Je me repasse en boucle ce moment que j'ai passé assis à côté d'elle, à la regarder me jouer ces fichus Nocturnes. J'aurais dû profiter encore plus avant qu'elle ne s'en aille.

Elle s'est éteinte dans la nuit, rejet de greffe ; il paraît qu'elle n'a pas souffert. Je suis en colère. Je leur en veux. Ils m'ont pris ma petite sœur que je commençais à peine à connaître. Ils lui ont volé sa vie alors qu'elle commençait à peine à refuser de mourir.

Ils l'ont tuée alors qu'elle voulait vivre.

Je suis triste, aussi. Je suis triste d'avoir été aveugle si longtemps et de ne pas avoir remarqué sa détresse plus tôt. Elle avait un terrible besoin de se distraire de sa vie à l'hôpital, et je n'ai pas su l'aider assez vite. Je l'ai laissée se morfondre pendant des mois sans même penser à elle, puis, à travers le piano, j'ai découvert la sœur merveilleuse qu'elle était. Mais c'était trop tard.

Je me demande si, si elle avait eu cette rage de vivre plus tôt, elle aurait vécu au lieu de mourir. Peut-être, peut-être pas, je ne le saurai jamais. Mais en sachant que l'espoir et le désir de s'en sortir jouent un énorme rôle dans la guérison...? Je devrais arrêter de réfléchir à ce genre de choses...

Nos parents sont des loques humaines, ils sont incapables de faire leur deuil, ils sont tout simplement des coquilles vides maintenant que le fruit de leurs entrailles est mort. Je ne sais pas ce qu'est la douleur pour un parent de perdre son enfant, et j'espère ne jamais la connaître. Mais de l'extérieur, c'est terrifiant, on dirait des zombies.

Je me demande si je suis en meilleur état qu'eux. Je suppose que ça aurait fait plaisir à Sam de voir que je ressens bel et bien des émotions, en particulier quand ces émotions la concernent. Je ne suis pas dupe, j'ai bien senti son regard posé sur moi au début, quand je m'en fichais royalement de son histoire. J'ai réfléchi, je me demande toujours ce qu'elle pensait de moi à ce moment-là. Une question à laquelle je n'aurai jamais de réponse. Je crois que c'est ça, mon plus grand regret : savoir que je me suis posé des questions sur elle trop tard pour avoir des réponses, et que maintenant, il faut juste que je les oublie, puisque je ne ferai que me torturer l'esprit pour rien. Mais c'est dur de les oublier. Très dur. Parce qu'en les oubliant, j'oublie une partie d'elle.

Je dirais que la mort de Sam m'a été utile, elle m'a ouvert les yeux sur toute une gamme de sentiments que je ne croyais pas exister, entre autres l'amour inconditionnel d'un frère pour sa sœur ; mais elle m'a en même temps enseigné la douleur, la tristesse, la peine. Sa mort m'a fait très mal, et j'espère sincèrement que je m'en remettrai un jour, mais ce jour n'est pas aujourd'hui.

En attendant, je pleure, et je m'étonne de cette étrange façon qu'ont mes yeux de couler, de ma gorge se serrer. Je reste ébahi en entendant les sanglots qui m'échappent, et je me sens trembler entre mes propres bras.

Drôle de sensation que la tristesse.

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Bonjour.

Je dois avouer que je viens de finir d'écrire cette histoire, alors mon cœur en est encore tout chamboulé. Je n'aurais pas pensé que l'écriture de ces chapitres réveillerait autant de choses en moi. D'habitude, je ne suis pas très émotive en écrivant, mais là...

La vie est injuste et la mort encore plus.

Toaster, il faut que je te remercie pour toutes les fois où il était deux heures du matin mais que tu répondais à mes questions dans la seconde... Merci d'avoir sacrifié tes nuits pour ne pas couper mon élan d'écrivaine. (Enfin, écrivaine, c'est un grand mot...)

Pour finir, chers lecteurs et surtout lectrices il me semble, merci à vous d'être allé(e)s jusqu'ici, merci pour vos commentaires et pour ceux(celles) d'entre vous qui lisent ces lignes et donc qui m'ont suivie jusqu'à la fin de cette histoire. J'espère que je ne vous ai pas trop fait(e)s pleurer.
Je suis désolée, mais la mort de Sam était inévitable si je voulais faire une histoire réaliste... Une leucémie aiguë, on ne s'en tire pas si facilement.

Bon, je crois que j'ai tout dit. Merci encore.

xoxo
— moi.