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Chapitre 2 - L'Attribution

Alisée eut à peine le temps de lisser les plis de sa robe rouge que déjà, un garde venait d'apparaître derrière les grilles métalliques. S'attendant sûrement à accueillir certains membres de la Cour, il s'apprêta à ouvrir l'un des battants, avant d'observer de plus près les visiteurs. Les barreaux découpaient son visage à l'air morne et strict. Il fronça le nez face aux bracelets rouges des deux cochers lycanthropes, puis déclara d'une voix sifflante :

— Puis-je savoir ce que vous faites ici ? Vous savez que vous n'avez pas le droit de fouler cette...

— Nous avons une autorisation, l'interrompit l'un des loups, visiblement pressé d'en terminer avec cette mission. Nous sommes chargés de vous livrer ces trois vampires. J'ose espérer que le Conseil d'Attribution n'est pas terminé ?

Le garde les toisa encore quelques instants. Ses yeux perçants rappelant ceux d'un rapace s'attardèrent sur Alisée, mais elle ne flancha pas. Il finit par ouvrir une petite porte découpée dans l'une des grilles, puis fit signe aux buveuses de sang d'avancer.

Dame Miranda resta plantée sur ses pieds de longues secondes, comme si elle résistait à l'envie de s'enfuir grâce à sa vitesse surnaturelle. Elle jeta finalement un rapide coup d'oeil en direction d'Alisée, avant de passer le seuil du battant. Les deux autres la suivirent sans tarder et le garde referma aussitôt la porte derrière elles.

— Une dernière chose, fit l'un des loups en sortant une enveloppe de sa poche. Au moment de l'Attribution, donnez ceci au roi ou au chef de clan qui sera présent.

Même si cela sembla lui coûter, le vampire se saisit de la lettre à travers les barreaux. Il haussa les sourcils face au sceau de cire rouge qui y était apposé, mais ne fit aucun commentaire.

— Dépêchez-vous, se contenta-t-il de dire à l'intention des trois nouvelles arrivées.

Il s'élança ensuite d'un pas vif dans la cour intérieure du château, tandis que les loups-garous regagnaient le carrosse en toute hâte. Impatiente de mettre un terme à la légère appréhension qui commençait à la gagner, Alisée fut la première à suivre le garde.

La cour qu'elle traversa était entourée de hauts murs de pierre, si bien qu'elle dut se tordre le cou pour apercevoir le ciel noir. Aucun ornement particulier ne venait habiller l'endroit, hormis quelques branches de lierre qui grimpaient le long des parois. La jeune vampire dépassa une pauvre fontaine sans eau, dont le granite était recouvert de mousse. Pour une première entrée en matière avec le légendaire château de Mendoza, Alisée ne put que constater sa déception.

Quitte à passer ses derniers jours dans un palais, elle aurait autant préféré que celui-ci soit digne de ce nom.

Le garde ouvrit une petite porte métallique, qui les mena dans un large couloir peu éclairé. Il y régnait une affreuse odeur d'humidité, faisant grimacer la délicate Kristal. Sans aucune ouverture sur l'extérieur, le corridor ressemblait presque à une grotte.

Derrière ses pas, Alisée entendait ceux de Dame Miranda et la petite rousse résonner, mais elle ne se retourna pas pour les voir. Gardant la tête haute, elle s'efforçait de calmer ses pensées de plus en plus agitées au fur et à mesure qu'elle avançait. Toutes ses réflexions s'animaient pour une seule et même personne, lui remémorant de lointains moments passés à ses côtés. Elle savait cependant que ses espoirs étaient sûrement vains, et qu'il valait mieux ne pas trop les laisser s'enflammer. Tu ne le trouveras sans doute pas cette nuit. Ni la prochaine, d'ailleurs. Ou peut-être même jamais.

Quand le couloir prit fin, ce fut pour déboucher sur une nouvelle porte en bois très simple. Cette sobriété omniprésente laissait à Alisée une drôle de sensation. Elle avait lu suffisamment d'histoires sur le roi pour savoir que la modestie ne faisait pas partie de ses qualités. Les fastueux événements royaux n'étaient pas connus aux quatre coins du monde pour rien. La Cour des vampires était indissociable de son légendaire luxe et des excès en tout genre qui l'accompagnaient.

Alisée comprit vite que ce qu'elle voyait n'était qu'un mirage. Un mirage destiné à duper les visiteurs, en leur laissant croire que les quelques lieux qu'ils traversaient étaient représentatifs du reste du palais. La modération pour dissimuler l'indécence, pensa-t-elle en levant la tête vers les moisissures du plafond. Pas bête, mais fort peu discret...

Lorsque le garde les fit entrer dans une nouvelle pièce, la laideur de cette dernière ne fit que renforcer son jugement. L'endroit ressemblait à une salle de théâtre décrépie, bondée de vampires bruyants juchés sur des chaises dépareillées. Tous faisaient face à une sorte d'estrade où trônaient trois sièges, aussi banals que le reste du mobilier. L'un était occupé par un homme assez jeune à l'apparence distinguée, feuilletant un petit carnet d'un air las. Quand il remarqua l'entrée des nouveaux venus, il poussa un soupir d'exaspération et s'exclama :

— Oh par pitié, j'en ai assez ! L'Attribution est terminée pour cette nuit, que tout le monde s'en aille.

Il quitta l'estrade avec hâte, tandis que les "spectateurs" se levaient docilement.

— Monsieur McLawrence, intervint le garde par-dessus le brouhaha de crissements de chaises. Attendez, je crois que vous pourriez être intéressé.

Il remonta à vitesse vampirique l'allée menant au-devant de la salle, puis lui donna l'enveloppe confiée par les loups-garous. Toute l'assemblée se rassit aussitôt, jetant des regards curieux vers les trois visiteuses qui se tenaient toujours près de la porte. Dame Miranda semblait évaluer ses chances de rouvrir celle-ci et de s'enfuir, ses mains tremblant d'une manière inquiétante. Ses yeux verts fixaient l'homme ayant regagné l'estrade. Il inspectait le sceau de l'enveloppe avec curiosité, comme s'il doutait de sa réalité.

Alisée ne lui prêtait aucune attention, occupée à parcourir la foule du regard. Il n'y avait que quelques dizaines de vampires assis sur ces chaises, mais elle voulait y croire. Il pourrait très bien être parmi eux. À son plus grand regret, aucun des visages ne correspondait à celui qu'elle cherchait. Elle tâcha de ravaler sa déception, ne s'étant de toute façon pas attendue à ce que son objectif soit si facile à atteindre.

— Eh bien ! s'exclama l'homme qui présidait l'assemblée avec un enthousiasme retrouvé. Voilà qui est intéressant. Allez chercher Sa Majesté, il aura de quoi se divertir.

Il venait d'achever sa lecture de la lettre contenue dans l'enveloppe. Focalisé sur les trois vampires, il leur ordonna de s'avancer jusqu'au bas de la petite estrade. Dame Miranda esquissa d'abord un mouvement de recul, avant de prendre une inspiration inutile pour ses poumons morts, puis s'exécuta. Kristal et Alisée la suivirent, cette dernière en profitant pour scruter l'assemblée une nouvelle fois. Ce n'est que lorsqu'elle arriva à quelques mètres de l'homme qu'elle prit le temps de l'observer.

Physiquement, il devait à peu près avoir son âge, soit environ vingt-cinq ans. Avec ses cheveux bruns, ses yeux sombres et sa prestance indéniable, il lui fit penser à ces héros romantiques qui faisaient l'unanimité auprès des lectrices. Ses élégants habits noirs le mettaient particulièrement en valeur, et il ne lui manquait plus qu'un haut-de-forme pour parfaire sa tenue de gentilhomme.

N'importe qui se serait laissé séduire par ces apparences impeccables, mais en un siècle d'existence, Alisée avait appris à reconnaître les dangereux prédateurs.

Et au simple regard avide qu'il posa sur elle, elle comprit qu'il en était assurément un.

— Trois dames en provenance de la Terre des Loups, voyez-vous ça ! fit-il depuis son siège où il trônait fièrement. J'imagine que si vous paraissez devant moi, c'est afin d'obtenir une place dans l'un de nos clans, n'est-ce pas ?

Face à ses manières, n'importe quel ignare l'aurait pris pour le roi. Si elle n'avait pas déjà lu quelques descriptions sur le véritable monarque au cours de ses lectures, Alisée serait certainement tombée dans le piège.

— C'est... C'est exact, répondit Dame Miranda d'une voix mal assurée qui lui était fort peu habituelle. Je souhaiterais rejoindre l'un de vos prestigieux clans, et pour cela, je vous ai apporté une offrande. J'en ai même une seconde, si Sa Majesté la désire également.

D'un geste tremblant, elle désigna la plus belle des deux vampires qui se tenait un pas derrière elle. Elle ne prit pas la peine de faire de même pour Kristal, ses mains si tremblantes que cela en devenait ridicule.

En vérité, sa peur n'était pas injustifiée. Outre quelques raisons personnelles dont Alisée ignorait la teneur, Dame Miranda avait lourd à perdre selon l'issue de cet entretien. Lorsqu'ils vivaient sur leur terre, les vampires étaient répartis dans différents clans, dirigés par un chef. Appartenir à un de ces groupes assurait une certaine protection et une place au sein d'un territoire. Cela permettait aussi d'échapper au statut de "Sans-Clan", misérables vampires ne valant pas plus que des Neutres.

Cependant, pour obtenir le droit d'intégrer un groupe, le roi réclamait un cadeau. Un bouquet de fleurs ? Une bague étincelante ? Une somme d'argent ? Loin de là.

Tout simplement, un ou une jeune vampire, afin d'assurer sa réserve personnelle de sang. 

— J'avoue que vos offrandes sont particulièrement alléchantes, déclara l'immortel sans quitter Alisée des yeux. J'imagine que nous allons bien pouvoir vous trouver une place quelque part...

Il fit mine de parcourir son carnet, feuilletant les pages négligemment.

— Je suis désolé, mais vous n'êtes pas assez bien pour mon propre clan. Celui des Song est complet, celui de Beatricia aussi... J'imagine que Ben vous fera bien l'honneur de vous accepter. Que diriez-vous du clan Tanner ?

Sans attendre la moindre réponse, il fit signe à un valet assis au premier rang du public de lui apporter de quoi écrire. Celui-ci lui donna une plume et de l'encre en toute hâte. Le chef de clan s'apprêtait à inscrire le nom de la nouvelle venue, quand il remarqua qu'il ne le connaissait pas :

— Comment vous appelez-vous ? s'enquit-il sans regarder son interlocutrice.

Son regard restait fixé sur Alisée, mais cette dernière s'en rendait à peine compte. Elle continuait d'observer la foule discrètement, gardant toujours espoir que celui qu'elle cherchait se lève et crie son nom. Malheureusement, elle ne se trouvait pas au beau milieu de l'un de ses romans, et les choses ne seraient certainement pas si faciles. Mais pour l'instant, tout se déroule comme prévu, se rassura-t-elle.

— Da... Dame Miranda. Je...

— Ici, vous êtes sur la Terre des Vampires, intervint une voix masculine depuis le fond de la salle. Il n'y a pas de "Dame", ni de "Messire", ni je ne sais quelle autre stupidité de ce genre. Vous serez simplement Miranda, voire Mandy, si vous envisagez une carrière de prostituée.

Alisée n'eut pas besoin de se retourner pour comprendre qui avait parlé. Toute l'assemblée s'était levée d'un même mouvement, afin que chacun se fende de sa plus belle révérence.

Au fur et à mesure que Sa Majesté, le roi Adrian, passait devant eux en remontant l'allée, ses sujets se relevaient lentement. Seuls les pas du souverain brisaient le silence, personne n'osant prononcer un mot. Lorsqu'il dépassa la vampire, elle eut l'impression de ressentir le froid qui se dégageait dans son sillage. Pourtant, elle-même était aussi glacée qu'un cadavre, mais un léger frisson lui parcourut le dos.

— Vous avez mis ma louve préférée sacrément en colère, déclara-t-il en montant sur l'estrade, la lettre des loups-garous entre les mains. À l'en croire, chère Mandy, je devrais vous refuser tous les clans, peu importe votre cadeau.

Il se laissa tomber sur une des chaises, et regarda Dame Miranda droit dans les yeux. Absolument tout le monde s'accordait à dire que le roi était l'homme le plus séduisant qui existait. Ses iris d'un bleu fascinant rappelaient les eaux les plus claires de l'océan, lorsque le ciel ensoleillé s'y reflétait. Ses courts cheveux blonds avaient l'exacte même teinte que l'or, ce qui confirmait les si belles légendes que l'on racontait à ce sujet. Il devait avoir été transformé aux environs de vingt-huit ans, le figeant ainsi dans son irrésistible jeunesse pour l'éternité.

Mais son beau visage ne fut pas ce qui intrigua Alisée. Son attention restait focalisée sur son élégante veste noire, trouée au niveau du coeur par une rose d'un rouge éclatant.

Pourquoi les vampires doivent-ils boire du sang de Neutre ? demandait-elle à son père lorsqu'elle était petite. À cause d'une rose, lui répondait-il toujours. Une rose qui a elle-même fait couler le sang.

— Cependant, je suis à chaque fois curieux de voir ce que m'apportent mes sujets, reprit le souverain en posant son regard sur la si belle vampire. Et je vois que celui-ci a l'air particulièrement intéressant...

Se détournant de la fleur écarlate, ainsi que de ses lointaines pensées, la concernée leva les yeux vers ceux du monarque. Si le chef de clan la toisait comme une proie, lui l'observait avec un intérêt différent. Sauf que justement, la vampire aurait préféré qu'il la regarde un peu plus avidement. Et s'il te refusait ?

Car bien sûr, le roi se réservait le droit de décliner ses présents si ceux-ci ne lui convenaient pas. Or, Alisée avait à tout prix besoin qu'il l'accepte, sans quoi ses espoirs tomberaient à l'eau. Cela lui aurait fort plu que Dame Miranda devienne une Sans-Clan à la merci de la rue, mais dans le cas présent, elle aussi avait lourd à perdre.

— Quoi qu'il en soit, intervint le chef de clan avec un petit sourire, je serais ravi de la récupérer si elle ne vous plaît pas, Votre Majesté. Rien que cette nuit, je vous ai déjà trouvé deux nouvelles poches de sang.

— Oh rassurez-vous, je me doute que vous seriez ravi de l'avoir rien que pour vous, mon cher Branwell. Je suis certain que Beatricia l'adorerait...

Le visage du chef se ferma, tandis qu'un petit sourire vint danser sur les lèvres du roi.

— Qu'on m'apporte un verre de son sang, ordonna ce dernier.

Un valet sorti de nulle part accourut près d'Alisée, un gobelet métallique et un couteau dans les mains. Apparemment rompu à l'exercice, il attrapa vivement le poignet de la jeune femme, avant de l'entailler sans ménagement. La vampire ne put s'empêcher de tressauter, cette douleur lui rappelant aussitôt son ancienne vie de Neutre, lorsque Dame Miranda s'abreuvait chaque jour de son sang. Le liquide rouge coula dans le récipient, sous le regard dégoûté des autres immortels. S'ils ne pouvaient que difficilement résister à l'essence vitale des Neutres, celle de leur propre espèce les répugnait au plus haut point.

Une fois le gobelet suffisamment rempli, le valet l'apporta au monarque. Alisée observa sa blessure cicatriser en quelques secondes, emportant sa douleur dans un vague souvenir. Mais son ressentiment envers le roi, lui, resta intact.

— Délicieux, affirma l'intéressé après avoir goûté le breuvage. Absolument rien à dire.

Néanmoins, son petit sourire semblait vouloir se déformer en une grimace. Il rendit le verre à moitié plein au domestique, puis se reconcentra finalement sur Dame Miranda, qui n'osait dire quoi que ce soit.

— J'accepte votre charmante offrande, fit-il en appuyant son menton sur une main, comme s'il commençait à s'ennuyer. Je la nomme même dans la Réserve Principale. Cependant, vous pouvez garder l'autre. Vu son âge, quand bien même elle serait succulente, je ne pourrais pas en faire grand-chose...

— Oh, avec un peu d'imagination, ajouta malicieusement le chef de clan.

Kristal ne dit rien, mais pinça les lèvres. Ce genre de remarque blessante sur son âge physique avait le don de la froisser, d'autant plus lorsque l'insulte venait d'hommes tels qu'eux. 

— Vous serez donc toutes les deux des Tanner, reprit le roi. Débrouillez-vous pour parvenir sur le territoire de votre nouveau clan par vos propres moyens, je ne suis pas d'humeur à vous prêter un carrosse. Quant à vous, conclut-il en se tournant vers Alisée, que quelqu'un vous conduise dans vos appartements.

Sans plus s'épancher, il se leva de son siège et quitta la pièce sous les révérences de l'assemblée.

Son nouveau cadeau poussa un long soupir de soulagement, heureuse que tout se soit déroulé comme prévu. Dame Miranda et Kristal, l'une satisfaite, l'autre sceptique, s'éloignèrent après lui avoir jeté un dernier regard. Même si cela faisait des dizaines d'années qu'Alisée vivait avec elles, ces adieux ne l'émurent pas le moins du monde. Les frasques de Kristal lui manqueraient peut-être, mais ici s'arrêteraient ses regrets.

Un jeune homme roux ne tarda pas à s'approcher d'elle, certainement afin de la mener vers sa nouvelle vie de servitude.

Elle ferma les yeux une seconde, le temps d'intégrer ce qui venait de se produire. Son plan se mettait doucement en place. Elle ne pouvait désormais plus revenir en arrière.

Quoi qu'il en coûtera et peu importe ce que je devrai faire, avait-elle promis quatre-vingt-deux ans plus tôt. Elle s'apprêtait à découvrir ce que cela impliquait.

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