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Chapitre 26 - Rosa-Maria

— Tu es sûre qu'on a le droit d'être ici ?

Se laissant entraîner par Danila, Alisée progressait à travers de sombres couloirs à l'ambiance peu accueillante. Situés dans les derniers étages de l'aile ouest, ils desservaient les appartements du souverain et de la princesse, ainsi que de vieilles réserves que souhaitait explorer la jeune vampire. Sa Majesté ayant signifié à Jae-Sun que les deux immortelles pouvaient s'y rendre afin de chercher le livre tant convoité, elles ne s'étaient pas faites prier pour y accourir.

La bibliothèque avait beau être le plus bel endroit du monde, les nuits entières de vaines recherches finissaient par être lassantes.

— Le roi nous y a autorisées, c'est tout ce qui compte, fit Danila en haussant les épaules. Même si ça n'avait pas été le cas, Adrian ne t'en aurait pas voulu de t'attarder près de chez lui...

Elle gloussa, ce qui fit pousser un grognement exaspéré à son amie. Cette dernière ne lança néanmoins aucune chamaillerie, peu encouragée par l'atmosphère environnante.

Le chandelier qu'elle tenait représentait leur unique source de lumière. Il projetait des ombres étranges sur des murs étonnamment mal entretenus, le papier peint vétuste tombant en lambeaux. Celui-ci révélait des parois sales qui s'effritaient, criblées de curieuses traces noires. De temps à autre apparaissait un tableau, fixé de travers sur un pan de mur un peu plus lisse que les autres. Les mêmes paysages mornes et tristes se peignaient sur toutes les toiles, ce qui n'avait rien pour conférer davantage de chaleur aux lieux.

Alisée s'étant déjà rendue dans les appartements du roi peu après son arrivée, elle put constater qu'il ne s'agissait pas du corridor, ni de l'étage qu'elle avait autrefois empruntés.

— Les réserves sont vraiment par là ? s'enquit-elle comme Danila dépassait de nombreuses portes avec assurance. J'ignore où nous nous trouvons, mais je doute que ce niveau soit encore visité par qui que ce soit...

— Jae-Sun m'a montré leur emplacement sur un vieux plan que lui a donné le roi. Sa Majesté ne voit pas trop comment le livre aurait pu atterrir ici, sauf qu'on entend tellement d'histoires à propos de ces mystérieuses remises que je me dis qu'il faut toujours essayer.

La réserviste songea que si ces pièces étaient si "mystérieuses" que cela, Adrian ne leur aurait certainement pas permis de les visiter. Cependant, elle s'abstint de toute remarque et suivit docilement sa complice. Lorsque cette dernière s'arrêta devant une porte en bois blanc striée de marques noirâtres, elle la regarda insérer avec assurance une clé dans la serrure... qui ne se déverrouilla pas.

— Et mince, grommela Danila. Le roi avait pourtant dit que cette clé ouvrirait toutes les réserves que nous pourrions visiter.

Comme Alisée lui demanda si elle ne s'était pas trompée de porte, elle sortit un morceau de parchemin de sa poche et l'approcha du candélabre.

— J'ai passé toute la nuit d'hier à l'apprendre, assura-t-elle en désignant le petit plan dessiné à la va-vite. Nous venons de dépasser quinze portes depuis notre dernier virage à droite et juste avant, j'en avais compté dix à partir de la gauche...

Ces explications laissèrent sceptique la plus âgée des vampires. Pour une fois complètement sûre d'elle, Danila ne lâcha pas l'affaire et examina la serrure qui leur résistait.

— Peut-être est-elle trop rouillée, supposa-t-elle. Tu aurais une épingle à cheveux ?

— Je ne suis pas certaine que ce soit une très bonne idée, la mit en garde Alisée. On peut très bien passer à une autre.

Malgré tout, elle extirpa de son chignon une petite tige métallique et la lui tendit. Elle l'observa ensuite se pencher devant la serrure et commencer à la travailler. Visiblement rompue à l'exercice, il ne lui fallut que quelques secondes pour qu'un déclic se fasse entendre, brisant le silence inquiétant des lieux.

— Et voilà ! fit-elle en se redressant, toute fière.

Elle éclata de rire face à l'air ébahi de la réserviste.

— J'ai grandi dans un endroit où il y avait beaucoup de salles "secrètes" dans lesquelles je n'avais jamais le droit d'entrer, expliqua-t-elle avec un petit sourire. J'ai donc appris à me passer de clés !

— Rappelle-moi de ne jamais me disputer avec toi... Tu te vengerais en venant piller ma chambre.

Danila gloussa et se reconcentra sur leur principal objectif. Elle poussa le battant qui s'ouvrit dans un grincement strident. Les immortelles ne purent réprimer un frisson, toute envie de plaisanter soudain disparue. La plus jeune paraissant finalement hésiter à rentrer, Alisée prit son courage à deux mains et la devança dans la pièce, le chandelier bien tendu devant elle.

En un instant, elle comprit que cet endroit était tout sauf une réserve.

Une douce odeur florale lui emplit d'abord les narines. Elle provenait des dizaines de fleurs de toutes sortes arrangées avec soin dans de petits vases muraux. Lavande, lilas, lys... Pas de roses, étonnamment. Les pétales colorés contrastaient avec les parois d'un blanc immaculé, rendant celles du couloir encore plus affreuses qu'elles ne l'étaient. Entre les vases, d'étranges objets en porcelaine ou en verre reposaient sur de minces planches fixées aux murs dénués de fenêtres. Les dorures d'une théière reflétèrent les flammes du candélabre, cependant autre chose retint l'attention de la vampire.

Un unique tableau était accroché juste en face de la porte.

Ignorant le vieux plancher qui hurla sous ses pieds, Alisée s'avança lentement vers la toile, conservée derrière une fine vitrine de verre. L'oeuvre représentait une jeune fille d'environ quatorze ans, assise sur une motte de foin. La paille était peinte du même doré que ses longs cheveux lisses, qui encadraient un beau visage de poupée. Différentes nuances de rose teintaient ses jolies joues, s'accordant avec sa délicate robe aux liserés en dentelle. Un magnifique sourire faisait d'étinceler le dégradé de bleu de ses iris, évoquant le plus beau des ciels d'été.

Sans trop savoir pourquoi, la réserviste contempla ce portrait pendant de longs instants, incapable de s'en détacher. Son regard se perdit dans l'océan des yeux de la jeune fille, si bien que lorsque la voix de Danila lui parvint, elle tressaillit.

— Je crois finalement que je me suis trompée de porte...

Jusque-là restée à l'entrée de la petite pièce, elle s'avança en observant tout autour d'elle.

— Comment ces fleurs peuvent-elles survivre ici ? s'interrogea-t-elle en désignant d'un vase rempli de dahlias orange. Il n'y a ni fenêtre, ni source d'aération...

— Elles doivent être changées très souvent, répondit distraitement Alisée, toujours envoûtée par le tableau.

Cet intérêt persistant intrigua Danila, qui s'approcha à son tour de la toile. Elle détailla cette dernière en silence, puis tourna la tête vers son amie.

— Tu... Tu la connais ? s'enquit-elle, ne comprenant visiblement pas ce que cette jeune fille blonde avait de si captivant.

— Je... Non... Enfin, je ne pense pas...

Elle-même ignorait pourquoi ces si beaux traits la troublaient tant. Jamais elle n'avait vu cette fille auparavant, pourtant...

Quelque chose dans les teintes claires de ses yeux lui paraissait familier.

— Regarde, fit soudain Danila en approchant son doigt du bas de la vitre.

Émergeant des mers calmes dans lesquelles elle voguait, la réserviste observa ce qu'elle désignait. Sous le cadre doré du tableau était clouée une minuscule plaque dorée. Un nom venait se graver dessus, d'une écriture fine et soignée. Rosa-Maria Mendoza.

— Mendoza... Comme la ville ? s'étonna Alisée.

Comme le roi, plutôt, la corrigea la jeune vampire.

La plus âgée se tourna vivement vers elle et haussa les sourcils, ne voyant pas où elle voulait en venir.

— Mendoza est le nom de la dynastie royale, expliqua-t-elle. Tu ne le savais pas ?

L'interpellée se sentit stupide et secoua la tête. Heureusement, Danila ne tint pas compte de son ignorance et se fit une joie de jouer les professeurs :

— Il n'y a que deux personnes qui portent ce nom. Le monarque et la princesse. C'est d'après celui-ci qu'il a nommé la capitale de son royaume. Personne ne sait exactement d'où il vient... Comme tout ce qui concerne le roi, d'ailleurs.

Alisée considéra de nouveau la jeune fille blonde. En un seul regard, elle comprit ce qui l'avait jusque-là inexplicablement perturbée : les yeux de cette Rosa-Maria étaient les mêmes que ceux d'Adrian. Et par conséquent, s'apparentaient également à ceux d'Isabella.

Un froid glacial s'empara soudain de tout son corps, alors qu'elle esquissait un mouvement de recul.

— Tu... Tu ne trouves pas qu'elle ressemble au roi ou à la princesse ? balbutia-t-elle, incapable de se détourner du portrait.

— Euh... Pas vraiment, hésita Danila. Pas à Son Altesse, en tout cas. Elle a l'air si gentille et Isabella est si... Enfin, c'est Isabella...

Effectivement, difficile d'imaginer un lien entre la princesse et cette jeune fille à l'apparence si douce.

— Après, tu es mieux placée que moi pour décréter si elle ressemble à Sa Majesté, la taquina-t-elle avec un sourire malicieux.

Son amie soupira, néanmoins cette boutade ne suffit pas totalement à dissiper son trouble.

— A-t-on déjà entendu des rumeurs concernant... une potentielle autre fille du roi ? Biologique, cette fois ? Cela expliquerait pourquoi elle porte le nom de la maison royale, non ?

Après tout, que savait-on de la vie du premier vampire du monde avant sa transformation ? S'il avait vécu une vie "ordinaire" pendant environ vingt-huit ans, cela lui avait largement laissé le temps d'avoir des enfants... Peut-être même avait-il été marié ?

— Sûrement que cette histoire a déjà dû être supposée par quelqu'un. Tout comme l'idée qu'il porte des roses en hommage à son premier amour disparu, ou parce que c'était les fleurs préférées de sa mère, ou car il était fleuriste dans sa lointaine jeunesse... Le problème avec le roi, c'est que personne ne connaît sa véritable histoire, mais tout le monde s'en donne à coeur joie pour raconter ce qu'il a envie de croire...

Impossible de savoir si son hypothèse était plausible, donc. De toute façon, en quoi cela te regarde ?

— Cet endroit ressemble un peu à une espèce de... mémorial, commenta Danila en observant le reste de la pièce. Les vases en marbre sont pareils que ceux qui ornent les tombes. Finalement, il se peut que ta théorie ne soit pas si farfelue que ça. S'il a perdu sa fille biologique, cela aurait ensuite pu l'encourager à adopter Isabella.

Tout cela se tenait, toutefois il ne s'agissait que de conjectures basées sur bien peu de choses. Alisée s'éloigna du portrait pour regagner la sortie de la pièce, or son acolyte lui demanda de s'attarder encore quelques minutes.

— Cette théière est trop belle pour être terrée ici, s'émerveilla-t-elle en approchant ses doigts de la porcelaine finement décorée d'arabesques violettes et dorées. Tu crois qu'elle appartenait à Rosa-Maria ?

— Je n'en sais rien, mais je me doute que le roi ne l'a pas achetée au marché du coin, alors évite d'y toucher.

Une sensation désagréable commençait à s'emparer d'elle : celle d'immiscer son nez dans ce qui ne la regardait pas. Les senteurs florales lui montaient lentement à la tête et l'absence d'ouverture la mettait de plus en plus mal à l'aise. Elle pressa Danila de la rejoindre, cependant celle-ci semblait s'être découvert une nouvelle passion pour les services à thé...

— Ces petites tasses sont tellement mignonnes ! fit-elle en oubliant les conseils de la réserviste pour en attraper une et la détailler sous tous les angles. C'est vraiment étrange que...

Le petit objet lui échappa des mains et vint heurter le rebord de l'étagère, avant de rencontrer le parquet dans un bruit sourd.

Les deux vampires poussèrent une exclamation, mais par chance, la tasse ne se brisa pas en mille morceaux. Seul un petit éclat se détacha du bord recouvert d'or.

— Oh par la Lune ! s'horrifia Danila. Le roi va ordonner ma décapitation...

La tête rentrée dans les épaules, elle cacha son visage entre ses mains et balbutia mille paroles incompréhensibles. Alisée posa son chandelier pour ramasser le malheureux récipient, ainsi que le fragment qui s'en était séparé.

— Elle est juste ébréchée, tenta-t-elle de la rassurer sans grande ferveur. Personne ne le remarquera.

Replaçant soigneusement la tasse où elle se trouvait, elle essaya de faire tenir le petit morceau à son emplacement, or le pauvre diable s'échoua lamentablement sur l'étagère. Elle poussa un grognement agacé et après maintes tentatives, finit par se résigner.

— Bon, ce n'est pas grave, décréta-t-elle en tournant l'objet de manière à ce que la partie fendue soit face au mur. Sa Majesté ne doit pas inspecter tous les jours l'état de ses bibelots. Et dans le pire des cas, ce n'est qu'une tasse.

Malgré tout, quelque chose lui disait que tout comme le portrait n'était pas qu'un simple portrait, cette tasse n'était pas qu'une simple tasse... Elle fit abstraction de ce sentiment dérangeant, fourra le fragment doré dans sa poche et enjoignit son amie de sortir d'ici. Cette dernière ne se fit pas prier et avec des mains tremblantes, s'arrangea pour reverrouiller la serrure à l'aide de son épingle.

Pressées de quitter la scène de crime, elles décidèrent de ne plus s'éterniser à cet étage et regagnèrent l'escalier. À peine eurent-elles posé un pied sur la première marche que des bruits de pas leur parvinrent. L'instant suivant, les flammes du candélabre éclairèrent des yeux bleu-vert qui justement, montaient les escaliers.

— Ah, vous voilà, déclara Duncan de sa voix grave. Vous repartez déjà ?

Les deux immortelles, prises au dépourvu et toujours envahies par une certaine culpabilité, ne surent que répondre.

— Sa Majesté m'a demandé de venir voir comment vous vous en sortiez dans les réserves, ajouta le garde du corps de la princesse.

— Je... Tout bien considéré, nous ne pensons pas que le livre de Sa Majesté puisse se trouver ici, répondit Alisée avant que leur silence ne devienne trop suspect.

En réalité, elle n'en savait rien, mais là était bien tout ce qu'elle avait trouvé à dire.

— Je peux vous accompagner, si vous voulez, proposa-t-il un peu rudement.

Sans doute devait-il mettre leur revirement sur le compte de la crainte inspirée par ces lieux... ce qui n'était pas entièrement faux.

— Je vous remercie, néanmoins nous préférons arrêter nos recherches pour cette nuit, lui assura la belle vampire en affichant un calme empreint de reconnaissance.

— Nous... Nous verrons une prochaine fois, renchérit Danila.

Son sourire crispé parut le laisser perplexe, mais il hocha la tête. Faisant demi-tour, il les devança dans les escaliers, puis leur marmonna des salutations lorsqu'il bifurqua en direction d'un étage.

Une fois arrivées dans la chambre d'Alisée, les deux buveuses de sang échappèrent un long soupir. La plus jeune se confondit immédiatement en mille excuses, se sentant plus stupide que jamais.

— Ne t'inquiète pas, l'apaisa la réserviste avec une sérénité peu convaincante. Même si quelqu'un découvre la tasse ébréchée, personne ne pourra clairement affirmer que c'est de notre faute.

— Mais toi tu n'y es pour rien ! s'exclama Danila. Je devrais aller me dénoncer tout de suite, je ne veux pas que tu t'attires de problèmes à cause de mon absurdité maladive et...

Son amie l'en dissuada immédiatement et lui certifia que nul ne viendrait les accuser. De plus, elle la convainquit qu'en dépit de sa légendaire "cruauté", Adrian ne les condamnerait pas pour une vulgaire tasse. Qu'est-ce que tu en sais ? lui souffla une voix sournoise.

Au fond de sa poche, le fragment de porcelaine semblait peser bien lourd...

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