|19. Survivor|
꧁꧂
꧁꧂
_________________________________
⋆⋅☆⋅⋆
CHAPITRE 19
SURVIVOR
⋆⋅☆⋅⋆
__________________________________
Severus sentit l’anxiété prendre le dessus sur sa résolution. Alors qu’il emboîtait les pas de la réceptionniste qui le conduisait au bureau de l’Auror White, il se surprit à vouloir tout abandonner et à rebrousser chemin. Il n’était pas un lâche mais maintenant qu’il était sur le point de faire face aux deux gryffondors, il se sentit défaillir. Il se mit à douter de sa décision et voulut revenir sur ses pas pour rejoindre ses proches.
Il eût un léger sursaut lorsque la vampire frappa soudain à une porte. Il n’avait pas remarqué qu’ils avaient finalement atteint leur destination, perdu dans ses réflexions.
La réceptionniste poussa la poignée de la porte et se tint à l’embrasure de l’entrée.
— Auror White, monsieur Xavier est ici. Puis-je le faire entrer ?
— Bien sûr, répondit une voix grave.
La vampire s’éloigna de la porte et laissa le maître des potions se diriger vers l’intérieur du bureau de l’Auror. Elle referma la porte derrière lui et Severus se trouva en compagnie de l’Auror qui se leva de son siège pour lui tendre la main.
— Monsieur Xavier, c’est un réel plaisir de vous revoir en bonne santé, dit le sorcier plus âgé. Veuillez prendre place, je vous prie.
— Merci.
— Permettez-moi d’être indiscret quelques secondes mais comment va votre bébé ? Est-ce un garçon ou une fille ? demanda l’Auror.
— C’est un garçon et il va parfaitement bien, répondit le maître des potions.
— Bien.
L’Auror White se pencha légèrement vers l’hybride, les mains jointes et les coudes posées sur son bureau.
— Je dois avouer, monsieur Xavier, que nous avons été surpris par votre demande. Pourquoi souhaiteriez-vous revoir les hommes qui vous ont presque tués ?
— Je sais que cela peut vous paraître déroutant mais j’ai besoin de m’entretenir avec eux. J’ai besoin de savoir pourquoi ils m’ont attaqué.
Le sorcier ouvrit l’un des tiroirs de son bureau et en sortit deux dossiers qu’il jeta négligemment devant le maître des potions.
— Nous avons enquêté sur les deux prisonniers pour que la justice soit équitable et juste, pour qu’elle reflète une sanction exemplaire et honorable, expliqua l’Auror. Ce que nous avons découvert, en particulier, sur Lord Sirius Black est à faire frémir d’effroi. Pour une fois, les anglais ont coopéré sans discuter avec nous. Ils nous ont fourni un accès libre et total à leur base de données, bien qu’elle soit archaïque et moyenâgeuse. Nous avons ainsi appris que Lord Black et Remus Lupin faisaient partie d’un groupe dans vos années d’études à Poudlard qui persécutaient bons nombres d’étudiants. Grâce à la Directrice Adjointe de Poudlard et à notre Présidente, nous avons pu obtenir l’accès aux archives de l’école. Nous avons découvert que des parents d’élèves s’étaient plaints auprès d’Albus Dumbledore du comportement violent et humiliant de quatre étudiants dont je suis sûr, vous devinez les noms. Les plaintes des parents ont été balayés d’un revers de la main par le directeur et aucun de ces quatre étudiants n’aura reçu de véritables sanctions de la part de leurs enseignants. Comprenez-vous où je veux en venir ?
— Pas exactement, répondit sincèrement Severus.
L’Auror White poussa un long soupir, soudainement rattrapé par ses longues années de profession. Il n’avait jamais eu à faire face à un cas aussi complexe que l’affaire Xavier. Il posa son regard sur le jeune homme qui lui faisait face et n’osait imaginer tout ce qu’il avait dû traverser dans ses années d’élève.
— James Potter, Remus Lupin, Peter Pettigrow et Sirius Black étaient des intimidateurs. Ils humiliaient leurs camarades de classe avec des blagues qui auraient pu mal tourner et s’avérer très dangereuses. Un comportement fait, au su et au vu du corps professoral qui n’a jamais réagi pour intervenir et les punir sévèrement. Ils auraient dû être expulsés pour un tel comportement et les professeurs de Poudlard n’auraient jamais dû tolérer cela car ils encourageaient des enfants à devenir plus tard, des criminels. Voyez-vous le résultat, monsieur Xavier ? Ils s’en sont pris à vous et à vos proches. Ils ont tué un homme. Ils sont dangereux et ils représentent toujours une menace pour vous surtout Black.
— J’ai besoin de parler avec eux, Auror White.
— Pourquoi ? le questionna-t-il, perplexe. Pourquoi voudriez-vous vous entretenir avec de telles personnes ? Dans peu de temps, ils seront condamnés pour leur crime. Ils ne pourront plus vous atteindre ni vous faire du mal. Si ce sont des explications que vous espérez quant à leurs agissements, croyez-moi, ils ne diront rien qui puissent expliquer un comportement aussi lâche.
— Il y a longtemps que j’ai arrêté de me demander pourquoi ils s’en prenaient aussi violemment à moi. Je ne veux pas d’explications de leur part car rien de ce qu’ils pourront me dire ne pourra effacer le mal qu’ils m’ont fait. Je souhaite simplement fermer avec cette discussion une partie douloureuse de mon passé, répondit l’hybride.
— Je vois, soupira l’Auror. Mais je maintiens tout de même que c’est une mauvaise idée.
— Vous avez sûrement raison.
White décida de ne pas insister sur le sujet et supposa qu’il avait argumenté autant qu’il avait pu avec le jeune homme pour le dissuader de voir les prisonniers. Il ne pensait pas que ce soit une bonne idée de permettre au potionniste de revoir Black et Lupin avant le procès mais qui était-il pour l’en interdire lorsque la juge avait donné son expresse autorisation ?
De son avis, Xavier devrait plutôt aller voir un psychomage que de revoir ses anciens bourreaux. Il espérait simplement que cette entrevue ne serait pas traumatisante pour l’hybride et qu’à la fin de cette journée, il pourrait enfin tirer un trait sur ce passé et vivre pleinement sa vie.
— Pour des raisons de sécurité, nous conduirons directement les prisonniers à mon bureau. Vous aurez ainsi l’intimité dont vous avez besoin pour discuter avec eux. Je serais dans la pièce avec vous aux côtés d’un collègue pour parer à toute éventualité. Nous placerons une bulle de silence sur vous et ainsi vous pourrez parler librement. Cela vous semble-t-il raisonnable ?
— C’est parfait.
— Bien. Je reviens.
White quitta son bureau et Severus relâcha lentement sa respiration, ne s’étant pas rendue compte qu’il l’avait coupé durant quelques secondes. Il serra les poings sur ses cuisses, son regard onyx fixé sur les dossiers posés sur le bureau. Il leva une main tremblante vers l’un des dossiers et le tira jusqu’à lui. Il l’ouvrit avec une lenteur effroyable et tomba sur une photo assez récente de Lupin. Il tourna la page et commença à lire l’enquête effectuée par le bureau des Aurors américains sur la vie du lycanthrope.
Severus n’aurait jamais pu se douter qu’une enquête irait aussi profondément dans la vie d’une personne. Ils n’avaient apparemment pas lésiné sur les moyens. Il délaissa le dossier de Lupin pour celui de Black et blanchit subitement en lisant ce qui s’y rapportait sur la vie du maraudeur. Il ignorait comment il devait se sentir à la lecture de tout ceci. Il regretta la présence d’Anthony et savait que son compagnon aurait su trouver les mots pour apaiser le flot d’émotions qui tentait de le submerger. Il voulait retrouver les bras accueillants et chaleureux de son compagnon. Il s’était toujours senti en sécurité dans les bras d’Anthony, comme si le moldu était capable de le protéger de n’importe quel danger rien qu’en le tenant fermement contre lui.
Il voulait son homme. Il avait besoin d’Anthony. Il ne pourrait jamais le faire sans lui.
Il se retourna brusquement lorsque la porte s’ouvrit à nouveau. Son cœur battit douloureusement dans sa poitrine et un frisson glacé parcourut son échine dorsale. Il resta immobile, le regard rivé sur les deux prisonniers qui étaient escortés par l’Auror White ainsi que par un autre Auror qui menaçait les sorciers anglais de sa baguette magique.
Remus Lupin et Sirius Black portaient des tenues oranges de prisonniers et avaient les mains liées dans leur dos par de puissantes menottes magiques. Le lycanthrope n’osa guère croiser son regard, la tête baissée honteusement sur ses chaussures tandis que Black le fusilla du regard, les yeux emplis d’une haine viscérale.
Il n’avait pas peur de Black mais se surprit à reculer sous le regard du maraudeur qui ricana avec satisfaction après avoir noté sa réaction. Il était surpris de constater que Black ne l’avait pas encore craché au visage tout ce qu’il pensait de lui. Il savait que le gryffondor n’avait pas sa langue dans sa poche et peu importait la situation, il n’hésiterait jamais à le railler.
— Vous avez une heure, Xavier, l’informa l’Auror White.
Le potionniste détourna difficilement son regard du maraudeur pour le poser sur le vieil Auror. Il serra les poings près de ses hanches pour calmer les tremblements de ses mains mais aussi pour cacher sa nervosité.
— Je souhaiterais être assisté de mon compagnon si cela ne vous dérange pas et j’aimerais aussi utiliser une Pensine si possible.
— Bien sûr, accepta l’Auror sans discuter.
Il échangea un simple regard avec son collègue avant de quitter son bureau à la recherche du compagnon de l’hybride. Il n’avait guère eu le cœur de refuser une telle demande au jeune homme, remarquant à tel point il essayait de masquer l’inconfort qui irradiait de tout son être. Il était évident pour tout le monde dans la salle que le maître des potions n’était pas à l’aise et était sur le point de tomber dans les pommes à tout moment.
Severus posa ses yeux sur ses chaussures, essayant désespérément de réguler sa respiration. Il perdait tout contrôle de son esprit et craquerait à tout instant s’il ne redevenait pas lui-même mais la proximité avec autant d’hommes dans ce bureau faisait remonter de mauvais souvenirs en lui.
Il tenta de refouler les images qui étaient en train de déferler dans son esprit. Il ne voulait pas se rappeler de la douleur qu’il avait ressenti lorsque cet ivrogne de moldu l’avait violemment jeté sur le goudron sale et humide d’une ruelle déserte. Il voulait ne plus se souvenir du cri qu’il avait lâché lorsqu’une agonie sans nom s’était propagée dans son estomac telle une larve en fusion. Il souhaitait plus que tout, oublier le désespoir et le sentiment d’impuissance qui l’avaient secoué lorsqu’un liquide chaude et épais avait coulé sur sa cuisse, le rendant nauséeux. Il avait failli perdre sa vertu cette nuit-là mais plus horrible encore aurait été de perdre son enfant.
— Hey, bébé !
Il quitta brusquement son cauchemar pour rencontrer les orbes saphir de son compagnon. Il sentit son corps être secoué par un long frisson lorsque le milliardaire prit son visage entre ses mains.
— Est-ce que ça va ? lui demanda Tony, inquiet.
Il aurait voulu mentir au moldu et lui dire que tout allait bien dans le meilleur des mondes mais il ne le fit pas car il n’avait pas besoin de se montrer fort face à son compagnon. Il n’avait pas besoin d’avoir peur de se montrer vulnérable devant Anthony car il savait que l’inventeur ne l’utiliserait jamais contre lui. Il avait foi en l’homme pour savoir que jamais il ne le blesserait en se moquant de sa faiblesse.
Il secoua simplement la tête et n’eut guère le temps de cligner des yeux qu’il était emprisonné dans la chaleur réconfortante des bras de son compagnon. Il put enfin relâcher la tension qui avait figé ses membres durant quelques instants et se détendit sensiblement au contact du génie scientifique.
Il était en sécurité. Dans les bras d’Anthony, il serait toujours protégé des salopards comme Dan. Il n’avait rien à craindre tant que son homme était là.
— Je n’aimerais pas interrompre ce merveilleux moment d’intimité mais nous avons un planning à respecter. Les prisonniers devront comparaître devant le tribunal magique dans deux heures et vous n’avez qu’une heure avec eux, dit l’Auror White.
Severus se retira à contrecœur de l’étreinte de Tony mais resta tout de même collé contre le corps de son compagnon.
— Désolé, Auror White, s’excusa-t-il.
— Je comprends, enfant.
Et il ne mentait pas. Severus put voir dans le regard du sorcier plus âgé une compréhension silencieuse qui soulagea légèrement son fardeau. Une personne, autre que les membres de sa famille, comprenait ce qu’il avait dû endurer pendant toutes ces années et ne méprisait pas sa faiblesse ou ne le regardait avec dégoût pour n’avoir pas su se protéger du mal qui lui avait été fait.
L’Auror White se dirigea vers une armoire de son bureau et en sortit une Pensine, comme le lui avait demandé le potionniste.
— Merci, Auror White.
L’Auror White acquiesça simplement en signe de reconnaissance et plaça presque aussitôt les sortilèges qui permettraient au jeune couple d’avoir une conversation privée avec les deux prisonniers qui étaient restés sagement silencieux dans un coin du bureau, menacés par la baguette magique du collègue de White.
— Qu’est-ce que c’est ? questionna Tony en regardant la pensine, les sourcils froncés.
La Pensine était une sorte de bassine en pierre peu profonde, dont les bords étaient gravés de runes et de symboles étranges et indéchiffrables.
— Une Pensine, répondit le maître des potions. Elle permet de contenir des pensées ou des souvenirs. On l’utilise dans mon monde pour conserver des souvenirs ou pour permettre à une autre personne de les regarder.
— Une chose aussi intime est vraiment permise ? l’interrogea Tony, incrédule.
— Oui.
— Aussi écœurant que ce fut de voir que tu as réussi à ensorceler un innocent et à le rendre amoureux de toi, j’aimerais connaître la véritable raison de notre présence ici, Servilus, cracha Sirius avec dédain et dégoût.
Severus se raidit soudainement au surnom insultant du maraudeur et comptait remettre l’ancien gryffondor à sa place mais Tony fut plus rapide et donna un coup de poing à Sirius qui alla s’effondrer contre une étagère, renversant ainsi une pile de documents sur sa tête.
L’Auror White se dirigea vers l’animagus et l’aida à se remettre sur ses pieds avant de le pousser un peu sèchement vers le couple et près de son compagnon de cellule.
— Ose manquer une fois de plus de respect à Severus et je te promets que c’est sur une civière que tu te présenteras à ton procès, le menaça froidement Tony.
Sirius fusilla du regard le moldu, ravalant l’insulte qu’il aurait voulu lancer au milliardaire. Il était peut-être fougueux dans ses actions et ne réfléchissait pas souvent aux conséquences de ses actes mais savait ravaler sa fierté lorsqu’il le fallait pour enfin obtenir la vengeance qu’il désirait depuis longtemps.
Remus qui était à ses côtés n’avait rien dit, n’osant toujours pas regarder le maître des potions dans les yeux et encore moins le moldu, tellement il était honteux et se sentait coupable du décès du majordome du scientifique. Il aurait dû raisonner son meilleur ami, du moins, il aurait pu tenter de l’empêcher de faire une bêtise. Il n’avait pas vraiment essayé, terrifié à l’idée de perdre le seul ami qui lui restait et de se retrouver à nouveau seul, à souffrir des nuits de pleine lune sans la compagnie de sa meute.
Tony se retint de lâcher un juron, repoussant avec difficulté la fureur qui faisait rage dans son esprit. Il prit la main de l’hybride dans la sienne et sentit sa colère diminuer considérablement au contact de son bien-aimé.
— T’es sûr de vouloir t’infliger une telle chose ? l’interrogea-t-il. Tu n’as pas besoin de faire ça, tu sais. Ils ne méritent pas que tu les considères quand eux, ils n’ont pas été capables d’en faire autant avec toi.
— J’avais des doutes mais maintenant je n’en ai plus car tu es là. Je ne le fais pas pour eux mais pour notre fils.
Tony lâcha un soupir de lassitude et se tint juste là, soutenant le potionniste dans cette nouvelle épreuve de sa vie.
— Si je vous racontais mon histoire, vous ne me croiriez pas alors le plus simple est de vous laisser voir, dit Severus.
Il retira plusieurs souvenirs de son esprit avec sa baguette magique, la main tremblante car il y avait longtemps qu’il avait effectué un acte aussi banal de magie. Il n’y eut pas de catastrophe lorsqu’il retira le premier souvenir alors il continua, se sentant apaisé par la présence de Tony tout près de lui. Lorsqu’il eut fini, il les plaça dans la Pensine et leva les yeux vers les maraudeurs.
— Vous pouvez les visionner.
— Qui nous dit que nous verrons de réels souvenirs ? Et pourquoi voudrais-tu nous montrer tes souvenirs ? Quel plan tordu prépares-tu ? questionna Sirius avec méfiance.
— Black, j’ai autre chose à faire que de manigancer contre ta petite personne, Ô combien insignifiante pour moi, railla le maître des potions d’un ton sec.
Une lueur argentée s’échappa du contenu de la bassine. Au fond, une substance d’une couleur argent tirant sur le blanc remuait sans cesse tel un nuage.
Remus s’approcha de la bassine en pierre, rencontra pour la première fois le regard onyx du maître des potions avant de toucher la substance dans la Pensine et fut aussitôt aspiré dans les souvenirs de l’ancien mangemort.
Sirius jeta un coup d’œil indécis entre le couple et son ami qui était penché sur la bassine en pierre. Il finit par se décider et rejoignit le loup-garou dans le souvenirs du potionniste.
— Tout ira bien, murmura Tony à l’hybride d’une voix douce.
— Je l’espère.
Ils attendirent une demi-heure, main dans la main, avant que les deux maraudeurs ne se retirent de la Pensine et ne se redressent pour leur faire face. Remus était livide, ressemblant presque à un fantôme tandis que Sirius affichait un air mitigé. Il semblait débattre avec lui-même quant à ce qu’il venait de voir dans la Pensine. Il se demandait si ce qu’ils avaient vu étaient de vrais souvenirs ou une manipulation du maître mais quoi qu’il en soit, il avait désormais la preuve qu’il cherchait depuis ces derniers mois. Son filleul était bel et bien vivant et il avait eu raison de soupçonner le serpentard dans la disparition d’Harry.
— Espèce de sale bâtard ! Rends-moi mon filleul ! grogna-t-il.
— Sirius… fit Remus dans l’espoir de calmer l’irritation de son meilleur ami.
— Ton filleul ? Mon fils n’est pas ton filleul, Black ! répliqua le maître des potions.
— Ton fils ? releva l’animagus avec un rire incrédule. Harry n’est et ne sera jamais ton fils ! Il est le fils de Lily et de James. Maintenant que j’ai la preuve que je souhaitais obtenir, prépare-toi à finir en prison, vile créature que tu es !
— Sirius ! gronda soudainement le lycanthrope.
L’éclat de colère du loup-garou fit sursauter son meilleur ami mais aussi le jeune couple.
— Ça suffit maintenant, Sirius, dit le lycanthrope.
— Mais Lunard, nous avons enfin la preuve que nous cherchions. On a retrouvé, Harry. Il avait été enlevé par ce serpent visqueux depuis tout ce temps. Nous pouvons maintenant ramener mon filleul à la maison, Lunard, protesta l’animagus.
Remus secoua la tête, l’air déprimé mais aussi déçu. Il était horrible pour lui de se rendre compte de leurs erreurs qu’aujourd’hui mais plus triste encore de constater que Sirius ne pourrait jamais grandir et qu’il continuerait à être aveuglé par la haine qu’il ressentait envers l’ancien serpentard.
— Ce n’est pas ton filleul, Sirius. Le tien est mort avec James et Lily.
— Qu’est-ce que tu racontes ? On vient de le voir dans ses souvenirs. Harry est vivant.
Remus laissa une larme couler sur son visage pâle et son meilleur ami le regarda avec un air dérouté.
— Lunard ? s’inquiéta l’animagus.
Il avait rarement vu le loup-garou pleurer et même pendant ses transformations qu’il imaginait douloureuses, Remus n’avait jamais versé une seule larme, affrontant la douleur en silence, les dents serrés. Il n’avait jamais crié et ne s’était jamais permis de se montrer faible face à eux. Une attitude de la part du lycanthrope que lui et James et encore moins le sale traître de Pettigrow n’avaient pu comprendre.
— Cet enfant qui vit est celui de Severus et de son compagnon, Sirius. Il n’y a plus de Harry Potter car il est mort avec ses parents. Ton filleul n’existe plus, Sirius, et tu devrais commencer à faire son deuil.
— Quoi ? s’écria Sirius, incrédule. Lunard, tu l’as vu comme moi. Harry est toujours vivant. Il n’a pas été tué par Voldemort. On l’a trouvé, Lunard, et c’était bel et bien ce bâtard qui l’avait durant tout ce temps. C’est mon filleul.
— Accepte-le une bonne fois pour toutes, Sirius ! s’énerva le lycanthrope en haussant le ton. Ton Harry est mort ! L’enfant que nous avons vu vivant est celui de Severus ! Lorsque Lily a été voir Severus pour lui demander de protéger son fils en effectuant le rituel, elle savait qu’elle abandonnait tous ses droits de mère à son ami. Elle savait qu’Harry ne serait plus son fils et encore moins celui de James lorsque Severus effectuerait le rituel. Harry Potter a cessé d’exister cette nuit-là, Sirius.
— Non, refusa l’animagus. Non ! C’est mon filleul. Harry est à moi, Lunard, et on ne peut pas me l’enlever. Elle aurait dû venir à moi pour protéger, Harry. Elle n’aurait jamais dû se tourner vers ce bâtard car Harry n’était pas seulement son fils à elle mais aussi celui de James ! Elle n’avait aucun droit pour faire une telle chose.
— Aucun droit ? Elle a pensé à la sécurité de son fils, Sirius ! Pendant que James se cachait derrière les robes de Dumbledore, Lily a sacrifié sa vie pour Harry ! Pendant que James exécutait aveuglément les ordres de Dumbledore, Lily a pensé au bien-être d’Harry et elle a fait ce que toute mère ferait pour la survie de leur enfant, explosa Remus, ne contenant plus sa colère. Tu l’as vu toi-même, Patmol, elle ne nous a pas fait confiance pour protéger Harry et je ne peux pas la blâmer, surtout pas après ce que Severus a fait.
— Tu…tu…es d’accord avec tout ça ? balbutia Sirius, abasourdi.
Remus ricana avec amertume et passa une main sur son visage, ses traits exprimant une douleur insoutenable ainsi que de profonds remords.
— Je me rends juste compte, bien trop tard, que nous avons échoué à tous les niveaux, Patmol. Nous n’étions pas de très bons amis puisque Lily n’avait guère confiance en nous.
— Elle a dû être ensorcelée par Snape, Lunard. Déjà à l’école, il…
— Il était son ami ! le coupa le lycanthrope d’un ton glacial. Ils étaient amis avant que nous gâchions tout et que James n’obtienne enfin ce qu’il voulait. Ne vois-tu donc pas que nous avons fait assez de mal comme ça ?! Il est temps que cela s’arrête, Sirius. Lily lui a fait confiance.
— On ne peut pas faire confiance aux serpentard, Lunard. Ils sont pourris jusqu’à la moelle et sont des partisans des ténèbres, répliqua Sirius.
— Et qui est digne de confiance selon toi ? Les gryffondor qui trahissent leurs amis et rejoignent les rangs des partisans des ténèbres ? l’interrogea Remus, sarcastique. Pettigrow n’était pas un serpentard mais il nous a trahi. Tu devrais arrêter de tout voir en blanc et en noir et revoir ta conception du bien et du mal.
— Qu’essaies-tu de dire ?
— Que tu devrais grandir !
Remus lança un regard noir à son meilleur ami avant de se tourner vers le couple qui les regardait d’un air choqué.
— Je te remercie sincèrement de nous avoir permis de connaître la vérité sur ce qui s’est passé cette nuit-là. Je peux te faire un serment inviolable si tu le souhaites pour te jurer que je ne dirais jamais rien à qui que ce soit sur le passé de votre enfant. Et je voulais aussi m’excuser pour…
— C’est inutile, l’interrompit le maître des potions.
— Mais…
— Je ne suis pas venu ici dans l’espoir d’obtenir des excuses, dit sèchement le potionniste.
— Et pour le serment inviolable ? le questionna le lycanthrope.
— Vous ne direz rien, je m’en suis assuré.
Ou plutôt, son père allait s’assurer qu’ils ne diraient rien en manipulant quelques-unes de leurs commandes cérébrales. Il avait un certain contrôle sur ses pouvoirs mais n’était pas un maître dans ce domaine comme l’était Charles Xavier. Il ne pouvait se permettre d’échouer sur une telle tâche, aussi, il avait été décidé que son père se chargerait de garder les maraudeurs silencieux.
— Nous avons terminé, papa. Tu peux y aller, informa-t-il son père par communication télépathique.
Remus allait questionner l’ancien mangemort lorsqu’il grimaça de douleur, ayant senti une vive douleur dans sa tête. Tout comme son meilleur ami, il se mit à haleter sous la puissance de cette douleur soudaine et écrasante.
— Putain de bâtard, jura Sirius. Qu’est-ce…qu’est-ce que…
— La douleur disparaîtra dans quelques secondes, dit Severus.
Remus relâcha sa respiration et ses jambes chancelèrent mais il fut retenu par Tony qui passa un bras autour de sa taille et l’aida à s’asseoir sur l’une des chaises du bureau.
— Merci, murmura le loup-garou d’une voix faible.
Severus retira ses souvenirs de la Pensine et fit signe à l’Auror White qui prit ce geste comme la fin de son entretien avec les deux prisonniers. Il retira les sorts qu’il avait placé sur eux et rangea rapidement la Pensine avant de saisir le lycanthrope par les bras.
— Il est temps de retourner à vos cellules pour vous préparer, annonça-t-il.
— Je suis innocent. Vous ne pouvez pas me condamner alors que ce sale fils de pute a…a…il a…
Sirius se rendit compte avec stupéfaction qu’il lui était impossible de rajouter un mot. Il souhaitait dire aux Aurors américains que Snape avait bel et bien kidnappé son filleul mais sa voix se coupait instantanément lorsqu’il voulait parler. Il posa un regard d’horreur et de haine sur le maître des potions.
— Qu’est-ce que tu m’as fait, salopard ?! Pourquoi je ne peux pas leur dire la vérité ? Pourquoi je ne peux pas dire que mon filleul … il…il… Salaud !
— Tu ferais mieux de te calmer tout de suite, Black, ou je te jure que je n’hésiterais pas à le faire, l’avertit l’Auror américain qui se saisit de lui avec brutalité, le tirant brusquement hors de la pièce.
— J’espère que cette conversation vous permettra de tirer un trait sur votre passé, dit White au potionniste.
— Je le souhaite.
White hocha la tête et sortit de son bureau, en traînant Remus devant lui, soutenant le lycanthrope par les épaules pour qu’il ne puisse pas trébucher car ses jambes semblaient ne pas pouvoir le soutenir jusqu’à sa cellule.
Le maître des potions put enfin laisser tomber son masque lorsqu’il se trouva seul avec son compagnon et ses genoux entrèrent en contact avec le sol froid, des larmes perlant sur ses joues. Tony le suivit dans sa chute, s’agenouillant devant lui pour prendre son menton entre ses doigts.
— Parle-moi, l’enchanteur, lui murmura le moldu d’un ton doux.
— Je sais que je n’ai aucune raison de pleurer mais…mais pourquoi ? demanda l’hybride d’une voix déchirée par un sanglot étouffé.
— Tu sais pourquoi tu pleures, mon amour, et c’est bon de le faire, de libérer toutes ces émotions que tu retenais en toi depuis tant d’années.
Tony l’attira dans ses bras et Severus enfouit son visage contre la poitrine du moldu, pleurant à chaudes larmes sur son compagnon.
— Je n’avais que onze ans lorsqu’ils ont commencé à m’humilier devant toute l’école. Ils m’ont détesté tout de suite parce que je voulais aller à Serpentard et parce que j’étais pauvre. J’étais un monstre à leurs yeux et ils m’ont chassé durant toute ma scolarité à Poudlard comme le monstre que j’étais. Il n’y avait personne pour me venir en aide et j’ai dû subir leurs railleries et injures chaque année. Je n’étais qu’un enfant, Anthony, qu’un enfant. Avais-je mérité leur haine ? Suis-je vraiment un monstre ?
Tony l’éloigna de son étreinte pour qu’il puisse rencontrer son regard. Il essuya les larmes qui coulaient librement sur le visage de l’hybride et plongea son regard bleu dans celui larmoyant de son compagnon.
— Tu n’es pas un monstre, bébé, et non, tu n’avais pas mérité un tel traitement. Ils étaient tout simplement jaloux de toi car comment ne pas l’être lorsque l’on se trouve face à un être tel que toi ? Tu es doué d’une intelligence hors du commun et d’une beauté qui me coupe chaque jour le souffle.
Il déposa un baiser sur le front de la maman de ses enfants mais n’allez pas le dire au maître des potions car il n’apprécierait certainement pas de savoir que son compagnon le considérait comme la mère de leurs enfants. Il était sûr de finir eunuque dans l’heure et expulser au fin fond de l’univers pour avoir eu une telle pensée.
— Je t’aime, déclara-t-il.
— Je sais, Anthony, et moi aussi.
— Allez, viens ! L’heure du procès approche.
❦
Ils furent escortés jusqu’à la salle d’audience où allait se dérouler le procès par un jeune stagiaire Auror. Charles et Erik étaient restés silencieux lorsque le jeune couple revint vers eux, Tony ayant un bras enroulé de manière protective autour de l’hybride qui avait les yeux rougis et légèrement gonflés. Ils n’avaient pas cherché à savoir ce qui s’était passé dans le bureau de l’Auror White car ils s’étaient doutés que la confrontation allait être pénible et douloureuse pour l’ancien mangemort. Les deux mutants s’étaient tenus tels des piliers, solides et indestructibles, autour du maître des potions.
La salle d’audience du tribunal magique américain était assez semblable à celle du Ministère de la Magie du Royaume-Uni. Dans la salle, une cinquantaine de sorciers, vêtus de robes couleur bordeaux étaient déjà installés. Ils prirent place près de l’entrée de la salle et attendirent que le procès puisse débuter.
— La Présidente-Sorcière du Tribunal Magique, la juge Charity Potter, annonça un sorcier.
Tout le monde dans la salle d’audience se leva lorsqu’une femme d’une quarantaine d’années aux cheveux bruns ébouriffés entra dans la pièce, vêtue d’une robe de couleur noire, portant l’insigne de la justice.
La Présidente-Sorcière fut installée au beau milieu du premier rang sur un pupitre ancien en bois. Elle balaya la salle d’un regard chocolat avant de poser ses yeux sur le centre de la salle où étaient assis les accusés sur un fauteuil dont les bras étaient pourvus de chaînes. Elle masqua ses émotions sous un regard impassible.
— Audience pénale du 25 mai 1992, déclara-t-elle d’une voix monocorde.
Une jeune sorcière qui était assise non loin de la juge se mit aussitôt à prendre des notes.
— Cette audience a pour objet de juger, dans le strict respect de nos lois magiques et Non-Majs, les infractions au Code International du Secret Magique, la tentative de double meurtre perpétuée à l’encontre de Severus Charles Xavier et de l’enfant qu’il portait en son sein, Harry Anthony Stark, le meurtre de Edwin Jarvis, un Non-Maj ayant pour fonction : Majordome au sein de la demeure familiale du Non-Maj, Anthony Edward Stark, la dégradation de biens publics, la violation de domicile, l’entrée illégale sur le sol américain ainsi que le port illégal de baguette magique sur le territoire américain reprochés aux dénommés Sirius Orion Black et Remus John Lupin de nationalité anglaise. Les accusés seront interrogés par Steven Dante Accola, Directeur du Département de la Justice Magique, Margaux Anne Hathaway, avocamage de la partie plaignante et Thomas Elton Graves, avocamage de la partie accusée. Greffière d’audience : Mégane Fox… . Maîtresse Hathaway, vous pouvez débuter.
L’avocamage se leva de son siège, lissant sa robe de couleur océan.
— Merci, votre honneur.
La sorcière déroula un parchemin et le lut un court instant avant de se tourner vers les accusés.
— Êtes-vous bien, Remus John Lupin et Sirius Orion Black ? questionna-t-elle.
— Oui, répondirent les maraudeurs.
— Êtes-vous anglais ?
— Quel est donc le but de tout ceci, votre honneur ? Ma collègue semble se moquer de mes clients avec ses questions, lança l’avocamage Thomas Graves.
— Maîtresse Hathaway, fit la Présidente-Sorcière d’une voix exaspérée.
— Mes questions sont pertinentes, votre honneur. J’évalue simplement la sincérité et l’honnêteté des accusés, se justifia l’avocamage.
— Poursuivez.
Margaux envoya un regard de triomphe à son collègue avant de revenir aux maraudeurs.
— La réponse à ma question, messieurs.
— Oui.
— Est-il exact, monsieur Lupin, que vous êtes un loup-garou ?
— Oui, répondit le lycanthrope.
— Serait-il vrai que vous êtes considérés comme un monstre par le Ministère de la Magie anglaise ?
— Objection, votre honneur ! lança Thomas.
— Rejetée, fit simplement la juge.
— Monsieur Lupin, serait-il vrai que le Ministère de la Magie anglaise catalogue les lycanthropes comme dangereux et à exclure de la société ? reformula Margaux.
Remus grinça des dents et baissa la tête, incapable de soutenir le regard de l’avocamage.
— Monsieur Lupin ?
— Oui, répondit le maraudeur, la mâchoire douloureusement contractée.
— Selon mes rapports, un loup-garou n’est pas autorisé à avoir accès à l’éducation magique par votre ministère, alors, je m’interroge monsieur Lupin, comment auriez-vous pu étudier à Poudlard lorsqu’il est inscrit dans votre dossier que vous avez été mordu à l’âge de cinq ans ?
— Je…je… j’ai été accepté par le directeur de l’école.
— Donc Albus Dumbledore, directeur de Poudlard, a violé divers articles de lois du Ministère de la Magie anglaise pour vous permettre à vous, monsieur Lupin, d’avoir une éducation tandis que d’autres enfants comme vous n’ont pas eu cette gracieuse bonté de la part de cet homme. Comment pourriez-vous expliquer une telle faveur ?
— Je ne sais pas.
— Vous ne savez pas ou vous ne voulez pas le dire ? Qu’aviez-vous de spécial que ces autres enfants loups garous n’avaient pas pour que vous puissiez être accueillis à Poudlard quand une telle chose est strictement interdite par vos lois qui sont toujours en vigueurs et qui l’étaient au moment de votre scolarité ? Pourquoi seulement vous, monsieur Lupin ?
Remus secoua la tête, incapable de répondre aux questions de l’avocamage. Il n’en avait aucune idée et il ne s’était jamais vraiment interrogé sur les actions de Dumbledore concernant son acceptation à Poudlard. Il n’avait jamais voulu le savoir car il était plutôt préoccupé par le fait de se faire des amis et de mettre un terme à la solitude dans laquelle il avait vécu pendant de nombreuses années.
— Albus Dumbledore vous a fait une immense faveur, a enfreint diverses lois pour vous et vous ne savez pas pourquoi vous avez été choisi pour étudier à Poudlard ? l’interrogea Margaux, incrédule.
— Objection votre honneur, s’insurgea Thomas. Les questions de ma collègue n’ont aucune pertinence dans ce dossier car comment mon client peut-il expliquer les agissements d’un homme alors qu’il n’était qu’un enfant au moment des faits ?!
— Votre honneur, absolument toutes mes questions sont pertinentes et c’est dans l’intérêt de mes clients que je me dois de poser de telles questions car toute cette affaire ne débute pas avec l’attaque du domicile de monsieur Stark mais avec l’enfance chaotique et désastreuse de monsieur Xavier, défendit Margaux.
— Bien, fit la juge, agacée. Vous pouvez poursuivre vos questions, Maîtresse Hathaway.
Margaux se retint de jubiler sur place et de faire une danse de la joie pour provoquer son collègue qui semblait fulminer sur son siège.
— Répondez à mes questions, monsieur Lupin. Pourquoi vous et pas les autres ? reprit-elle.
— Je ne sais pas ! hurla le loup-garou en réponse. Je ne sais pas.
Remus fut bouleversé par les questions de l’avocamage et se sentit défaillir en sachant que Dumbledore n’avait sûrement pas agi par pure bonté car si tel était le cas, il se serait retrouvé à Poudlard avec quelques-uns de ses semblables.
— Monsieur Black ou devrais-je dire Lord ? se moqua Margaux.
— Comme vous souhaitez, grogna l’animagus.
— Êtes-vous un animagus, Lord Black ? l’interrogea Margaux.
— Quoi ?
— Êtes-vous un animagus, Lord Black ? répéta-t-elle.
Sirius était certain qu’il n’aimait pas cette femme. Elle était l’avocamage de Servilus, une raison principale pour la détester mais il la détestait surtout pour la manière dont elle avait de l’interroger. Elle adoptait une attitude moqueuse et dédaigneuse qui ne lui plaisait guère comme si elle avait un avis tranché sur lui et qu’il appartenait à un monde qu’elle ne souhaitait nullement approcher.
Il jeta un coup d’œil à son avocamage, espérant y trouver un soutien mais ce dernier ne fit aucune objection et il fut contraint de répondre. Il ne pouvait dire la vérité car il rajouterait des charges supplémentaires aux accusations qui pesaient sur lui. Il était un animagus mais ni lui ni ses amis n’avaient déclaré un tel fait au Ministère de la Magie et il ne connaissait pas les lois du territoire américain sur les animagi.
— Non, mentit-il.
— Non ? s’étonna Margaux qui parcourut brièvement le parchemin qu’elle tenait toujours dans sa main. Pourtant il est dit ici qu’un sortilège de détection d’animagus a été jeté sur vous et qu’il s’est avéré positif. Comment expliqueriez-vous cela ?
Sirius blêmit subitement lorsqu’il se rendit compte de l’énorme bourde qu’il venait de commettre en mentant devant le tribunal.
— Je… je…euh…
— Étiez-vous un enfant maltraité, Lord Black ? Vos parents abusaient-ils de vous ? Aviez-vous subi de leur part un quelconque châtiment corporel ?
— Non, répondit-il d’un air renfrogné.
— Aimiez-vous vos parents, Lord Black ?
— Objection votre honneur, siffla Thomas.
— Accordée. Maîtresse Hathaway, veuillez ne pas outrepasser vos limites.
Margaux hocha simplement la tête.
— Étiez-vous un intimidateur ?
— Non !
— Non ? Selon certaines plaintes de vos anciens camarades de classe auprès du directeur de Poudlard, vous harceliez leurs enfants et certaines de vos blagues avaient des connotations dangereuses et humiliantes.
— Ce n’était que des farces ! Elles faisaient rire tout le monde.
— Faisaient-elles vraiment rire tout le monde, Lord Black ? Trouveriez-vous amusant de vous faire humilier et rabaisser devant une foule de plus de trois cents étudiants ? Trouveriez-vous cela drôle d’être la victime d’un groupe de quatre étudiants qui vous harcèlent, vous frappent dessus, vous cassent le nez à diverses reprises ?
— Je n’ai jamais fait ça.
— Jamais ? En êtes-vous certain ? Tout à l’heure, vous avez menti en déclarant ne pas être un animagus et maintenant vous souhaitez mentir une fois de plus ? railla Margaux avec mépris.
— Nos blagues n’ont jamais humilié qui que ce soit. D’ailleurs, si nous étions aussi fauteurs de troubles que vous voulez le faire croire, nous aurions été expulsés depuis longtemps, répliqua Sirius d’un ton pompeux.
Margaux sauta presque de satisfaction sur place tandis que Thomas se frappa le front avec sa main d’un air dépité. Sirius recula légèrement sous le regard rayonnant de triomphe de l’avocamage.
— Comment auriez-vous pu être expulsés de Poudlard lorsqu’il semble que vous avez été sous la protection du directeur lui-même ? Vous avez humilié et harcelé monsieur Xavier durant sa scolarité à Poudlard. Il a subi divers coups de votre part et de votre groupe d’amis surnommé les maraudeurs. Vous lui avez cassé le nom à plusieurs reprises, l’avez…
— Servilus n’était qu’un sale serpentard visqueux qui trempait son gros nez dans la magie noire et qui en savait toujours plus que tout le monde. D’ailleurs, il s’attaquait aussi à nous, se défendit le maraudeur.
— Je n’ai plus de questions, votre honneur, déclara Margaux d’un ton satisfait.
Elle lança un regard emplit de dégoût aux deux accusés avant de retourner s’asseoir tandis que Sirius restait perplexe, se demandant pourquoi il avait l’impression que soudainement, tout le monde dans la salle semblait le juger. Il jeta un regard hésitant vers une partie de la salle et constata qu’il était observé avec mépris, dédain et dégoût. Ils étaient tous révulsés par lui comme s’il venait d’avouer qu’il était le diable en personne.
— Maître Graves, les accusés sont à vous.
— Je n’ai pas de questions pour les accusés, votre honneur, dit l’avocamage, vaincu.
Il avait su dès le départ qu’il ne pourrait pas faire grand-chose pour les deux anglais et qu’il perdrait à coup sûr ce procès mais jamais il n’aurait pu imaginer que Hathaway attaquerait ainsi. Il devait admettre qu’elle avait bien joué son coup. Il ne pouvait plus espérer que la juge serait clémente envers les deux accusés mais aussi les jurés.
Charity Potter fut surprise par la décision de l’avocamage de la partie accusée mais ne le commenta pas.
— Maîtresse Hathaway, Maître Graves, avez-vous quelque chose à ajouter avant que justice ne soit rendue ? les interrogea-t-elle.
— Oui, votre honneur, répondirent-ils.
— Maîtresse Hathaway, l’invita la juge à commencer.
Margaux se tourna vers les sorciers qui étaient assis et la regardaient dans l’expectative, attendant qu’elle prenne de nouveau la parole.
— Mesdames et Messieurs, nous avons grandi dans une communauté où la persécution était bannie, dans un monde où l’entraide était importante pour survivre. Nous sommes des frères et des sœurs, des pères et des mères, des oncles et des tantes, des fils et des filles. Une famille voilà ce que nous avons appris à être. Aujourd’hui, vous allez devoir juger deux hommes qui ont blessé physiquement et mentalement votre enfant, votre frère. Severus Charles Xavier a été victime de harcèlement au sein d’un établissement qui était supposé le protéger et veiller à son intégrité ainsi qu’à son bien-être. Il a été haï et humilié par des enfants dont le comportement était encouragé par Albus Dumbledore. Messieurs Lupin et Black sont des personnes dangereuses pour notre communauté car ils sont mentalement instables. Monsieur Lupin n’est pas adapté à une vie en société car sa nature lupine a été méprisée en Angleterre et il a reporté son mal-être sur un innocent. Monsieur Black a été élevé par une famille qui prônait la suprématie du sang, il a grandi en haïssant sa famille et dans son besoin désespéré de ne pas ressembler à ses parents, il est devenu bien pire car il a fait du mal à un enfant innocent comme lui. Dans son illusion d’être meilleur que sa famille, il s’est rabaissé et a agi comme le pire des sorciers, humiliant, intimidant et blessant un enfant sans défense et ce comportement a été à une telle extrémité que monsieur Lupin et Lord Black se sont transformés en meurtriers. Dans le désir de vouloir faire du mal à monsieur Xavier, ils ont attenté à sa vie, à celle de son enfant et ils ont tué un Non-Maj dans le processus. Ils n’ont plus eu de limites et se sont montrés tels qu’ils étaient : des êtres dangereux qui méritent la peine de mort comme le veut nos lois.
Remus et Sirius devinrent blêmes lorsque Margaux demanda la peine de mort pour eux. Même Severus qui avait suivi le procès avec impassibilité, écarquilla les yeux d’horreur. Il ne l’avait jamais souhaité ni pour l’un ni pour l’autre.
— Maître Graves.
Thomas inspira profondément avant de prendre la parole.
— Notre histoire commune nous a appris que le pardon et la clémence sont nos forces. Que dans le pardon, nos semblables apprennent de leurs erreurs et peuvent devenir des personnes meilleures. La faute de monsieur Lupin aura été de souffrir de sa solitude durant son enfance, d’être considéré comme un paria dans sa société et de s’accrocher aux premières personnes qui se sont révélés amicales envers lui. Cela n’enlève en rien sa culpabilité sur les faits qui lui sont reprochés mais la souffrance qui aura été sienne l’aura aveuglé et il n’a su prendre les décisions adéquates et justes. Tout comme monsieur Lupin, Lord Black a vécu dans une famille dont il n’approuvait pas les mœurs et s’éloigner de l’éducation qui avait été la sienne durant des années fut difficile. Il s’est retrouvé pratiquement sans famille pour n’avoir pas voulu suivre les enseignements de ses parents et il a été à la merci d’un adulte qui n’a pas su réfréner sa pensée bien trop ferme du monde qui l’entourait. Ils ont besoin d’apprendre et de voir leurs erreurs puis de réparer le mal qu’ils ont fait. En les condamnant à morts, vous causerez aussi du tort à monsieur Xavier car il ne pourra pas correctement guérir des plaies qui lui ont été infligées dans son enfance. Mesdames, messieurs, nous implorons votre pardon et votre clémence.
Charity Potter fit signe aux avocamages de retourner à leur place tandis qu’elle se concertait avec les membres des jurés.
Un quart d’heure plus tard, la juge revint à sa place, darda son regard sur la salle avant de lâcher un soupir discret.
— Remus John Lupin, le Tribunal Magique vous condamne à dix ans de servitude auprès de la famille Xavier-Stark. Il vous est interdit de faire de la magie tout au long de votre servitude et votre baguette magique sera brisée pour être remplacée par une autre lorsque vous aurez effectué les dix années de votre peine. Sirius Orion Black, le Tribunal Magique vous condamne à cinq ans de prison ferme, à deux ans d’intérêts de travaux généraux à l’école Ilvermorny, à trois ans de servitude auprès de la famille Xavier-Stark et à verser en dédommagement à la famille Xavier-Stark un montant de 200 000 galions. Il vous sera interdit de faire de la magie durant votre peine et votre baguette magique sera brisée et une autre remplacera l’ancienne lorsque vous aurez prouvé au Tribunal Magique, à la fin de votre peine, que vous êtes digne d’être un sorcier et que vous utiliserez votre magie dans l’unique but de protéger et de défendre, non pas de nuire.
Et elle scella sa décision en faisant claquer son petit marteau.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro