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Chapitre 4 - Macarons, sang et mesquineries

Le lendemain soir, à son réveil, Alisée trouva sa malle posée devant sa porte. Elle s'empressa de l'ouvrir et poussa un soupir de soulagement en retrouvant ses livres préférés, nichés au milieu de quelques robes. Si elle avait su la quantité de tenues qui l'attendaient au palais, elle ne se serait pas encombrée de ces tissus inutiles... Elle aurait ainsi eu plus de place pour entasser d'autres ouvrages. Quand elle pensait à tous ses pauvres livres qu'elle avait abandonnés sur la Terre des Loups ! Sans parler de l'oublié du carrosse !

Elle rangea soigneusement ses précieux trésors sur l'étagère. Elle n'avait emporté que trois romans, ceux qui faisaient partie de la Trilogie des Âmes. Parmi les centaines — ou peut-être même les milliers — de livres qu'elle avait lus au cours de sa vie, ils se plaçaient incontestablement dans le haut du classement de ses lectures favorites. Les personnages, l'univers, la manière dont l'auteure décrivait des sentiments si intenses... Absolument tout l'avait captivée et une fois la toute dernière page tournée, de lourdes larmes étaient tombées sur le papier.

— Bonsoir, mademoiselle, l'interpella la si douce voix de Nessa. J'espère que vous avez passé un agréable repos. Je vois que vous vous êtes déjà habillée seule.

Alisée, qui effectivement, s'était arrangée afin de trouver une belle robe bleue et blanche dans une armoire, se tourna vers elle. La domestique affichait un sourire amical que la vampire lui rendit aussitôt, tout en la saluant à son tour.

— J'ai pour habitude de me débrouiller, lui expliqua-t-elle ensuite calmement. C'est très gentil à vous de vouloir m'aider, mais j'apprécie davantage de faire les choses par moi-même.

Lorsqu'elle vivait au manoir de Dame Miranda, une Neutre était toujours là pour s'occuper du ménage et de certaines courses, ainsi que la fournir en sang. Mais en ce qui concernait le reste, elle préférait au maximum s'arranger seule. Déjà qu'elle s'en voulait suffisamment pour tout ce que les anciennes servantes du manoir avaient eu à supporter...

— Si vous avez besoin de moi, je suis là, lui assura Nessa. De toute façon, j'imagine que vous serez bientôt conviée à certaines soirées du château, et je pense que vous aurez forcément besoin de mon aide pour enfiler les immenses robes de bal... J'ai tellement hâte de vous voir avec ! Et puis vous avez de magnifiques cheveux, les tiares vous iront à merveille !

Son enthousiasme et sa gentillesse surprirent la buveuse de sang, surtout qu'ils paraissaient sincères. Depuis quand les Neutres étaient-ils aussi heureux de servir leurs maîtres ?

— Je vous remercie, répondit-elle un peu gênée en passant machinalement une main dans sa chevelure frisée lui arrivant aux épaules. Les "réservistes" sont-ils souvent invités aux soirées qui ont lieu au palais ?

Ce serait une bonne occasion de rencontrer un maximum de monde, dont peut-être son frère. Des décennies plus tôt, c'était lui qui se faisait offrir au roi, en prenant la place de sa soeur. Elle ignorait s'il existait seulement une possibilité qu'il fasse toujours partie de l'une des deux Réserves, mais elle espérait tout de même retrouver sa trace. Elle le lui avait promis.

— Bien sûr ! Les réservistes ne sont pas considérés de la même manière que nous autres domestiques. Comme je vous l'ai dit la nuit dernière, vous avez le droit de circuler où vous le souhaitez dans le château. Cela peut vous amener à côtoyer d'autres membres de la Cour, qui vous inviteront peut-être à certaines festivités.

Voilà qui était intéressant. Encore fallait-il attirer l'attention de quelqu'un susceptible de l'inviter...

— Mais en attendant, reprit Nessa en repartant dans le couloir pour revenir avec un petit chariot en bois, il vous faut remplir votre rôle... Ne vous inquiétez pas, la douleur ne dure que quelques secondes.

Ses yeux marron chargés d'excuses, elle sortit une sorte de flasque, ainsi qu'un minuscule couteau. Alisée tendit son poignet sans faire d'états d'âme, sachant très bien que même si ces prélèvements n'allaient sûrement pas être une partie de plaisir, les Neutres subissaient bien pire. Et en tant qu'immortelle, elle ne risquait pas grand-chose à perdre quelques centilitres de son sang.

Nessa appliqua la pointe du couteau contre sa peau, puis laissa couler le liquide écarlate à travers une fine entaille. La flasque se remplit avec lenteur, et la vampire grimaça face aux picotements qui la brûlaient de plus en plus. Dès que la petite gourde fut assez pleine, la femme de chambre pressa un tissu contre la plaie pour que le sang ne salisse pas la robe d'Alisée. Lorsqu'elle le retira à peine quelques secondes plus tard, la blessure était déjà refermée.

— Et voilà, fit-elle en rangeant la flasque dans le chariot. Quelqu'un d'autre passera déposer du sang de Neutre dans votre table de chevet au cours de la nuit, la collecte n'est pas encore terminée. Si vous voulez visiter le palais, vous pouvez y aller.

— Je ne risque pas de me perdre ou de déranger quelqu'un ?

Mieux valait ne pas se faire remarquer en entrant dans une chambre par inadvertance, ou en interrompant une réunion de chefs de clans...

— Évitez simplement les appartements du roi et de la princesse. Ils sont aux étages supérieurs, donc si vous ne montez aucun escalier, vous ne risquez pas de tomber dessus. Mais en dehors de cela, vous pouvez fréquenter toutes les parties du château. Les membres de la Cour organisent souvent des jeux dans l'aile est, celle qui leur est dédiée.

Alisée la remercia et quitta la pièce en même temps qu'elle. Lorsqu'elle se retrouva au milieu du couloir, elle se rendit compte qu'elle n'avait aucune idée de par où commencer ses recherches. Des dizaines de portes s'étalaient le long du couloir de la Réserve Principale, chacune éclairée par une chandelle accrochée sur le battant. Cette omniprésence de lumière rassura la vampire, lui rappelant l'éclat du jour. Elle qui avait pour habitude d'allumer une montagne de bougies dans sa chambre, voilà que ce palais semblait apprécier la luminosité.

Cependant, si elle devait frapper à toutes les portes du château, non seulement elle allait finir par se faire remarquer, mais cela risquerait de lui prendre des jours. Heureusement, Nessa et son chariot ne s'étaient pas encore trop éloignés, alors elle se décida à la rappeler :

— Excusez-moi, une de mes anciennes connaissances m'avait un jour écrit une lettre indiquant qu'il vivait au palais, se lança-t-elle en s'efforçant de paraître naturelle. Ne connaîtriez-vous pas un certain Damien ?

Impossible d'avouer qu'il s'agissait de son frère. Elle savait qu'il était facile de s'attirer des ennuis sur la Terre des Vampires, et s'il avait rencontré un quelconque problème avec le roi ou sa Cour, mieux valait qu'elle ne soit pas associée à son aîné.

Quoi qu'elle apprendrait à son sujet, il lui faudrait garder la tête froide pour ne pas compromettre sa propre survie.

— Ce nom ne me dit rien, finit par répondre Nessa après avoir réfléchi quelques instants. Mais comme Drew, je suis arrivée il y a peu de temps. Un vampire ou un Neutre plus âgé sera sans doute mieux à même de vous répondre. 

Elle avait beau ne pas être plus avancée, Alisée la remercia malgré tout. Tandis que la domestique vaquait à ses occupations, c'est-à-dire collecter le sang des autres réservistes, la vampire se mit en tête de trouver cette fameuse aile est. Elle aurait bien pu suivre Nessa dans sa collecte afin de voir si elle entrait dans la chambre de son frère, mais son comportement pour retrouver une simple "ancienne connaissance" aurait paru suspect.

D'autant plus qu'une part d'elle était curieuse de découvrir ce si grand château, qui aurait très bien pu servir de décor à l'une de ses histoires.

Grâce à l'aide de quelques domestiques, elle parvint à quitter l'aile ouest, jusqu'à gagner celle qu'elle cherchait. Il lui fallut traverser un immense hall surmonté de deux magnifiques escaliers, ainsi que quelques salles de réception tristement vides. Les dorures et marques de richesse défilaient sous ses yeux, de plus en plus criantes à mesure qu'elle approchait de l'autre partie du château. Les tapis rouges se paraient de fil d'or, les cristaux des lustres se teintaient de différentes couleurs, les couloirs gagnaient en largeur... Tous ces détails témoignaient d'un luxe étonnant. Après tout, pourquoi l'aile occupée par la Cour était-elle encore plus belle que celle du roi et de son personnel ?

Pour impressionner les membres les plus éminents du royaume, songea Alisée. Cependant, le monarque n'avait besoin d'aucune justification pour asseoir sa puissance. Il était le roi, et ce simple fait suffisait à imposer son autorité.

Cette autorité se retrouvait pourtant à travers diverses peintures, représentant Sa Majesté sous ses meilleurs profils. Peu importait le tableau, il portait toujours le même type de vêtements : une chemise blanche contrastant avec une veste et un pantalon noirs. Seule la rose au niveau du coeur variait parfois par sa couleur, allant du rouge écarlate au blanc immaculé, en passant par le rose poudré.

Après avoir dépassé un bon nombre de toiles, une lointaine agitation finit par parvenir à ses oreilles. Se laissant guider par son ouïe fine, elle suivit la trace de ce bruit, jusqu'à parvenir à l'entrée d'un charmant petit salon. Les immenses portes étaient largement ouvertes, donnant sur une pièce si éclairée qu'on se serait cru en plein jour. Des méridiennes et petits fauteuils beiges aux coutures dorées habillaient les lieux, ainsi qu'une multitude de jolis plateaux d'argent disposés sur des tables basses. Des femmes s'y servaient aussi bien en macarons ou autres gâteaux, qu'en verres de sang. 

Alisée eut beau parcourir le salon du regard, elle ne repéra aucun homme. Elle ne trouverait donc pas son frère ici, pourtant elle s'attarda à l'entrée de la pièce. Les occupantes du salon étaient si occupées à manger et bavarder en s'esclaffant à chaque fin de phrase qu'elles ne la remarquèrent même pas. Chacune portait des robes et des parures resplendissantes, sans parler de leurs coiffures. Des perles et de minuscules cristaux scintillants ornaient leurs cheveux peignés en de complexes chignons.

La nouvelle venue ne pouvait nier que ce qu'elle voyait aurait donné un magnifique tableau, peint dans d'innocents tons pastel. Mais l'hypocrisie qui suintait dans chaque rire, la jalousie et le mépris qui transparaissaient dans chaque regard derrière les apparents sourires, la dégoûtèrent aussitôt de ces femmes.

— Comme vous le savez, mon anniversaire aura lieu dans quelques jours, lança l'une d'elles depuis la méridienne où elle se délassait, une coupe remplie de sang à la main. Et comme vous le savez également, toute la Cour sera invitée...

Elle s'interrompit avec un petit sourire, afin de laisser les autres couiner d'enthousiasme. Alisée remarqua que tous les fauteuils et canapés étaient orientés dans sa direction, comme si l'admirer constituait l'unique objectif de ce petit rassemblement.

Il fallait avouer que la jeune femme ne manquait pas d'attraits. Contrairement aux autres, ses longs cheveux châtains parsemés de mèches blondes étaient détachés, seulement ornés par une élégante barrette sertie de pierreries. Sûrement transformée avant ses trente ans, les beaux traits de son visage semblaient figés dans un perpétuel petit air satisfait. Ses grands yeux bleus maquillés de noir sondaient son auditoire avec un mélange de suffisance et de jubilation : elle savait que toutes ces dames étaient suspendues à ses lèvres, et cela lui plaisait.

— Branwell sera-t-il présent ? demanda avec espoir une vampire qui physiquement, paraissait encore plus jeune que les autres.

— C'est même lui qui m'organise cette fête. Il ne veut rien laisser au hasard pour que tout soit encore plus somptueux que l'an passé.

Des cancanements émerveillés et impatients grésillèrent en coeur.

— Et le roi ? s'enquit une autre. Sera-t-il là ?

— Évidemment ! Comment voudrais-tu qu'il rate un tel événement sous son propre toit ? Il m'accordera même ma première danse...

Avec un petit air malicieux assez évocateur, elle haussa les sourcils, puis but une gorgée de son verre, sous les exclamations enjouées de ses admiratrices.

— Seulement votre première danse ? s'amusa l'une d'elles d'un ton lourd de sous-entendus. Reste à savoir où se terminera la dernière...

Toutes se mirent à glousser, y compris la principale intéressée, qui semblait se délecter de ce genre d'allusions. Pour sa part, Alisée se lassa bien vite de leurs idioties, et quitta discrètement le chambranle de la porte pour s'éloigner dans le couloir. Seulement, elle n'avait pas fait deux pas qu'une voix s'écria :

— Minute, petit moucheron ! Tu crois vraiment que je ne t'ai pas remarqué ?

Serrant les poings, Alisée fit demi-tour et cette fois, s'avança légèrement dans la pièce. Elle se tint aussi droite que possible face aux regards que toutes les femmes braquaient sur elle, la scrutant tel un misérable insecte. Mais la jeune vampire ne faisait attention qu'à une seule d'entre elles : celle dont l'anniversaire était dans peu de temps et qui l'avait repérée.

— Laissez-moi deviner, persifla-t-elle de sa voix grave en laissant ses longues griffes scintillantes cogner son verre. Une robe trop courte passée d'au moins deux saisons, des cheveux non coiffés, un simple ruban en guise de corset... Le cliché parfait de la nouvelle petite réserviste.

Ses semblables approuvèrent par des ricanements, tout en se murmurant des moqueries à l'oreille. Alisée aurait facilement pu entendre ce qu'elles se racontaient, surtout qu'elles ne faisaient aucun effort pour être discrètes, or elle n'en avait absolument rien à faire. Elle se contenta de prendre une courte inspiration inutile, avant de déclarer dans le plus déconcertant des calmes :

— Pardonnez-moi, mesdames. Loin de moi l'idée de vous importuner, seulement je m'étais lancée à la recherche de la basse-cour. Vous comprendrez qu'en entendant vos gloussements, j'ai cru avoir trouvé les si renommées poules de Sa Majesté...

Un lourd silence suivit ses mots. Outrées et mortifiées, toutes les femmes restaient bouche bée, osant à peine se tourner pour découvrir la réaction de leur meneuse. Cette dernière avait perdu son sourire, et fixait la nouvelle venue d'un air glaçant qui en aurait fait trembler plus d'un. Elle lui ferait regretter cet affront, cela ne faisait aucun doute. Mais l'âge de craindre et de se plier devant ce genre de vipère était révolu pour Alisée. Elle venait de quitter Dame Miranda. Hors de question qu'elle se laisse asservir par une autre pouffiasse de son espèce.

Elle s'apprêtait à tourner les talons, sans montrer le plus petit signe de satisfaction, lorsque celle qui allait certainement devenir sa nouvelle meilleure amie lui lança :

— Puis-je espérer vous voir lors de ma soirée d'anniversaire ?

Son ton se voulait neutre, mais l'étincelle de défi qui s'y entendait était indéniable. Elle s'attendait certainement à ce qu'Alisée refuse, par excès de fierté. Malheureusement, cela aurait été trop mal la connaître.

— Ce sera un plaisir, répondit-elle avec une absence d'émotion calculée.

Puis sans laisser le temps à quiconque de lui demander son reste, elle quitta la pièce.

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