balle tirée par l'une de ces horreurs...

— Ne vous inquiétez pas, vous n'y toucherez pas et moi non plus, intervint une voix rocailleuse.

Elle tourna brusquement la tête en direction de Duncan, dont elle n'avait pas remarqué la présence. Il se tenait pourtant au milieu de la pièce, près de ce qui ressemblait à un porte-parapluie. Au lieu de manches d'inoffensives ombrelles, c'était des poignées d'épées qui en dépassaient.

— Je peux décrocher les fusils et les pistolets si vous voulez, lui proposa-t-il avec ce qui s'apparentait à de la douceur. Nous aurions même dû y penser avant...

Il lança un regard accusateur à Isabella, qui balaya sa remarque d'un geste.

— De toute façon, l'entière décoration est à revoir, ici. Mais peu importe, nous avons plus important à faire. Je te laisse t'occuper d'elle, fit-elle à l'intention du garde. Fais juste attention à ne pas trop l'abîmer, papa ne serait pas content.

Puis sans attendre de réponse, elle quitta les lieux en claquant les deux battants de la porte. Ce dernier bruit sourd retentissant laissa place à un long silence entre Alisée et Duncan. La première ne savait où se mettre dans cette dérangeante pièce, tandis que le second paraissait déjà las et fatigué.

— Je... Je suppose que vous avez autre chose à faire, finit-elle par dire. Je ne veux vraiment pas vous embêter ou que vous perdiez votre temps...

Surtout qu'il lui tardait de quitter cet endroit au plus vite.

— Ne vous inquiétez pas, marmonna-t-il en se décidant à sortir une épée de l'espèce de porte-parapluie en cuivre. Cela ne me dérange pas du tout.

Un mensonge pur et simple, puisqu'il bougonna ensuite des paroles inintelligibles à propos de la princesse. Nul doute que celle-ci ne lui avait pas donné son avis pour jouer les entraîneurs...

— Nous allons commencer par déterminer avec quelle arme vous vous en sortez le mieux. À vous voir, je dirais plutôt qu'il s'agit de l'épée, mais bon...

Son rude accent de la Terre de l'Émeraude était encore plus prononcé que d'habitude, si bien qu'elle ne comprenait qu'un mot sur deux. Elle en saisit néanmoins l'essentiel et s'approcha d'un pas prudent, avant de saisir l'arme qu'il lui tendait. La lame argentée scintilla sous l'éclairage du lustre rustique accroché à une dizaine de mètres au-dessus d'eux.

— Pour un début, il vaut mieux des lames métalliques, l'informa-t-il en se saisissant d'une épée similaire à la sienne. Le bois risquerait de vous blesser.

Effectivement, connaissant son niveau inférieur à zéro, il n'était pas exclu qu'il réussisse à la toucher en moins de cinq secondes... Il lui fit signe de se mettre en place alors qu'il se mettait face à elle, son arme négligemment baissée. Alisée tenta quelque peu d'imiter sa position en maintenant plus fermement son épée, les pieds ancrés dans le sol.

Il ne lui demanda même pas si elle était prête et l'attaqua immédiatement, en lui portant un coup près du poignet. Même s'il ne fit que toucher son arme et non sa peau, cela réussit à tout lui faire lâcher.

— Excusez-moi, j'y ai peut-être été un peu fort, grommela-t-il.

Comme elle restait sonnée, il lui ramassa l'épée que cette fois, elle refusa d'attraper.

— Vous devez être le meilleur soldat du palais, comment voulez-vous que je m'en sorte ? Je n'ai jamais combattu de ma vie et honnêtement, je ne pense pas que vous parviendrez à un miracle...

Il se pinça les lèvres, puis recommença à marmonner dans sa barbe. Il finit par se ressaisir et releva ses étranges yeux bleu-vert en direction des siens.

— Je voulais juste tester votre réactivité et votre prise sur votre arme. Vous étiez trop détendue, même si votre position n'était pas si mal.

Il lui demanda ensuite s'il pouvait lui prendre la main, afin de lui montrer le bon placement de ses doigts sur la poignée. Elle acquiesça et il ne fit que l'effleurer timidement, peu à l'aise. Une fois sa prise ajustée, Alisée dut dessiner des mouvements dans le vide, sous les ordres de Duncan. Elle se sentait quelque peu ridicule, surtout avec sa robe bleue qui n'avait vraisemblablement pas été conçue pour un tel usage.

Le garde sembla toutefois satisfait, bien qu'il ne lui formule aucun compliment à voix haute. Il dut comprendre qu'il était trop tôt pour qu'elle l'affronte, car il se limita à un apprentissage des positionnements, sans plus lui envoyer un seul coup.

— Je ne veux pas me montrer... impoli, hésita-t-il sans la regarder, mais vous avez tendance à garder vos pieds trop proches l'un de l'autre. Vous devriez un peu plus écar... espacer vos jambes.

Cette prude timidité faillit faire sourire la réserviste, qui n'arrivait toujours pas à le voir comme le mari d'Isabella. Ils étaient si différents qu'elle ne voyait pas comment il pouvait supporter la perpétuelle insolence de Son Altesse. Réciproquement, elle s'imaginait que la princesse devait s'ennuyer, avec quelqu'un tel que lui. Sûrement ne sais-tu pas tout de l'un et de l'autre...

Elle s'efforça de tenir compte de ses conseils et bientôt, elle réussit à ne plus se sentir si risible. Essayer de reproduire ce qu'il lui demandait lui permettait de se concentrer sur autre chose que ses malheurs. Elle se sentait un peu comme les héroïnes de ses romans — ou plutôt, des romans d'Adrian — pour lesquelles le combat était presque quelque chose d'inné. Malgré tout, dès que les ombres des fusils se rappelaient à elle, un puissant sentiment de malaise la tiraillait.

Même s'il ne faisait aucun commentaire à ce sujet, Duncan devait le remarquer, car il choisissait toujours ces moments d'absence pour lui présenter un nouveau mouvement. L'immortelle lui était silencieusement reconnaissante, le "prince" devant être assez empathique sous ses airs revêches.

Néanmoins, au bout d'au moins deux heures, Alisée commença à éprouver une certaine fatigue, peinant de plus en plus à assimiler les nouvelles techniques.

— Je pense que cela sera suffisant pour aujourd'hui, décréta le garde en s'éloignant vers un petit placard accroché à un mur.

Il en sortit deux fioles remplies de liquide rouge et en tendit une à sa disciple. Cette dernière l'accepta volontiers, bien qu'elle ait un peu abusé de l'hémoglobine au cours de la semaine écoulée... Lorsqu'elle se sentait trop mal, elle vidait les flacons de sang déposés dans sa table de chevet, puis devait se maîtriser pour ne pas en réclamer davantage.

L'essence vitale des Neutres avait sur elle un effet vivifiant, mais elle savait que ce n'était pas cela qui l'aiderait à aller mieux. L'impression de relatif bien-être qu'elle ressentait n'était que de courte durée, et le retour à la souffrance ne se faisait que plus brutal...

— La prochaine fois, reprit Duncan, nous essayerons de vous faire utiliser votre vitesse surnaturelle au service d'un combat. Je demanderai sûrement à Daniel de venir, si cela ne vous embête pas. Vous pourrez tenter quelques attaques contre lui, et je regarderai ce que vous pouvez améliorer.

Il avait l'air un tantinet plus enthousiaste qu'au début de leur séance, ce qui d'une certaine manière, contribua à encourager Alisée.

— Je ne veux vraiment pas devenir une corvée pour vous, déclara-t-elle cependant après avoir terminé sa fiole. Je n'atteindrai jamais un niveau suffisant et...

— Il ne faut pas vous dévaloriser, l'interrompit-il, très sérieux. Pour quelqu'un qui n'a jamais touché une épée, vous vous en sortez honorablement bien.

Elle le soupçonnait d'exagérer, néanmoins il ne paraissait pas du tout mentir.

— Isabella ne fait pas cela pour nous embêter, ajouta-t-il en baissant les yeux. Enfin, j'imagine que ça doit un peu l'amuser, mais...

Il repartit dans de nouveaux grommellements, toutefois la vampire tenait à en savoir plus :

— Pourquoi veut-elle que j'apprenne à combattre ? Ne me dites pas que c'est pour me changer les idées, car je ne pense pas que son altruisme aille jusque-là.

Le soldat soupira et entreprit de ranger les épées qu'ils avaient sorties. Pendant de longues secondes, il s'appliqua à les aligner parfaitement droites sur le mur, si bien qu'Alisée craignit qu'il ne lui réponde pas.

— Vous savez, marmotta-t-il finalement sans lui faire face, Isabella n'a rien contre vous. Personnellement, du moins.

Ne comprenant pas exactement où il voulait en venir, elle attendit docilement qu'il poursuive... ce qu'il ne fit pas.

— Elle m'a dit que je pourrais devenir une préoccupation pour son père si je ne faisais rien afin de "m'améliorer". Qu'est-ce que cela veut dire, au juste ?

Au fond d'elle, elle croyait avoir compris le message de la princesse. Or cette pensée était beaucoup trop bouleversante pour qu'elle l'admette si simplement.

Duncan recommença ses marmonnements, mais le regard insistant de la vampire le poussa à lui fournir quelques explications. Il acheva lentement de placer ses armes, puis s'adossa à un pan de mur dénué de toute morne décoration.

— Isabella ne supporte pas les... faiblesses, reconnut-il. Elle sait elle-même en être une pour son père et... elle déteste cela.

Elle repensa instinctivement à la Régence du Presque-Siècle, liée au sacrifice consenti par Adrian afin de sauver sa fille. Elle s'imaginait sans mal que durant les quatre-vingt-dix-neuf années passées loin de son père, la princesse avait porté un atroce fardeau de culpabilité... Peut-être même la rongeait-il toujours.

— Elle n'a rien contre vous, reprit-il, mais elle n'aime pas l'idée que quelqu'un puisse vous utiliser pour faire souffrir son père. Sans vouloir vous offenser, vous êtes une proie assez facile et...

Il ne termina pas sa phrase, cependant Alisée comprit. Les paroles prononcées par Son Altesse pendant leur voyage en carrosse lui revinrent également en mémoire. Notre famille ne peut se permettre d'exposer ses faiblesses. Je suis déjà une cible si l'on veut atteindre mon père, alors il est hors de question que Duncan en devienne une que l'on peut utiliser contre moi. Déjà, sur le moment, ces mots avaient drôlement résonné en elle. Maintenant, ils prenaient tout leur sens.

Adrian tenait suffisamment à elle pour que sa perte lui cause du mal. Certes, elle en avait déjà plus ou moins conscience, avant même qu'Isabella et son mari ne le lui fassent explicitement comprendre, mais... L'entendre de la part de quelqu'un d'autre était d'autant plus touchant.

Une étrange sensation s'empara de son coeur, à la fois douce et douloureuse.

— Je suis désolé, ce n'était pas à moi de vous dire cela, regretta le garde comme elle restait pensive, les yeux perdus sur le parquet. Ne vous inquiétez pas pour...

— Au contraire, je vous remercie, le coupa-t-elle d'une voix rauque.

Elle releva la tête et s'éclaircit la gorge, puis s'avança d'un pas vif en direction des épées. Sous le regard surpris de Duncan, elle en décrocha deux nouvelles — en bois, cette fois — et lui en tendit une.

— Reprenons là où nous en étions, déclara-t-elle avec aplomb.

Il la considéra d'un drôle d'air, néanmoins elle soutint son regard. Face à sa détermination, il se décida à se saisir de l'arme, puis revint au milieu de la salle. Elle le suivit, prête à se prendre des coups qui la piqueraient et mettraient du temps à cicatriser, mais l'aideraient à progresser.

Parce que même si son niveau n'atteindrait jamais des sommets, elle refusait d'être une pauvre et vulnérable faiblesse.

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