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Prologue + Chapitre 1


SALICORNE. Constellation d'Andromède.

Archives du Temple, an 1000 de l'ère. Récit de la Pythie sur la chute du Royaume.

« Les yeux brûlés par la vision, je me penchais une dernière fois sur la vasque des Oracles. Dehors, au pied de la Tour que je m'apprêtais à déserter, la cité royale s'effondrait lentement, dans une flamboyante orgie de gerbes crépitantes.

Dernier bastion de résistance face à une invasion venue de l'espace, elle avait tenu de l'aube jusqu'au soir. Mais, alors que les ténèbres s'étendaient sur la terre, ce n'était plus qu'une immense fournaise dont la lueur sanglante embrasait l'horizon.

La porte d'airain qui protégeait le Temple s'était mise à vibrer : il ne me restait que quelques minutes. Un ultime délai... Puis il me faudrait quitter ce lieu béni où j'avais passé ma vie.

D'une main tremblante, j'ai brouillé le vortex d'images qui tourbillonnait à la surface de l'eau et laissé apparaître le réseau tortueux des venelles anciennes. Ce n'était qu'une vision brumeuse des bas quartiers de Tyr-Nan-Og, mais j'y concentrais mon esprit enfiévré.

Parmi les fuyards qui tentaient d'échapper au massacre, une haute silhouette se détachait des autres. Entièrement vêtu de noir, l'homme arborait le masque de cuivre propre aux serviteurs attachés à mon service. Dix ans auparavant, je l'avais arraché au gibet en prévision de ce jour. Sa mission était claire : atteindre les remparts avant que l'aube ne se lève, et sauver ce qui lui avait été confié au péril de sa vie.

Je l'ai vu s'arrêter et appuyer son lourd fardeau contre le mur qui l'abritait. L'œil aux aguets, il évaluait la distance qu'il lui restait à parcourir. Avant d'être cerné par le feu, ou rattrapé par les tueurs qui l'avaient pris en chasse. Avant que la dernière porte de la ville ne se ferme à jamais...

Il connaissait ce quartier qu'il venait d'atteindre. Il y avait passé son enfance, avait grandi dans ces rues mal famées où le crime et la rapine étaient monnaie courante. Une zone de non-droit où ses poursuivants allaient rencontrer une nouvelle forme de résistance qui les ralentirait, lui donnant une chance d'échapper à leurs griffes.

Lorsqu'il atteignit la porte, les gueules rougeoyantes des vaisseaux ennemis achevaient de détruire la cité condamnée. Noyé dans un nuage de poussière et de feu, il en franchit le porche et se fondit dans la pénombre...

J'ai replié ma conscience et laissé mon souffle s'apaiser. La première partie du plan venait de s'achever. L'homme avait honoré sa dette. La suite dépendait maintenant des Immortelles.

Au pied de la Tour, le bruit des combats s'intensifiait, il me fallait partir. Le cœur déchiré, je gagnais l'escalier dissimulé derrière l'autel. Il plongeait dans les entrailles de la colline où s'adossait le Temple et s'obstruerait après mon passage...

À l'orée de Bryn Ellylon, la forêt séculaire surplombant la cité, la silhouette de la licorne se détacha de la masse sombre située derrière elle. Une dernière fois, mon esprit fusionna avec le sien. L'ère du Chaos s'abattait sur Salicorne, mais sa race n'y succomberait pas. Elle allait s'effacer dans les brumes du temps, jusqu'à ce que son souvenir se confonde avec les légendes.

Sa fine tête blanche s'est penchée vers le sol, et sa corne y a tracé l'Ogham de l'Oubli. Comme en réponse, le bruit d'un éboulement massif a roulé dans l'atmosphère et des abîmes ont lézardé la surface de la terre. Remodelant à tout jamais son paysage.

L'Immortelle a poursuivi son trajet d'une allure erratique. Ses perceptions s'obscurcissaient. Le Pouvoir la quittait. Aux confins de sa conscience, le lien qu'elle maintenait encore avec Celle que nous voulions sauver se délitait déjà.

Avant de s'enfoncer sous le couvert des arbres, elle s'est retournée une dernière fois vers la plaine en contrebas. L'immense étendue encore verdoyante quelques heures auparavant n'était plus qu'un vaste charnier. Seules les fumées des derniers combats s'élevaient vers le ciel, comme pour témoigner du drame qui se jouait plus bas.

Au nord de Tyr-Nan-Og, elle vit que mon émissaire atteignait enfin l'entrée du premier village. Une charrette l'y attendait, à peine visible dans le petit matin grisâtre. Le conducteur, dont la silhouette disparaissait sous une houppelande à large capuche, courut à sa rencontre et l'aida à se décharger de son précieux fardeau.

La licorne a laissé échapper comme un soupir. L'agonie ne serait plus très longue maintenant, elle le savait.

Il lui restait pourtant une tâche à accomplir. Une tâche qui devait être menée à terme avant que le lien ne se rompe. Un dernier effort qui allait consumer la vie de sa Dédiée.

Ce qui était encore en germe devait voir la lumière en ce jour de carnage. Pour qu'il reste un futur aux enfants de Salicorne. »



CHAPITRE UN

Trois siècles plus tard...

« Salicorne n'était plus qu'un satellite secondaire,

perdu au sein de l'immense Empire Ashanti.

L'invasion avait bouleversé les lois de notre univers.

Notre destinée ne nous appartenait plus. »

Extrait des « Sentiers de la Mémoire ». Emrys le Sage.

Mag Mor, Jour 1.

RIVAGES

Ygrenne regardait les côtes de Mag Mor émerger lentement à l'horizon.

C'était le moment de la journée qu'elle aimait le plus, cette heure de traversée en bateau qui lui permettait de quitter l'île où elle avait grandi. Non pas qu'elle désirât s'en éloigner pour toujours. Tirfo Thuin était sa patrie, la terre de ses ancêtres. Ce pays-sous-les-vagues dont elle aimait chaque pouce de terre, malgré l'austérité de ses paysages et la rudesse de son climat.

En comparaison, Mag-Mor était un pays de cocagne. Il ne connaîtrait jamais la violence des vents du nord qui balayaient la lande, ni l'exubérance des pluies qui la transformaient en tourbière. Ses collines arrondies, ses plaines blondes, étaient courtisées par le soleil d'un bout à l'autre de l'année et conservaient en toute saison cette légèreté propre aux régions méridionales. Mais Mag-Mor avait une face plus sombre aussi, qui recelait bien des dangers. Car en dehors de Tirfo Thuin, l'être humain n'avait plus aucun droit de cité et ses moindres déplacements étaient surveillés en permanence, quels que soient ses motifs ou sa destination.

Cette heure matinale, passée à contempler le ciel balayé par l'aurore, était donc pour la jeune fille un instant de grâce. Une fraction de temps qui gardait la saveur douce-amère de la liberté perdue.

La brise qui soufflait en rafales depuis la côte s'engouffra violemment sous sa cape qui se mit à claquer au vent. D'une main distraite, elle en rassembla les pans et se rapprocha du bastingage pour jouir du spectacle qu'offrait la mer à cet endroit. Les vagues moutonnantes, qui commençaient à former des rouleaux aux abords de la côte, paraient de blanc la surface des eaux glacées.

Elle aimait les regarder partir à l'assaut du brise-lames qui protégeait la rade comme s'il s'agissait d'un combat à l'issue incertaine. Mais l'audace tumultueuse des flots ne pouvait rivaliser avec l'impassibilité granitique des pierres. Les rouleaux explosaient chaque fois à leur contact, en répandant des gerbes d'écume sur lesquelles venaient danser les embarcations.

Elle essuya les gouttes qui éclaboussaient son visage en riant. Son regard embrassa une dernière fois la scène, puis vint se poser sur la silhouette vigoureuse des trois marins qui composaient l'équipage. Leurs yeux reflétaient la passion qu'elle éprouvait pour la mer et ses rivages. Seule la bouche perpétuellement contractée de son oncle révélait d'autres préoccupations. Comme si l'idée même de plaisir était incompatible avec la condition humaine.

Une bouffée de tendresse l'envahit en voyant son vieux visage, tanné par l'âge et les embruns.

Urisk était un pêcheur compétent mais bourru, dont la conversation se limitait d'ordinaire à quelques phrases laconiques, formulées du bout des lèvres. L'amour qu'il éprouvait pour ses proches excluait les manifestations bruyantes. Il se méfiait des mots trop vite prononcés, des phrases creuses qui ne signifient rien. Mais ses regards avaient une éloquence qui se passait de paroles. Ils savaient approuver ou désapprouver avec autant de force qu'un long discours.

Au sein de la confrérie des maîtres pêcheurs où ses avis comptaient, certains jugeaient son attitude revêche ou même discourtoise. Ygrenne ne les comprenait pas. Elle l'aimait tel qu'il était, avec ses airs ronchons et ses longs silences.

Capitaine à bord de la Licorne, la petite gabare qu'il avait construite de ses mains, il était secondé depuis quelques années par Ymir et Dermot, les deux matelots formés par ses soins au dur métier de la pêche en haute mer.

Ymir était leur timonier. Solide gaillard de vingt-deux ans aux yeux bleus, il avait une stature imposante qui intimidait ceux qui le croisaient pour la première fois. Mais la chaleur de son sourire ne laissait aucun doute sur la bonté de son âme. Ygrenne appréciait son caractère conciliant, la qualité de son amitié, franche et directe comme ses manières, et le considérait comme un membre de sa famille.

Voyant qu'elle se tournait vers lui, le jeune homme ôta son bonnet et la salua bien bas, une main posée sur le cœur et une lueur espiègle dans les yeux.

– Que dis-tu de notre record aujourd'hui, Ygrenne ? Moins d'une heure pour faire la traversée !

– Je dis qu'il n'y a pas meilleur barreur que toi et que nous avons beaucoup chance de te compter parmi notre équipage ! s'exclama la jeune fille, en pouffant de rire devant son rond de jambe.

Lâchant le bastingage, elle traversa le pont en adoptant la démarche chaloupée des vieux loups de mer, ce qui renforça son hilarité.

Gagné par sa bonne humeur, Ymir la regarda s'approcher d'un œil appréciateur. Bien qu'habitué à la voir déambuler d'un bout à l'autre du bateau avec la grâce d'une ballerine, la sûreté de son pas et la tranquille détermination dont elle ne se départait jamais, quel que soit le temps ou la force du roulis, forçaient son admiration. La fragilité de sa silhouette, petite et menue, n'arrivait pas à masquer la force de son caractère qui se devinait à la manière dont elle relevait fièrement le menton. Mais ce qu'il préférait chez elle, c'était son visage à la beauté mutine. Seul le gris de ses yeux y déposait une ombre, une note plus grave qui laissait entrevoir la profondeur de sa personnalité.

Ce jour-là néanmoins, c'étaient les boucles folles de ses longs cheveux noirs qui accentuaient sa singularité. Constellés de perles d'eau, ils la nimbaient de fils d'argent, chatoyants dans la lumière.

On dirait un farfadet ! Se dit-il, attendri, alors qu'elle s'arrêtait à ses côtés et lui pressait l'épaule d'un geste affectueux.

La flottille en provenance de Tirfo Thuin venait d'atteindre le rivage et se faufilait au travers des brisants pour atteindre les quais de Nazkat, la capitale située au nord de Mag Mor, où les bateaux resteraient au mouillage jusqu'au soir. Face à eux, les hautes structures d'acier formant les entrepôts donnaient au port l'allure d'un bastion fortifié ouvrant sur la mer. Quant aux docks encombrés de marchandises, ils ressemblaient déjà à un gigantesque bazar où poissons et articles en provenance d'Outremonde, allaient se négocier de l'aube jusqu'au soir. Dans cet Outremonde, situé au-delà de l'orbite où gravitait Salicorne, de puissants astronefs sillonnaient inlassablement les routes de l'espace, pour collecter les biens les plus précieux en provenance d'autres galaxies, et les revendre sur les quais des grandes métropoles marchandes comme Nazkat. La cité était considérée comme un carrefour commercial incontournable dans la Constellation d'Andromède et l'on y trouvait tout ce dont on pouvait rêver. De l'objet le plus rudimentaire fabriqué sur place, aux créations les plus insolites, venues de mondes situés à des centaines d'années-lumière.

Ygrenne se laissa submerger par l'atmosphère exubérante de la vie portuaire. Dans le cliquetis des vergues agitées par le vent et le chuintement des coques glissant vers leur mouillage, les cris des marins s'entrecroisaient d'un bord à l'autre en une brouillonne cacophonie.

Elle s'écarta d'Ymir, concentré sur la manœuvre d'accostage, et se tourna vers la silhouette trapue de Dermot qui déroulait les aussières en pestant comme à son habitude. Sans vraiment saisir ce qu'il marmonnait dans sa barbe, Ygrenne savait qu'il s'emportait contre le poids des câbles d'amarrage, l'encombrement des quais, le poisson à décharger ou la couleur du ciel !

Dermot était comme ça : râleur, imprévisible, colérique.

Déconcertée par son humeur ombrageuse, elle ne recherchait pas sa compagnie et se méfiait de son goût immodéré pour la provocation. Un penchant qui l'amenait trop souvent à défier l'ordre public et pouvait à tout instant le faire jeter en prison. Mais il paraissait s'en soucier comme d'une guigne !

Il savait pourtant que depuis l'invasion de la planète par les Ashanti, trois siècles plus tôt, nul être humain n'était assuré d'y faire de vieux os. L'espérance de vie de chaque îlien s'était réduite de façon drastique et dépendait de son degré d'obéissance aux lois implacables instaurées par les nouveaux maîtres de Salicorne.

Comme chaque matin avant de quitter le bord, elle tenta de jauger son état d'esprit et ressentit un soulagement intense en l'entendant répondre d'un ton cordial au salut d'un équipage qui s'arrimait à leur côté.

– Il n'a pas l'air d'être trop à cran ! murmura-t-elle à l'adresse d'Ymir qui approuva d'un air complice.

– Mouais, tu as raison, je crois qu'il est plutôt bien disposé aujourd'hui !

Rassurée, Ygrenne lui planta un baiser sur la joue puis se dirigea vers l'échelle de coupée où Urisk commençait à rassembler les caisses de poissons destinées à la vente. Le vieux pêcheur se releva à son approche et, sourcils froncés, lui fit ses dernières recommandations :

– Ne traîne pas jusqu'à la bibliothèque, Ygrenne, et tâche de ne pas revenir trop tard ce soir, d'accord ?

D'un mouvement souple, la jeune fille enjamba le garde-corps et se laissa glisser sur l'appontement en formulant sa réponse habituelle :

– J'essaierai de rentrer le plus tôt possible, dès que j'aurai fini mon travail, oncle Urisk. Ne t'en fais pas, tu sais que je suis toujours prudente !

Après un dernier signe de la main en direction de la Licorne et de son équipage, elle tourna les talons et s'éloigna d'un pas rapide vers la zone des échoppes situées au nord des docks. Elle y salua les marchands qui la connaissaient et s'arrêta à un comptoir pour acheter les deux petits pains fourrés à la viande qui constitueraient son seul repas de la journée.

Les domestiques au service des grandes maisons Ashanti commençaient à envahir le port pour venir y marchander les poissons apportés par les gabares de Tirfo Thuin. L'endroit allait devenir encore plus bruyant qu'il ne l'était et, pour ne pas se retrouver bloquée dans la cohue, elle s'empressa de gagner l'avenue qui menait au cœur de Nazkat en mordant à pleines dents dans le pain croustillant.

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