|11. Halo|
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CHAPITRE 11
HALO
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Brooklyn
Mai 1992
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Severus ne se rappelait pas avoir passé de si merveilleux moments depuis sa naissance. Il ne se souvenait pas d'avoir été aussi choyé et aussi comblé que depuis qu’il faisait partie de cette grande famille.
Il caressa son ventre qui avait dernièrement pris un peu plus de volume et lâcha un soupir d’épuisement. À la fin du mois, il serait à son septième mois de grossesse et plus le temps avançait et plus il redoutait le jour de l’accouchement. Il ne s’était jamais intéressé aux grossesses masculines et pour cause, ce genre de grossesses, bien qu’elles existent, étaient extrêmement rares dans la communauté magique. Non seulement, elles étaient rares mais elles étaient aussi mortelles.
Le jeune hybride était parfaitement conscient de la chance unique et incroyable qu’il avait d’être enceinte et que bons nombres d’hommes homosexuels sorciers auraient souhaité être à sa place et découvrir ce que c’était que de pouvoir porter en son sein son enfant. Il savait qu’il n’aurait pas d’autres occasions d’être enceinte car une autre grossesse masculine ne pourrait être possible. Il avait réussi à être enceinte uniquement grâce à un rituel de magie noire et il était certain de ne plus jamais vouloir s’exposer à une telle folie.
— Sev !
Il battit des paupières, désorienté, et se tourna vers la jeune femme qui était assise en face de lui, l’air agacé.
— Tu n’as pas écouté un seul mot de ce que j’ai dit, n’est-ce pas ? conclut-elle.
Le maître des potions parut embarrassé et secoua la tête.
— Désolé, Virginia, s’excusa-t-il, contrit.
Virginia Potts, communément appelée « Pepper » par ses proches sauf par le maître des potions, déposa le carnet qu’elle tenait dans sa main sur la table et posa son regard sur l’hybride.
— Tu sais qu’il reviendra demain, n’est-ce pas ?
Severus voulut nier et dire qu’il ne comprenait pas ce qu’elle insinuait dans sa question mais il était inutile de feindre l’ignorance avec la rousse. Elle était bien trop perspicace et était difficile à berner.
— Il n’y a aucune honte à ressentir ce que tu ressens pour lui, tu sais, poursuivit-elle.
Il se leva et tourna le dos à Pepper. Il voudrait pouvoir dire qu’il ne ressentait absolument rien pour le milliardaire mais c’était impossible. Il s’était rendu compte, bien trop tard, qu’il tombait amoureux du moldu. Au départ, il n’avait pas voulu y faire face car la douleur de la perte de Lily avait été trop présente pour s’interroger face aux sentiments qu’il ressentait pour Tony Stark puis il y avait sa grossesse à prendre en compte qui occupait pratiquement toutes ses pensées. Il n’avait vraiment eu le temps de s’inquiéter des émotions qui s’enracinaient tout doucement au fond de son cœur, créant quelque chose de solide et de difficile à rompre.
Il était certain que ce qu’il éprouvait pour Tony Stark était différent de ce qu’il avait ressenti envers Lily. Cet amour au fond de son être était bien plus profond et plus sincère que tout ce qu’il avait jamais éprouvé pour la sorcière rousse.
Aux côtés de Tony, il avait trouvé la paix, le confort ainsi que le réconfort, l’amitié ainsi que la sécurité, la bienveillance ainsi que la confiance. Il ne s’était jamais senti aussi à l’aise avec une personne. Il n’avait jamais apprécié les contacts physiques mais avec l’inventeur, c’était différent. Il recherchait sans cesse le contact du moldu. Il se devait de toujours combler ce vide qu’il ressentait lorsqu’il n’était plus près de Tony.
Il avait besoin du milliardaire comme Tony avait besoin de lui. Ils se complétaient si parfaitement que s’il croyait aux histoires d’âme sœur, il dirait que Tony était la sienne, qu’il avait enfin trouvé la moitié d'âme qui complétait la sienne.
— Je ne crois pas qu’Anthony puisse me voir autrement que comme un ami, dit-il.
Il était au courant des nombreuses aventures du milliardaire et toutes avaient été avec des femmes. De superbes femmes qui sortaient toutes d’un magazine de mode. Il n’était pas dupe et savait que le père de son enfant n’était intéressé que par la gent féminine, qu’il ne poserait jamais les yeux sur lui. Pour preuve, il avait trouvé plusieurs fois le milliardaire en train de flirter avec Jean Grey.
Il grinça furieusement des dents en imaginant le moldu avec la mutante.
— Te voir comme un ami ? rigola-t-elle. Tony est très très loin de te regarder que comme un ami si tu veux mon avis.
Severus se retourna vers elle, perplexe.
— De quoi parles-tu ? Il n'est attiré que par les femmes.
— Oui, Tony adore les belles femmes ou du moins, il adorait les collectionner mais ça, c’était avant toi, Sev. Tu penses être le seul à avoir été marqué par cette rencontre mais tu as tout faux, Sev. Tony, lui aussi, a été bouleversé. Tellement qu’il a changé radicalement en quelques jours. Il est devenu quelqu’un d’autre et c’est grâce à toi. Toi et le bébé lui avez offert un moyen d’être le véritable Tony Stark. Il a arrêté de boire et il est sorti de la dépression dans laquelle il s’était plongé après le décès de ses parents grâce à vous.
— Non, Virginia. Il a changé parce qu’il le voulait et parce qu’il le pouvait, protesta Severus.
Pepper se leva à son tour et s’avança vers lui pour prendre ses mains dans les siennes et plonger son regard dans le sien.
— Il aurait fallu un énorme déclic à Tony pour devenir l’homme qu’il est à présent et vous avez été cela pour lui. Tu es celui qui permet un tel changement dans sa vie et crois-moi quand je te dis que plus aucune femme n’existe à ses yeux depuis que tu es apparu.
— Mais…
— Il n’y a aucun mais qui tienne, Sev, le coupa-t-elle. Tu devrais apprendre à accepter que quelqu’un puisse t’aimer, que tu es désiré et que tu plais.
Accepter que l’on puisse l’aimer. Cela prendrait sûrement du temps avant qu’il ne finisse par y croire vraiment. Il avait tellement souffert du manque d’affection et d’amour, qu’il doutait que le milliardaire soit tombé amoureux. Que pouvait-il lui trouver d’attrayant ? Il n’était pas un mannequin et n’avait pas un sex-appeal affolant. Il n’était pas beau et l’adoption par le sang effectué il y a quelques temps ne l’avait pas véritablement changé physiquement. Ses traits s’étaient un peu adoucis et sa dentition avait été réparée par la potion d’adoption mais il n’y avait pas eu d’autres changements notables. Il ressemblait toujours autant à sa mère même en ayant les gènes du professeur Xavier en lui. Il était normal qu’une potion d’adoption ne l’ait pas changé radicalement car elle avait été prise tardivement, à un moment où sa croissance avait déjà été faite. Pour que la potion d’adoption agisse véritablement et que les gènes des parents antérieurs soient remplacés par les nouveaux parents, il était impératif de faire boire la potion à un enfant lorsqu’il n’avait pas encore complété sa croissance.
— Vous êtes là ! s’exclama Rogue.
— Pourquoi vous cachez-vous ici ? demanda Kitty. Nous vous avons cherché partout.
Severus et Pepper se tournèrent vers les deux jeunes mutantes. L’hybride lâcha la main de la rousse et poussa un long soupir.
— Et moi qui pensais qu’on vous sèmerait toute la journée, souffla-t-il.
— Bien essayé, lança Kitty. Mais la prochaine fois, essayez dans un autre bâtiment.
— Ou peut-être dans une autre ville, ajouta Rogue.
— Mieux, un autre pays, suggéra Kitty d’un ton railleur.
— Très drôle, les filles, ironisa Pepper.
Rogue jeta son sac à dos sur le canapé puis s’approcha du maître des potions.
— Je peux ? demanda-t-elle timidement.
— Avez-vous apporté ce que vous savez ? questionna Severus en haussant un sourcil.
— C’est une denrée très rare, tu sais, ébaucha Kitty en fouillant quelque chose dans son sac. Rien que pour un seul produit de ce genre, tu devrais rallonger notre temps.
Et la jeune mutante sortit deux pots de glace qu’elle posa sur la table. Le maître des potions se saisit d’un pot et s’installa confortablement sur l’unique canapé de la pièce.
— Une heure pas plus ! trancha-t-il.
— Une heure pour deux pots de glace : chocolat-oseille-banane ! s’indigna Kitty. Tu sais combien de temps cela nous a pris pour soudoyer le glacier pour qu’il nous en fabrique ? Il pensait que c’était une blague de gosses de riches !
— Tu perds ton temps à vouloir pleurnicher avec moi, Katherine, dit Severus, insensible. Une heure, pas plus !
Rogue haussa les épaules et s’installa à la droite du maître des potions, posant sa joue sur la cuisse de l’homme. Elle était heureuse de pouvoir être si près d’une personne, d’être capable de la toucher sans lui voler ses pouvoirs ou encore de la tuer. Severus était immunisé contre son pouvoir donc c’était un soulagement pour elle d’être en mesure de toucher à nouveau sans risquer quoi que ce soit. Surtout qu’elle adorait sentir le bébé de Severus. Il y avait toujours une sorte de paix qui s’insinuait délicatement en elle à chaque fois qu’elle était proche du ventre de l’hybride.
Katherine Anne Pryde, surnommée Kitty par ses proches ou encore Shadowcat, son alias de mutante, lâcha un grognement irrité avant d’imiter son amie et de s’installer à la gauche du maître des potions.
Pepper secoua la tête, amusée. Elle était au courant de la fascination des jeunes mutants envers Severus mais jamais elle n’aurait pu imaginer que c’était à un tel niveau. Maintenant, elle comprenait pourquoi Tony détestait passer plus d’une journée à l’Institut Xavier. Il n’était pas le genre d’homme à partager. Elle laissa échapper un rire amusé et se rassit avant de rouvrir son carnet.
— Les filles, j’organise une baby shower pour Sev ainsi que l’anniversaire de Tony que je souhaite faire le même jour. Cela vous dirait d’y participer ? proposa-t-elle.
— Je suis partante ! s’écria aussitôt Kitty.
— Moi aussi, dit Rogue. Où allons-nous organiser ça ?
— Je n’ai pas dit oui pour la fête prénatale, Virginia, grogna Severus.
— J’ai pensé à faire les deux fêtes ici. Le manoir est grand et pratiquement tous nos invités y résident, répondit Pepper tout en ignorant le maître des potions.
— Il va avoir quel âge, Tony ? l’interrogea Kitty.
— 22 ans.
— Il est si vieux que ça ?! fit la brune, étonnée.
— Vieux ? rigola Pepper. Tu trouves que 22 ans c’est vieux ?
— Aucune offense, Sev, dit Rogue, mais vous êtes sur le point d’être papas donc vous êtes vieux. Enfin, de notre point de vue.
— Donc, si l’on suit votre point de vue les filles, je serais donc jeune par rapport à Tony et Sev, supposa Pepper.
Kitty et Rogue échangèrent un regard avant de hausser les épaules.
— Tu vas être maman ? lui demanda Kitty.
— Je pense avoir encore quelques années devant moi avant de l’être, répondit la rousse.
— Donc t’es encore jeune, conclut Rogue.
Severus leva les yeux au ciel, décidant de ne pas commenter un raisonnement aussi absurde tandis que Pepper éclatait de rire. Il écouta d’une oreille distraite la conversation qui se déroulait entre l’humaine et les deux mutantes, savourant sa glace.
Il passa une main dans les cheveux de Rogue et massa le cuir chevelu de l’adolescente. Il aimait passer du temps au manoir Xavier lorsque Tony était contraint de s’absenter quelques jours à cause du travail ou pour assurer sa couverture médiatique. Ils avaient convenu qu’il valait mieux que le milliardaire entretienne son image de play-boy auprès de la presse pour ne pas que ces derniers viennent fourrer leur nez dans leur vie privée et qu’ils ne finissent par découvrir l’existence de Severus, par conséquent celle de leur enfant.
Il était perdu dans ses pensées lorsque soudainement, il eût comme une alerte au fond de son esprit. Il se raidit brusquement et les deux mutantes qui étaient appuyés contre lui sentirent un changement en lui. Elles se redressèrent, préoccupées.
— Sev ? s’inquiéta Rogue. Est-ce que ça va ?
— Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? questionna Pepper, déroutée.
Le maître des potions ne répondit à aucune des questions et quitta précipitamment la salle. Les trois femmes se regardèrent, confuses, avant de se mettre à la poursuite de l’hybride.
Sur le chemin, elles remarquèrent que nombres d’étudiants quittaient leur chambre et d’autres, leur salle de classe, pour se diriger vers le terrain de jeu du manoir. Elles finirent par repérer le maître des potions qui faisait face à un homme âgé à la chevelure grise et aux yeux gris. L’homme portait un casque sur la tête et était accompagné d’une femme d’apparence bleue aux cheveux rouges et aux yeux jaunes.
L’homme dévisagea le maître des potions et son regard d’acier se posa sur le ventre arrondi de l’hybride.
— Ainsi donc la rumeur était vraie, dit l’homme.
— Erik.
L’homme au casque détourna son regard de Severus pour planter ses yeux par-dessus l’épaule de l’hybride.
— Tu…tu marches ?! fit-il, stupéfait.
— Je marche, confirma le professeur Xavier qui s’arrêta au niveau de Severus.
Erik l’observa d’un air abasourdi.
— Ce ne peut pas être possible. Tu étais…tu…tu ne peux pas, bafouilla-t-il, ahuri.
La femme en bleue s’approcha du professeur Xavier, tout aussi stupéfaite que son ami.
— Tu peux marcher, murmura-t-elle d’une voix rauque.
— Oui, Raven. Je peux marcher.
— Comment ? demanda-t-elle d’une voix pleine d’émotions.
Charles prit la main de l’hybride dans la sienne et sourit à la mutante.
— Je dois cette guérison à Severus, répondit-il.
Raven posa pour la première fois son regard sur l’hybride et fronça les sourcils, intriguée.
— Est-ce vraiment ton fils ?
— Oui, il est vraiment mon fils, affirma le télépathe. Severus, je te présente Raven Dar…
— Mystique, le coupa-t-elle. Je suis Mystique.
Charles et la métamorphe s’affrontèrent du regard puis le télépathe poussa un soupir.
— Raven est ma sœur adoptive.
— L’ai-je vraiment été ? demanda la femme d’un ton sec.
— Oui, répondit Charles d’une voix ferme. Pour moi, en tout cas, tu étais ma sœur.
Raven alias Mystique se tut et préféra ne pas remuer les plaies du passé. Elle avait fait un choix depuis longtemps et sa route s’était éloignée de celle du télépathe.
— Est-ce que je connais la mère ? questionna Erik avec froideur. Il doit avoir quoi ? 20 ans ?
— Il a 22 ans.
— 22 ans, répéta l’homme avec aigreur. Moïra, je suppose.
— Il ne s’est jamais rien passé entre Moïra et moi, Erik, dit Charles.
— Alors qui ?!
— Erik…
— Avec qui, Charles ? tonna Erik, furieux.
On entendit un énorme fracas provenir de l’intérieur du manoir et des objets se mirent à voler tout autour de l’Institut.
— Erik, tu devrais te calmer. Tu risques de blesser quelqu’un, dit Charles.
Severus retira sa main de celle du télépathe et se dirigea vers le mutant Erik qui était en train de laisser la rage prendre le dessus sur ses pouvoirs.
— Maintenant, ça suffit ! gronda le maître des potions.
Et tout s’arrêta en un instant. Erik lança un regard choqué au jeune hybride. Ce n’était pas possible. Ce jeune homme ne pouvait pas avoir un tel pouvoir. Il n’aurait pas pu se soumettre au pouvoir de ce garçon avec son casque sur lui.
— Comment ? l’interrogea-t-il, éberlué.
— J’ai pu vous atteindre par vos sentiments. J’ai ressenti ce qui était au fond de vous, répondit l’hybride.
— Tu peux manipuler les émotions ?
— Entre autres.
Erik se tourna vers Charles qui soutint son regard.
— Pourquoi es-tu ici, Erik ? le questionna Charles.
— Je voudrais parler en privé avec lui, papa, dit Severus.
— Severus…
— S’il te plaît.
Charles hésita un moment, réticent à laisser son fils en compagnie d’Erik. Il ne comprenait pas les motifs de la visite de son vieil et ne faisait pas confiance au mutant. Il avait cessé de le faire depuis bien longtemps.
— Il ne me fera aucun mal, assura l’hybride.
— Bien, céda Charles.
Severus pressa brièvement la main de son père avant de faire signe à Erik de le suivre. Ils marchèrent tout près l’un de l’autre, faisant lentement le tour de la pelouse.
— Avant d’en venir au point important de notre discussion, sachez que je ne vous permettrais pas de kidnapper Rogue, avertit-il. Je n’aurais aucune pitié pour vous si vous essayez de lui faire du mal.
— Rogue ? feignit Erik de ne point comprendre.
— Votre casque ne vous protège pas de moi, monsieur Lensherr, l’informa l’hybride.
— Impossible, dit Erik, incrédule.
— Rogue ne servira jamais votre plan pour permettre la mutation d’un humain parce que je vous en empêcherais. Nous nous mettrons en travers de votre route et vous échouerez, une nouvelle fois.
— Tu es un mutant, tu devrais comprendre que les humains continueront à avoir peur de nous et nous traiteront toujours comme des monstres. Si eux aussi devenaient ce qu’ils craignent, ils…
— Il y a du mauvais dans chaque être, qu’il soit humain, mutant ou autre, l’interrompit Severus. Il y a du mal partout et en chacun de nous, monsieur Lensherr.
— Tel père, tel fils, n’est-ce pas ? remarqua Erik avec amertume. Toi aussi, comme ton père, tu crois que la cohabitation est possible.
— Non, rétorqua Severus. Je ne pense pas qu’une cohabitation soit possible.
Erik arrêta soudainement de marcher et lança un regard surpris au jeune homme.
— Je ne partage pas les idées de mon père et je ne partage pas les vôtres.
— Quelles sont tes idées dans ce cas ? l’interrogea Erik, curieux.
— Comme vous pouvez le constater, je suis enceinte. Comment pensez-vous que les humains accueilleraient une telle nouvelle ? Comment me verront-ils ?
— Certains vous verront comme un monstre, une bête de foire tandis que d’autres n’hésiteront pas à vous mettre le grappin dessus pour faire des expériences. Peu importe le mal qu’ils pourraient causer, répondit Erik.
Severus hocha la tête.
— Oui, acquiesça-t-il. De mon point de vue, les mutants n’ont pas besoin de tenter une cohabitation avec les humains car une telle chose n’est pas possible pour l’instant. Certains humains sont tolérants mais d’autres non. Pour le bien de tous, il vaudrait mieux créer une communauté pour les mutants et dirigée par des mutants. Un peu comme la communauté sorcière.
— La communauté sorcière ?
— Je suis un hybride, révéla Severus. Mi- sorcier et mi- mutant.
— Un sorcier ?
— Oui.
— La magie existe-t-elle vraiment ? demanda Erik, incrédule.
— J’aurais bien aimé vous faire une petite démonstration pour vous le prouver mais ma magie est actuellement faible pour l’instant due à ma grossesse, expliqua Severus. Il est le fruit de la magie et non d’une quelconque mutation.
Erik était impressionné, non seulement par le pouvoir de mutation du jeune homme mais aussi par son caractère. Il avait l’impression de discuter avec une personne qui voyait le monde sous un véritable angle. Il n’était pas naïf comme Charles et ne se leurrait pas la face sur le vrai visage des humains.
— Tu as souffert, déduisit-il.
— J’ai été persécuté pendant de nombreuses années par un humain puis par mes semblables, dit Severus. Donc oui, j’ai souffert et oui, je sais ce dont les humains sont capables mais aussi ce dont mes semblables sont capables. Je le répète, monsieur Lensherr, le mal est partout. Un mutant n’est pas meilleur qu’un humain, loin de là.
— Si tu es un sorcier, Moïra n’est donc pas ta mère. À moins qu’elle ait été une sorcière.
Severus ne put s’empêcher de rire, amusé par la jalousie du mutant.
— Je suis le fruit d’une adoption magique, confia-t-il. Il n’y a jamais eu personne dans sa vie après votre départ.
— Il ne s’est jamais rien passé entre Charles et moi, dit aussitôt Erik.
— Mais vous l’auriez voulu et vous le voulez toujours, devina le jeune homme.
— Tu ne sais pas de quoi tu parles ! s’énerva Erik.
— Votre départ l’a énormément blessé et il a eu du mal à s’en relever. Vous l’avez fait souffrir mais je crois que la souffrance a été mutuelle car il vous a tout autant blessé. Aucune des blessures que vous vous êtes infligés ne s’est cicatrisée.
— Arrête-toi là !
— Il n’est jamais trop tard, vous savez, pour réparer ce que l’on a brisé. Il n’est jamais trop tard pour prendre conscience de ses erreurs et de les corriger. Il…
— Tais-toi ! gronda le mutant. Tu ignores tout de notre passé !
Erik le fusilla du regard avant de rebrousser chemin et de quitter le plus vite possible le manoir Xavier. Severus le regarda prendre la fuite, d’un air compréhensif. Il pouvait comprendre ce que ressentait le mutant et savait qu’il aurait besoin de temps. Après tout, il fallait beaucoup de temps pour guérir d’une telle blessure.
Il fit demi-tour et marcha lentement, un peu épuisé par la conversation qu’il avait eu à tenir avec l’ancien ami de son père. Pepper se précipita aussitôt vers lui et passa un bras autour de sa taille lorsqu’elle remarqua qu’il peinait à marcher.
— Tu vas bien ? s’enquit-elle.
— Je vais bien, Virginia. Je suis juste épuisé.
— Épuisé ? couina-t-elle. Tu tiens à peine sur tes jambes ! Bon sang ! Tony me tuera lorsqu’il sera de retour. Je suis supposée veiller sur toi !
— Virginia…
— Non, Xavier ! le coupa-t-elle, énervée.
Severus choisit de se taire pour ne pas attiser la colère de la rousse et leva les yeux lorsqu’il sentit un regard en particulier sur lui. Il croisa le regard jaune de la sœur adoptive de son père. Elle le dévisageait d’un air indéchiffrable puis elle fit un signe de tête au professeur Xavier avant de quitter le manoir à son tour.
Charles la regarda partir, chagriné. Il l’avait perdu depuis longtemps et il était inutile d’espérer qu’elle reviendrait à la maison. Tout comme il était vain de croire que son ancien ami puisse changer. Il se retira de ses pensées et s’inquiéta aussitôt lorsqu’il vit l’état dans lequel revenait son fils.
— Severus ! s’exclama-t-il accourant vers lui.
— Une simple fatigue, annonça derechef l’hybride.
— Tu as usé de tes pouvoirs, devina-t-il.
— Il a été difficile de passer au travers de la protection de son casque. Je devais savoir ce qu’il voulait réellement. Si je pouvais lui faire confiance ou pas, se justifia le maître des potions.
— Tu as pu lire ses pensées ? fit Charles, impressionné.
— Oui, répondit Severus, penaud. Je sais que je ne dois pas les utiliser de cette manière mais je… je…
— Je comprends, Severus, et je ne te blâme pas d’avoir été méfiant envers Erik, le rassura Charles. J’aurais juste souhaité que tu me préviennes.
— Je suis désolé, père.
— Plus tard, fils. Maintenant ce dont tu as besoin c’est d’un peu de repos.
Severus opina de la tête et fut conduit dans sa chambre par Pepper qui n’avait pas voulu le lâcher d’une semelle.
Scott et Ororo se chargèrent de dissiper et de renvoyer les élèves vaquer à leurs occupations tandis que Jean et Logan s’approchèrent du professeur.
— Professeur, l’interpella Jean.
— Il souhaite transformer les humains en mutants en se servant du pouvoir de Rogue.
Logan sortit tout de suite ses griffes, se préparant à l’attaque.
— Il devra me tuer d’abord, grogna-t-il. S’il ose poser, ne serait-ce, qu’un doigt sur Rogue, j’en ferais de la viande hachée.
— Je ne pense pas qu’il tentera quoi que ce soit contre elle, dit Charles. Du moins, pour l’instant.
— Mais Severus ne nous a donné que le strict minimum d’informations concernant les plans de Magneto, répliqua Jean. Ne devrions-nous pas renforcer la sécurité du manoir ?
— Il est inutile d’affoler nos élèves pour rien, refusa Charles. Erik ne tentera rien.
— Je ne sais pas trop de quoi on parle ici et j’aime pas trop ça, lança Logan. Mais si ce type au casque hideux tente quoi que ce soit contre Rogue ou Sev et le bébé, je me chargerais de lui retirer le cœur lentement puis je m’occuperais de vous, professeur, car j’estimerais qu’une attaque contre eux est en partie de votre faute.
Charles esquissa un sourire et hocha la tête.
— Je suppose, rit-il.
Jean jeta une œillade noire au mutant amnésique pour avoir osé menacer le professeur Xavier. Elle trouvait que Logan avait quelque chose d’attirant mais parfois elle le trouvait tellement abrupt qu’elle se demandait ce qui pouvait bien l’attirer chez un homme pareil. Il n’avait aucune manière et aucun savoir-vivre.
Elle secoua la tête et se rendit à l’intérieur du manoir, laissant les deux hommes entre eux.
— Je ne suis pas idiot, vous savez, dit Logan.
— Et je ne l’ai jamais pensé.
— Ce type… Magneto. On aurait dit qu’il était jaloux d’apprendre que vous aviez un môme. Normalement, ça ne devrait pas le déranger de le savoir.
— Peut-être aurait-il voulu avoir lui-aussi un enfant.
— Ou peut-être aurait-il souhaité que vous ne puissiez pas en avoir sans lui, répliqua Logan.
— Erik a été un ami, rien de plus, déclara Charles.
— Quelle différence entre l’amitié et l’amour ? demanda Logan. Regardez votre môme et Stark. Ils se disent être des amis mais ils vont avoir un enfant ensemble et ils agissent déjà comme s’ils étaient en couple depuis de nombreuses années.
— Severus et Tony c’est différent.
— Ouais, marmonna Logan, incrédule. Magneto est juste venu piquer une crise de jalousie chez vous parce que vous aviez une plus grosse que lui. Soit vous essayez de me prendre pour un imbécile soit c’est vous l'idiot dans l’histoire. Quoi qu’il en soit, je vais essayer de me trouver une bière dans cette baraque. Vous en voulez une ?
— Non merci, refusa poliment Charles.
— Votre môme quand il a joué avec votre tête et qu’il a débloqué votre paralysie, il aurait dû aussi activer le bouton se détendre. Vous ne le faites pas assez.
Et sur ces paroles, le mutant aux griffes en adamantium quitta la pelouse pour se diriger vers la cuisine du manoir, laissant le professeur Xavier se perdre dans ses pensées et réfléchir à la véritable raison de la visite d’Erik un peu plus tôt.
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