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2. Distinguo


Henry Ford déposa Victoire devant la demeure de sa tante Louise Wilkins. Quelle ne fut pas la surprise de la lady anglaise qui ne s'attendait guère à recevoir. Elle hébergeait déjà deux cousines de son mari venues du Yorkshire. La venue de Victoire ne l'arrangeait donc point. Louise n'en oublia point les bonnes manières pour autant et invita ses hôtes à entrer. Les malles furent également rentrées mais la maîtresse de maison refusa tout net qu'un cercueil fut amené chez elle, que son neveu soit à l'intérieur ou non.
Le malheureux fut donc envoyé chez le prêtre.
Victoire raconta son périple et n'oublia pas de louer l'attitude chevaleresque qu'avait eue Henry Ford dans l'affaire.

— Mon cher Henry, répétait Louise, c'est une telle chance que vous vous soyez trouvé là. Je n'ose imaginer ce qui serait arrivé à ma nièce si vous n'aviez pas été sur son chemin. Le monde est si dangereux pour une femme seule.

Louise se perdait dans ses remerciements et ses gémissements. Son imagination était débordante et elle pensait ainsi aux mille malheurs qui auraient pu arriver à sa nièce si elle s'était retrouvée seule. Henry tentait patiemment, avec des paroles emplies de bienveillance, de la rassurer. Victoire quant à elle cherchait un moyen de se débarrasser du breuvage brûlant contenu dans sa tasse. Il lui faudrait probablement s'habituer au thé mais pour le moment elle n'y arrivait pas. Une servante les interrompit lorsqu'elle fit entrer lord Wilkins qui pestait.

— Que voilà un désagrément, le prêtre nous envoie un cercueil, le mort n'est pas protestant il n'en veut pas ! Mais qu'il garde ses morts, je ne comprends pas pourquoi il nous l'envoie.

— Oh Georges c'est une affreuse histoire, annonça Louise, viens donc prendre le thé avec nous. C'est une très affreuse histoire.

Georges Wilkins salua son ami Henry, fit part de son étonnement et remarqua Victoire restée silencieuse. La jeune femme se leva puis s'inclina avant de décliner son identité. Le maître des lieux n'en fut que plus surpris il n'aurait jamais cru avoir une Française en visite.

— Et ce pauvre François qui n'a pas supporté la traversée. Qu'allons-nous faire Georges, l'infortuné était catholique.

— Pas étonnant que le prêtre le refuse, répondit son mari. Je vais l'envoyer dans la ville voisine, il s'y trouve l'un de ces cimetières catholiques.

Il avait presque craché ces derniers mots. Les guerres de religion étaient terminées depuis longtemps mais le sujet était de ceux qu'il valait mieux éviter à table.

— Ma chère Louise, je me charge des funérailles, prenez soin de notre invitée. Quant à vous Henry, venez me raconter votre implication dans cette affaire autour d'un doigt de porto.

Henry ne cacha pas son contentement. Les deux femmes restèrent seules dans le petit salon. Victoire songea un instant qu'un silence allait s'installer mais c'était sans compter sur la joie de sa tante, heureuse dans ce malheur d'avoir une nouvelle compagne. Les cousines de son mari, d'un caractère appréciable, manquaient de relief. Victoire, de par son origine et sa jeunesse, laissait présager un peu plus d'aventures.

—  Mes enfants ont tous quitté le nid, se lamenta-t-elle, nous irons les voir bien sûr, la maison est si vide. Je songe à te laisser dormir dans l'ancienne chambre d'Emma, ma plus jeune fille. Je n'aime pas qu'un invité soit dans cette partie de la maison mais les deux cousines de mon mari occupent les chambres réservées aux invités. Enfin, elles partiront bientôt, elles font le tour de la famille, trois mois chez un oncle, deux chez un cousin. Elles occupent leur vie de la sorte. Loin de moi l'idée de les juger mais je me sentirais trop opportuniste à leur place. Ne t'inquiète pas très chère, dit-elle à l'intention de sa nièce qui ouvrait la bouche pour protester, ta situation est bien différente et je suis plus qu'heureuse de t'accueillir. Dieu sait que les Français se comportent comme des sauvages en ce moment. Je vais écrire à ta mère, elle doit être morte d'inquiétude, si elle n'est pas morte tout court. Grand Dieu, quelle épouvantable tragédie !

C'en fut trop pour Victoire qui ne parvint pas à empêcher ses larmes de couler. Sur le chemin de l'Angleterre, elle avait vu des domaines incendiés, des foules en colère qui réclamaient la tête du roi. Sous l'impulsion de Paris la France s'était soulevée et marchait au rythme des tambours de guerre. Une partie des citoyens luttait localement pour prendre le pouvoir, une autre gagnait la capitale et allait se joindre à la lutte. On disait que le roi avait amené 25.OOO hommes à Paris, lui qui était à la chasse à Versailles. Serait-ce suffisant pour mater la révolte ? Victoire en doutait.
Lady Louise vit son trouble et eut la présence d'esprit de lui proposer une balade le temps que sa chambre soit préparée. Elle devait s'acheter une robe pour le prochain bal et sa nièce ne serait pas de trop pour l'aider à choisir le tissu.

—  Mes chères filles me manquent, elles avaient si bon goût, maintenant elles sont mariées et établies, elles n'ont plus le temps de rendre visite à leur mère.

Victoire ne put s'empêcher de sourire, Louise lui rappelait Adeline, sa mère. Les deux femmes, en plus de la ressemblance physique, avaient le même caractère. Elles donnaient toutes deux l'impression que le monde tournait autour d'elles et que s'en éloigner c'était les trahir. Louise fit apporter deux de ses manteaux et en prêta un à sa nièce. Les deux femmes sortirent et plongèrent dans les rues animées du village portuaire. L'air marin semblait vivifier tout le monde. Louise salua nombre de personnes, imitée par Victoire. La lady s'impliquait beaucoup dans la vie du village, parfois un peu trop, mais tout le monde appréciait ses largesses. C'est ainsi qu'elles rencontrèrent de nombreux amis de la famille Wilkins et reçurent un certain nombre d'invitations. Rares étaient les informations en provenance de France qui parvenaient jusqu'à Penzance, chacun était avide de détails et qui mieux qu'une Française pour les rassasier dans leur quête de potins. Les deux femmes parvinrent enfin chez la couturière. Celle-ci proposait une grande variété de tissus venus de toute l'Europe à prix raisonnables. Certains n'étaient plus vraiment au goût du jour mais ils étaient tous en excellent état. Victoire inspecta les mousselines sans trop de plaisir. Elle ne se sentait guère d'humeur à choisir une tenue alors qu'elle était sans nouvelle de sa famille. Louise sollicitait son avis, elle hésitait entre deux pièces, l'une crème avec des motifs floraux, l'autre unie dans une teinte verte douce. La première était plus joyeuse mais se prêtait moins au bal, l'occasion à laquelle elle était destinée. Le choix fut donc reporté sur l'autre. Louise avait emporté avec elle le modèle trouvé dans l'un de ces « magazines », une revue pour dames qui avait l'avantage d'exporter la mode londonienne aux quatre coins du pays. Elle passa donc commande auprès de la couturière et ressortit satisfaite de son achat.

—  Madame Figgs est très douée, disait-elle, elle a deux petites pour l'aider, moins talentueuses c'est certain mais elles apprendront. S'il te faut des robes nous viendrons t'en faire faire ici. Seul Dieu sait combien de temps durera cette révolte.

Victoire ne répondit rien, les deux femmes longèrent la plage qui s'étendait sur la baie. Elle regardait toute cette eau aux nuances grises. La mer ne lui était pas inconnue mais elle ne l'avait jamais vue de si près. Victoire venait de la vallée de la Loire, elle était habituée aux caprices du fleuve qui s'étendait à volonté sur les terres avoisinantes. Ici l'eau paraissait plus calme, plus douce.

—  Tiens mais voici le lord de Saint-Aubyn, dit Louise en la sortant ainsi de ses pensées. Bonjour « mylord » !

Un cavalier sur leur droite qui s'apprêtait à remonter en selle stoppa son geste et les salua une main sur le rebord du chapeau.

—  Bien le bonjour mesdames. La journée vous est-elle agréable ?

C'était probablement la question à ne pas poser à sa tante. Victoire eut crainte que cette dernière ne déverse toutes ses paroles sur le malheureux homme qui s'était simplement montré courtois mais il n'en fut rien.

—    Votre gestionnaire, monsieur Ford, a eu la gentillesse d'accompagner Victoire ma nièce depuis Douvres. Je n'ai osé imaginer ce qui aurait pu lui arriver en son absence.

— Douvres ? répéta Saint-Aubyn. Viendriez-vous de France ?

—  Si fait, répondit Victoire en s'inclinant avant de répondre, avant qu'il ne l'ait posée, à sa prochaine question. Les nouvelles ne sont guère bonnes je le crains.

—  Nous prions pour la France. Nos pensées vous accompagnent.

—  C'est si aimable mylord, déclara Louise avant de changer de sujet. Passez donc à la maison, disons vendredi, Victoire nous racontera les dernières nouvelles et Georges sera ravi de votre présence.

Un« non » ne semblait pas acceptable, Saint-Aubyn  ne s'y risqua pas. L'affaire fut donc entendue, il viendrait dans l'après-midi. 


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Merci d'avoir lu ce chapitre !

Axel.


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