Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 44 - Amour, gloire et disgrâce

— Vous... Avez-vous besoin d'aide avec votre robe ?

Adrian venait de reboutonner sa chemise, tandis qu'Alisée s'efforçait de relacer son corsage. La première fois, elle avait trouvé le vêtement facile à enfiler, mais c'était avant que le roi ne sorte le cordon de presque tous les passants...

— Je... Ça va aller, mentit-elle en ratant un oeillet pour la énième fois.

Ses idées étaient tout sauf claires et son corps peinait à se remettre de sa frustration. Sa peau gardait encore le souvenir de chaque baiser incandescent, tout comme ses lèvres qui réclamaient désespérément celles du monarque. Elle voulait de nouveau le sentir contre elle, à un tel point que cela dépassait toute raison. Que Beatricia se débrouille toute seule, s'était-elle surprise à penser.

— Eh, fit-il doucement en attrapant ses mains tremblantes. Dès que tout est réglé, on reprend exactement là où en était, d'accord ?

Au voile qui assombrissait ses océans bleutés, elle comprit que cette interruption le mettait au supplice tout autant qu'elle, voire plus. Elle acquiesça en hochant la tête et il laça délicatement sa robe, jusqu'à ce qu'elle soit renouée au niveau de sa poitrine. Il s'éloigna aussitôt, comme s'il craignait de perdre le contrôle au moindre contact trop prolongé.

Elle remit ses chaussures et le suivit ensuite dans le couloir, où les attendait Duncan. Alors c'était lui qui avait frappé à la porte ? Le garde de la princesse haussa brièvement les sourcils en la voyant apparaître, mais ne s'appesantit pas davantage.

— Les intrus occupent la petite cour à l'entrée du palais, déclara-t-il en s'engageant vivement dans le corridor.

Rattrapés par la situation, les deux autres vampires lui emboîtèrent le pas.

— Quand j'ai quitté les lieux pour vous prévenir, leur effectif était estimé à une quarantaine d'individus, poursuivit-il. Tous sont armés d'épées, de haches en métal et en bois, mais ils ne s'attaquent pas à nos soldats et...

— Où est Isabella ? l'interrompit Adrian.

Alisée perçut une dangereuse tension dans sa voix.

— Justement, elle essaye de gérer les choses sur le terrain. Elle a donné l'ordre de ne pas s'en prendre aux intrus tant qu'ils restent pacifiques.

Le roi ricana.

— Laisse-moi deviner, c'est toi qui le lui as suggéré, n'est-ce pas ?

Le silence de Duncan fut assez éloquent. Maintenant qu'elle y repensait, la réserviste croyait se souvenir que tout à l'heure, le garde avait tutoyé Adrian. Depuis quand usaient-ils de telles familiarités ? Et cette manière qu'il avait eue de marteler la porte et de lui demander s'il pouvait entrer... Elle voulait bien croire que les circonstances l'exigeaient, mais tout de même !

— Est-ce que vous savez si les courtisans et les domestiques ont été mis à l'abri ? demanda-t-elle. Au cas où les choses dégénéreraient ?

Elle pensait surtout à Danila, Nessa et Drew. Heureusement que ces deux derniers ne se mariaient pas le lendemain !

— Oui, ne vous inquiétez pas, répondit le garde de sa dure voix à l'accent de la Terre de l'Émeraude. Comme tout le monde avait reçu l'ordre de rester dans ses appartements pour cette nuit, il a été facile de vérifier que chacun était en sécurité. De toute façon, le groupe ne montre aucune envie de davantage poursuivre sa progression dans le palais. Ils se contentent de rester "sagement" plantés au milieu de la cour.

C'était la première fois qu'Alisée l'entendait autant parler.

— Dans ce cas, pourquoi m'as-tu dit qu'ils ciblaient Beatricia ? l'interrogea Adrian.

Duncan se tourna gravement vers lui, sans cesser de descendre les marches de l'escalier qu'ils venaient d'atteindre.

— Parce que c'est la seule qui n'est pas dans sa chambre.

Un inexplicable frisson parcourut la vampire, qui manqua de trébucher.

— Et Branwell ? s'enquit Sa Majesté. Il n'est pas avec elle ?

— Il n'a pas la moindre idée de là où elle peut être.

Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ne perdant pas plus de temps en questionnements, ils achevèrent le trajet à vitesse surnaturelle. Le soldat ne les guida pas à l'intérieur même de la petite cour, mais au sommet d'une sorte de rempart qui la dominait.

En contrebas, des dizaines de torches flamboyaient, maintenues fermement par des hommes et des femmes tous vêtus de pourpre. Ils occupaient le sinistre espace en forme de carré, emmurés par de hautes parois grises tapissées de lierre. Certains effrontés étaient montés sur le rebord de la fontaine sans eau, dont la morosité avait rebutée la réserviste le jour de son arrivée au château. Bien qu'entourés de soldats armés jusqu'aux dents, aucun des intrus n'affichait de signe d'agitation, ni de nervosité.

Certes, eux-mêmes brandissaient des lames affûtées, qu'elles fussent en fer ou en bois, cependant... Ils étaient d'un calme et d'un silence édifiants.

— On dirait qu'ils attendent quelque chose, déclara la princesse en venant à la rencontre des nouveaux arrivants.

Elle portait toujours sa robe blanche, mais celle-ci était barrée par un baudrier en cuir noir, sur lequel était suspendue une épée.

— Qu'est-ce qu'elle fait là, elle ? fit-elle en remarquant la présence d'Alisée.

Son ton n'était pas foncièrement dédaigneux, néanmoins... il aurait pu être plus cordial.

— Et pourquoi tes cheveux sont-ils si ébouriffés ? demanda-t-elle en plissant le nez face à son père. En fait, laisse tomber, trancha-t-elle comme il se passait brusquement une main sur la tête. Je ne veux pas savoir.

L'un et l'autre marmonnèrent des paroles inintelligibles, puis le roi retrouva son sérieux et esquissa un geste en direction de la cour.

— On ne sait vraiment pas ce qu'ils veulent ?

— Non, ils se sont contentés de passer les grilles tels des forcenés, avant de s'arrêter là. Les gardes ont eu peur qu'ils cassent les portes menant à l'intérieur, or on dirait qu'ils veulent simplement prendre racine ici. Déjà que cette cour était laide, ces statues ne vont pas l'arranger...

— Nous sommes certains qu'ils ne se sont pas introduits ailleurs ? la coupa-t-il. Peut-être que ce rassemblement n'est qu'une diversion et que d'autres sont passés par les portes-fenêtres des jardins, ou que sais-je encore. Cela expliquerait que Beatricia soit introuvable.

Sa tension croissante trahissait sa sincère inquiétude pour la cheffe de clan. Craignait-il que le fruit des récents scandales visant la Blackfire éclose sous leurs yeux ?

— Des rondes ont été mises en place et personne n'a rien remarqué de suspect. Mais j'avoue que la coïncidence est trop suspecte pour en être une. Il doit bien y avoir un lien entre ce cirque et la disparition de ton ancienne chérie et...

— Isabella, arrête un peu, la réprimanda Adrian.

Il paraissait gêné vis-à-vis d'Alisée, n'ayant pas le coeur à rire des taquineries de sa fille.

— Que lui avez-vous fait pour qu'il soit d'aussi mauvaise humeur ? soupira-t-elle à l'intention de la réserviste.

Sa Majesté serra les poings.

— Que ces imbéciles soient évacués immédiatement, décréta-t-il. Je commence à deviner ce qu'ils veulent et...

Pile à cet instant, la porte menant au rempart s'ouvrit à la volée. Les soldats qui la surveillaient bondirent immédiatement sur le nouveau venu, avant de le relâcher dès qu'ils le reconnurent.

— Vous avez retrouvé Beatricia ? s'écria Branwell en faisant irruption près des quatre vampires.

Comme le souverain, il ne portait qu'une chemise blanche et un pantalon noir, la veste coutumière passée aux oubliettes. Les traits déformés par la peur, il n'adressa pas un seul coup d'oeil à la réserviste, malgré son étincelante robe dorée.

— Bien sûr que non ! répliqua la princesse, agacée qu'il se soit invité parmi eux. Et ce n'est pas en traînant ici que vous allez nous aider ! Retournez à votre chambre sur-le-champ ! Tant que nous ne connaissons pas leurs intentions, mieux vaut qu'ils ne vous remarquent pas, ajouta-t-elle à voix basse.

Or les beuglements du chef de clan étaient descendus jusqu'aux oreilles des intrus, qui avaient aussitôt levé la tête vers eux. À la vision du McLawrence, Alisée aurait juré voir des sourires mauvais se dessiner sur leurs visages. Ils demeurèrent toutefois parfaitement immobiles.

— Ne vous approchez pas trop près, lui murmura Adrian en posant une main sur son bras.

Elle se recula des créneaux entre lesquels elle regardait la foule. Elle tenta de croiser le regard du roi, mais ses iris restaient fixés sur les armes qui brillaient à la lumière du clair de lune.

— Si nous employons la force et que cette histoire s'ébruite, cela risque d'être mal vu, intervint Duncan. Les sujets ont en théorie le droit de manifester et d'exprimer leur mécontentement...

— Sauf que là, ils n'expriment rien du tout, contra Son Altesse. Et ils ont le culot de venir armés. Tant pis pour ce qu'ira raconter la presse ou je ne sais qui. Ce n'est pas comme si notre image était de toute façon irréprochable...

Son père approuva et réitéra l'ordre de chasser ces troublants individus. Le garde du corps royal hocha la tête solennellement, puis s'éloigna afin de transmettre les instructions aux soldats. Il n'avait pas enclenché sa vitesse vampirique qu'un étrange bruit résonna au lointain.

Il replongea Alisée quatre-vingts années en arrière, lorsqu'elle vivait à la capitale de la Terre de l'Ambre. Quand les bateaux arrivaient ou partaient du port, on entendait toujours ce même grondement.

Celui d'une corne de brume.

À ce signal, la foule massée dans la cour se retourna comme un seul homme vers les grilles ouvertes du palais, puis s'en alla.

Ce revirement laissa les soldats quelque peu sonnés, mais ils levèrent vite les yeux en direction du rempart, en attente d'ordres.

— Il faut en capturer au moins deux, quitte à les relâcher dès demain, chuchota Isabella, qui n'avait rien perdu de son sang-froid. Tout cela est beaucoup trop suspect.

Elle n'attendit pas l'approbation de Sa Majesté et d'un geste du poignet, indiqua aux gardes en contrebas de rattraper les individus. Ils n'eurent même pas besoin de se précipiter, les intrus s'éloignant d'un pas étonnamment lent. Trois d'entre eux furent facilement arrêtés et lâchèrent aussitôt leurs armes, sans émettre la moindre résistance. Leurs comparses ne firent absolument rien pour leur venir en aide et du reste, les interpellés n'en réclamèrent aucune.

— Qu'est-ce que c'est que cette farce ? marmonna Branwell dans sa barbe.

Personne ne sut lui répondre, y compris le roi et la princesse dont la tension restait palpable.

Les grilles forgées en motifs de roses se refermèrent bientôt et la réserviste vit les trois captifs être conduits à l'intérieur du château.

Son Altesse quitta immédiatement le rempart, suivie de près par les autres soldats et le chef des McLawrence. Seul Adrian s'attarda, l'air soucieux. Alisée aurait voulu lui dire quelque chose, mais à son regard, elle comprit que son esprit s'était égaré bien loin.

Il marmotta des paroles qu'elle ne saisit pas, puis lui attrapa la main pour l'entraîner à la suite des autres.

Isabella et une horde de gardes convergeaient vers le grand hall, où les attendaient les prisonniers. La luminosité de la salle contrastait avec les ombres de la petite cour et faisait presque indécemment briller la robe de la belle vampire. Dire qu'à peine quelques heures plus tôt, tu descendais le grand escalier... À présent, trois hommes en tuniques pourpres avaient été assis de force sur les premières marches, le bras en l'air menotté à la rampe.

Ils ne se départirent pas de leur calme glaçant, même quand la princesse et le roi les approchèrent. Ce dernier lâcha Alisée, qui resta légèrement en retrait, à côté de Duncan.

— Peut-on savoir pourquoi avez-vous forcé les grilles de mon palais ? s'enquit Son Altesse de sa petite voix légère.

Or ce semblant de désinvolture ne trompait personne. La main posée sur son épée non plus.

Les trois vampires — car leurs bracelets noirs laissaient supposer qu'ils en étaient — ne daignèrent nullement répondre. Ils se bornèrent à fixer le sol, l'air impassible. Physiquement, ils ne devaient pas dépasser la quarantaine, et leurs traits n'étaient ni tout à fait beaux, ni tout à fait laids. Si Kristal était là, elle ferait remarquer que le pourpre de leur tenue ne va pas du tout à leur teint, songea la réserviste, sans qu'elle ne sache exactement d'où lui venait cette pensée.

— Ce que vous avez fait est un délit, déclara Isabella d'un ton tranquille. Si vous avez une doléance à faire part à la Couronne, vous avez la possibilité de nous écrire ou de réclamer une audience. À la rigueur, vous auriez pu organiser votre petit rassemblement à l'orée du domaine, mais pas plus près.

Son discours ne les fit pas réagir, ce qui en un sens, parut la satisfaire.

— Nous n'avons pas de temps à perdre avec vous, trancha Sa Majesté alors que sa fille allait reprendre la parole. Soit vous nous dites ce que vous êtes venus faire ici, soit je vous prends comme exemple pour montrer ce qu'il arrive à ceux qui cassent mes serrures.

Cette intervention, articulée avec la férocité incisive d'une lame tranchante, stupéfia la princesse. Sûrement avait-il commis une entorse à leurs méthodes d'interpellation habituelles, car elle l'interrogea silencieusement.

Néanmoins, les yeux du roi ne quittèrent pas un instant les trois prisonniers. L'un d'eux entrouvrit les lèvres, le regard obstinément rivé sur les dalles en marbre.

— On raconte que vous avez de beaux jardins, Votre Majesté, murmura-t-il.

Il avait parlé si doucement que malgré son audition surnaturelle, Alisée eut du mal à percevoir ce qu'il disait. Lorsqu'elle tenta de décrypter ces paroles, elle crut avoir mal compris.

Agité par le même trouble, Adrian fronça les sourcils, les épaules toujours tendues.

— Je doute que vous soyez venus jusqu'ici pour flatter mes jardiniers, mais puisque vous insistez, je leur transmettrai le compliment...

Comme s'il ne l'avait pas entendu, l'homme poursuivit ses marmonnements :

— De très beaux jardins, répéta-t-il, tel un automate.

Ayant récemment appris l'existence des sorciers, la vampire en vint à se demander s'il n'était pas possédé par une sorte d'entité supérieure... Tes livres et les histoires du roi vont te rendre folle.

— Nous nous sommes cependant permis d'y ajouter une petite décoration...

Un sourire diabolique fendit enfin son masque d'impassibilité et ses deux acolytes l'imitèrent.

Pendant une seconde, Alisée fut convaincue que le mal incarné s'était emparé de ces individus. Puis une exclamation étouffée l'extirpa de sa torpeur.

Elle ne s'était pas retournée que déjà, Branwell fusait à vitesse vampirique en direction des jardins.

Isabella poussa un juron et le suivit, filant droit sur les portes-fenêtres. Les yeux presque aussi vides qu'à la fin de l'opéra, Adrian manqua de perdre l'équilibre quand il voulut faire un pas. Après avoir brièvement conseillé à l'immortelle de ne pas bouger, il disparut à son tour.

Ne l'écoutant pas, elle se pressa au milieu des gardes et gagna également les bosquets baignés par le clair de lune. Les premiers qui se dressèrent devant elle étaient aussi tranquilles que d'ordinaire, leurs feuilles doucement agitées par la brise et les insectes qui se posaient dessus.

Mais un hurlement d'effroi lui fit bien vite oublier le bourdonnement des abeilles.

Soulevant les pans de sa jupe, elle guetta la provenance de ce cri et se rua à travers les arbustes. Elle savait ce qui l'attendait et pourtant, pourtant... Cela ne l'empêcha pas de rejoindre l'attroupement qui s'était formé autour d'un rosier aux fleurs rouges.

Quitte à ce que l'image de la tête de Beatricia suspendue au bout d'une pique la hante pour l'éternité.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro