|29. La coupe du monde de Quidditch|
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CHAPITRE 29
La coupe du monde de Quidditch
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Tony avait été réticent à l'idée de partager ce lourd fardeau avec son fils. Il n'avait pas souhaité mettre une telle responsabilité sur les épaules de son enfant mais s'il taisait plus longtemps ce secret, il avait eu peur que le jeune adolescent ne commette une bêtise sans le savoir et par la même occasion, ne mette leur famille en danger.
Il souffla légèrement avant de se rapprocher de son fils qui était pratiquement devenu gris.
— Viens là.
Il ouvrit ses bras à son fils et Harry se blottit tout contre lui, le corps tremblotant. Il passa sa main à travers la chevelure noire de l'adolescent avant d'y déposer un baiser.
— Tout ira bien, ne t'inquiète pas, murmura Tony.
— Il semble puissant, papa. Il me fait peur, avoua Harry d'une voix basse et anxieuse.
Tony resserra son étreinte autour de son fils et ne put confier au garçon que lui aussi, il était apeuré par cet être qui le visitait pratiquement tous les soirs en songe. Il ne pouvait avouer à son fils, ce qu'il redoutait le plus dans cette histoire et que seul un déni l'empêchait de vocaliser ce qu'il savait depuis quelques années maintenant.
Le déni.
Il préférait se voiler la face plutôt que d'affronter la réalité.
— Je te promets que je ferai tout pour vous protéger, toi, ta sœur et tes frères ainsi que votre mère. Absolument tout.
Harry s'accrocha à ces paroles et ils restèrent ainsi encore quelques minutes, se sentant rassurés par la présence de l'autre. Ils étaient tellement ancrés dans leur bulle qu'ils ne remarquèrent pas la silhouette qui se tenait à l'embrasure de la porte, un sourire tendre sur l'extrémité des lèvres.
Le maître des potions s'était demandé ce qui se passait à l'étage pour que son mari et leur benjamin ne redescendent pas alors il était allé vérifier de lui-même pour constater qu'Anthony semblait rassurer leur fils. Il était soulagé de voir qu'Harry avait pu au moins partager ce qui le troublait avec l'un d'entre eux. Il avait pleinement confiance en son époux et savait que ce dernier saurait prendre soin de leur fils sans son assistance. Il redescendit donc au rez-de-chaussée et se joignit aux adolescents qui avaient décidé d'organiser une partie de Monopoly à l'extérieur de leur tente pour profiter pleinement de la chaleur de l'été et d'observer d'un peu plus près les sorciers venus des quatre coins du monde.
À mesure que l'après-midi avançait, une sorte de frénésie envahissait le camping tel un nuage palpable. Au coucher du soleil, la tension faisait frémir la paisible atmosphère de l'été et, lorsque la nuit tomba comme un rideau sur les milliers de spectateurs qui attendaient le début du match, les dernières tentatives de masquer la réalité disparurent : le ministère semblait s'être incliné devant l'inévitable et ses représentants avaient renoncé à réprimer les signes évidents de magie qui se manifestaient un peu partout.
Harry qui s'était joint à ses frères et sœur ainsi que cousin et cousine quitta la tente en compagnie des jumeaux pour se diriger vers des vendeurs ambulants qui portaient des éventaires ou poussaient des chariots remplis d'articles extraordinaires.
— Oh, regardez ça ! s'exclame-t-il en se dirigeant vers un chariot surchargé d'objets semblables à des jumelles de cuivre, dotées de toutes sortes de boutons et de cadrans.
— Ce sont des Multiplettes, dit le sorcier-vendeur d'un air empressé. Elles permettent de revoir une action... de faire des ralentis... et de détailler image par image n'importe quel moment du match si vous le désirez. C'est dix Gallions pièce.
Ils achetèrent plusieurs paires de Multiplettes pour chaque membre de leur groupe et ce fut la bourse légère qu'ils retournèrent à leur tente, croisant sur leur route Neville Londubat, Hermione Granger et Ronald Weasley.
Enfin, un grand coup de gong retentit avec force quelque part au-delà du bois et, aussitôt, des lanternes vertes et rouges étincelèrent dans les arbres, éclairant le chemin qui menait au terrain de Quidditch.
— C'est l'heure, dit Tony, qui avait l'air aussi impatient que ses enfants.
Tony était un Non-maj' mais lorsqu'on était marié à un hybride, mi- sorcier et mi- mutant, et que tous vos enfants étaient eux-aussi des hybrides, que vos proches étaient des sorciers et que leur sport national était le Quidditch, avec le temps, vous ne pouviez qu'adopter ce sport et en devenir fan.
— Venez, on y va ! ajouta-t-il, contenant à peine l'excitation dans sa voix.
Severus et Wanda levèrent les yeux au ciel tandis que le reste de leur famille poussait des cris de joie.
Emportant leurs achats ainsi que les collations préparées par le maître des potions, Tony en tête, ils se précipitèrent vers le bois, le long du chemin éclairé par des lanternes. Ils entendaient autour d'eux des cris, des rires, des bribes de chansons, qui s'élevaient dans la foule. L'atmosphère enfiévrée était très contagieuse. Harry souriait sans cesse. Ils marchèrent pendant vingt minutes à travers bois, parlant, plaisantant à tue-tête, jusqu'à ce qu'ils émergent enfin d'entre les arbres pour se retrouver dans l'ombre d'un stade gigantesque. Harry ne voyait qu'une partie des immenses murailles d'or qui entouraient le terrain, mais il le devinait suffisamment vaste pour contenir une dizaine de cathédrales.
— Ce stade est presque aussi grand que celui de Los Escobas, dit Drago.
— Tu rigoles, j'espère. Notre stade peut accueillir jusqu'à deux cents mille personnes ! protesta Pietro d'un ton outré.
— Si tu comprenais parfaitement l'anglais, tu aurais constaté que j'ai utilisé le mot « presque », répliqua le blond, caustique.
— Drago, Pietro, ça suffit maintenant ! gronda Severus. Je ne veux pas de disputes ce soir et encore moins ici, est-ce clair ?
Drago et Pietro hochèrent la tête, adoptant une attitude contrite. Le maître des potions roula des yeux avant de les mener jusqu'à l'entrée la plus proche, devant laquelle se pressait déjà une foule bruyante de sorcières et de sorciers.
— Des places de choix ! s'exclama la sorcière du ministère qui contrôla leurs billets. Tribune officielle, tout en haut ! Montez les escaliers, quand il n'y aura plus de marches, vous serez arrivés.
À l'intérieur du stade, les escaliers étaient recouverts d'épais tapis pourpres. Ils grimpèrent les marches au milieu des autres spectateurs qui se répartissaient lentement sur les gradins, à droite et à gauche. Severus et son groupe continuèrent de monter jusqu'au sommet de l'escalier où ils se retrouvèrent dans une petite loge qui dominait tout le stade et donnait sur le centre du terrain, à mi-chemin entre les deux lignes de but. Une vingtaine de chaises pourpre et or étaient disposées sur deux rangées et, lorsque Harry se fut faufilé jusqu'au premier rang en compagnie de sa famille, il découvrit un spectacle qui défiait l'imagination.
Harry détacha son regard du panneau publicitaire et se retourna pour voir qui partageait la loge avec eux et ne put masquer sa grimace lorsqu'il vit entrer la famille Weasley.
— Bon sang, encore eux ! s'exclama-t-il.
Peter et Pietro se retournèrent brusquement sur leurs chaises pour regarder à leur tour. Même leur mère se tourna pour observer la famille Weasley ainsi que leurs deux invités s'installer derrière eux.
— Oh, Severus ! s'exclama Arthur Weasley d'un ton ravi. C'est génial que nous soyons dans la même tribune, ne trouves-tu pas ?
— Effectivement, dit le potionniste d'un ton pincé.
— Et si vous veniez plutôt vous asseoir près de nous ? proposa Tony au roux. Wanda, ma chérie, laisse donc la place à monsieur Wesley.
Wanda lâcha un soupir irrité avant de se lever et d'échanger sa place avec Arthur Weasley, qui poli, n'osa guère reprendre le moldu sur son nom de famille.
— Je vous remercie.
Severus fusilla son époux du regard et ce dernier sourit simplement, une lueur amusée dans les yeux.
Autour d'eux, la loge finit par se remplir peu à peu au cours de la demi-heure et Arthur Weasley présenta quelques personnes qui semblaient occuper de hautes fonctions au sein du ministère de la magie au couple Xavier-Stark. Chaque fois, Percy Weasley se levait d'un bond, comme s'il avait été assis sur un porc-épic. À l'arrivée de Cornélius Fudge, le ministre de la Magie, Percy s'inclina si bas que ses lunettes tombèrent et se cassèrent. Horriblement gêné, il les répara d'un coup de baguette magique.
— Monsieur Xavier-Stark, c'est un réel plaisir pour moi de faire enfin votre connaissance, dit Cornélius en serrant la main de Severus puis celle de Tony.
— Je suis également ravi.
— Appréciez-vous votre séjour en Angleterre ? Comptez-vous y rester plus longtemps ?
— Ma famille et moi sommes ici uniquement pour la coupe du monde. Nous n'avons jamais eu l'intention de vivre en Angleterre, répondit Severus.
— Peut-être voudriez-vous changer d'avis. Notre pays a besoin de sorciers comme vous. De plus, je suis sûr que vos enfants s'y plairaient à étudier à Poudlard tout comme vous autrefois. Surtout que cette année, nous avons mis en place une sorte de compétition.
— Mes enfants sont américains, Cornélius et ils se plaisent parfaitement à Ilvermorny dont le niveau scolaire n'a rien à envier à Poudlard. De plus, n'oubliez pas que votre gouvernement a tenté il y a quelques années de me déposséder de mes biens.
— À cette époque, je n'étais pas ministre, Severus. Je puis vous assurer que si cela avait été le cas, vous n'auriez eu aucun problème, dit le ministre de la magie.
— Quoi qu'il en soit, je suis anglais mais aussi américain et je n'ai guère l'intention de chambouler notre vie par un déménagement au Royaume-Uni. Je suis sûr que vous trouverez des sorciers tout autant talentueux que moi, si ce n'est plus pour faire progresser votre communauté, ajouta le potionniste.
— Un sorcier aussi talentueux que vous n'est pas facile à trouver. Il n'en apparaît qu'un seul tous les cinq siècles.
Severus était conscient que son talent de potionniste ainsi que créateur de sortilèges étaient très convoités. Il avait, à plusieurs reprises, reçu diverses offres d'emplois de différentes communautés magiques du monde entier. Ils souhaitaient tous s'approprier ses talents ainsi que son don en magie mais il avait toujours refusé chacune des propositions car sa place ne se trouvait nulle part ailleurs qu'aux États-Unis, dans ce pays où la communauté sorcière s'était unie pour le préserver des abus du ministère de la magie anglaise. Il n'oublierait jamais que lorsqu'il avait été au plus mal, une communauté avait fait front pour le protéger.
— Je ne doute pas que vous réussirez, en tant que ministre de la magie, à rendre la communauté sorcière plus forte au sein de la sphère internationale, dit-il pour flatter l'égo de Cornélius.
— Je l'espère, mon cher.
Un instant plus tard, Ludo Verpey entra en trombe dans la loge.
— Tout le monde est prêt ? demanda-t-il, son visage rond luisant comme un gros fromage de Hollande. Monsieur le ministre, on peut y aller ?
— Quand vous voudrez, Ludo, dit Fudge, très à son aise.
Verpey sortit aussitôt sa baguette magique, la pointa sur sa gorge et s'exclama :
— Sonorus !
Il parla alors par-dessus le tumulte qui emplissait à présent le stade plein à craquer et sa voix tonitruante résonna sur tous les gradins :
— Mesdames et messieurs, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue ! Bienvenue à cette finale de la quatre cent deuxième Coupe du Monde de Quidditch !
Les spectateurs se mirent à hurler et à applaudir. Des milliers de drapeaux s'agitèrent, mêlant les hymnes nationaux des deux équipes dans une cacophonie qui s'ajouta au vacarme.
— Et maintenant, sans plus tarder, permettez-moi de vous présenter... Les mascottes de l'équipe bulgare !
La partie droite des gradins, entièrement colorée de rouge, explosa en acclamations.
Les vélanes qui étaient les mascottes de l'équipe de Bulgarie se trémoussaient au rythme d'une musique de plus en plus vive. Lorsque la musique cessa, des cris de fureur s'élevaient dans tout le stade. Les spectateurs refusaient de laisser partir les Vélanes et Harry ne pouvait que les approuver bien que grâce à son statut d'hybride, il était immunisé face aux pouvoirs naturels des vélanes.
— Et maintenant, rugit la voix amplifiée de Ludo Verpey, veuillez s'il vous plaît lever vos baguettes... pour accueillir les mascottes de l'équipe nationale d'Irlande !
Un instant plus tard, quelque chose qui ressemblait à une grande comète vert et or surgit dans le stade. Elle fit un tour complet du terrain, puis se sépara en deux comètes plus petites, chacune se précipitant vers les buts.
Un arc-en-ciel se déploya brusquement d'un bout à l'autre du stade, reliant entre elles les deux comètes lumineuses. Des « Aaaaaaaaah » et des « Oooooooooh » retentirent dans la foule comme à un spectacle de feu d'artifice. Puis l'arc-en-ciel s'effaça et les deux comètes se réunirent et se fondirent à nouveau en une seule, formant à présent un grand trèfle scintillant qui s'éleva dans le ciel et vola au-dessus des tribunes. Une sorte de pluie d'or semblait en tomber...
— Magnifique ! s'écria Tony lorsque le trèfle vola au-dessus d'eux, répandant une averse de pièces d'or qui rebondissaient sur leurs chaises et sur leurs têtes.
Harry observa le trèfle en clignant des yeux et s'aperçut qu'il était composé de milliers de tout petits bonshommes barbus, vêtus de gilets rouges, et portant chacun une minuscule lanterne verte ou dorée.
— Des farfadets, murmura son aîné qui était assis tout près de lui.
Puis, il eût la présentation des joueurs qui composaient l'équipe de Bulgarie et lorsque le nom de Krum fut annoncé, Harry se demanda lequel des deux garçons, entre son cadet Pietro et le rouquin Weasley, avait poussé le cri le plus hystérique de toute l'histoire des supporters de Quidditch.
— Viktor Krum... c'est luuuuiii ! hurla Pietro.
Viktor Krum était mince, le teint sombre et cireux, avec un grand nez arrondi et d'épais sourcils noirs. On aurait dit un grand oiseau de proie. Il était difficile de croire qu'il avait seulement dix-huit ans.
Harry roula des yeux lorsque son frère laissa couler quelques larmes sur son visage. S'il doutait de l'obsession de son frère pour le bulgare, aujourd'hui plus aucun doute n'était permis.
Lupo Verpey était celui qui commentait le match et Harry devait avouer que le sorcier n'était pas mauvais dans ses commentaires. Entraîné par l'excitation dans la voix du commentateur, Harry s'était plongé dans le match comme jamais auparavant car c'était une finale de coupe du monde.
Il pressait si fort ses Multiplettes contre ses yeux que la monture de ses lunettes lui écorcha l'arête du nez. Les joueurs filaient à une vitesse incroyable. Les poursuiveurs se passaient le Souafle avec une telle rapidité que Verpey avait tout juste le temps de dire leur nom. Harry tourna la molette du ralenti, sur le côté droit de ses Multiplettes, pressa le bouton « image par image », juste au-dessus, et vit alors le match au ralenti, avec des explications qui s'affichaient sur les lentilles en lettres violettes étincelantes. Dans les tribunes, le vacarme de la foule déchaînée malmenait ses tympans.
Il connaissait suffisamment bien le Quidditch pour pouvoir apprécier l'extraordinaire virtuosité des poursuiveurs irlandais. Il y avait entre eux une parfaite harmonie. À en juger par la façon dont ils se plaçaient, on aurait dit qu'ils lisaient dans les pensées les uns des autres et la rosette épinglée sur la poitrine de Harry ne cessait de couiner leurs noms : « Troy — Mullet — Morane ! » Moins de dix minutes plus tard, l'Irlande avait marqué deux autres buts, faisant monter le score à trente-zéro et déclenchant un tonnerre de vivats et d'applaudissements chez les supporters vêtus de vert.
Le match devint encore plus rapide et plus brutal. Volkov et Vulchanov, les batteurs bulgares, frappaient les Cognards avec férocité en les envoyant sur les poursuiveurs irlandais et parvenaient à perturber leurs plus belles trajectoires.
Cent mille sorcières et sorciers retinrent leur souffle en voyant les deux attrapeurs, Krum et Lynch, foncer en piqué au milieu des poursuiveurs, à une telle vitesse qu'ils semblaient avoir sauté d'un avion sans parachute. Harry suivit leur descente à travers ses Multiplettes, plissant les yeux pour essayer d'apercevoir le Vif d'or.
— Ils vont s'écraser ! hurla une voix féminine dans son dos.
Elle eut à moitié raison. À la toute dernière seconde, Viktor Krum redressa son balai et remonta en chandelle. Lynch, en revanche, heurta le sol avec un bruit sourd qu'on entendit à travers tout le stade. Une immense plainte s'éleva des gradins occupés par les Irlandais.
— Quel idiot ! gémit Tony. C'était une feinte de Krum.
— Temps mort ! cria la voix de Verpey. Des médicomages se précipitent sur le terrain pour examiner Aidan Lynch !
— Ça va aller, il s'est simplement un peu planté, dit Peter à Jude qui était penchée par-dessus la balustrade de la loge, l'air terrifié. C'est ce que voulait Krum, bien sûr...
Harry se hâta d'appuyer sur les boutons « répétition » et « image par image » de ses Multiplettes, tripota la molette de ralenti et regarda à nouveau l'action.
Au ralenti, il revit la descente en piqué de Krum et Lynch. « Feinte de Wronski — dangereuse manœuvre de diversion de l'attrapeur », lut Harry en lettres lumineuses. Il remarqua le visage de Krum, tendu par la concentration, tandis qu'il remontait en chandelle au dernier moment alors que Lynch s'écrasait à terre et il comprit : Krum n'avait pas du tout vu le Vif d'or, il voulait simplement inciter Lynch à l'imiter. Harry n'avait jamais vu personne voler comme ça.
On aurait presque dit que Krum évoluait sans balai : il se déplaçait si facilement dans les airs qu'il semblait n'avoir besoin d'aucun support, comme s'il n'était pas soumis à l'attraction terrestre. Harry remit ses Multiplettes en position normale et les braqua sur Krum. Il décrivait des cercles loin au-dessus de Lynch que les médicomages étaient en train de ranimer à l'aide de potions. Harry fit le point sur le visage de Krum et vit ses yeux sombres lancer des regards rapides sur toute la surface du terrain qui s'étendait trente mètres au-dessous de lui. Il profitait du temps passé à ranimer Lynch pour essayer de repérer le Vif d'or sans aucune interférence des autres joueurs.
Lynch se releva enfin sous les acclamations des supporters vêtus de vert, enfourcha son Éclair de feu et s'élança à nouveau dans les airs. Son retour sembla donner un regain d'ardeur à l'Irlande. Lorsque Mostafa siffla la reprise du match, les poursuiveurs passèrent à l'action avec une habileté que Harry jugea sans égale.
Au bout d'un nouveau quart d'heure de fureur et de prouesses, l'Irlande avait pris le large en marquant dix nouveaux buts. Son équipe menait à présent par cent trente points à dix. Et le jeu commençait à tourner mal.
Le jeu atteignait maintenant un niveau de férocité qu'on n'avait encore jamais vu. Les batteurs de chaque équipe se montraient sans merci : Volkov et Vulchanov en particulier agitaient violemment leurs battes sans se soucier de savoir si elles frappaient des Cognards ou des joueurs. Dimitrov fonça sur Morane qui était en possession du Souafle, manquant de la faire tomber de son balai.
— Faute ! hurlèrent les supporters irlandais d'une même voix en se dressant d'un bond dans une grande vague verdoyante.
Et le jeu reprit après une ambiance déchaînée dans le stade du côté des mascottes qui en étaient venues aux mains.
Quigley, le batteur irlandais, brandit sa batte et frappa de toutes ses forces un Cognard en direction de Krum qui ne se baissa pas assez vite et le reçut en pleine figure.
Un grondement assourdissant monta de la foule. Le nez de Krum semblait cassé, il avait du sang partout, mais Hassan Mostafa ne donna aucun coup de sifflet. Il avait d'autres soucis et personne ne pouvait lui reprocher de n'avoir pas réagi : l'une des Vélanes venait en effet de lui jeter une poignée de flammes qui avaient mis le feu à son balai.
Harry espérait que quelqu'un allait s'apercevoir que Krum était blessé. Tout en étant supporter de l'Irlande, il considérait Krum comme le joueur le plus fascinant qu'il ait jamais vu.
— Regardez Lynch ! cria Harry.
L'attrapeur irlandais descendait en piqué et Harry était sûr qu'il ne s'agissait pas d'une feinte de Wronski. Cette fois-ci, c'était bien le Vif d'or...
— Il l'a vu ! s'exclama Harry. Il l'a vu ! Regardez-le !
Une bonne moitié des spectateurs semblaient avoir compris ce qui se passait. Les supporters irlandais se levèrent comme un raz de marée d'un vert étincelant en poussant des cris d'encouragement à l'adresse de leur attrapeur... Mais Krum le suivait de près. Harry se demanda comment il arrivait encore à voir où il allait. Des gouttes de sang jaillissaient dans son sillage mais il avait rattrapé Lynch, à présent, et tous deux, côte à côte, fonçaient à nouveau vers le sol...
— Mais ils sont stupides ou quoi ? Ils vont s'écraser ! hurla Wanda.
— Lynch est fichu ! s'écria Harry.
Et il avait raison : pour la deuxième fois, Lynch heurta le sol de plein fouet et fut aussitôt piétiné par une horde de Vélanes déchaînées.
— Le vif d'or, où est le vif d'or ? vociféra Drago.
— Il l'a eu ! Krum l'a eu ! C'est fini ! s'exclama Harry.
Krum, sa robe rouge luisante du sang qui coulait de son nez, remontait lentement dans les airs, le poing serré, une lueur dorée nimbant sa main.
Le grand panneau afficha en lettres lumineuses : BULGARIE : CENT SOIXANTE, IRLANDE : CENT SOIXANTE-DIX. Dans les gradins, la foule semblait ne pas avoir encore réalisé ce qui venait de se passer.
Puis, peu à peu, comme les réacteurs d'un énorme avion s'apprêtant à décoller, le grondement des supporters irlandais augmenta d'intensité et explosa tout à coup en hurlements d'allégresse.
— L'IRLANDE A GAGNE ! s'écria Verpey qui, comme les Irlandais, semblait avoir été pris de court par la soudaine issue du match. KRUM A ATTRAPÉ LE VIF D'OR, MAIS C'EST L'IRLANDE QUI GAGNE ! Merlin, qui donc pouvait s'attendre à ça ?
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