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Partie Deux


***

  « Qu'est-ce que pense ta copine du fait que tu passes la plupart de tes journées chez moi ? »

Chan posa la bouteille de vin sur la table et porta le verre à ses lèvres. C'était la première fois que Hyunjin posait cette question. Cela faisait plusieurs semaines depuis la première soirée qu'il avait passé en compagnie de son ami. Car oui, il le considérait son ami désormais. Non pas qu'il le connaissait bien mieux qu'auparavant, mais il l'appréciait sincèrement. Les points de vue de Hyunjin sur la vie et le regard des autres étaient étrangers de ceux de Chan et il était intéressant de débattre avec lui.

La plupart du temps, lorsqu'ils étaient chez lui, ils jouaient de la musique, se baladaient dans son jardin, buvaient, mangeaient et discutaient. C'étaient des moments simples et heureux. Une respiration dans sa vie monotone et sombre.

« C'est un peu compliqué, avoua-t-il. Elle est heureuse que je me sois trouvé un ami avec qui passer du temps au lieu d'être seul à broyer du noir, mais en même temps, je crois qu'elle est jalouse. Je ne peux pas lui en vouloir, nous avons beaucoup de mal à nous comprendre en ce moment et me voir heureux avec quelqu'un d'autre la met mal à l'aise.

— Hum... Je vois. C'est compréhensible. »

Hyunjin se leva de la balancelle sur laquelle ils étaient assis. Il fit quelques pas vers le jardin, prit une grande inspiration, puis se retourna vers Chan.

« Je l'aime, dit Chan. Mais savoir qu'elle ne me comprend pas me blesse. Je n'ai pas choisi de ne pas savoir quoi faire de ma vie...

— Et que pense-t-elle de tes envies de musique ? »

Il attrapa une tige de glycine et joua avec entre ses longs doigts.

« Elle est contente que je me sois trouvé un hobby... »

Chan détourna le regard et contempla le vin dans son verre. Les reflets du soleil couchant y dessinaient des volutes orangées.

« Un hobby ? Hyunjin pouffa, une forme d'expression, une solution. Pas un hobby. »

Il se rapprocha de nouveau de Chan.

« Tu lui à fait écouter ce que tu as composé ? »

Les doigts de Chan se resserrèrent sur son verre. Non, il ne l'avait pas fait. Personne d'autre que Hyunjin avait entendu cet air. C'était un simple morceau d'une minute à peine qu'il avait créé suite à leur première soirée ensemble.

« Comment veux-tu qu'elle comprenne tes désirs si tu ne les lui exposes pas ?

— Et en quoi ça te regarde ? »

Hyunjin soupira et attrapa son verre sur la table.

« C'est vrai... Ça ne me regarde pas. Seulement, je reste persuadé que l'art doit être quelque chose que l'on partage à un certain degré. Sinon, il perd un peu de son sens. Partager son art, c'est montrer qui on est et prendre sa place dans le monde. C'est inspirer les autres à se chercher, mais aussi s'accepter.

— Je l'ai déjà partager avec toi, dit Chan d'une petite voix. »

Un sourire se dessina sur les lèvres du musicien.

« Il fait chaud ce soir. Tu veux aller te baigner à la rivière ? »

Chan termina son verre et le reposa en acquiesçant. Il savoura l'échappatoire que lui offrait Hyunjin. Il savait que s'il avait refusé, s'il était resté là, assis, il se serait de nouveau perdu dans ses sombres idées.

Mais le monstre de doutes et de peurs restait tout proche et tôt ou tard, il le savait, il le rattraperait.

Prendre sa place... S'accepter...

***


  Les deux jeunes hommes étaient assis en silence au bord de la rivière.
Chan posa son carnet sur ses genoux et se tourna vers son ami. Hyunjin étudiait une partition, les pieds dans l'eau. Le visage sérieux, les sourcils légèrement froncés, il relisait chaque notes, murmurant des remarques à part lui. Sa main gauche, paume vers le ciel, bougeait au rythme de la partition, ses doigts mimant leur emplacement sur les cordes d'un violon invisible.
Une moue déforma ses lèvres et à l'aide d'un crayon, il corrigea un passage.

« Alors ? demanda Chan. »

Hyunjin lui fit signe de se taire et repris la lecture depuis le début.

Chan reprit son carnet, mais n'avait plus la tête à noter ses émotions. L'agonie de l'attente le rendait nerveux.
De longues minutes passèrent encore avant que Chan ne craque.

« Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ? C'est bon ? »

Hyunjin lui rendit les feuilles avec ses corrections, un sourire pincé tordant ses lèvres.

« Non. Enfin... Si, c'est bon, surtout pour un débutant. C'est techniquement réussi, même s'il y avait quelques maladresse que j'ai corrigé, mais c'est... stérile. »

Chan tomba des nues. Cela faisait près d'un mois qu'il travaillait sans relâche sur cet air. Entendre son ami lui dire qu'il trouvait son travail mauvais envoya ses espoirs au fond du puits de noirceur qu'il était devenu.

« Stérile ?! s'exclama-t-il.

— Ne t'énerve pas !

— Facile à dire !

— C'est juste que ça manque de personnalité. Je ne te retrouve pas dans ce morceau. On dirait plutôt que tu l'as écrit pour être logique et esthétiquement plaisant. Ça manque de profondeur et de personnalité. C'est bon, mais je sais que tu pourrais faire bien mieux si tu laissais ton cerveau de coté et que tu produisais avec ton cœur. »

Chan se renfrogna, fourrant la partition dans son sac.

« Je dis pas ça pour te blesser, mais pour te guider. Bon sang Chan, tu es doué pour la composition, mais on dirait que tu te forces à entrer dans une case qui ne te correspond pas. Soit toi-même ! »

Il ne répondit pas, se renfonçant un peu plus sur lui-même. Les mots de Hyunjin lui faisaient mal tant ils étaient vrais.

Hyunjin soupira et pointa du doigt le carnet de Chan.

« Ton journal.

— Mon journal ? »

Le sang de Chan ne fit qu'un tour. Jamais au grand jamais n'avait-il fait mention de ce que contenait son carnet. Jamais ne l'avait-il fait lire à quiconque. C'était son journal, ses pensées les plus intimes et honteuses.

« Inspire-t-en pour produire. Infuse-toi de tes sentiments et déverse-les dans la musique.

— C-comment sais-tu ce qu'il contient ?!

— Je l'ai lu.

— QUOI ?! »

Hyunjin ne semblait pas particulièrement stressé, ni coupable face à ses aveux.

« Tu l'avais laissé sur le piano l'autre jour, lorsque Miyeon t'a appelé. J'étais curieux, je pensais que c'était de la musique, des paroles ce genre de choses, alors je l'ai lu.

— Mais ça ce fait pas ! »

En réalité Chan se sentait plus honteux de ce qu'il avait écrit et stupide de l'avoir laissé à portée de tous, qu'en colère pour l'indiscrétion de son ami.
Il se leva d'un bond et pris son sac, déterminer à fuir la situation.

« Pars pas ! Je suis désolé. »

Il n'en avait pas l'air.

« Je suis désolé d'avoir abusé de ta confiance et d'avoir fait intrusion dans ton intimité émotionnelle, mais je ne suis pas désolé d'avoir lu. Chan, ce que contient ce journal. C'est de l'or pur ! »

Chan se stoppa net.

« Comment ça ?

— Ce que tu as écrit dans ton carnet. C'est l'expression même de tes sentiments. C'est du carburant de créativité. C'est toi. C'est qui tu es, c'est ton amour du monde, des autres et de l'art. C'est... Puissant et émouvant.
» Quand tu m'as dit que tu travaillais sur des partitions, j'ai cru qu'avec tout ce que je t'ai déjà dit, tu y mettrais tout ce que j'ai lu dans ce carnet. J'avais cru que tu voudrais... Je sais pas, exorciser ces démons qui t'enchaînent et t'entraînent vers le bas. Les transformer en quelque chose d'autre, quelque chose de beau, quelque chose qui prend au cœur.
» Mais tu as voulu créer pour les autres, créer une musique qui plait, mais ne touche que la surface. Ce n'est pas mal en soit, mais tu as un fuel infini dans ce que tu traverses mais tu préfères l'enterrer, le fuir. Tu préfères gratter la surface parce que tu es encore trop focalisé sur ce que vont penser les autres. Tu es paralysé par la peur du rejet. Mais Chan, les autres, on s'en fout ! Tu es la personne la plus importante de ton monde, il n'y a que ton avis qui compte, que ce  que tu as envie de faire, de créer, de traverser.
» La musique que tu as faite après notre rencontre, ce petit air d'une minute était bien plus profond que celui que tu m'as proposé aujourd'hui. »

Chan pouffa, la colère lui tordant les entrailles et lui serrant la gorge.

« Alors je devrais me plier à ce que TU veux ?! Ce que TU attends de moi ?

— Non. Tu fais ce que tu veux. Mais tu me demandes mon avis. Je te donne mon avis. »

Comme aspiré dans un trou de noirceur, Chan posa une main sur son front. Il la sentit à peine. Il cacha son visage alors que les larmes emplissaient ses yeux et que des tentacules de peur et de tristesse léchait ses jambes.

« Suis-je si misérable ? murmura-t-il. »

La terre s'enfonçait sous ses pieds et il fut contraint de s'accroupir. Devant ses paupières closes défilaient des images de lui échouant, toutes les fois où il avait échoué, toutes les fois où il s'était trompé et détesté pour ça. Un sentiment de culpabilité tel un serpent sinueux s'enroula autour de son corps pour le serrer et l'étouffer.
Il était nul, misérable, pitoyable.

« Je n'en peux plus. Je suis fatigué. J'en ai marre. Marre de devoir toujours me conformer aux attentes, marre de me détester pour des choses idiotes. J'en ai marre de toujours souffrir, marre de me sentir si nul. J'en ai marre Hyunjin... je n'en peux plus. Je voudrais juste que tout ça s'arrête. Je veux juste ne plus rien sentir. J'en ai marre. J'en ai marre de ne jamais rien faire de peur de le rater, j'en ai marre de ne pas être heureux de mes accomplissements, marre de ne pouvoir me réjouir, marre de toujours trouver ce qui ne vas pas dans ce que JE fais. Pourquoi suis-je comme ça ? Pourquoi ? Je veux que ça s'arrête...

— Je sais... Je sais... »

Il sentit Hyunjin le prendre dans ses bras. Il sentit la chaleur de son cœur contre le froid du sien et il s'y abandonna. Il était en sécurité. Il pouvait être lui-même. Aucune attente, aucune demande. Juste lui. Lui. Chan. Complet, sans défaut, ni qualité, sans bien ni mal, sans « comme il faut » ou « ne faut pas » juste un être complet par lui-même, un être parfait dans son existence seule.

Juste, Lui.

***


  « Pardon pour plutôt... murmura Chan. »

Il se sentait vidé, mais étrangement calme.
Ils étaient rentrés chez Hyunjin et avaient mangé en silence. Maintenant, le violoniste était assis à côté de Chan et mangeait un morceau de chocolat.

« C'est à moi de m'excuser. J'aurais dû faire preuve de plus de tact. Je suis trop direct.

— Je ne t'en veux pas. Je... Je crois que j'ai atteint un trop-plein.

— Hum. »

Hyunjin lui tendit un morceau de chocolat que Chan prit mais ne mangea pas.

« Je... Tu as raison. Je ne devrais pas me soucier de ce que pense les autres, ni du résultat de ce que je fais...

— Oui. La vie, c'est juste une série d'expériences, y a pas de réels échecs ou réussites. Juste des opportunités d'apprendre qui on est. »

Chan acquiesça.

« Je pense que je devrais prendre rendez-vous avec un psy, dit Chan.

— Je pense aussi. Mon domaine, c'est la musique... Je ne peux pas plus t'aider. »

Un silence, un silence qui n'avais pas besoin d'être remplit.

« Pourquoi est-ce que tu m'as aidé, l'autre soir, dans la forêt ? »

Hyunjin sembla réfléchir quelques secondes puis tourna son visage vers celui de Chan.

« Tu veux quelle réponse ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Tu veux une réponse honnête, ou... une plus facile à entendre ? »

Chan se mordit la lèvre le temps de décider. Une réponse facile à entendre serait plus tendre sur son cœur déjà fragile, mais la curiosité le poussait à aller vers l'autre option.

« Honnête.

— Honnête... »

Le musicien soupira, détourna le regard, puis prit une inspiration.

« Parceque tu me plais. »

Une chaleur étonnante s'empara du corps de Chan. Excitation mêlée de gêne. Un tourbillon qu'il ne savait pas présent se réveilla dans son estomac. Il ouvrit de grands yeux encore piquant de ses pleurs. Il ignorait tout des sentiments de son ami à son égard et passé la surprise de cet aveu, il se sentit flatté, gêné, nerveux, et étrangement curieux.

« Je... Moi ? »

Hyunjin pouffa.

« Qui d'autre ? »

Puis il détourna le visage, les joues rouges.

Des milliers de questions s'imposèrent à Chan. Seulement, sans penser à qui que ce fut, sans penser aux conséquences, ne pensant qu'à lui et à ses envies comme il ne l'avait plus fait depuis longtemps, il se pencha vers l'homme au violon et déposa ses lèvres contre les siennes.

Un instant surprit Hyunjin ne réagit pas, puis, prenant conscience que Chan l'embrassait, il répondit à ses lèvres avec douceur et timidité.

Chan n'avait jamais embrassé d'homme de sa vie, c'était une première, mais c'était comme si tout ça était normal.
Leurs lèvres se séparèrent quelques instants, mais l'envie de revenir était plus forte et il pressa de nouveaux sa bouche à celle de Hyunjin. Ce dernier ne broncha pas et posa une main sur sa joue.

Elles avaient le goût d'une liberté douce, chaude, vaste, terrifiante... exaltante.

Ils s'embrassèrent ainsi durant de longues minutes, jusqu'à en perdre le souffle. Et alors que Chan se penchait un peu plus contre Hyunjin, le serrant dans ses bras tremblants d'excitation, le violoniste le repoussa doucement.

« Chan... On ne peut pas. »

Une pierre glacée tomba dans l'estomac de Chan. Miyeon. L'image de sa petite-amie s'imposa à lui et lui trancha le cœur. Comment avait-il pu lui faire ça ? Il l'aimait, il en était sûr... ou peut-être n'était-il plus si sûr... Mais cela n'avait aucune importance. Il venait de la tromper.
Il l'avait trompé et une part de lui brûler d'envie d'explorer ces nouvelles choses dont il avait encore le goût sur les lèvres.

« Elle n'a pas à savoir, murmura-t-il »

Il se détestait d'avoir dit ça.

Hyunjin eut un sourire triste et effleura les lèvres de Chan des siennes.

« Tu n'es pas comme ça...

— Peut-être que je le suis. »

Il posa un baiser sur la joue de Hyunjin.

« Non... Tu as raison, je ne le suis pas. »

Ils se séparèrent à contre-cœur et se levèrent. Chan prit son sac et alors qu'il allait partir, Hyunjin l'interpella.

« Chan. Je vais être égoïste. Ne reviens que lorsque les choses seront claires. Ne nous faisons pas plus de mal. »

Chan acquiesça, mais ne put se décider à partir. Il s'avança vers l'homme au violon et l'enlaça. Il le serra fort, puis l'embrassa une dernière fois.

« J'ignore comment les choses vont tourner... Je...

— Écoute seulement ton cœur. Je ne pèse rien dans la balance Chan. Ne pense qu'a toi pour une fois. »

***


  « COMMENT AI-JE PU ÊTRE AUSSI CONNE ?! Hurla Miyeon.

— Je suis désolé...

— Tu me prends pour une idiote ?! Comment n'ai-je pas vu les signes ? »

Elle tournait en rond dans le salon, une main sur le front.

« Il n'y avait pas de signes, Miyeon. Je ne savais même pas que ça allait arriver. C'est arrivé, c'est tout.

— Et c'est ÇA ton excuse ?! Franchement ! CHAN ! Quand on s'est mis ensemble tout le monde me disait ô combien tu étais un type bien, un gentil qui ne me tromperait jamais ! J'ai été si idiote, mon Dieu ! »

Elle se remit à pleurer en se laissant tomber sur le canapé.

« Pourquoi il a fallu que tu gâches tout Chan... Je t'aimais si fort...

— Je... Je suis désolé Miyeon...

— J'étais prête à me marier avec toi, à avoir des enfants... Mais maintenant je ne suis plus sûre de rien. »

Chan se tut. Il ressentait la même chose. Il n'était plus sûr de rien. Voilà deux jours qu'ils se disputaient et pourtant son cœur ne voulait pas se détacher d'elle. Il l'aimait toujours, mais était aussi terriblement curieux de ce que pouvait être sa vie auprès de Hyunjin. Il les aimait tous les deux.

« Est-ce que tu es gay, Chan ? Est-ce que tu m'as jamais aimé ? »

Surpris par la question, il resta idiot quelques secondes avant de se précipiter près d'elle. Il posa ses genoux à terre et prit ses mains dans les siennes.

« Je t'ai aimé Miyeon, et je t'aime toujours, je pense même que je t'aimerai toute ma vie. Je ne pourrais jamais t'effacer de mon cœur. S'il te plais, ne doute jamais de ça. Mon orientation sexuelle n'a rien à voir là dedans. Je n'ai jamais douté de l'amour que je te porte. Pas une seule seconde.

—... Et pourtant, tu as embrassé quelqu'un d'autre.

— Oui... »

Elle retira lentement ses mains des siennes et les posa sur ses joues.

« Chan. Je t'aime aussi, je ne serais pas aussi énervée si ce n'était pas le cas. Mais j'ai peur. J'ai peur de ne plus pouvoir te faire confiance. Notre couple n'allait déjà plus bien. Je... J'ai besoin de temps pour réfléchir.

— Je comprends. »

Un sourire triste se dessina sur son visage ravagé par les pleurs.
Un vent violent et glacial brisa les défenses de Chan et les sanglots l'étranglèrent. Il la tira contre lui et embrassa son front.

Elle passa ses bras tremblant autour de lui et murmura :
« Je vais passer quelque temps chez ma mère. On en reparlera quand je reviendrais. »

***

  Cela faisait presque deux semaines que Miyeon était partie chez sa mère. Ils n'avaient que très peu parler. Les pensées de Chan tournaient en rond. Il ne savait plus sur quoi réfléchir. Le conflit interne dont il était infligé le tordait de douleur. Son cœur et sa tête voulaient deux choses différentes et son corps en était paralysé.

Sa vie ne ressemblait plus à rien, il se levait au milieu de la journée puis somnolait jusque tard dans la nuit espérant trouver une réponse dans les mauvaises séries qui passaient à la télé.
Il n'avait pas touché à la musique depuis, et n'osait même pas en écouter.

Sa vie n'était que souffrance, noirceur et indécision. L'île de répit qu'étaient devenues ses après-midi chez Hyunjin semblait lointaine et floue. Presque onirique. Comment avait-il été si idiot ? Il avait tout gâché. Tout gâché avec deux personnes chères à son cœur.
Il savait que Hyunjin n'attendrait pas indéfiniment, ce n'était pas son genre, aussi, il savait que Miyeon ne reviendrait probablement jamais vers lui. Pourtant, il était dans cet état d'attente. Son destin dans les mains d'un autre.

Il s'étala de tout son long dans le canapé, un rouleau de kimbap vieux de deux jours à la main pour tout repas. De toute façon, ses sens étaient endoloris. Il tendit le bras pour atteindre la télécommande et alluma la télé dans l'espoir d'engourdir un peu plus son esprit et de ne plus penser à l'odeur de Miyeon sur les oreillers, ou la musique de Hyunjin dans sa tête.

Il fit défiler les chaînes, peu sur de ce qu'il voulait voir ou non.
Une comédie romantique, non.
Un thriller peut-être ? Non plus.
Un documentaire animalier, les informations, une télé-réalité, non.

Lorsqu' apparue la chaîne classique, il ne put plus quitter l'écran des yeux, son cœur s'emplissant d'une chaleur oubliée.
C'était une rétrospective sur les œuvres d'Erik Satie, compositeur et pianiste français. Sur scène, se trouvait une chanteuse et un pianiste. La musique n'avait pas encore commencé comme si elle attendait que Chan tombe dessus.

Lentement, le pianiste se mit à jouet. Une, deux, trois, quatre mesures et la chanteuse le suivi :

« J'ai compris ta détresse
Cher Amoureux
Et je cède à tes vœux
Fais de moi ta maîtresse
Loin de nous la sagesse
Plus de tristesse
J'inspire à l'instant précieux
Où nous serons heureux
Je te veux...»

À cet instant, il sut. Il sut ce qu'il devait faire. Aucun doute. Aucune question. Il devait suivre son cœur, son élan.
La vie lui avait offert l'opportunité d'apprendre à aimer avec Miyeon, mais aujourd'hui il n'était plus question des autres, il n'était question que de lui et de ses désirs. Ce que qu'il voulait. Il rêvait de liberté, de renouveau. Il ne savait pas s'il se mettrait en couple avec Hyunjin. Ce n'était pas son but. Il voulait simplement explorer. Il était curieux de ce que ce chemin lui apporterait. Il voulait prendre les responsabilités de ses choix, ses choix propres. Il savait que ce ne serait pas facile, que ça ne le rendrait pas forcément plus heureux, mais c'était une opportunité d'en apprendre plus sur lui-même.

Un poids se libéra de son cœur et il se sentit léger, plus léger qu'il ne s'était jamais senti.

Il poursuivrait ses rêves de musique, explorant qui il est. Il suivrait son propre chemin avançant d'expérience en expériences. Il n'y aurait plus de regret, plus de remords. Il allait vivre. Vivre sa vie. La sienne. Rien qu'à lui.

Sa liberté.

***


  L'été faisait doucement place à l'automne. Les températures étaient encore bonnes, mais le fond de l'air se rafraîchissait de jour en jour. Le ciel charriait de gros nuages gorgés de pluie et les arbres les plus précoces se teintaient déjà de rouge. L'air humide sentait la terre et les feuilles, une brise fraîche emportant les dernières odeurs de fleurs.

Chan marchait d'un pas résolu, cigarette à la main, un léger sourire aux lèvres. Sa vie n'était pas plus belle que la semaine passée, mais il avait suivi ses envies. Miyeon et lui avaient rompu en plutôt bon terme. Il la tenait encore dans son cœur, mais sa vie le menait vers d'autres lieux, d'autres expériences où elle ne pouvait pas le suivre. À vrai dire, ils le savaient déjà depuis longtemps, seulement, ils ne voulaient pas se l'admettre. Leur relation les avait emprisonnés dans une dynamique qui ne leur convenait plus et Chan était celui qui en pâtissait le plus.

Aujourd'hui, il était le seul maître de sa destinée. Il n'avait aucune idée d'où le mènerai ce chemin, mais il était certain d'être sur la bonne voie.

Comme il l'avait dit à Hyunjin, il avait pris rendez-vous chez un psychothérapeute pour prendre soin de sa santé mentale. Il n'avait eu qu'une seule séance pour l'instant, mais il le savait, c'était le début de quelque chose d'important qui ne pouvait plus attendre.

Arrivé près du ponton, il sentit en lui une pointe d'angoisse. Il n'avait plus revu son ami depuis près de trois semaines et il appréhendait. Mais l'angoisse venait aussi avec l'excitation de la nouveauté et une certitude viscérale que c'était ce qu'il devait faire. Il emprunta le pont en bois et traversa les eaux troubles de la rivière.

Hyunjin n'était pas en train de saluer le soleil comme il en avait l'habitude, mais Chan ne s'inquiétait pas, et d'une démarche déterminée, il avança vers la maison de l'homme au violon.

Les jardins étaient toujours aussi sauvages, la maison toujours aussi belle et étrange. Une mélodie au violon étirait ses notes jusqu'à Chan. Hyunjin était toujours là. Il voulut toquer mais la mélodie se fit plus nette. « Salut d'amour ». Comme si le violoniste avait su qu'il venait, comme si le destin l'appelait. Porté par l'air, Chan contourna la maison pour arriver à la terrasse arrière.

Hyunjin était là, debout, face au soleil, jouant du violon les yeux fermé, un large sourire aux lèvres. Les rayons orangés dessinaient des ombres sur son visage et faisaient briller ses cheveux. Il était beau. Beau et désirable.

« Salut d'amour, dit Chan en s'approchant. Comment as-tu su que j'étais là ?

— Une intuition, répondit son ami. »

Il s'arrêta de jouer et se tourna vers Chan.

« Je suis heureux de te revoir, tu as l'air d'aller bien, dit Hyunjin.

— Je suis heureux d'être là. Bien... Je ne sais pas trop, mieux peut-être. »

Hyunjin sourit et vint l'enlacer. Chan se laissa faire, puis passer ses bras autour de sa taille le serrant à son tour.

« Si tu es ici, j'imagine que...

— Oui. Miyeon et moi avons rompu... Nos vies n'étaient plus compatibles et nous allions finir par nous détruire, comme j'avais déjà commencé à le faire. »

Hyunjin acquiesça et se retira doucement de l'étreinte de Chan.

« Tu veux qu'on en parle ?

— On peut. Tu as des questions ?

— Hum... Comment vas-tu ?

— Comme je te l'ai dit, je vais mieux. Je suis triste que les choses se soient terminées avec Miyeon, elle était une part importante de ma vie et le sera toujours, mais il le fallait. J'ai pris conscience, réellement que j'avais besoin de prendre soin de mes désirs et que je ne pouvais plus me plier aux attentes des autres. C'est ma vie, mon chemin et j'en suis le seul maître.
» C'est aussi pour ça que je suis là.

— Je suis content pour toi. Je sais combien il est difficile de se faire passer avant les autres. La peur de finir seul, rejeté, parce qu'on a été « égoïste », est difficile à surpasser. Je ne sais pas si ça veut vraiment dire grand-chose, mais je suis fier de toi. »

Il posa son instrument et prit la main de Chan, la serrant dans ses doigts. Le cœur de ce dernier se remplit d'une flamme douce et chaude. Ces simples mots « je suis fier de toi » emplissait son corps de bonheur et une tension longtemps accumulée se libéra.

« Merci. Merci Hyunjin. »

Le violoniste lui sourit et vint l'embrasser.

« Apprenons à être nous-même ensemble, murmura Chan contre ses lèvres. »

— Oh, mais je sais déjà qui je suis, ricana-t-il. »

***

Fin


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