Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 45 - Lumières éteintes

Les funérailles de Beatricia Blackfire ne furent certainement pas à la hauteur de ce qu'elle aurait souhaité.

Conformément à la tradition des chefs de clans, les restes de son corps furent brûlés et conservés dans une urne en cristal. Celle-ci fut transportée au fin fond d'une crypte, nichée dans les sous-sols du château. Peu de courtisans assistèrent à la courte cérémonie rendue en son hommage, certains peinant à se remettre d'un tel choc.

Alisée avait accompagné Danila, qui elle-même était venue soutenir Jae-Sun. Le chef des Song n'avait jamais porté la Blackfire dans son coeur, cependant le meurtre de l'une de ses consoeurs l'avait inévitablement ébranlé. L'ancienne louve — bien qu'ayant plusieurs fois fait les frais des brimades de Beatricia — avait versé une larme silencieuse lorsque l'urne avait été déposée dans un compartiment de marbre. Quelqu'un était ensuite venu sceller ce dernier, puis y avait cloué une plaque portant le nom de la dirigeante.

En prêtant attention à toutes les cases qui l'entouraient, la réserviste avait pu prendre conscience du nombre de clans qui s'étaient succédés au fil des siècles. Forbes, Zenda, Fegari, Nightsun, Jornes... La liste était sans fin.

Pas une seule fois son regard n'avait croisé celui d'Adrian. Il était obstinément resté aux côtés de sa fille, et la réserviste ignorait s'il avait seulement remarqué sa présence. Elle savait malgré tout que pour l'heure, d'autres problèmes devaient le tarauder.

Du moins, c'était ce qu'elle se répétait afin d'expliquer pourquoi il ne lui avait pas adressé la parole depuis presque cinq jours.

Cela faisait pourtant deux nuits que Beatricia avait été enterrée, et il ne s'était pas manifesté. Bien sûr, elle ne demandait pas à ce qu'ils reprennent exactement là où ils en étaient, comme il le lui avait promis, mais elle éprouvait le besoin de savoir comment il allait. Même si cette idée ne pouvait que difficilement lui plaire, elle savait que la cheffe de clan avait été importante pour lui, ne serait-ce que par sa fonction.

À présent, Alisée traversait les couloirs, dans le but de rendre visite à Danila. La sécurité du palais ayant été renforcée, les déplacements entre les différentes ailes étaient réglementés. Nul courtisan n'avait de toute façon envie d'organiser un quelconque jeu ou une futile activité, la plupart restant cloîtrés dans leur chambre.

Ce furent donc des escaliers du grand hall vides qu'elle descendit, au même moment qu'une silhouette bien familière les remontait.

— Bonjour, euh... Enfin, bonsoir.

Ses salutations empressées firent relever la tête du roi. De la surprise anima ses yeux bleus, sans complètement les égayer pour autant.

— Bon... Bonsoir, bégaya-t-il, aussi maladroit qu'elle. Vous... allez bien ?

Depuis les quelques mois qu'elle le connaissait, jamais elle ne lui avait vu un air aussi fatigué. Épuisé, même.

— Et vous ? prit-elle cependant la peine de l'interroger.

Il laissa ses épaules s'affaisser et soupira.

— Avec ce que j'ai fait, je suppose que je n'ai pas le droit de me plaindre...

— Ce que vous avez fait ? répéta-t-elle.

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Faisait-il encore allusion à l'histoire de sa soeur ?

Il s'assura que les gardes postés au bas des marches étaient trop loin pour les entendre, puis murmura :

— Au cours des jours qui ont précédé... l'autre nuit, Beatricia n'a cessé de me répéter qu'elle recevait des menaces de plus en plus virulentes. Je ne sais pas si vous étiez au courant, mais suite à cette "affaire de la bague" fomentée par on ne sait qui, son clan s'est révolté contre elle.

— Son clan ? Alors c'est lui qui l'a tuée ? Est-ce que l'on sait comment ils ont réussi à...

Mettre la main sur elle et lui trancher la tête. Aucune information de source sûre n'avait circulé à ce sujet. Jae-Sun refusait de dire quoi que ce soit à Danila et personne d'autre n'avait parlé, alors chacun devait se contenter de bruits de couloirs.

Adrian n'hésita toutefois pas à se montrer franc :

— Une lettre anonyme a été retrouvée dans la chambre de Beatricia. Quelqu'un y prétendait tout savoir à propos d'elle et son demi-frère, et menaçait de le tuer si elle ne gagnait pas immédiatement les jardins. J'imagine qu'elle devait être à bout et... Elle savait que dans le meilleur des cas, elle serait tôt ou tard obligée de démissionner et de disparaître. D'une certaine manière, je pense qu'elle s'est dit qu'après quatre siècles d'existence, mieux valait en finir maintenant.

Alisée ressentit une violente vague de peine à l'égard de la cheffe de clan. Elle repensa à sa suffisance et sa volonté d'être en permanence le centre de l'attention. Il fallait qu'elle en soit arrivée à un sacré niveau de désespoir pour marcher vers ces jardins, où l'attendaient une mort ou des souffrances quasi certaines...

— Mais si Beatricia s'est rendue sans émettre de résistance et sans prévenir qui que ce soit, pourquoi un groupe a-t-il fait diversion dans la cour ? Ils auraient pu s'en sortir sans se faire remarquer et nous n'aurions pas capturé de prisonniers.

— Ils ne pouvaient pas être certains qu'elle se rendrait si facilement et il leur fallait une diversion au cas où les choses tourneraient mal dans les jardins. Je suppose qu'ils espéraient diviser nos troupes en créant un conflit à deux endroits différents.

Elle n'osait imaginer la pagaille que cela aurait entraîné...

— Donc puisque son clan était en colère contre elle, ce sont des Blackfire qui sont à l'origine de tout cela ? Vous avez réussi à faire parler les prisonniers ?

Il grimaça et revérifia que personne ne les écoutait.

— Nous supposons qu'il s'agissait des Blackfire, car des fêtes ont eu lieu partout sur leur territoire avant même que la mort de Beatricia ne soit officiellement annoncée. Nous avons cependant interrogé les prisonniers et... ils ont affirmé être des vampires qui vivaient sur la Terre du Saphir, avant d'en être expulsés.

Elle écarquilla les yeux.

— Encore la Terre du Saphir ? Comme les loups qui nous avaient attaqués ? Mais c'est insensé, quel intérêt auraient-ils eu à tuer Beatricia ?

Elle avait beau essayer de reconstituer ce casse-tête, elle n'y comprenait absolument rien.

— Je pense surtout qu'ils cherchent à brouiller les pistes. Le Grand Alpha et l'alpha du Saphir ont affirmé qu'il n'y avait pas de problème particulier sur cette contrée. Aucun vampire n'en a récemment été expulsé, du reste. Et puis, il ne faut pas oublier que ces trois hommes n'ont pas résisté quand nous les avons attrapés. S'ils se sont laissé interroger si facilement, c'est qu'ils y avaient un intérêt. Tant que nous n'en savons pas davantage, nous ne pouvons pas décider de leur sentence.

Si seulement Kristal pouvait répondre à tes lettres ! s'agaça la réserviste. Peut-être que la petite rousse détenait toutes les réponses à leurs questions... ou alors elle avait bluffé et ne savait rien. Quel rapport pouvait bien exister entre cette fameuse "agitation" chez les Tanner et les Blackfire, le meurtre de Beatricia, l'attaque de loups, et la Terre du Saphir ? Les deux premiers pouvaient aisément être reliés, mais le reste ?

— Dans l'immédiat, nous préférons considérer que les Blackfire ont tué leur cheffe de clan, soupira le roi. Je vais être obligé de nommer au moins un nouveau dirigeant. Augmenter la population de Sans-Clan en chassant les anciens Blackfire de chez eux serait du suicide. Et au vu des circonstances, je pense que cela déclencherait une guerre civile.

Quel bazar... En voyant sa mine lasse et exténuée, elle laissa ses doigts effleurer les siens. Il les lui attrapa et les serra doucement, comme pour la remercier silencieusement. Quelqu'un pouvait à tout moment traverser le hall et les voir, or l'un et l'autre s'en moquaient.

— Il n'y a plus qu'à espérer que maintenant que les Blackfire ont obtenu ce qu'ils voulaient, tout finira par rentrer dans l'ordre, conclut-il sombrement.

— J'en suis sûre, affirma-t-elle alors qu'au fond, elle l'ignorait. En tout cas, vous n'avez pas à vous en vouloir pour quoi que ce soit.

Elle connaissait déjà l'ampleur du fardeau de culpabilité qui pesait sur ses épaules et refusait que cette histoire l'alourdisse encore.

— Je vous remercie, mais je n'ai pas assumé mon rôle comme je l'aurais dû. Beatricia m'a supplié en pleurant de renforcer sa sécurité ou de faire quelque chose contre ces menaces, et tout ce que j'ai fait a été de... De lui demander sa démission.

— Elle était dirigeante depuis quatre cents ans et entre nous, n'incarnait pas un modèle d'innocence, avança-t-elle. Et vu ce qu'elle faisait avec son frère, on...

— Vous ne comprenez pas, l'interrompit-il, sans toutefois être trop brusque. En remettant en cause l'autorité de mes chefs de clans, c'est également à la mienne que le peuple s'en prend. Face à une telle situation, j'aurais soit dû décider de protéger Beatricia et rétablir l'ordre parmi les Blackfire, soit prendre le parti de ces derniers et la destituer de ses fonctions. Or je n'ai pas été assez réactif car...

Il leva vers elle des iris empreints d'une émotion indéchiffrable, qui lui noua la gorge.

— Car j'avais autre chose dans la tête.

Elle n'eut pas besoin qu'il lui en dise plus et choisit de fuir son regard.

Une distraction, l'avait un jour qualifiée Beatricia. Il fallait croire qu'elle n'avait que trop bien accompli son rôle...

Alisée retira sa main de celle d'Adrian, qui esquissa un geste pour la lui reprendre, avant de se raviser.

— Je... Danila m'attend, annonça-t-elle.

Et sans lui accorder le temps de dire quoi que ce soit, elle termina sa descente des escaliers. Elle se dirigea d'un pas vif en direction de l'aile est, puis traversa les interminables couloirs menant à la chambre de son amie.

Son esprit ne cessa de tourner et retourner les mots du roi. Si personne n'était mort au cours de l'une des dernières nuits, l'idée qu'il pense autant à elle lui aurait sûrement plu. Davantage que plu, même.

Car depuis quelques semaines — et surtout depuis cette soirée presque parfaite — il avait pris possession du moindre de ses songes.

Elle peinait à l'admettre, pourtant il lui était dorénavant impossible de nier les sentiments qu'elle éprouvait à son égard.

Mais aujourd'hui, elle en venait à se sentir... coupable. Beatricia serait-elle toujours en vie si la relation entre la réserviste et Adrian n'avait pas interféré dans son rôle de monarque ? Aurait-elle dû résister à la tentation dès le début et décourager ses avances ? Tu ne peux pas être certaine que cela aurait changé quelque chose, essaya-t-elle de se convaincre.

Un reniflement coupa court à ses réflexions. Elle tourna la tête vers sa gauche, en direction d'un couloir perpendiculaire au sien. Branwell s'y tenait piteusement appuyé contre un mur, aussi débraillé qu'un débauché au retour de ses aventures.

— Ex... Excusez-moi, marmotta-t-il en essuyant son visage d'un revers de la main.

Son regard croisa le sien et elle faillit tressaillir à la vue de ses yeux rouges et bouffis. Envolé, son regard mystérieux et parfois trop insistant au goût de la belle immortelle.

— Je ne suis pas vraiment beau à voir, n'est-ce pas ? ricana-t-il.

En effet, avec ses cheveux sales, ses traits tirés et la persistante odeur d'alcool qui se dégageait de lui, nul n'aurait pu être blâmé de ne pas le reconnaître.

— Vous avez bu, constata-t-elle. Je croyais que même l'absinthe n'était pas assez forte pour enivrer les vampires...

Elle ignorait pourquoi elle ne poursuivait pas sa route. Peut-être réussissait-il à lui faire pitié. En regardant brièvement autour d'elle, elle réalisa qu'ils se trouvaient à l'exacte intersection où elle avait surpris la dispute entre la Blackfire et le McLawrence, avant qu'ils ne... Le simple fait d'y songer la mettait mal à l'aise.

— Je ne suis pas soûl, mais ça ne me coûte rien d'essayer...

Il poussa un soupir qui s'apparentait à un grognement.

— Je tenais à vous présenter mes condoléances, déclara-t-elle un peu abruptement. Beatricia et moi ne nous tenions pas en très haute estime, cependant personne ne mérite une fin telle qu'a été la sienne.

Elle n'avait pas eu l'occasion d'avoir directement affaire à lui depuis l'autre nuit et malgré tout, elle ressentait le besoin de prononcer ces mots, ne serait-ce que pour le principe.

Le chef de clan éclata néanmoins d'un rire sinistre.

— Je vous en prie, épargnez-moi votre hypocrisie, soupira-t-il en baissant la tête. Vous allez vraiment me faire croire qu'avec ce que vous saviez sur elle et moi, notre sort vous préoccupe ?

— Co... Comment...

— Comment je sais que vous êtes au courant ? la coupa-t-il. Oh, croyez-moi, rien de plus facile...

Alisée cilla lorsqu'il planta ses sombres yeux marron dans les siens.

— J'ai déjà affronté je ne sais combien de regards tels que le vôtre, fit-il en reniflant de nouveau. Suffisamment pour y reconnaître ce même voile de dédain et de dégoût purs et simples.

Elle croisa les bras sur sa poitrine en redressant le menton.

— Vous pouvez difficilement vous attendre à autre chose, répliqua-t-elle, incapable de cautionner ses actes.

Il repartit d'un court rire rauque.

— Et si je vous disais que Beatricia et moi n'avions aucun sang commun ? lança-t-il.

Cette remarque la fit douter un instant, mais elle se ressaisit.

— C'était votre soeur, vous...

— Demi-soeur, rectifia-t-il. Par alliance. Ma mère s'est mariée avec son père quand nous avions quinze ans.

Perdue, la vampire entrouvrit les lèvres, sans que le moindre son n'en sorte.

— Je l'ai aimée à la seconde où j'ai posé les yeux sur elle, confessa-t-il, le regard soudain perdu dans le vague. Nous n'étions que des gamins et pourtant, je savais que jamais je ne ressentirais cela pour quelqu'un d'autre. Et je ne m'étais pas trompé.

Alisée resta muette un long moment. Un peu comme avec Adrian, tant de choses lui échappaient qu'elle ignorait quoi en penser.

— Mais... Mais alors pourquoi créer toutes ces ambiguïtés ? le questionna-t-elle enfin. Pourquoi vous intéresser à d'autres femmes ? Pourquoi n'avoir pas clairement dit à tout le monde que vous n'aviez pas de lien du sang, pourquoi...

Pourquoi tout ce cirque ? Tout simplement.

— Parce que des personnes se sont permis d'estimer que notre relation n'avait pas lieu d'être. Quitte à ce que cette interdiction nous ronge de l'intérieur un peu plus chaque jour de notre splendide éternité.

Glacée par ces paroles, elle eut l'impression de voir Branwell pour la première fois.

Loin de l'espèce de goujat invétéré, elle voyait désormais un homme éteint, dans lequel il ne subsistait plus un seul espoir de lumière. Une lumière qui avait autrefois tant brillé qu'elle l'avait brûlé.

— Je vous laisse libre de ne pas me croire, cependant je vous suggère d'en toucher un mot à votre très cher roi, railla-t-il en se détournant afin d'ouvrir une porte. Il aura sûrement des choses intéressantes à vous dire, je n'en doute pas...

Puis il s'engouffra dans une pièce, la laissant plantée là.

Les idées encore plus perdues qu'elles ne l'étaient avant de croiser son chemin, elle crut ne pas parvenir à retrouver la chambre de Danila. La conversation avec cette dernière fut essentiellement concentrée sur le meurtre de Beatricia. La réserviste ne lui dit rien de ses récentes discussions avec Adrian, puis le McLawrence, tâchant uniquement d'écouter le bavardage de l'ancienne louve.

Ses espoirs d'entrevoir le monarque au cours des nuits suivantes échouèrent, le concerné restant invisible. Elle s'attendait à entendre tomber la nomination d'un nouveau chef de clan, or rien de cela n'arriva.

À la place, presque une semaine heure pour heure après la macabre découverte dans les jardins, ce furent des hurlements qui résonnèrent à travers les couloirs.

Alisée, qui lisait tranquillement à la bibliothèque, en sursauta. Personne d'autre n'occupait la pièce, Danila aidant Jae-Sun avec de la paperasse.

Elle demeura figée sur son siège, les cris paraissant se multiplier au fil des secondes, tels d'infinis échos terrifiants.

Malgré tout, elle trouva le courage de se lever et d'approcher doucement les grandes portes entrouvertes. Elle déploya son audition surnaturelle à son maximum, guettant des bruits de combats, d'épées, ou d'elle ne savait trop quoi. Si un assaut a lieu, alors...

Comme les éclats de voix se tempérèrent, remplacés par la rumeur d'une agitation lointaine, elle se risqua à quitter la bibliothèque. Elle progressa à pas lents en direction du brouhaha, prête à rebrousser chemin à la moindre clameur suspecte. Les bruits la menèrent jusqu'à l'aile est, où courtisans comme domestiques s'attroupaient le long des couloirs et des escaliers.

Une vague d'inquiétude monta en elle à la vue de visages déformés par les sanglots. Des personnes se prenaient dans les bras, tandis que d'autres s'asseyaient à même le sol, la tête entre les mains.

N'y comprenant rien, la vampire ne pouvait qu'écouter des bribes de conversations :

— Il prétend qu'il n'a rien fait, disait une femme éplorée richement vêtue. Ce n'est pas croyable, il...

— Pas croyable, vraiment ? l'interrompit sèchement un valet. Vous savez parfaitement qu'il en est capable. Nous connaissons tous sa réputation...

— Tout de même, de là à tuer si sauvagement une innocente...

N'y tenant plus, Alisée s'immisça parmi ces inconnus.

— Que... Que se passe-t-il ? Qui a été tué ? bredouilla-t-elle.

— Un corps vidé de son sang vient d'être retrouvé devant la chambre de monsieur Branwell McLawrence, lui répondit le valet. Apparemment, il s'agirait de celui d'une femme de chambre. Une certaine Vanessa.

Un infime soulagement envahit la belle immortelle. Elle ne connaissait aucune domestique portant ce nom.

— C'est tellement horrible, gémit la femme près d'elle en essuyant de nouvelles larmes. On raconte qu'elle allait se marier, c'est...

— Se... Se marier ? s'étrangla la réserviste.

Non, non, non, non, non.

À l'un de mes collègues, confirma l'homme, je...

La suite mourut dans le vide, Alisée jouant déjà des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule. Elle arriva sans trop d'encombres jusqu'à l'intersection où elle avait croisé Branwell, avant d'être arrêtée de force par un garde.

— Mademoiselle, vous ne pouvez pas approcher, il s'agit d'une scène de crime et...

Elle se débattit, mais sa poigne sur ses épaules ne se relâcha pas.

— S'il... S'il vous plaît... Je dois savoir si c'est elle, bredouilla-t-elle, la gorge déjà nouée par des sanglots.

— Ce n'est pas beau à voir, mademoiselle, vous feriez mieux de...

— Je veux la voir ! hurla-t-elle.

Sa voix s'était cassée, cependant ce cri désespéré convainquit le soldat. Il desserra légèrement sa prise afin de la laisser regarder par-dessus son épaule et...

— Non, non, non, murmura-t-elle en sentant le sol se dérober sous ses pieds.

Le garde l'aida doucement à s'assoir par terre, puis lui intima de détourner les yeux.

Or son regard ne pouvait se détacher de Drew, qui pleurait en serrant dans ses bras une silhouette livide.

Elle faillit ne pas reconnaître le doux visage de Nessa, tant il était dénué de couleurs et encadré par des mèches ensanglantées. Ses paupières étaient paisiblement fermées, contrastant avec son cou meurtri où s'étalaient des traces de sang séché. Deux profondes marques laissées par des canines y étaient visibles.

Les oreilles bourdonnantes, Alisée eut la brusque impression d'être prisonnière d'un gouffre sans fin.

Un gouffre fait de ténèbres, où il ne resterait bientôt plus aucune lumière pour l'éclairer.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro