|18. Viveme|
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CHAPITRE 18
VIVEME
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Severus, assis sur un rocking chair, contemplait les premières lueurs de l’aube qui teintaient le ciel de nuances rosées. Il tenait, confortablement installé dans ses bras, un petit enfant qui n’était autre que Peter. Le maître des potions avait été brusquement tiré de son sommeil aux alentours de trois heures du matin par les cris plaintifs du petit garçon. Il s’était aussitôt levé pour calmer l’enfant avant que ce dernier ne finisse par réveiller Harry qui dormait à poings fermés dans son berceau.
Comme il aurait dû s’y attendre, son petit-ami n’avait nullement été dérangé par les pleurs de Peter et avait continué de ronfler sans interruption. Il avait roulé des yeux face à ce spectacle exaspérant et avait quitté leur chambre, résistant avec difficulté à l’envie de claquer la porte avec toute sa force. S’il n’y aurait pas eu de conséquences quant à son geste, il ne s’en serait pas gêné mais malheureusement, il ne voulait pas réveiller son cadet, aussi, il s’était silencieusement dirigé vers la cuisine et avait placé Peter dans une chaise haute pour pouvoir préparer une purée de légumes et presser un jus d’oranges. Il avait fait manger l’enfant qui semblait affamer. Puis lorsque Peter avait été rassasié par son repas, ils étaient retournés dans leur chambre. Durant son absence, le moldu avait occupé une grande partie de leur lit, le drap pratiquement repoussé jusqu’à sa taille. Il avait déjà dormi, autrefois, avec l’inventeur lorsqu’ils n’étaient pas en couple et savait que ce dernier dormait assez mal mais à ce point, il n’aurait jamais pu l’imaginer. C’était la première fois qu’il entendait le milliardaire ronfler et il était certain qu’il devait faire quelque chose à ce sujet sinon il en deviendrait fou.
Bien qu’il ait accouché et que sa magie soit complètement revenue à lui, il n’était pas encore en mesure de lancer n’importe quel sort. Elle était redevenue brute, indomptée et presque incontrôlable. Il lui faudrait un certain temps avant qu’il ne puisse reprendre le contrôle sur sa magie et il ne souhaitait pas faire du mal à ses proches en faisait usage de ses pouvoirs maintenant. Il n’était pas sûr de vouloir savoir quel dommage il pourrait causer juste en lançant un simple lumos. De plus, même s’il ne l’admettrait jamais à qui que ce soit, même pas à son moldu, il était terrifié à l’idée d’utiliser à nouveau sa magie. Il ne se rappelait que trop bien l’état dans lequel il s’était trouvé durant ses premiers mois de grossesse. Il adorait son enfant mais avait été sévèrement impacté par les conséquences de la grossesse. Il lui arrivait parfois de faire des cauchemars au sujet de l’attaque de Dan. Il se rappelait de sa difficulté à pouvoir utiliser la magie pour se défendre face à un moldu. Il s’était retrouvé à la merci d’un homme qui aurait pu le violer cette nuit-là. Sa magie l’avait abandonné face à ce pervers, tout comme elle l’avait laissé impuissant face à Tobias Snape.
Harry avait commencé à gémir dans son sommeil et aussitôt, il avait perdu le fil de ses pensées pour se précipiter vers le berceau de son cadet. Lorsqu’il s’était rapproché, Harry avait cessé de geindre dans son sommeil et s’était calmé, comme s’il avait senti sa présence qui planait au-dessus de lui. Il avait froncé les sourcils, perplexe, puis avait pris place dans le rocking chair qui était installé près de la fenêtre de leur chambre et avait fredonné une berceuse à Peter pour l’endormir. Il s’était souvenu d’une berceuse que sa mère avait pour habitude de lui chanter lorsqu’il était enfant et qu’elle essayait de le réconforter après les coups qu’ils avaient reçu d’un Tobias Snape ivre.
Eileen Snape née Prince n’avait pas été la meilleure mère du monde et avait sûrement été en partie responsable du traitement de son fils mais avait tout de même essayé d’être une mère aimante. Il savait que sa mère l’aimait et même si elle ne s’était jamais enfoui de l’Impasse du Tisseur avec son fils pour l’éloigner de Tobias, elle avait tout fait pour qu’il ait une bonne éducation. Elle l’avait initié à la magie dès qu’il eût deux ans et avait entrepris de lui apprendre les bases de la sorcellerie dans plusieurs domaines, y compris les potions dans lesquelles sa mère avait excellé lorsqu’elle était étudiante à Poudlard.
Tandis qu’il fredonnait la chanson de sa mère, un souvenir particulier lui revint en mémoire. Un souvenir qui continuait de le hanter, même après la disparition de sa mère.
Severus était assis près du vieux canapé, son livre de métamorphose de quatrième année sur ses genoux. Il leva les yeux de son manuel d’occasion et posa son regard sur sa mère qui était en train de repasser les chemises de secondes mains de Tobias.
Tobias était sorti très tôt ce matin, prétextant aller chercher du boulot dans la ville voisine mais Severus et sa mère n’étaient pas dupes et savaient parfaitement que le moldu était allé se bourrer la gueule dans l’un des pubs les plus proches dans le quartier voisin. Depuis qu’il avait été licencié de la mine à charbon, Tobias s’était réfugié dans l’alcool et puait la bière à toute heure de la journée. Severus ne se rappelait même plus le jour où il avait vu l’homme sobre durant quelques heures. Il lui semblait que son géniteur avait toujours été ivre dans ses souvenirs, incapable d’obtenir un emploi décent et de subvenir aux besoins de sa famille.
Il dévisagea silencieusement sa mère qui semblait faire fi du regard posé sur elle, s’attelant à l’une de ses tâches quotidiennes.
Eileen Snape était une femme mince presque maigre, au visage cireux et à l’air revêche. Il savait que sa mère n’était pas une très belle femme et que très peu de gens pourraient la considérer comme jolie mais lui, il la trouvait magnifique. Peut-être était-ce parce qu’elle était sa mère mais qu’importe, elle avait un charme indéniable à ses yeux. Si elle essayait de prendre un tant soit peu d’elle et de se rendre un minimum présentable, elle attirerait sûrement le regard de plusieurs hommes sur elle. Pas qu’il veuille que cela arrive un jour. Il détestait l’idée que sa mère soit courtisée par un homme, même si ce dernier était nettement mieux que Tobias. Elle était sa mère et il ne souhaitait pas la partager.
— Pourquoi continues-tu à supporter cette vie de merde ? demanda-t-il.
— Un autre mot de cette nature et tu le regretteras, Severus, l’avertit Eileen d’un ton sec.
— Tu ne penses jamais à reprendre son langage lorsque lui, il emploie de tels termes.
— Il n’est pas mon fils, répliqua froidement sa mère en ancrant son regard dans le sien. Il peut bien utiliser un langage de charretier si cela lui plaît mais je ne le permettrais jamais de mon fils. Je t’ai mieux éduqué que cela.
— Tu parles d’une éducation, marmonna-t-il avec fureur.
— Que viens-tu de dire ?
Il referma brusquement son manuel scolaire et foudroya sa mère du regard.
— Vous m’avez entendu, mère. Ce que vous m’avez inculqué ne s’appelle pas « éducation » mais plutôt « survie » ! C’est tout ce que vous m’avez appris depuis ma naissance. Survivre ! lâcha-t-il avec colère.
— Severus.
— Lily, elle, elle a été éduquée par ses parents. Ils lui ont inculqué les bonnes manières, pas dans le but de survivre, mais plutôt dans l’espoir qu’elle puisse se faire une place dans la société et s’intégrer plus facilement. Moi, je n’ai rien eu de tout ça car tu restes aux côtés de ce sale porc de Tobias qui ne mérite même pas que je puisse l’appeler « papa » ! Tu es une sorcière et lui, il n’est qu’un simple moldu ! Il est indigne de toi, mère, et tu pourrais facilement le remettre à sa place mais tu ne fais rien ! Absolument rien ! Tu le laisses te traiter comme une merde et nous battre jusqu’à ce qu’il n’ait plus de force. Tu le regardes faire du mal à ton fils sans lever ta baguette pour me défendre. Tu es devenue faible, mère, et rien de ce que tu m’as appris ne peut être considéré comme une éducation car tu as échoué à tous les niveaux !
— Je…je…
Eileen était devenue blême, incapable de rétorquer quoi que ce soit à son fils ni même à le châtier pour son irrespect ainsi que son langage injurieux. Elle serra fermement la poignée du fer à repasser qu’elle tenait dans sa main et sentit une larme couler sur sa joue.
— Est-ce donc ainsi que tu me vois, Severus ? l’interrogea-t-elle d’une voix vacillante.
Severus sentit une immense culpabilité lorsqu’il vit sa mère pleurer pour la première fois de sa vie et c’était à cause de lui. Jamais, elle n’avait versé de larmes lorsque Tobias avait reporté sa colère sur elle. Elle n’avait jamais laissé une larme couler sur son visage même avec un os cassé. Et aujourd’hui, juste pour des mots lancés sous le coup de la colère, sa mère pleurait.
— Maman, je ne voulais pas. Je…
— Réponds-moi, Severus. Est-ce ainsi que tu me considères ? Faible et méprisable ? ordonna Eileen.
— Je m’excuse, maman. Je n’aurais jamais dû dire ça. Je ne le pensais pas.
Eileen secoua la tête et baissa les yeux, une boule au fond de la gorge. Elle sentit son estomac se nouer douloureusement et elle tenta tant bien que mal de ravaler la bile qui remontait jusqu’à son œsophage.
— C’est moi qui devrais m’excuser, Severus, dit-elle, accablée. Tu as raison, je n’ai fait que t’apprendre à survivre. Je ne mérite pas d’être ta mère.
— Non ! protesta l’adolescent. Je ne voudrais sûrement pas avoir une autre mère que toi, maman. Tu n’es pas la meilleure mais tu es celle que je préfère.
Eileen eût un rire soudain aux paroles de son fils et darda sur lui un regard affectueux. Elle délaissa un instant sa corvée et alla s’asseoir sur le canapé. Elle tapota la place tout près d’elle.
— Viens.
Severus la rejoignit et s’assit à ses côtés. Elle prit son visage entre ses deux mains et ancra son regard obsidienne dans celui de son fils, semblable au sien. Elle était heureuse de voir que son fils avait pris d’elle et non de son père. Elle caressa avec tendresse le visage du jeune serpentard et son cœur se comprima dans sa poitrine en avisant le teint presque maladif de l’adolescent.
— Je te jure sur ma magie que si je le pouvais, je changerais les choses et t’aurais emmené loin d’ici.
— Maman…
— Il y a tellement de choses sur mon passé que tu ignores, Severus, et je souhaiterais qu’il en reste toujours ainsi.
— Pourquoi ? demanda-t-il, perplexe.
Eileen relâcha son visage et renifla avec amertume. Elle secoua la tête comme si elle essayait de chasser des souvenirs horribles.
— Parce que je ne veux pas que tu souffres plus que tu ne le fais déjà, répondit-elle avec sincérité. Comme tu l’as dit je ne suis pas la meilleure des mères mais crois-moi, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour te protéger.
— Me protéger ?
— Oui, confirma Eileen en hochant la tête. Il y a bien pire sur cette terre que ce moldu, Severus. Je sais que tu ne comprends pas pourquoi je ne quitte pas Tobias mais je t’assure qu’il était notre seule solution. Sans lui, nous serions certainement morts.
— Tu es une sorcière, maman. Nous pouvons aller vivre dans le monde sorcier. Tu es la personne la plus douée en potions que je connaisse. Tu pourrais trouver un emploi, suggéra Severus d’un ton désespéré.
— Je suis une sorcière, Severus. Une femme et dans notre monde, je n’ai pratiquement aucune chance de trouver un emploi. Tu sais comme moi combien cette société est archaïque et à quel rang les hommes relèguent les femmes, dit-elle avec dégoût. Personne ne m’embaucherait sans l’autorisation de mon mari et ce dernier doit être un sorcier.
— Je ne le savais pas, murmura le serpentard, penaud.
— Tu as encore beaucoup de choses à apprendre sur le monde sorcier, Severus, et je préfère que tu restes ignorant de certaines de nos us et coutumes pour l’instant. J’aimerais préserver ce qu’il en reste de ton innocence autant que possible.
— Je suis grand, maman. Je peux très bien entendre tout ce que tu as à me dire, s’indigna l’adolescent.
Eileen secoua la tête.
— Non, dit-elle d’un ton ferme. Je n’ai pas fait autant de sacrifices pour rien. La seule chose dont tu dois te soucier ce sont tes études, Severus. Sois excellent à l’école et ignore autant que possible ce qui se passe dans le monde sorcier en dehors de Poudlard.
— Pourquoi ? Qu’est-ce que tu me caches, maman ? questionna Severus, intrigué.
— J’essaie tout simplement de te protéger, répondit-elle. Promets-moi que tu continueras à garder secret ton affiliation aux Prince. Jure-moi que personne ne sait que ta mère est une Prince.
— Je te l’ai déjà dit, maman, personne ne se doute que mon grand-père est Caesar Prince et encore moins que ma mère s’appelait Eileen Prince à sa naissance, dit le serpentard en roulant des yeux.
Eileen poussa un soupir de soulagement et sourit avec gratitude à son fils.
— Il est important qu’il reste toujours ainsi, Severus. Même ton amie Lily ne doit jamais savoir au sujet de mon identité.
— Tu m’as rabâché les oreilles plusieurs fois à ce sujet donc inutile d’en rajouter une couche, grogna Severus.
— Bien.
Eileen se releva du vieux canapé qui s’était enfoncé sous son poids et retourna vaquer à ses précédentes occupations.
— Maman ?
— Me diras-tu un jour pourquoi tu as été reniée par tes parents ? l’interrogea l’adolescent. Je sais que cela n’est pas vraiment en rapport avec le fait que tu aies épousé un moldu.
Eileen sembla réfléchir un instant à la question de son fils et hésita à lui révéler plus de son passé. Elle faisait confiance en son fils et souhaiterait tout lui dire mais elle ne pouvait pas. C’était un lourd fardeau à porter mais si cela lui permettait de mettre son fils en sûreté alors elle le referait encore et encore.
— Tu devrais terminer tes devoirs avant que Tobias ne soit de retour et cacher tes manuels scolaires sans plus tarder, conseilla-t-elle.
Il lâcha un soupir et rumina ses pensées. Il n’était pas prêt d’obtenir une réponse de sa mère et ne cesserait jamais de se demander pourquoi elle tenait tant à ce qu’il cache l’identité de sa famille maternelle dans le monde sorcier et même à sa meilleure amie. C’était presque comme si elle souhaitait qu’il se fasse passer pour un né-moldu.
Il savait que sa mère avait des secrets mais son passé semblait la faire trembler bien plus que les coups infligés par son alcoolique de mari. Elle semblait le protéger. Mais de quoi ?
Qu’est-ce qui ou qui pourrait faire autant peur à sa mère pour qu’elle se laisse volontiers maltraiter par son époux ?
Severus baissa ses yeux sur Peter et remarqua que l’enfant s’était endormi. Il passa sa main dans la chevelure du petit garçon et imagina à quoi il pourrait ressembler après la cérémonie d’adoption. Harry n’était encore qu’un nouveau-né mais il était possible de voir une grande ressemblance entre lui et Anthony, bien que ce dernier puisse dire le contraire.
Le potionniste était encore surpris par tous les changements qui s’étaient opérés dans sa vie. Même dans ses rêves les plus fous, il n’aurait jamais pu imaginer qu’il serait parent de deux merveilleux petits garçons et qu’il tomberait amoureux d’un homme. Il était certain de ne pas avoir de préférences sexuelles et qu’il aimait tout simplement.
C’était incroyable combien il avait changé en si peu de temps. Il n’était plus aussi sarcastique qu’il l’était auparavant et n’adoptait plus une attitude hautaine envers le monde qui l’entourait. Il était étonné de voir à quel point il s’était ouvert au monde pour révéler une façade de lui-même qu’il ne connaissait pas. Il savait qu’il n’était pas la personne la plus douce au monde et qu’il serait toujours un peu revêche dans son caractère mais son cœur s’était profondément adouci pour qu’il se sente plus à l’aise dans ses interactions sociales bien qu’il ait eu très peu de contacts avec le monde extérieur.
Il quitta le rocking chair et remit délicatement Peter dans son berceau, veillant à ne pas réveiller le petit garçon. Il jeta un coup d’œil à l’horloge qui était posé sur la table de chevet du côté de son compagnon et décida qu’il était inutile d’essayer de se rendormir.
Aujourd’hui était un jour important. C’était le jour du procès de Sirius Black et de Remus Lupin. Il avait reçu la veille une convocation du Département de la Justice Magique, tout comme Anthony. Ils étaient conviés tous les deux à assister au procès des deux accusés.
Il fouilla quelques vêtements dans l’armoire à linges et choisit de prendre des vêtements moldus. Il n’avait que très peu de vêtements sorciers car il n’avait pas encore eu le temps de faire des achats au quartier magique de New-York. Il avait été surpris de découvrir que les sorciers américains avaient réussi à créer tout un quartier magique dans l’arrondissement de Manhattan, entre l’Upper East Side et l’Upper West Side.
Fire River, bien évidemment, était exclusivement réservé aux sorciers et les moldus qui passaient tout près ne le remarquaient jamais à cause des nombreux sortilèges qui avaient été jetés pour les éloigner de l’endroit.
Durant sa grossesse, il s’était intéressé au monde sorcier américain et s’était cultivé autant que possible sur son nouveau monde. Il avait étudié la magie américaine, l’histoire de la communauté, leur mode de vie ainsi que leurs différentes classes sociales. Il fut surpris durant son apprentissage de découvrir que les sorciers américains, qu’ils soient de sang nobles ou pas, étaient tous parfaitement adaptés à la vie sorcière comme à la vie moldue. Ils avaient été contraints d’adopter aussi la culture moldue pour ne pas éveiller de soupçons quant à leur existence donc il y avait très peu de distinctions entre un sorcier et un moldu aux États-Unis car ils s’habillaient comme des personnes non magiques, bien qu’ils aient toujours conservés la mode sorcière mais elle était très peu utilisée par les sorciers sauf en cas de cérémonies importantes.
Il alla à la douche et ne tarda pas sous l’eau chaude. Il se vêtit dans la salle de bain et alla directement en cuisine où il ne fut guère surpris d’y découvrir son père, encore vêtu de son pyjama, une tasse de café dans la main et son autre main tenant un journal plié.
Charles leva les yeux du journal et l’accueillit avec un sourire.
— Bonjour, fils.
— Bonjour, père.
Il prépara son petit-déjeuner ainsi que celui de son compagnon dans un silence apaisant, troublé quelque fois par le télépathe qui tournait les pages de son journal.
— Quelque chose d’intéressant aujourd’hui ? demanda-t-il, surveillant la cuisson du bacon.
— Rien qui n’a su retenir mon attention, répondit le mutant avant de reposer le journal.
Severus hocha la tête d’un air distrait puis disposa le petit-déjeuner d’Anthony sur un plateau et hésita un moment à presser un jus de pamplemousse pour le moldu. Il savait que son compagnon aimait le jus de pamplemousse, certainement plus le café, mais il détestait presser un fruit s’il n’était pas consommé dans la minute car il perdait ses vitamines au bout d’un certain temps à cause du contact avec l’air. Il délaissa son idée et se servit une tasse de café avant de s’installer sur la grande table à manger.
— Bonjour.
Père et fils se tournèrent vers Erik qui venait de les rejoindre. Le mutant avait les cheveux ébouriffés et les yeux légèrement ensommeillés.
— Bonjour.
Erik s’assit près du télépathe et remercia ce dernier lorsque celui-ci glissa sa tasse de café vers lui.
Severus observa les deux mutants, perplexe, grignotant un toast.
— Puis-je savoir ce que vous êtes l’un pour l’autre ? questionna-t-il d’emblée.
Charles se raidit soudainement à la question de son fils et échangea un regard incertain avec Erik. Il se tourna vers Severus pour lui répondre mais l’arrivée inopinée de Logan et d’Ororo dans la pièce l’en empêcha, l’obligeant à se retrancher dans le silence.
— Salut, fit Logan d’un ton bourru.
— Bien dormi, tout le monde ? demanda Ororo qui s’était directement dirigée vers la machine à café. Tu en veux, Logan ?
— Une bière serait vraiment sympa, répondit le mutant.
Ororo et Severus levèrent les yeux au ciel, nullement surpris du choix de boisson matinal du mutant amnésique. L’hybride oublia assez rapidement la question qu’il avait posé aux mutants plus âgés de la pièce, emporté par la discussion qu’il tenait avec Ororo.
— Je comprends que l’institut ne soit pas l’endroit adéquat pour élever des enfants mais pourquoi iriez-vous vivre si loin en Californie ? Ne pourriez-vous pas acheter une maison ici à New-York ? Pourquoi pas dans ce quartier magique dont tu nous as parlé ?
Severus but une nouvelle gorgée de son café et essaya de trouver les mots pour expliquer à sa famille qu’il souhaitait avoir son nid à lui avec son compagnon. Il adorait ses proches et aimait vivre à l’institut Xavier mais il souhaitait plus que tout retourner à Malibu car c’était le seul endroit qu’il avait considéré comme sa maison après Poudlard. Le manoir de Malibu l’avait fait se sentir en sécurité. Là-bas, Anthony avait placé la meilleure sécurité moldue qui puisse exister à l’heure actuelle et bien que le manoir Xavier soit tout aussi sûr que la demeure d’Anthony à Malibu, il voulait se retrouver tout seul avec son homme et leurs enfants. Acheter une maison à Fire River ne serait pas la même chose que de vivre à Malibu. Il ne saurait expliquer pourquoi il avait ce désir impérieux de vivre dans un autre état avec Anthony et les enfants mais c’était ainsi et il ne comptait pas revenir sur sa décision.
— La Californie n’est pas si loin que ça, Ororo. Vous pourrez toujours venir nous rendre visite lorsque vous le désirerez et nous ferons la même de notre côté. De plus, Anthony commence à manquer son laboratoire et les enfants ne pourront pas le tenir occupé bien longtemps.
— Mais…
— Laisse tomber, tornade, l’interrompit Logan en sirotant sa bière. Tu ne vois pas qu’ils ont besoin de construire leur petit nid à eux ? Ce ne sont plus des poussins. Ils ont des responsabilités maintenant. J’ai jamais élevé un môme mais je suppose que j’aimerais pas avoir autant de monde dans mes pattes pour m’occuper d’eux.
Tout le monde dans la pièce posa un regard ahuri sur Logan qui se renfrogna aussitôt en avisant leur mine stupéfaite.
— Quoi ? grogna-t-il.
Ororo secoua la tête, incrédule tandis que Charles et Erik reprenaient une attitude neutre.
— Je suppose que Logan a raison, soupira Ororo.
— Logan a raison à quel propos ? questionna Tony.
Le jeune milliardaire pénétra dans la cuisine, un bébé dans les bras. Il alla embrasser son compagnon sur les lèvres avant de s’asseoir entre le potionniste et Ororo.
— Au sujet de votre retour à Malibu, répondit la femme noire.
— Ah ! fit simplement l’inventeur. Notre petit bonhomme a faim, l’enchanteur.
Severus se leva et fit un biberon pour Harry qui était étonnement silencieux dans les bras de son père. Il était surprenant pour le jeune couple de découvrir que leur enfant ne braillait pas autant que son aîné. Severus s’était inquiété du comportement étrange du nouveau-né mais avait été rassuré par son père qui lui avait rappelé qu’Harry n’était pas un nourrisson comme les autres dû au rituel qu’il avait eu à effectuer pour maintenir l’enfant en sécurité.
— Bientôt l’heure du départ. Y a-t-il des personnes qui souhaiteraient nous accompagner ? demanda Tony.
— J’aurais bien aimé venir avec vous mais je suis chargée de la réunion des parents d’élèves qui se tient aujourd’hui. Je ne sais pas ce qu’il en est de Jean mais Scott a des courses à faire pour l’institut, répondit Ororo.
— J’ai promis à la petite de l’emmener faire un tour et ça fait un moment qu’elle me casse les burnes avec sa sortie, dit Logan.
— Langage ! le réprimanda Charles.
— Ouais, fit Logan tout en dédaignant la réprimande de son aîné. Quoi qu’il en soit, j’ne suis pas dispo.
— Si cela ne vous gêne pas, j’aimerais vous y accompagner, dit Erik.
— C’est ok pour moi, accepta Tony.
— Et toi, papa, tu viens ? demanda Severus au télépathe.
— Bien sûr, fils. Je ne voudrais pas vous laisser y faire face sans mon appui, répondit son père.
Severus remit le biberon une fois prêt au moldu qui se chargea de le faire boire à leur fils.
— Pep a dit qu’elle sera là aux alentours de dix heures pour prendre soin des garçons. Penses-tu que vous pourrez vous occuper d’eux en attendant son arrivée ? questionna le potionniste en s’adressant à la mutante.
— Bien sûr. La réunion commence justement à dix heures.
— Merci.
Tony s’assura que son fils ait fini son lait puis lui fit faire son rot avant de le remettre entre les mains habiles et douces du maître des potions. Il prit alors son petit-déjeuner qui avait été préparé par son compagnon et le savoura lentement.
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La limousine se gara devant un gratte-ciel de soixante étages situé à Broadway dans le quartier de Manhattan. Severus était toujours impressionné par le bâtiment qui abritait les locaux du MACUSA. Il quitta des yeux l’immense immeuble et ouvrit la portière du véhicule, sortant de la voiture de luxe qui appartenait à son compagnon.
Il prit la main d’Anthony, puisant dans l’amour que lui portait le moldu, le courage dont il aurait besoin pour faire face à une partie de son passé. Il ouvrit la marche de leur groupe et ils entrèrent dans le Woolworth Building. L’entrée secrète du siège du gouvernement magique passait par une porte tournante dont la rotation était ultra-rapide et menait directement à un grand hall lumineux dont le plafond en forme de cathédrale semblait atteindre plusieurs mètres de hauteur.
Un majestueux monument qui rendait hommage aux nombreuses victimes des procès des sorcières de Salem ornait le centre du hall d’accueil. Tout au fond de la grande salle circulaire, douze statuts représentant les premiers Aurors du MACUSA. Chaque statut était placée près d’un ascenseur qui conduisait aux différents niveaux du siège gouvernemental. Les premiers Aurors de la communauté magique américaine étaient considérés comme des héros par leurs pairs et leur descendance avait acquis une importante renommée au sein de leur communauté grâce à eux.
En dessous du haut plafond flottait un immense portrait qui représentait la Présidente en service, Elena Quintana.
Des sorciers et sorcières s’affairaient dans le hall d’accueil. Severus qui tenait fermement la main de son petit-ami s’avança vers l’une des statuts car au-dessus du monument en marbre était inscrit sur une pancarte : Département de la Justice Magique.
Un elfe de maison, vêtu d’une robe de sorcier, qui se tenait près de la statue, devant l’ascenseur qui menait aux bureaux du Département de la Justice Magique leva les yeux vers eux.
— Karik, à votre service. Que peut Karik pour monsieur et les Non-Majs ? demanda l’elfe de maison.
— Nous avons été convoqués par le département pour assister à un procès, répondit le maître des potions en présentant sa convocation ainsi que celle de son compagnon à la créature magique.
L’elfe vérifia les documents avant de les remettre à l’hybride puis il posa un regard suspicieux sur Charles et Erik.
— Les deux autres n’ont pas de convocation. Karik ne peut pas autoriser aux Non-Majs l’accès au service sans autorisation.
— Dans la convocation, il nous est permis d’être assisté d’un membre de notre famille ou par l’un de nos proches. C’est mon père et mon beau-père, ils sont avec nous, Karik, dit Severus.
Karik jeta un regard méfiant aux deux mutants avant de claquer des doigts et les portes de l’ascenseur s’ouvrirent soudainement.
— Merci beaucoup, Karik, le remercia l’hybride.
— Karik a été ravi de servir monsieur Xavier, son compagnon monsieur Stark ainsi que son père et son beau-père.
Le petit groupe se retrouva très vite dans les bureaux du Département de la Justice Magique. Ils se dirigèrent vers la réception où se tenait une jeune femme à la peau très pâle et aux cheveux d’un blond cendré. Elle leva la tête vers eux lorsqu’ils s’approchèrent et elle leur sourit, dévoilant de longues canines blanches et pointues. Tony fit un bond en arrière tandis qu’Erik se tendit brusquement, se préparant en cas d’éventuelle attaque.
La réceptionniste perdit son sourire en remarquant la réaction de l’inventeur.
— Je suis désolée. Je ne souhaitais pas vous faire peur, s’excusa-t-elle.
— Vous…vous…êtes un vampire ? l’interrogea Tony tout en balbutiant.
— Euh…oui, répondit la femme, déconcertée par la question.
— Veuillez pardonner la maladresse de mon compagnon. C’est un Non-Maj et ne connaît pas encore tout de notre monde, dit Severus.
— Oh, fit la réceptionniste, compréhensive. Ma sœur, elle-aussi, sort avec un Non-Maj. Il n’a pas eu la même réaction que votre compagnon lorsqu’il a appris qu’elle était une vampire mais c’était assez choquant pour qu’il s’évanouisse et ne se fasse très mal à la tête. Il a mis du temps d’ailleurs pour s’en remettre.
— J’espère qu’il n’aura pas eu de préjugés envers votre sœur.
— Oh non, rassura la vampire. Mon beau-frère est ravi du statut de ma sœur et souhaite plus que tout devenir un vampire lui-aussi.
— Je suis ravi de l’entendre.
— Que puis-je pour vous ? demanda la vampire, reprenant une attitude professionnelle.
— Nous avons été convoqués pour assister au procès de messieurs Black et Lupin, répondit le potionniste. J’ai aussi demandé à avoir une entrevue avec les prisonniers avant le début de leur procès. L’Auror White a consenti à mon souhait donc j’aimerais les voir dès maintenant si possible.
La vampire vérifia sa base de données sur un écran d’ordinateur avant d’acquiescer.
— Oui, bien sûr. Monsieur Severus Xavier, est-ce bien cela ?
— Oui.
— Vous êtes attendu dans le bureau de l’Auror White. Il vous conduira jusqu’aux prisonniers. Pendant ce temps, vos proches peuvent patienter en salle d’attente jusqu’à votre retour.
— Merci.
Tony l’embrassa tendrement sur le front avant retirer sa main de la sienne.
— Je soutiens ta décision, lui murmura le milliardaire.
Le potionniste fut ravi de l’entendre et se laissa guider jusqu’au bureau de l’Auror White par la vampire et laissa derrière lui ses proches, son cœur battant furieusement dans sa poitrine.
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