|10. Eyes of the tiger|
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CHAPITRE 10
EYES OF TIGER
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Elle lâcha un long soupir empli de lassitude et se demanda comment elle avait fait pour se retrouver dans une situation aussi compliquée. Elle avait pensé que son dernier mandat se passerait sans encombres mais c’était sans imaginer qu’elle serait, un jour, confrontée à une famille un peu spéciale, pour ne pas dire menaçante, dangereuse voire très puissante. Elle eût un frémissement à la pensée de cette famille. Elle souhaitait ne jamais devenir l’ennemi d’un tel groupe aussi uni et aussi soudé que les Xavier-Stark.
La femme d’une quarantaine d’années s’affala dans son fauteuil et se massa tout doucement les tempes. Elle tourna la tête lorsqu’elle entendit frapper à la porte de son bureau.
— Entrez !
L’Auror White entra dans la pièce et la salua de manière respectueuse.
— Nous n’avons pu trouver d’accord avec les anglais, Madame la Présidente. Leur ministre souhaiterait s’entretenir avec vous, l’informa-t-il.
— Ces anglais, grogna-t-elle, irritée.
Elle aurait souhaité un moment de répit après la semaine qu’elle venait de passer mais c’était sans compter sur sa merveilleuse étoile. Elle se retint de jurer à haute voix et essaya de se composer un visage neutre pour pouvoir discuter avec son homologue anglais.
— Merci, Auror White, je prends les choses en mains à partir de maintenant.
— Bien, Madame la Présidente.
Et l’Auror quitta son bureau sans plus tarder. Elle se leva de son fauteuil et ouvrit l’accès à son réseau de cheminée. Aussitôt, dans les flammes qui devinrent vertes, apparut le visage familier de Millicent Bagnold, ministre de la magie du Royaume-Uni.
— Quintana, la salua l’anglaise.
— Bagnold, fit-elle en masquant son irritation. Que puis-je pour vous ?
— Vous savez pourquoi je vous contacte, Quintana, répondit la ministre d’un ton irrité. Nous voulons le mangemort Severus Snape. Il doit être traduit en justice pour les crimes qu’il a commis et devra répondre au sujet de la disparition de l’enfant Harry James Potter. Comme vous le savez, d’après nos enquêteurs, Severus Snape se trouvait au domicile des Potter le jour de leur mort.
— Nous n’avons pas de mangemort du nom de Severus Snape sur notre territoire, madame la ministre.
— Elena…
— Je vous prie de respecter mon rang et de ne point vous familiariser avec moi, la coupa-t-elle d’un ton brusque.
Millicent serra furieusement sa mâchoire et prit une profonde inspiration pour ne pas envenimer la conversation avec la fureur qui était en train de bouillir en elle. Elle savait qu’il serait difficile de traiter avec son homologue américaine mais elle n’aurait jamais pu penser que la femme se montrerait aussi butée. Elle était en train de protéger un criminel, bon sang !
— Madame la Présidente, vos Aurors nous ont signifié, pas plus tard que la semaine dernière, de la présence du criminel Severus Snape sur votre territoire, dit-elle en adoptant une voix qu’elle espérait être neutre. Severus Snape est un criminel activement recherché dans notre pays et dans pratiquement tous les pays d’Europe. Il faisait partie du groupe de mangemorts qui soutenaient Vous-Savez-Qui. Il est responsable du décès de plusieurs personnes, Madame la Présidente, et sûrement de la disparition d’Harry James Potter. Il doit être extradé au plus vite vers notre pays pour être jugé de ses crimes.
Elena souleva simplement un sourcil et s’appuya à moitié sur son bureau, croisant les bras sur sa poitrine.
— Il n’y a pas de Severus Snape aux États-Unis, Madame la Ministre.
— Quintana, vous rendez-vous compte que vous êtes en train d’essayer de protéger un criminel ? Un meurtrier ? s’énerva Millicent Bagnold.
La ministre anglaise de la magie se détourna de son homologue, lâcha un soupir et acquiesça avant de se pousser légèrement et apparut à ses côtés un vieil homme à la longue barbe et aux lunettes en demi-lune.
Elena Quintana reconnut immédiatement Albus Dumbledore et se dit que sa semaine n’aurait pas pu être plus mauvaise avec l’apparition du sorcier.
— Madame la Présidente.
— Monsieur Dumbledore.
Elle commençait à regretter sa décision de discuter avec les anglais. Elle aurait dû laisser le service des Aurors s’en charger et trouver une solution eux-mêmes. Elle aurait mieux fait d’ignorer les anglais et elle s’en serait très bien portée mais malheureusement, en tant que Présidente du MACUSA, elle ne pouvait fuir certaines responsabilités et ce n’était pas faute d’avoir essayé.
— Madame la Présidente, nous vous prions de reconsidérer votre décision de vouloir permettre au mangemort Snape d’échapper à la justice. Cet homme a été responsable du décès et de la perte de dizaines voire de centaines de personnes. Il a participé à des actes de tortures et de violences envers des moldus et des preuves apportées par nos Aurors nous ont montré qu’il était présent sur les lieux du meurtre de la famille Potter et de la disparition inexpliquée de leur enfant. Il est certainement la seule personne capable de nous dire où se trouve l’enfant, Madame la Présidente. Il était un partisan de Voldemort et il en porte la marque sur son bras gauche. C’est un criminel et il doit être jugé pour ses crimes. Vous ne pouvez permettre à un tel homme de rester plus longtemps en liberté. Il en va pour la sécurité de votre peuple.
Et ce fut la goutte de trop pour Elena Quintana qui se redressa en bondissant sur ses pieds et plongea son regard noisette qui semblait cracher des flammes dans celui d’Albus Dumbledore.
— Pour qui vous prenez-vous, Dumbledore, à interférer dans ma façon de gérer mon rôle de Présidente du MACUSA ? Qui êtes-vous pour oser vous mêler d’affaires de communauté ? Sachez rester à votre place, Dumbledore ! gronda-t-elle en colère.
Puis elle tourna son regard vers son homologue anglaise qui fut choquée par la façon dont elle venait de s’adresser au vieil homme. Un sorcier qui était respecté et presque craint au sein de leur communauté ainsi que celle de la communauté européenne.
— Quelle rôle peut bien donc avoir un directeur d’école dans une telle discussion ? demanda-t-elle sèchement.
— Il est ici en tant que conseiller, Madame la Présidente, répondit Millicent.
— Conseiller ? répéta Elena incrédule. Mais où avais-je donc la tête ? Les directeurs d’école sont désormais les conseillers des ministres de la magie.
— Madame la Présidente…
— Arrêtez-vous là Dumbledore, l’interrompit-elle en levant une main pour le signifier de se taire. Que mon homologue vous permette de vous ingérer dans son travail ne me pose aucun problème mais que vous puissiez tenter de faire la même chose avec moi me fait bondir de rage.
— Je vous prie de pardonner mon manque de respect, Madame la Présidente, s’excusa Dumbledore.
Elena foudroya furieusement le sorcier. Elle détestait l’hypocrisie de cet homme et la présence de ce dernier dans son bureau la mettait hors d’elle-même.
— Je ne vais pas me répéter une nouvelle fois, prévint-elle. Il n’y a pas de Severus Snape sur notre territoire. L’homme que vous accusez de nombreux crimes dans votre pays est un citoyen américain au casier judiciaire vide.
— Un citoyen américain ? releva Millicent incrédule.
— Son père l’a reconnu comme son fils auprès des autorités américaines non-magiques et nous avons tout simplement fait une transcription de son acte de naissance auprès de nos services et nous avons eu à procéder à un enregistrement de son identité, expliqua Elena, un peu plus calme.
— Son père ? fit Dumbledore, déconcerté. Veuillez m’excuser, Madame la Présidente, mais le père de Severus l’a reconnu à sa naissance et à ma connaissance il n’avait pas la double nationalité. De plus, Tobias est décédé depuis pratiquement quatre ans donc il n’aurait pas faire une nouvelle reconnaissance.
— Il n’est pas question de Tobias Snape ici, monsieur Dumbledore. Je ne suis certainement pas la mieux placée pour parler du passé de Severus mais ce dernier a retrouvé son père biologique qui l’a reconnu comme son fils. Il est un citoyen américain et en tant que tel, je ne peux permettre son extradition.
— C’est un mangemort, Quintana ! Il a la marque sur son bras. Que vous faut-il de plus ? s’énerva Millicent.
— Être mangemort n’est pas un crime dans notre pays, Madame la Ministre, et sachez que nous avons eu à examiner Severus. Il n’a aucune marque sur son bras, pas la moindre trace d’un serpent sur sa peau.
— Ce n’est pas possible, rejeta Dumbledore. Il a la marque, j’en suis sûr.
— Insinuez-vous donc que je mentirais ? cracha Elena d’une voix venimeuse.
— Certainement pas, Madame la Présidente.
— Alors quoi, monsieur Dumbledore ? grogna-t-elle en colère.
— Je crois m’être précipité dans mes propos de tout à l’heure, Madame la Présidente, dit Dumbledore d’un ton qui se voulait conciliant et apaisant. J’ai été confronté plusieurs fois au mangemort Snape et je sais qu’il a la marque des ténèbres sur son bras.
— Et comment pouvez-vous être aussi sûr de vous, monsieur Dumbledore ? le questionna-t-elle, bras croisés.
— Je ne peux pas l’affirmer avec certitude mais Severus Snape m’a pratiquement confessé qu’il était un partisan de Voldemort.
Elena Quintana n’était pas une sorcière idiote et savait reconnaître un manipulateur quand elle en voyait un pour avoir été douloureusement confronté à un sorcier dans le genre de Dumbledore. Elle était capable de lire derrière chaque mot que prononçait l’homme. Elle ne l’aimait pas et comprenait désormais pourquoi le jeune Severus semblait se méfier du sorcier.
— Et qu’avez-vous fait de cette presque confession ?
Millicent se tourna vers le sorcier et afficha un air perdu mais surtout intrigué. Elena attendit patiemment la réponse de l’homme, sachant que ce dernier essayait de justifier la bêtise qu’il avait eu à sortir sans s’en rendre compte.
— Il ne l’a clairement pas avoué donc je n’ai pas pu agir, se défendit le vieil homme.
— Prévenir les autorités compétentes de vos soupçons ne vous a-t-il pas effleuré l’esprit ? Si je me souviens bien, vous êtes le Président-Sorcier du Magenmagot et en tant que tel, vous aviez le pouvoir d’ouvrir une enquête au sujet du jeune Severus et de savoir si réellement ou non, il faisait partie des rangs de mangemorts.
Dumbledore resta silencieux et Millicent commença à se poser certaines questions.
— Quoi qu’il en soit, il serait sûrement malvenu de ma part de m’ingérer dans vos affaires, n’est-ce pas ? ironisa Elena, faisant allusion à la présence de Dumbledore dans cette discussion.
— Vous n’allez pas nous remettre Snape, n’est-ce pas ? déduisit Millicent.
— C’est Severus Charles Xavier, Madame la Ministre, corrigea-t-elle quelque peu agacée. Un citoyen américain sans aucun reproche. Comme je vous l’ai dit, ici aux États-Unis, être un mangemort n’est pas un crime. Ensuite, concernant la disparition d’Harry James Potter, je ne saurais que vous dire mais les parents de cet enfant sont morts. Ne pensez-vous pas que lui aussi a été tué lors de l’attaque ? Vous ne pouvez accuser monsieur Xavier de la disparition de cet enfant au prétexte qu’il était sur les lieux du crime. Il me semble avoir lu dans les journaux que d’autres sorciers furent présents sur les lieux lors de la découverte des corps du couple. Sont-ils suspectés ?
Ni Millicent ni Dumbledore ne répondirent à la présidente américaine.
— C’est bien ce que je pensais, dit-elle face au silence des deux anglais. Quoi qu’il en soit, monsieur Xavier n’a commis aucun crime à nos yeux. Nous ne l’arrêterons pas et de votre côté, vous feriez mieux de laisser ce jeune homme vivre la vie qu’il mérite.
— La vie qu’il mérite est un aller simple pour Azkaban, Quintana ! grogna Millicent.
— Vous feriez mieux de faire attention à qui vous vous attaquez, Bagnold. Severus Xavier n’est pas non seulement un sorcier mais il est aussi un mutant. Il appartient à une communauté très puissante qui fera tout pour le protéger de vous ou de tout autre danger.
— Un mutant ? s’exclamèrent-ils, ahuris.
— Vous devriez abandonner l’idée d’arrêter Severus. Votre insistance quant à l’arrestation de ce jeune homme pour des crimes dont vous n’avez aucune preuve solides ne vous apportera rien de bon et cela pourrait déclencher une querelle entre nos deux communautés qui pourrait bien se finir en guerre. Dois-je vous dire qu’une guerre entre nos deux communautés pourrait alerter de notre présence auprès des Non-Maj’ ?
— Il ne peut pas être un mutant, nia Dumbledore. J’ai vu cet enfant grandir et aurait su s’il était un mutant ou pas.
— Et comment pourriez-vous avoir une telle certitude ? Vous prendriez-vous pour Dieu, Dumbledore ? lança Elena avec dureté. Vous semblez penser détenir un pouvoir d’omniprésence dans la vie des gens mais en réalité, vous ne savez rien. Severus Xavier est un hybride et il a derrière lui toute une communauté prête à tout pour lui. Ainsi qu’un Non-Maj’ très puissant et très protecteur. Il n’est plus question de sorciers dans cette histoire mais de mutants et d’êtres non-magiques qui se dresseront devant vous pour protéger le jeune Severus et une telle loyauté envers un seul homme me fait croire qu’il n’est pas le méchant que vous essayez de peindre aux yeux de votre communauté.
— Quintana, fit Millicent.
— Monsieur Xavier est hors d’atteinte, Madame la Ministre et si vous et vos compatriotes tentez ne serait-ce qu’une seule action sur ce jeune homme sur notre territoire, nous le prendrons comme une déclaration de guerre et nous n’hésiterons pas à riposter, annonça Elena.
— Je ne vous comprends pas, Quintana. Comment pouvez-vous aller jusqu’à nous menacer pour un partisan des ténèbres ? l’interrogea Millicent, interloquée.
— Voldemort est votre problème, pas le nôtre, répondit tout simplement Elena. Vous n’avez pas notre histoire, Bagnold. Vous ne pourrez jamais comprendre toutes les souffrances que nous avons eu à endurer pour faire de cette communauté ce qu’elle est aujourd’hui. Lorsque nous avons été persécutés par des Non-Maj’ et que d’autres de nos semblables se soient mis à nous pourchasser, la communauté européenne magique n’a rien fait pour agir. Ils ont considéré l’Amérique comme un territoire de peu de valeurs, comme un monde de sauvages et de barbares. Notre communauté a vécu dans la peur pendant de nombreuses années et il nous a fallu beaucoup de courage et de solidarité pour nous relever, pour faire de notre groupe un ensemble uni et fortifié. Nous sommes des frères et des sœurs, des mères et des pères, des oncles et des tantes, des grands-mères et des grands-pères. Nous sommes une famille, Madame la Ministre et non pas qu’une simple communauté. Dans notre famille, nous protégeons nos enfants et Severus est un enfant de cette famille.
— Et que faîtes-vous dans votre famille lorsqu’un de vos enfants est responsable de la mort de nombreux de ses frères ? Vous fermez les yeux face à ses actions ? cracha Millicent avec mépris.
— Tout d’abord, l’avènement de Voldemort au sein de votre communauté n’aurait pas pu se produire dans la nôtre car comme je vous l’ai dit, vous n’avez pas notre histoire. Si vous aviez notre passé, vous auriez pu empêché ce désastre qui a frappé votre communauté. Nous avons dû apprendre de nos erreurs, douloureusement, mais nous avons appris et nous nous sommes efforcés de changer et ce changement nous a permis de nous lier, de créer cette famille. Si l’un de nos enfants venait à faire du mal à ses frères et sœurs, nous n’hésiterons pas à le punir sévèrement mais avec des preuves tangibles ! répondit Elena. Pour moi, la discussion se termine là.
— Vous regretterez votre décision, Quintana, siffla Millicent.
— Je ne regretterais jamais de protéger l’un de mes enfants de vous, répliqua Elena avec un sourire.
Millicent lança un regard noir à son homologue américaine et disparut des flammes vertes. Dumbledore croisa une dernière fois le regard de l’américaine avant de mettre fin à leur communication et de disparaître à son tour. Elena lâcha un long soupir et eût l’impression que ses jambes étaient du coton. Cette discussion avait été très éprouvante pour elle car elle avait dû mettre ses barrières mentales à son paroxysme pour ne pas laisser filtrer ses pensées. Elle contourna son bureau en chancelant et tomba sur son fauteuil, soudainement vide de toute énergie.
Elle avait pensé chacun des mots qu’elle avait sorti tout à l’heure aux deux anglais. Leur communauté était une famille et en tant que mère de ce petit groupe de sorciers, elle se devait de tous les protéger sans aucune distinction. Severus était un enfant fragile, qui avait vécu tellement de drames, qu’il méritait qu’elle l’éloigne du gouvernement magique anglais. Elle ne connaissait pas exactement son passé mais elle était devenue une maîtresse dans l’art de lire le comportement des gens, de comprendre le lien qui unissait un être à un autre. Elle était capable de deviner la profondeur des sentiments d’une personne par un simple geste. Elle avait pu lire tellement de choses en Severus, qu’elle avait compris pourquoi il était autant aimé, chéri et surtout aussi protégé. Il avait été gravement blessé une fois et il avait fini par trouver des personnes bienveillantes, prêtes à tout pour effacer sa douleur.
Elle sentit la fatigue de la semaine prendre le dessus et elle fut tentée de se reposer quelques minutes sur son bureau lorsqu’on frappa de nouveau à sa porte.
— Entrez ! cria-t-elle, irritée.
— Votre réunion commence dans cinq minutes, Madame, l’informa sa secrétaire.
— Pitié, gémit-elle en se frappant la tête sur le coin de son bureau.
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Il était près de trois heures du matin lorsque le maître des potions quitta sa chambre pour la cuisine. Il veilla à ne pas faire de bruits et ouvrit le réfrigérateur, laissant glisser un sourire sur son visage lorsque son regard se posa sur le pot de glace qui était la raison de son réveil. Il s’empara du pot et remarqua le post-it qui avait été collé sur le couvercle en plastique. Il prit la note et secoua la tête à la fin de sa lecture.
Je te promets d’autres pots de glaces aux noisettes et au gingembre si tu me permets d’organiser une Baby shower. Je rajoute des tonnes de biscuits au concombre et à la banane.
Pepper.
Il savait que la rousse n’abandonnerait pas l’idée d’une fête prénatale mais il n’aurait jamais pu imaginer qu’elle userait de tels moyens pour le faire céder. Il sourit, amusé par la détermination de la jeune femme. Il ne souhaitait pas faire de fête mais si Pepper commençait à le prendre par les sentiments, il ne savait pas s’il résisterait bien longtemps. Il en était presque à son cinquième mois de grossesse et son ventre était dorénavant bien visible sous ses vêtements. Il ne le dirait à personne mais il était heureux d’être enceinte. Il ne regrettait pas d’avoir effectué ce rituel car sans cela, il n’aurait jamais pu avoir son bébé et encore moins la famille qu’il avait désormais. Il frissonna rien qu’à l’idée d’imaginer une vie en Angleterre. Il aurait certainement fini sa vie tout seul, sans personne pour l’aimer et le protéger.
La direction que prenait ses pensées le rendit maussade et il n’eût plus aussi faim que tout à l’heure. Il caressa son ventre et se sentit apaisé en ressentant les émotions que lui envoyaient son enfant à travers leur lien. Oui, il n’avait aucun regret et si c’était à refaire, il le referait.
Severus finit par manger sa glace et la savoura lentement. Il était parfaitement conscient que ses goûts alimentaires avaient radicalement changé en quelques mois mais il n’y pouvait rien. Anthony se moquait assez souvent de lui et paraissait parfois dégoûté par ce qu’il pouvait manger devant l’homme. Un rire lui échappa de la gorge lorsqu’il repensa à la grimace qu’avait faite le moldu au dîner lorsqu’il s’était copieusement servi du saumon qu’il avait saupoudré de gingembre pour ajouter par-dessus un peu de chocolat. Pour sa défense, le chocolat se mariait avec presque tout.
Il termina son pot de glace et remarqua à peine ce dernier qui se leva tout seul pour tomber dans la poubelle. Il était de nouveau prêt à s’endormir et se dirigea donc vers sa chambre. Il traversa le corridor et entendit des cris. Il se tourna vers le côté et sut aussitôt d’où provenaient les hurlements. La porte sur sa droite s’ouvrit lentement et son cœur martela douloureusement dans sa cage thoracique.
Il essaya de repousser les images qui défilaient dans son esprit mais il n’y arrivait pas. Il n’avait pas encore appris à contrôler son pouvoir et parfois, il en usait sans en avoir conscience.
Les lumières de la pièce s’allumèrent et ses yeux se posèrent sur la silhouette masculine qui se débattait contre les fantômes de son passé. La chambre d’Anthony était contemporaine et luxueuse comme tout ce qui entourait le milliardaire. La peinture bleue de la chambre créait une ambiance intime et chaleureuse. Et en plus de sa déco très soignée, cette chambre bénéficiait d’un grand dressing et à sa suite une belle salle de bain grise.
Severus préférait cette chambre à la sienne et il ne saurait expliquer pourquoi ou peut-être ne voulait-il tout simplement pas le savoir.
Il s’approcha du grand lit et hésita un moment sur la démarche à suivre. Il était supposé tirer le moldu de son cauchemar mais il ne savait pas comment le faire. Il n’avait jamais été confronté à une telle situation et se sentait stupide à regarder l’homme souffrir sans bouger le moindre muscle. Finalement, il fit comme le milliardaire agissait envers lui lorsqu’il le sortait d’un cauchemar. Il secoua doucement le bras du scientifique.
— Anthony, chuchota-t-il.
Il continua à secouer l’homme tout en l’appelant par son prénom puis ce dernier se réveilla dans un sursaut, le visage trempé par la sueur, la respiration saccadée.
Tony tourna son visage vers lui, les yeux rougis, le souffle haché. Il le regarda avec confusion.
— Severus ?
— Oui, dit-il.
Tony le dévisagea un moment puis ce dernier baissa son regard sur ses mains qui tremblaient à cause des émotions qu’il avait ressenti durant son cauchemar. Severus s’assit au bord du lit près du scientifique.
— Souhaites-tu en parler ? demanda-t-il.
— Tu sais déjà quel était le contenu de mon rêve, lâcha Tony, rude.
Severus rougit d’embarras et se mit à balbutier des excuses. Il ne l’avait pas fait exprès et n’avait pas voulu violer l’intimité du moldu. Il essayait pourtant si fort de contrôler ses pouvoirs mais il n’y arrivait pas. Il se leva et lança un regard désolé à Tony.
— Je n’ai jamais souhaité violer ton intimité, Anthony. Je m’en excuse et j’espère que tu me pardonneras pour ça. Je vais te laisser. Bonne nuit.
Il était sur le point de quitter la chambre lorsqu’il fut retenu par le moldu.
— Reste, dit Tony, s’il te plaît.
Severus acquiesça et Tony repoussa le drap, invitant ainsi l’hybride à s’installer à ses côtés. Le maître des potions n’hésita pas une seule seconde et se blottit contre le torse du moldu où il s’y trouvait toujours en sécurité, entre ses bras.
— C’est moi qui devrais m’excuser. Pardon, dit le génie scientifique.
— Pas grave.
Tony le serra très fort contre lui et le maître des potions était sur le point de s’endormir lorsque la voix du milliardaire se mit à résonner dans la chambre.
— Je n’étais jamais assez bien pour lui. Pas assez intelligent, pas assez talentueux, pas assez fort, pas assez créatif, pas assez innovateur, débuta le moldu. En fait, je n’ai jamais été un bon fils pour lui. Il passait ses journées à m’éviter et me criait toujours dessus lorsque j’essayais d’attirer son attention. Il avait toujours du travail et surtout, il y avait un Capitaine America à retrouver, la seule personne assez bien sur cette terre qui avait su capter l’attention d’Howard Stark ! Je le décevais tellement qu’il était heureux chaque fois que je quittais la maison pour l’internat.
Severus écouta silencieusement le récit du passé du milliardaire et en apprit un peu plus sur l’homme qui l’avait sorti de sa misère et avait apporté de l’espoir dans sa vie. Un homme qui lui avait toujours paru inébranlable mais qui, comme lui, traînait derrière lui un passé douloureux.
— J’ai pourtant tout essayé pour avoir son approbation, pour être le digne fils d’Howard. J’ai voulu le rendre fier de moi mais je n’y suis jamais arrivé. Je n’ai jamais su être un bon fils. J’ai été sa plus grande déception.
— Anthony…
— Il est mort et cela ne devrait pas me toucher autant qu’il m’ait détesté car son avis ne compte plus désormais mais pourtant, je ressens un profond vide en moi et une immense douleur lorsque je pense à lui, poursuivit le moldu.
Severus se déplaça légèrement entre les bras du milliardaire pour pouvoir rencontrer son regard. Il posa une main sur la joue de Tony et essuya la larme qui venait de rouler.
— Tu es quelqu’un de bien, Anthony Edward Stark. Tu es non seulement une bonne personne mais tu es aussi quelqu’un d’intelligent. Tu as su démontrer à ton peuple que tu étais digne du nom Stark. Tu es un inventeur incroyable et j’admire ton talent. À mes yeux, tu es un magicien. Tu n’as pas de magie en toi mais lorsque tes doigts se mettent au travail et que tu te mets à créer quelque chose, il y a comme une magie étrange dans l’air. Tu enchantes chaque objet que tu touches pour les magnifier. C’est fascinant et magique, dit Severus. Qu’importe ce que ton père pensait de toi, il ne te méritait pas.
— Severus…
— Tu n’es pas Howard, Anthony. Tu n’es pas lui et tu ne le seras jamais. Tu m’as moi désormais et je t’empêcherais d’être ce que tu crains le plus. Je serais là pour toi comme tu l’as été pour moi, le rassura Severus. Puis, il y a Jarvis, Virginia, James ainsi que papa, Logan, Ororo, Scott et tous les mutants de l’institut Xavier. Aucune de ces personnes ne te laissera sombrer.
Tony relâcha sa respiration et posa son front contre celui du maître des potions.
— Je ne sais pas si j’y arriverais, confia-t-il.
— Tu feras un formidable père. Cet enfant a de la chance d’avoir pour père un homme tel que toi. Tu seras merveilleux et n’oublie pas que tu ne seras pas seul pour le faire, je serais là.
Tony retrouva son sourire et déposa un baiser sur le front de l’hybride.
— Tu te ramollis, merlin, le taquina Tony. Nous devrions peut-être freiner ta consommation de guimauve, tu ne crois pas.
— Très drôle, Stark, railla le maître des potions.
Tony l’attira un peu plus dans ses bras et Severus se laissa fondre dans l’étreinte avec bonheur. Il n’était pas encore prêt à mettre un mot sur la relation qui l’unissait au moldu. Certainement par peur de ce qu’il y découvrirait mais pour l’instant, il préférait se bercer dans l’illusion que l’inventeur n’était rien d’autre qu’un ami, un très bon ami. Les amis se faisaient des câlins, n’est-ce pas ? Ils dormaient parfois aussi ensemble lorsque l’un d’entre eux avait fait un horrible cauchemar, n’est-ce pas ? Et puis, Anthony et lui allaient bientôt être parents. Ils étaient sur le point d’élever un enfant ensemble. Leur entente était primordiale pour l’éducation de leur fils, n’est-ce pas ?
Il posa son oreille sur la poitrine de Tony et fut bercé par les battements du cœur du milliardaire.
— Virginia insiste toujours pour la fête prénatale, dit-il dans un bâillement.
— Peps obtient toujours ce qu’elle veut, dit Tony.
— Et je ne suis pas du genre à céder si facilement, répliqua Severus.
— Tu apprendras que personne ne gagne contre Peps, mon amour.
— Je ne cèderai pas, dit l’hybride dans un nouveau bâillement.
— Nous verrons, sourit Tony.
Severus s’endormit sans avoir jamais relevé le « mon amour » du milliardaire, bien trop fatigué pour être capable de se concentrer sur une conversation. Tony l’embrassa une nouvelle fois sur le front et ferma les yeux à son tour, heureux d’avoir quelqu’un comme le maître des potions dans sa vie. Une personne qui le comprenait et qui était capable de voir au-delà des apparences. Une personne qui lui donnait la chance d’être meilleur, de vouloir l’être.
— Bonne nuit, mes merlins, marmonna-t-il dans un demi sommeil.
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— Que fais-tu, Sirius ?
— Je prépare ma valise, Lunard, répondit Sirius.
— Quoi ? Mais pourquoi ? demanda son ami, confus.
Sirius arrêta de faire sa valise et se tourna vers son ami.
— Pour aller retrouver ce salaud de Servilus aux États-Unis et lui faire cracher l’endroit où il a caché mon filleul, répondit Sirius. Puisque le Ministère de la Magie ne semble pas vouloir l’arrêter, je le ferais moi-même et je te promets lunard que je tuerais ce sale serpent visqueux.
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